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ENVIE, subst. fém.

ENVIE, subst. fém.
A.− [Souvent sans art. dans des loc. verbales] Besoin, désir plus ou moins violent.
1. [En parlant d'un besoin physiol.] Avoir envie de boire, de dormir, de manger. M.S. fut saisi de violentes coliques d'estomac, avec des envies de vomir, une toux convulsive et un malaise général (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 102).
Absol., fam. Avoir envie. Pour signifier le besoin d'uriner ou de déféquer. Envie de déféquer (Carabelli, [Lang. fam.]).
2. [En parlant d'un besoin phys., d'une décharge nerveuse qui voudrait se manifester] Avoir envie de marcher, de pleurer, de rire. Lesable tenait à deux mains la rampe de fer, buvant l'air comme on boit du vin, avec une envie de sauter, de crier, de faire des gestes violents (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Hérit., 1884, p. 486).
3. [En parlant d'un désir plus général relevant de l'affectivité, du rêve, du besoin d'action ou de possession, de l'ambition, de toutes les pulsions psychiques] Avoir envie de voir, de revoir qqn. Croyez que ma plus chère envie est de pouvoir ici passer toute ma vie (Collin d'Harl., Vieux célib.,1792, IV, 10, p. 109).Elle n'avait plus du tout le désir de mourir, mais une envie forte, impérieuse, de vivre, d'être heureuse (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Yvette, 1884, p. 556):
1. ... cet homme [Louis Bonaparte] ne raisonne pas; il a des besoins, il a des caprices, il faut qu'il les satisfasse. Ce sont des envies de dictateur. Hugo, Napoléon le Petit,1852, p. 122.
2. ... j'ai acheté : six hectares, à la suite de mon petit héritage. Je savais la terre à vendre depuis longtemps... Oh! Je l'ai payée : plus cher qu'elle ne vaut, bien sûr. Mais elle me touchait, et j'en avais si envie que je me levais, parfois, au clair de lune, pour aller la regarder... Pesquidoux, Le Livre de raison,1928, p. V.
SYNT. Une envie de musique, de voyage; avoir envie, se sentir l'envie d'écrire, de se marier, de mourir, de parler, de partir; avoir des envies féroces, folles, irrésistibles de + inf.
Expressions et proverbes. Brûler d'envie d'être ministre. Il convenait de n'exécuter que des raids de va-et-vient. Leclerc en brûlait d'envie (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 250).Mourir, se mourir d'envie de + inf. Je mourais d'envie de voir la mer (M. de Guérin, Corresp.,1833, p. 78).Avoir bonne envie de + inf. J'ai bonne envie, se dit-il, d'aller frapper à la porte du château et d'y faire une visite à Bastien (Ponson du Terr., Rocambole, t. 1, 1859, p. 641).Faire passer, ôter à qqn l'envie de + inf. Le mauvais succès de cette tentative m'ôta l'envie de la renouveler (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 225).L'envie me démange, il me prend des envies de + inf. Il lui prenait des envies de s'envoler; rien ne lui semblait impossible (Champfl., Avent. MlleMariette,1853, p. 224).Il vaut mieux faire envie que pitié, pour dire qu'il vaut mieux être dans la prospérité que dans la misère ou les difficultés. Il vaut mieux faire envie que pitié (Giono, Baumugnes,1929, p. 79).Faire plus de peur que d'envie, pour dire que l'on craint quelque chose. L'avenir me faisait plus de peur que d'envie (Sand, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 164).
En partic.
a) Avoir envie de qqc.
Désirer un objet particulier. En trois années, elle avait contenté une seule de ses envies, elle s'était achetée une pendule (Zola, Assommoir,1877, p. 476).
Les envies des femmes enceintes. Nous avons jusqu'aux mêmes envies de femme grosse (Goncourt, Journal,1861, p. 940).
b) Avoir envie de qqn. Éprouver le désir sexuel pour cette personne. Et il la regarde parce qu'il a envie d'elle (Prévert, Paroles,1946, p. 276).Absol. Aujourd'hui je n'ai aucune envie. Sauf peut-être celle de me taire et de la regarder (Sartre, Nausée,1938, p. 175).Faire envie à qqn. Être désirée. « Elle fera envie à tous les hommes et à tous elle donnera satisfaction » (Renard, Journal,1905, p. 1003).Au gré des envies. Nous nous embrassions au gré de nos envies (Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 70).
B.− Désir de ce qu'un autre possède.
1. [P. réf. à un désir mêlé d'admiration, d'estime et de convoitise] Désir naturel de posséder le bien qui appartient à autrui. Être digne d'envie, un sort digne d'envie. Ils voyaient d'un œil d'envie les richesses des bourgeois de Paris (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 2, 1821-24, p. 268).Ce tourbillon d'envies, de désirs et d'ambitions en quoi consiste la vie sociale (Guéhenno, Journal homme 40 ans,1934, p. 225):
3. Quand on est jeune, belle, heureuse, comment voit-on autre chose que l'envie qu'on excite, et l'admiration qu'on inspire? Duras, Édouard,1825, p. 156.
2. Péj. Tendance négative, passion mauvaise qui consiste à s'affliger de la réussite ou du bonheur d'autrui, et pouvant aller jusqu'à lui désirer du mal et chercher à lui nuire. L'envie le dévore; être rongé d'envie; prêter le flanc à l'envie; se mettre au-dessus de l'envie. La définition (...) du catéchisme : « L'envie est une tristesse du bien d'autrui et une joie du mal qui lui arrive » (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 275).
a) [vécue sur le mode de la tristesse] Il me semble que l'envie et la jalousie suffisent de reste pour attrister et même pour empoisonner tout-à-fait la vie (Jouy, Hermite, t. 1, 1811, p. 206).La petite envie taquine que Stendhal porte à tout ce qui a une apparence de supériorité sur lui (Delécluze, Journal,1824, p. 22):
4. De loin elle admirait, avec un peu d'envie et de tristesse, la vie folle et romanesque, dangereuse aussi, mais variée, de ses sœurs. Maurois, Ariel ou la Vie de Shelley,1923, p. 220.
b) [vécue sur le mode de la haine, de la destruction] Basse envie; envie maligne; le démon de l'envie. Ces jugements où l'on n'aperçoit que la haine, l'esprit de parti, et mille petites passions honteuses (Chateaubr., Martyrs, t. 1, 1810, p. 115).Cet esprit d'envie, de détraction et de moquerie qui nous est si particulièrement naturel (Las Cases, Mémor. Ste Hélène,t. 1, 1823, p. 180).
[L'envie, un des sept péchés capitaux, représentée comme un animé] Les traits de l'envie. Les peintres et les poètes ont souvent personnifié l'envie dans leurs œuvres (Ac.1835, 1878) :
5. L'envie, qui s'attache à toutes les belles œuvres, comme le ver aux fruits, a essayé de mordre sur ce livre, ... Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 424.
Symb. Le serpent, les serpents de l'envie; l'envie aux doigts crochus.
C.− P. méton., MÉD. (dermatologie)
1. Tache de naissance sur l'épiderme d'un nouveauné (nommée ainsi parce qu'on estimait que la cause venait d'une envie qu'aurait eue la mère pendant sa grossesse). Synon. tache de vin.Vous devez avoir sur le corps une marque, un signe indélébile, ce qu'on appelle une envie (Ponson du Terr., Rocambole,t. 1, 1859, p. 315):
6. ... ces signes, nommés « envies », se réduisent à un petit nombre de types qu'on peut classer, d'après leur couleur et leur forme, en fraises, groseilles et framboises, taches de vin et de café. France, L'Orme du mail,1897, p. 137.
2. Petit filet de peau à la racine des ongles. Pince à ongles ou à envies, nickelée (Catal. jouets [B.H.V.], 1936).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃vi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 980 « hostilité, haine » (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 78); 2. 1155 « sentiment de jalousie haineuse devant les avantages d'autrui » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 56); 3. 1155 « désir de quelque chose » (Id., ibid., 11795). B. 1640 « petite peau qui se détache près des ongles » (Oudin Curiositez). Adaptation du lat. class. invidia « malveillance, antipathie, jalousie ». Fréq. abs. littér. : 7 506. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 8 446, b) 12 169; xxes. : a) 11 117, b) 11 507. Bbg. Jaberg (K.). The birthmark in folk belief, language, literature and fashion. Rom. Philol. 1956-57, t. 10, pp. 307-342.

ENVIER, verbe trans.

ENVIER, verbe trans.
A.− Éprouver de l'envie, du désir; avoir envie.
1. [Le compl. dir. désigne une chose] Désirer, posséder. Envier une terre. Il ne s'occupait pas si elle enviait un bijou ou voulait une robe (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 216):
1. − Il était capitaine de vaisseau, mon ami. N'était-ce pas prévenir toute recherche, et en même temps se poser très haut, par cette prétendue fascination exercée sur un homme qui devait être de nature belliqueuse et accoutumé à des hommages? (...) il envia des épaulettes, des croix, des titres. Tout cela devait lui plaire : ... Flaubert, Madame Bovary,t. 2, 1857, p. 118.
2. [Le compl. dir. désigne une pers., les biens ou les qualités de cette pers.] Porter envie à quelqu'un soit par estime ou admiration, soit par désir de jouir pour soi-même de biens de même nature.
a) [L'envie se porte sur la pers. elle-même] Envier son frère, ceux qui... Tenez, je vous envie, je voudrais être à votre place (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 137).On enviait MmeCottard que la patronne appelait par son prénom (Proust, J. Filles en fleurs,1918, p. 601):
2. Il dut se trouver beaucoup de jeunes gens dynamiques pour envier Chanute, pour rêver de l'imiter et pour s'essayer, eux aussi, à voler de leurs propres ailes. P. Rousseau, Hist. des techniques et des inventions,1967, p. 358.
En partic. Envier une femme. La désirer. Il enviait une femme dont la possession était impossible (Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 150).
[Avec la construction de + inf.] Je t'envie de faire un journal (Lamart., Corresp.,1831, p. 134).Les amis du jeune homme riche l'enviaient d'avoir une maîtresse si bien habillée (Proust, J. Filles en fleurs,1918p. 682).
b) [L'envie se porte sur les biens, la prospérité, les talents, les dons, le bonheur d'une pers.] Envier le sort de qqn. La position, la fortune des autres, que nous souhaitons, désirons, envions (Goncourt, Journal,1866, p. 251).Il n'est peut-être pas de don que j'envie plus que le « don des langues », et qui m'ait été plus chichement accordé (Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1190).
Absol. Enviez, désirez, imaginez, cœurs de vingt ans; élargissez-vous! (Sainte-Beuve, Volupté,t. 1, 1834, p. 120).
À la forme négative. Ne plus rien envier. Être comblé. N'avoir rien à envier à qqn. Ne pas être en dessous, en reste. Padoue n'avait rien à envier à sa rivale [Milan] (Ozanam, Philos. Dante,1838, p. 58).Armand de retour, Jeanne ne regrettait et n'enviait plus rien (Ponson du Terr., Rocambole,t. 2, 1859, p. 314).
B.− Péj. Éprouver du mécontentement, de l'amertume en considérant les biens, la supériorité, la réussite ou le bonheur d'autrui.
1. [Avec un sentiment de tristesse ou de jalousie] Je les connais. Ils envient des succès et me jalousent à cause des regards d'Inès (Camus, Chev. Olmedo,1957, 3ejournée, 3, p. 787).Le département de la marine envie celui de l'aviation qui a le monopole du transport de la bombe (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 70).
2. [Avec des sentiments de haine, de méchanceté] « Ceux qui envient ou calomnient les grands hommes haïssent Dieu, car il n'est point d'autre Dieu » (Du Bos, Journal,1925, p. 391):
3. Il comprit sa vie petitement et jalousa tout ce qui n'était pas flétri et brisé comme lui. Il envia jusqu'aux titres, jusqu'aux richesses des autres hommes. Il fut saisi d'une haine instinctive contre le cardinal... Sand, Lélia,1839, p. 509.
Emploi pronom. réciproque. S'envier l'un l'autre, les uns les autres. Faux semblant d'amitié qui ne les empêche pas de s'envier, de se haïr et de se mépriser (Soulié, Mém. diable,t. 1, 1837, p. 15).
Prononc. et Orth. : [ɑ ̃vje], (j')envie [ɑ ̃vi]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1120-50 « éprouver un sentiment de jalousie envers quelqu'un » (Gd mal fit Adam, I, 9 ds T.-L.). Dénominatif de envie*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 1 521. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 112, b) 2 134; xxes. : a) 2 105, b) 2 254. Bbg. Martin (E.). S'il est vrai que envier qqn doit être remplacé par porter envie à qqn. Le Courrier de Vaugelas. 1872, t. 3, p. 178.

ENVIÉ, ÉE, part. passé et adj.

ENVIÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.− Part. passé de envier*.
II.− Emploi adj.
A.− Désiré. Trouverai-je, à un prix raisonnable, le havre envié, dans ces parages? (Huysmans, Oblat,t. 2, 1903, p. 242).
B.− Recherché, convoité. Un poste, un titre envié; une charge, une situation enviée. Le jeune homme rougit. C'était un honneur envié que de servir la messe de M. le supérieur (France, Orme,1897, p. 19).La France, dans ce concert international, occupe une place enviée (Industr. aéron. fr.,1962, p. 21).
Emploi subst. C'est cela surtout que le peuple recherche dans ses plaisirs, une illusion de richesse, passer de sa condition sociale dans celle des enviés et des heureux de la terre (A. Daudet, Jack,t. 2, 1876, p. 251).
Fréq. abs. littér. : 267. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 478, b) 452; xxes. : a) 254, b) 331.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·