Dans cette page, retrouvez les définitions de:

LOGIQUE1, subst. fém.

LOGIQUE1, subst. fém.
A. − PHILOSOPHIE
1. Science relative aux processus de la pensée rationnelle (induction, déduction, hypothèse p. ex.) et à la formulation discursive des vérités. Logique analytique; règles, lois de la logique. La logique, qui tire son nom et sa forme du nom et de la forme du langage, est un instrument souvent rebelle et nativement défectueux (...). On a senti et maintes fois proclamé l'insuffisance de la logique, en la surprenant en contradiction avec les indications d'un sens droit, c'est-à-dire avec les jugements de cette faculté supérieure et régulatrice que nous nommons la raison (Cournot, Fond. connaiss.,1851, pp. 605-606).Mademoiselle Lambert faisait cette année-là des cours de logique et d'histoire de la philosophie et je commençai par ces deux certificats (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 220):
1. Les philosophes du Moyen Âge ne possédaient d'autre science que la logique, ils ont donc tenté de construire des métaphysiques, et jusqu'à des théologies, fondées sur les méthodes propres à la logique. Gilson, L'Être et l'essence, Paris, Vrin, 1948, p. 311.
Logique scolastique. Logique dérivée de la philosophie d'Aristote et enseignée au Moyen Âge :
2. ... elle [la médecine expérimentale] aura toujours besoin d'expérimentation pour vérifier ses vues ou ses idées anticipées, au lieu de dogmatiser et de ramener par la logique scolastique les faits à l'idée préconçue considérée comme absolue. Cl. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 117.
Logique classique. Étude visant les implications rigoureuses du discours et les démarches de l'esprit au titre de leur valeur probatoire :
3. La perception d'une seule chose fonde pour toujours l'idéal de connaissance objective ou explicite que la logique classique développe. Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 383.
Logique formelle. Étude des concepts, jugements et raisonnements considérés abstraitement et sans considération des objets qu'ils désignent. Logique propositionnelle, modale, bivalente, plurivalente, binaire; logique des prédicats; logique des propositions :
4. Avec le développement de l'algèbre, on ne pouvait en effet manquer d'être frappé par l'analogie entre les règles de la logique formelle et les règles de l'algèbre, les unes comme les autres ayant le caractère commun de s'appliquer à des objets (propositions ou nombres) non précisés. Bourbaki, Hist. math.,1960, p. 15.
Logique symbolique. Étude des notations purement formelles assignées aux concepts et visant à établir un système de relations symboliques exprimant l'inclusion, la disjonction, l'implication et la transformation d'ensembles. Synon. logique algorithmique, déductive, mathématique :
5. Ce projet de « caractéristique universelle » qui posait les premiers principes de l'axiomatique et de la logique symbolique modernes n'eut que peu de retentissement; si l'on trouve un écho de ces préoccupations dans certains écrits de J.-H. Lambert ou de Condorcet, ce n'est que vers le milieu du xixesiècle que furent jetées les bases véritables de la logique mathématique. Hist. gén. sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 21.
Logique mécanique. Mécanisme rationnel tendant à établir dialectiquement des propositions :
6. ... le modèle dialectique que l'on a appelé logique mécanique est un mécanisme de construction des propositions qui peut fournir tous les résultats de la logique aristotélicienne... Couffignal, Mach. penser,1964, p. 114.
2. P. méton. Ouvrage didactique concernant les processus rationnels. Traité de logique; logique cartésienne, hégélienne. Le bonheur des particuliers, le bon ordre de l'état ne se définissent point par les règles de la logique d'Aristote (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 497):
7. Les principaux écrits d'où relève cette Logique [it. ds le texte] de Port-Royal, et qui en sont en France les vrais précédents, sont : 1 les ouvrages de Ramus, et particulièrement sa Dialectique en français, 1555; 2 tout ce que dit Montaigne contre Baroco et Baralipton, contre cette logique barbare de son temps (...); 3 Descartes, Discours de la Méthode, et ailleurs; il y faut joindre Pascal pour son petit écrit de l'Esprit géométrique... Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 471.
Vieilli. (Classe de) logique. Classe de philosophie. Il est cette année en logique (Littré).
B. − Manière de raisonner en se conformant plus ou moins aux règles de la logique (supra A 1). Des visions ou des spéculations sans consistance, sans logique et sans fermeté (Gide, Thésée,1946, p. 1433):
8. Je vais exposer à l'assemblée quelle politique le gouvernement entend suivre pour remplir sa tâche à mesure de la libération. Bien que les aspects divers de cette politique soient évidemment conjugués, la logique de l'exposé m'oblige à les présenter successivement. De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 579.
SYNT. Logique habituelle, impeccable, inexorable, invincible, ordinaire, profonde, rigoureuse, sévère, universelle; logique factice, fantaisiste, fausse, illusoire, trompeuse; faire preuve, manquer de logique; défaut de logique.
Logique naturelle. Capacité naturelle en vertu de laquelle l'intelligence discerne dans les phénomènes de la nature des rapports de causalité :
9. C'est de l'extension d'une certaine géométrie naturelle, suggérée par les propriétés générales et immédiatement aperçues des solides, que la logique naturelle est sortie. C'est de cette logique naturelle, à son tour, qu'est sortie la géométrie scientifique. Bergson, Évol. créatr.,1907, p. 162.
En bonne logique. Conformément aux règles de la logique :
10. ... cette conclusion, en bonne logique, ne laissera pas de surprendre et de dérouter un lecteur resté fidèle aux prémisses de la démonstration. J. Vuillemin, Essai signif. mort,1949, p. 24.
C. − P. anal.
1. Manière suivant laquelle s'enchaînent les éléments de la vie affective ou morale. Logique du cœur, de la passion. J'avoue même que ce mot de résignation m'irrite. Dans l'idée que je m'en fais, à tort ou à raison, c'est une sotte paresse qui veut se soustraire à l'inexorable logique du malheur (Sand, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 462).Ce que l'on appelle : logique des sentiments, logique biologique, logique mystique, ce n'est autre chose que l'activité, le mouvement naturel de la nature humaine, quand on l'oppose aux reconstructions et aux analyses objectives opérées par son cerveau (Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 348):
11. ... toutes les lois de la pensée, toutes les formes particulières de la logique rentrent dans ce déterminisme concret de la pratique. La logique de l'action n'est point une discipline partielle; c'est vraiment la logique [it. ds le texte] générale, celle en laquelle toutes les autres disciplines scientifiques trouvent leur fondement et leur accord. Blondel, Action,1893, p. 417.
2. Manière suivant laquelle s'enchaînent les événements. C'est dans la logique des choses. La vertu absolue est impossible, la république du pardon amène par une logique implacable la république des guillotines (Camus, Homme rév.,1951, p. 157):
12. ... le fait même qu'il [l'amiral Darlan] dût quitter la scène semblait conforme à la dure logique des événements. Car ceux-ci, dans les grands moments, ne supportent aux postes de commande que des hommes susceptibles de diriger leur propre cours. Or, au point où en étaient les choses, Darlan ne pouvait plus rien ajouter, ni retrancher, à ce qui de toutes façons était en train de s'accomplir. Chacun − et d'abord l'amiral − se rendait compte que, pour lui, la page était maintenant tournée. L'occasion, il l'avait manquée. De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 67.
Logique historique. Logique immanente aux événements qui admettent un rapport de cause à effet :
13. ... il n'eût pas jeté à l'abbé ce système de vues abstraites, polémique et méprisant, cette apologétique de pure logique historique, inintelligiblement jaillie de ses scepticismes accablés. Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 447.
3. Enchaînement cohérent obéissant à certaines conventions ou règles. Logique du discours musical, du contrepoint :
14. ... ces littérateurs ne prétendent pas supprimer la logique, mais lui en substituer une autre : la « logique des images ». De même Claudel (Art poétique) parle d'une nouvelle « logique »; « l'ancienne, dit-il, avait le syllogisme pour organe; celle-ci a la métaphore ». Benda, Fr. byz.,1945, p. 92.
D. − INFORMAT. ,,Opération ou fonction de comparaison, de sélection ou de tri dévolue à un matériel (unité logique) en vue d'un choix ou d'une décision`` (cida 1973). La logique de la machine; une logique puissante.
P. méton. Ce matériel même (circuit électronique ou autre dont le fonctionnement correspond à une technologie particulière) (d'apr. Bureau 1972).
MATH. Logique booléenne. ,,Règles logiques auxquelles obéissent les systèmes composés d'éléments capables de prendre deux états complémentaires et susceptibles de résoudre les équations de l'algèbre de Boole`` (Bureau 1972).
Prononc. et Orth. : [lɔ ʒik]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1245 « science des lois du raisonnement » (Henri d'Andeli, Bataille des sept ars, éd. A. Héron, 6); 2. ca 1290 « ouvrage, traité de logique » (Jean le Teinturier d'Arras, Le Mariage des Sept Arts, éd. A. Långfors, VII, 77); 3. 1680 etudier en logique (Rich.); 4. 1718 « disposition naturelle que l'on a à raisonner juste » (Ac.); 5. 1762 « enchaînement cohérent d'idées » (Ac.). Empr. du lat.logica « la logique » (empr. au gr. λ ο γ ι κ η ́ [s.-e. τ ε ́ χ ν η] « la science du raisonnement »).

LOGIQUE2, adj.

LOGIQUE2, adj.
A. − PHILOS. Conforme aux règles de la logique. Anton. absurde, contradictoire, illogique, incohérent.Abstraction, argumentation, déduction, démonstration, explication, raisonnement logique; tirer les conclusions logiques d'un raisonnement; convenances logiques d'une hypothèse; classement logique et clair. Il n'y a pas incompatibilité logique entre l'idée de l'existence et l'idée de corps (Cousin, Hist. philos. xviiies., t. 2, 1829, p. 424):
1. Nous avons distingué l'ordre logique des idées de leur ordre d'acquisition. Dans le premier, une idée est la condition logique d'une autre idée lorsqu'elle l'explique; dans le second, une idée est la condition chronologique d'une autre idée lorsqu'elle naît dans l'esprit humain avant elle. Cousin, Hist. philos. xviiies., t. 2, 1829p. 276.
P. ext. Qui entraîne une séquence. La sensibilité est la cause logique du mouvement, l'hypothèse est la cause logique de l'expérimentation (Cl. Bernard, Notes,1860, p. 179):
2. ... que l'on approfondisse la physique cartésienne, la métaphysique spinoziste, ou les théories scientifiques de notre temps, on trouvera partout la même préoccupation d'établir un rapport de nécessité logique entre la cause et l'effet... Bergson, Essai donn. imm.,1889, p. 161.
[En parlant de l'intelligence] Puissance logique. Capacité d'établir des séquences entre phénomènes :
3. Pour triompher, il avait fallu à Pasteur non seulement son habileté expérimentale hors de pair, sa puissance logique, mais encore la certitude intuitive qu'il avait d'être dans le vrai en niant la génération spontanée. J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 181.
B. − Conforme au bon sens. Esprit, pensée logique. Ma démission m'apparut comme la seule solution logique, la seule attitude contenant une promesse de revanche et de bonheur (Abellio, Pacifiques,1946, p. 179).
[En parlant d'une pers.] Dont la conduite est rationnelle. Les âmes sensibles sont logiques avec elles-mêmes (J.-R. Bloch, Dest. du S.,1931, p. 231).J'ai décidé d'être logique (Camus, Caligula,1944, I, 8, p. 22):
4. L'homme n'est pas rigoureusement logique dans tout ce qu'il fait. C'est tant mieux lorsqu'il fait le mal. C'est tant pis lorsqu'il fait le bien. Billy, Introïbo,1939, p. III.
[En parlant du comportement d'une pers.] Rationnel. L'obéissance au parti est la seule attitude logique, enfin, d'un militant communiste (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 286).Elle n'imaginait pas qu'on pût adorer Dieu et transgresser sciemment ses commandements. Je trouvai logique cette attitude qui pratiquement recoupait la mienne (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 279):
5. ... le travail auquel s'employait l'intelligence en pesant les raisons, en comparant les maximes, en remontant aux principes, était de mettre plus de cohérence logique dans une conduite soumise, par définition, aux exigences sociales... Bergson, Deux sources,1932, p. 17.
Locutions
Être logique avec soi-même. Conformer son attitude à ses convictions, aux options et aux actions antérieures. Elle était certainement très naturelle, très logique avec elle-même; seulement sa logique devenait de la pure démence aux yeux des voisins (Zola, Fortune Rougon,1871, p. 44):
6. J'ai même pensé à déserter, moi, pour rester logique avec moi-même. Ainsi, tu vois!... Mais, si je faisais ça, je ne serais jamais sûr de l'avoir fait par conviction, et non par frousse... Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 619.
C'est logique. C'est conforme au bon sens. Une urbanité de gens policés, quelque chose qui rappelait encore l'ancien état de choses, la guerre en dentelles, le panache, la loyauté réciproque. C'était normal, c'était logique, entre gens de culture et d'éducation égales (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 230).
C. − LING. Analyse logique. [P. oppos. à analyse grammaticale] Analyse des propositions constituant la phrase. Au début de ma neuvième année (...) je n'écrivais même plus : jetés à la poubelle, égarés ou brûlés, les cahiers de roman avaient fait place à ceux d'analyse logique, de dictées, de calcul (Sartre, Mots,1964, p. 173).
D. − INFORMAT. Circuits logiques. Circuits constituant la base du fonctionnement des ordinateurs (d'apr. H. Lilen, Z.-P. Nières, A. Poly, Comprendre la micro-informatique, Paris, Hachette, 1980).
REM. 1.
Logiquant, -ante, adj.,péj. Qui abuse de l'argumentation logique. Pensez-vous que si Luther, Ulrich de Hutten, Hans Sachs, Erasme et votre serviteur (...) s'étaient bornés à la théologie logicienne logiquante de logogriphes, ils eussent obtenu les résultats de bave et d'imprécations dont le torrent nous réjouit l'âme (L. Daudet, Voy. Shakesp.,1896, p. 159).
2.
Logifier (se), verbe pronom.Élucider rationnellement. Baudelaire eut à ce moment sur moi, une influence tout au moins d'imitation enfantine (...). Mais une influence réelle et qui ne pouvait que grandir et, alors, s'élucider, se logifier avec le temps (Verlaine, Œuvres compl., t. 5, Confess., 1895, p. 74).
Prononc. et Orth. : [lɔ ʒik]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1536 « conforme aux lois du raisonnement » (G. Chrestian, Philalethes sur les Erreurs Anatomiques de certaines parties du corps humain, 6 r ds Delb. Rec. d'apr. FEW t. 5, p. 398b); 2. 1821 « relatif à la science de la logique » (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 1, p. 21 : Votre Saint Thomas a dit avec ce laconisme logique); 3. 1833 « conforme aux règles de la logique » (Jouffroy, Mél. philos., p. 51); 4. 1839-42 « se dit d'événements qui s'enchaînent avec rigueur » (Comte, Philos. posit., t. 4, p. 331); 5. 1867 analyse logique (Littré). Empr. au lat.logicus « logique, raisonnable » (empr. au gr. λ ο γ ι κ ο ́ ς « qui concerne le raisonnement »).
STAT. − Logique1 et 2.Fréq. abs. littér. : 3 372. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 154, b) 5 144; xxes. : a) 4 961, b) 5 909.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·