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POISSE1, subst. fém.

POISSE1, subst. fém.
A. − Matière molle, collante, visqueuse. Maman, papa, grand'mère, me ferment la bouche avec des bonbons que je crache d'ailleurs, parce que je n'aime pas les poisses ni les sucres (L. Daudet,Astre noir, 1893, p.208).Après cet effort, ses orbites semblaient s'être creusées. Et son visage était gluant d'une sueur malsaine pareille à de la poisse (Montherl.,Bestiaires, 1926, p.538).
B. − Au fig., pop.
1. Situation ennuyeuse et contrariante. Être dans la poisse. V. colle B 2 a ex. de Colette.
2. Pauvreté, misère. Pourtant, vous avez un chez-vous, pourtant vous mangez à votre faim. −Que vous est-il arrivé, Jibé? −Des malheurs. Peux pas vous expliquer. Ce serait trop long. Mais ça ne va pas fort, patron. Maintenant, c'est la grande faim, la grande poisse, la grande mouise (Duhamel,Journal Salav., 1927, p.180).Je veux bien te plaindre, avoir pitié de toi, mais si tu as cru que notre misère, notre poisse, notre crasse étaient des titres de noblesse, tu t'es trompé (Anouilh,Sauv., 1938, III, p.250).
3. Malchance. Quelle poisse! porter la poisse. Qu'est-ce que t'as, Fernande? lui demandait Kiki la rouquine. Tu vas nous fout' la poisse avec ta gueule de faire-part (Carco,Jésus-la-Caille, 1914, p.222).Quand on a la poisse de s'offrir une grande attaque boche le jour marqué pour la relève, qu'est-ce que tout le reste peut bien vous foutre! (Romains,Hommes bonne vol., 1938, p.38).Nicolas la regretta vaguement [la secrétaire]; sa voix, lui semblait-il, eût conjuré le mauvais sort, la poisse qui le collait là maintenant (Arnoux,Rêv. policier amat., 1945, p.126).
Prononc.: [pwas]. Étymol. et Hist. A. 1. 1723 «fagot enduit de poix dont on se sert pour la défense des places de guerre» (Savary); 2. 1893 «matière collante» (L. Daudet, loc. cit.). B. Fig. 1. 1909 «malchance persistante» (arg. des coureurs cyclistes d'apr. Esn.); 2. 1927 pop. «gêne, misère» (Duhamel, loc. cit.). Déverbal de poisser*, la malchance, la misère s'attachant au malheureux comme la poix.

POISSE2, subst. masc.

POISSE2, subst. masc.
Arg. Souteneur, gouape; voleur. Mots synonymes (...) Chable, Charle, Charlot, Charron, Chiffonneur, Doubleur, Poisse, Raboteur, tous ces mots signifient voleur (Jargon, Suppl., vers 1822, p.4).Le voisinage de la bonne fille et de la belle dame, du petit poisse ou du mécano et du haut de forme est assurément ce qui donne leurs airs à Pigalle ou à Blanche (Fargue,Piéton Paris, 1939, p.177).Les dames du monde aux doigts couverts de bagues ne détestent pas, la nuit, rechercher les vagabonds sur les bancs, les permissionnaires saouls et même les poisses aux ongles noirs (Morand,Pt théâtre, Matr. d'Éphèse, 1942, I, 4, p.36).
Prononc.: [pwas]. Étymol. et Hist. I. 1800 «voleur» (Leclair, Hist. des bandits d'Orgères d'apr. Sain. Sources arg. t.2, p.92). II. Fin xixes. «souteneur» (d'apr. Dauzat 1973); 1928 (Bauche). I dér. régr. de l'arg. poissard «voleur», v. poissard1; cf. poix au sens 2 et poisser au sens de «voler». II soit déverbal de poisser*, le souteneur étant un personnage auquel il est difficile d'échapper (cf. le sens «personnage collant», Bauche 1928; FEW t.8, p.621a), soit tiré de poisson* au sens de «souteneur» (Cellard-Rey, s.v. poisse1). Fréq. abs. littér.: 20.

POISSER, verbe

POISSER, verbe
A. − Empl. trans.
1. Enduire, frotter de poix ou de toute autre matière analogue:
1. [Le cordonnier] prend son morceau de poix. Il poisse les fils tout du long, les collant ensemble, faisant ainsi le fil à coudre du cordonnier qu'on appelle «ligneul»; il amincit les deux bouts, les roulant entre son pouce et son index comme on ferait à quelques fines longes de moustaches... Giono,Triomphe vie, 1941, p.73.
2. Imprégner, couvrir, salir d'une matière visqueuse, gluante. Un verre de chartreuse renversé venait de poisser la nappe, toute noircie de la cendre des cigares (Zola,Pot-Bouille, 1882, p.191).Je l'ai entendu courir sur le trottoir, sous une pluie fine et collante qui poisse le pavé et mouille l'appui de la fenêtre (Colette,Vagab., 1910, p.148).Il reste un peu de vin au fond des quarts, un vin blond, un peu trouble, qui poisse les doigts et caresse la gorge (Dorgelès,Croix de bois, 1919, p.240).
Au fig., pop. Être importun, collant; ennuyer quelqu'un. Il en parlait dans des termes assez peu amoureux; il disait: −Oh! j' l'aime bien, mais elle' m'poisse!... J'espère qu'elle r'viendra pas d'si tôt (Benjamin,Gaspard, 1915, p.146).
3. Pop. Poisser qqn. Prendre, arrêter, attraper quelqu'un. Et si que ça me chantait de te faire poisser comme déserteur (...) mais ne t'occupe pas! (Carco,Équipe, 1919, p.50):
2. Il me dit: «Ils [les gendarmes] m'ont poissé un coup, mais je me suis promis de les baiser et je tiens parole. Ils m'ont foutu en cabane. C'est en cabane que j'ai appris à les baiser. Ils m'ont eu parce qu'à l'époque, j'étais un pauvre minus, un trou du cul immonde. Maintenant, ils peuvent s'aligner!» Giono,Gds chemins, 1951, p.236.
B. − Empl. intrans. [Corresp. à A 2 supra] Être, rendre collant, visqueux; au fig., contrarier par sa présence continue, sa constance. Un ciel gris et bas à toucher avec les parapluies, un temps mou qui poisse, le gâchis, la boue, rien que de la boue, en flaques lourdes (A. Daudet,Nabab, 1877, p.249).Dès l'entrée, l'escalier étroit et raide, avec ses marches malpropres qui collent aux semelles et sa rampe humide qui poisse aux mains, vous souffle un air empesté au visage, une odeur de plombs et de cabinets, et vous met, dans le coeur un découragement (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p.287).La guerre alors se met à coller. On l'a quittée, mais elle ne consent pas si aisément à la démobilisation, elle s'accroche, elle poisse (Arnoux,Contacts all., 1950, p.70).
REM. 1.
Poissant, -ante, adj.Synon. de poisseux.Ils étaient les végétations de ce pavé gras du quartier des Halles, où, même par les beaux temps, la boue reste noire et poissante (Zola,Ventre Paris, 1873, p.785).Cela était épais, sirupeux, poissant comme j'imagine qu'est le jus filandreux des mandragores et cela avait la saveur de la gentiane (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.312).Au fig. Et il revenait encore, toujours, incolore et sirupeux, poissant (La Varende,Bric-à-brac, 1953, p.37).
2.
Poisserie, subst. fém.,hapax. État de ce qui poisse. La divine exhalaison du papier bleu gras à tracer les broderies, qui console de la poisserie écoeurante des parfums et des savons (Colette,Cl. Paris, 1901, p.38).
3.
Poissé, -ée, part. passé en empl. adj.Qui rappelle l'état visqueux de la poix. Quand Lewis se réveille il n'a pas les paupières chargées des buveurs de bourgogne dont les reins, toute la nuit ont travaillé, ni les yeux rouges des liseurs, ni ces cercles violets des amoureux, anneaux nuptiaux, ni les mèches poissées des danseurs au lendemain d'un bal (Morand,Lewis, 1924, p.87).
4.
Poissure, subst. fém.Synon. de poisserie.Sous la tonnelle vide, des guêpes volaient lourdement autour de la poissure des verres de champagne et du sucre resté dans les tasses (A. Daudet,N. Roumestan, 1881, p.235).
Prononc. et Orth.: [pwase], (il) poisse [pwas]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. «enduire de poix» [cf. le dér. repoissier 1380, doc. ds Gdf.] 1538 (Est., s.v. piceus, pico); 1606 vaisseaux poissez (Nicot); 2. a) 1690 «enduire, salir de matière collante» doigts tout poissez (de sucre, de confiture) (Fur.); b) 1765 intrans. abs. «être gluant» (Encyclop.: ce corps poisse); 1873 part. prés. adj. boue poissante (Zola, loc. cit.). B. Fig. 1. 1753 poissant «(en parlant d'une personne) collant, importun» (ap. C. Piton, Paris sous Louis XV, t.5, p.103 ds Brunot t.6, p.2124); 1915 «importuner par une présence assidue» (arg. des voyous, d'apr. Esn.); 2. a) 1800 arg. «voler» (Leclair, Hist. des bandits d'Orgères ds Sain. Sources Arg. t.2, p.94); b) 1872 «surprendre, arrêter (un malfaiteur)» se faire poisser (Larch.); 1881 être poissé (Rigaud, Dict. arg. mod.); 3. 1865 se poisser «s'enivrer» (mot pop. d'apr. Esn.); 1872 (Larch.). Dér. de poix*; dés. -er. Les accept. de B 1-2, en réf. au caractère collant, gluant de la poix qui retient ce qui a contact avec elle, cf. pègre*; B 3 est rapproché par Esn. de l'arg. noir* «ivre», en réf. à la couleur de la poix, mais il est plus prob. dû au fait que l'homme ivre paraît englué, pâteux dans sa parole et dans ses mouvements. Poisser a évincé l'a. fr. poier «enduire de poix» (1160-74 «couvrir d'un emplâtre de poix» Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 9639), issu du lat. picare «poisser». Fréq. abs. littér.: 76.

Poissé, -ée, part. passé en empl. adj.

Poissé, -ée, part. passé en empl. adj.Qui rappelle l'état visqueux de la poix. Quand Lewis se réveille il n'a pas les paupières chargées des buveurs de bourgogne dont les reins, toute la nuit ont travaillé, ni les yeux rouges des liseurs, ni ces cercles violets des amoureux, anneaux nuptiaux, ni les mèches poissées des danseurs au lendemain d'un bal (Morand,Lewis, 1924, p.87).

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·