1. Dans le domaine
physique ou
matériela) Avec un mouvement lourd, sans souplesse, vivacité ou agilité. Danser, marcher, s'asseoir pesamment. La fumée qui se rabattait pesamment le long des cheminées (Janin, Âne mort, 1829, p.185).Le soir, pour nous coucher, ça dure une demi-heure. Nous beuglons en geignant et en nous retournant pesamment comme des gens abîmés de rhumatismes (Flaub., Corresp., 1850, p.214).Gilbert (...) reculait pesamment, à la façon d'un homme saoul (Pourrat, Gaspard, 1925, p.276).− P. anal. [En parlant d'une attitude] Je rencontrai, sur la route de Bicêtre, un jeune homme chargé d'un paquet (...). Ce malheureux était sans veste, en chemise, et s'appuyait pesamment, comme un homme fatigué, sur un bâton (Michelet, Journal, 1820, p.79).
b) Dormir pesamment, être pesamment endormi. Dormir profondément, d'un sommeil lourd. N'ayant point la certitude d'un danger immédiat, il n'éveilla pas ses compagnons, que la fatigue tenait pesamment endormis, et il tomba lui-même dans une lourde somnolence qui dura plusieurs heures (Verne, Enf. cap. Grant, t.1, 1868, p.117).
c) D'une façon étouffante, oppressante. Une sève turgescente découlait à tous les rameaux. Au logis, les feux des cheminées, qui, la veille, brillaient encore, s'éteignaient sans avoir la force de surmonter cette atmosphère pesamment attiédie. L'air charriait de grasses odeurs. Nos corps aussi étaient oppressés (Sainte-Beuve, Volupté, t.1, 1834, p.202).
2. Dans le domaine
intellectuel.D'une manière embarrassée, dépourvue de finesse, de nuances, de vivacité. Parler, écrire pesamment; insister pesamment. Une idée, pesamment matérialiste, me vint brusquement (Michelet, Journal, 1857, p.342).Hervieu n'écrit plus pour son compte personnel. Savamment et pesamment, il traduit je ne sais quel Tacite qu'il voudrait être (Renard, Journal, 1905, p.961):. La rime lui rendait le vers moderne insupportable. Il la trouvait barbare, bonne seulement à soutenir l'attention débile d'hommes grossiers et ignorants, et à satisfaire des oreilles incultes en marquant pesamment la cadence.
A. France, Vie fleur, 1922, p.450.