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FRIPE1, FRIPPE, subst. fém.

FRIPE1, FRIPPE, subst. fém.
A.− Arg. et pop. Nourriture, cuisine, mangeaille. Et ses toilettes donc, des guenilles dégoûtantes qu'une chiffonnière n'aurait pas ramassées! (...) Voilà où menaient l'amour de la fripe, les lichades et les gueuletons (Zola, Assommoir,1877, p. 701).Faire honneur à sa frippe, elle connaissait pas de plus beau compliment (Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 90).
Faire la fripe. Faire la cuisine. Si j'veux croûter, faut que j'fasse la fripe (Bruant1901, p. 425).
B.− Région. (notamment dans l'Ouest). Aliment que l'on tartine sur du pain (beurre, confiture, fromage). Ça mangera donc de la frippe, dit Nanon. En Anjou, la frippe, mot du lexique populaire, exprime l'accompagnement du pain, depuis le beurre étendu sur la tartine, frippe vulgaire, jusqu'aux confitures d'alleberge, la plus distinguée des frippes (Balzac, E. Grandet,1834, p. 86).
REM.
Fripe-sauce, subst. masc.,pop., vx. Goinfre, goulu; mauvais cuisinier (d'apr. Ac. 1835, 1878).
Prononc. : [fʀip]. Étymol. et Hist. 1655 « mangeaille » (David Ferrand, Muse Normande, IV, 259, 12 ds Glossaire de A. Heron : Où l'on rencontre aussi faire bonne fripe, faire la fripe). Déverbal de friper « avaler goulûment » 1545, J. Godard, Les Desguisez, V, 5 ds Anc. théâtre fr., t. 7, p. 461, peut-être de même orig. que friper* « défraîchir en chiffonnant ».

FRIPE2, subst. fém.

FRIPE2, subst. fém.
A.− Vieilli, pop. Chiffon, guenille; p. ext., synon. de vêtement. Et vous n'allez pas me laisser croire que vous n'employez ces fripes délicieuses que pour travailler au jardin (Duhamel, Suzanne,1941, p. 143).
B.− Fam., vx. [Employé comme appellatif familier] Assieds-toi là, ma vieille fripe (...) dit Leemans (A. Daudet, Rois en exil,1879, p. 340).
Prononc. et Orth. : [fʀip]. Attest. d'une forme frippe, v. p. ex. Valéry, Corresp. [avec Gide], 1891, p. 117. Étymol. et Hist. Fin xives. [ms.] « vieux vêtement » frepe (Roman de Renart, éd. M. Roques, branche I, 1575, var.); 1616 frippe (La Comédie des Proverbes, scène 5 ds Anc. théâtre fr., t. 9, p. 58 : ne voicy que des frippes propres à jouer une farce), considéré comme ,,vieux mot`` dans la lexicogr. du xixes. Du b. lat. faluppa, d'orig. inc., sans doute non lat. (Ern.-Meillet). Attesté dans une glose du xes. (TLL s.v., VI, 203) « fibres, filaments, petites choses sans valeur ». Le mot s'est conservé en ital. (DEI, s.v. faloppa) et dans le domaine ibéro-roman (Cor., s.v. harapo, v. aussi REW33173). Il se caractérise par la succession des consonnes f-l/r-p et des traitements vocaliques différents; ici le vocalisme originel est e [cf. encore les formes feupe, ferpe, (xiiies.-xives. ds T.-L.) et il paraît se maintenir dans certains dial. (cf. FEW t. 3, p. 396a) tandis que le i reste inexpliqué (cf. cependant friperie, FEW t. 3, p. 401a)]. Bbg. Quem. DDL t. 5.

FRIPER, verbe trans.

FRIPER, verbe trans.
A.− Usuel. Défraîchir, froisser (un tissu, un vêtement). Synon. chiffonner.Leonora aussi se leva et ses longs doigts arqués fripant la nappe, elle fixa ses yeux de mer sur les yeux gris de son époux (Péladan, Vice supr.,1884, p. 46).Mais c'est que je ne voudrais pas toucher le velours de la robe pour ne pas le friper (Proust, Swann,1913, p. 232):
... elle usait encore, au moment dont je vous parle, une série de robes tristes, étroites, montantes, limées au corsage par le frottement des pupitres, et fripées aux genoux par les génuflexions sur le pavé de la chapelle. Fromentin, Dominique,1863, p. 70.
Emploi pronom. passif. Elle se trouva devant Berthe, essoufflée d'avoir dansé, toute rose dans sa robe blanche qui se fripait (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 157).
P. ext. [En parlant d'un (tissu) végétal] Faner, flétrir. Des fleurs, au hasard de l'île renaissaient [après l'hiver]. Au bord des rivages, les fleurs du Saint Sacrement, dont le vent fripe les grands pétales d'un jaune pâli (...) recommençaient leurs groupes (Queffélec, Recteur,1944, p. 150).
B.− P. anal. Plisser, rider (l'épiderme). Le teint de la peau était jauni, et de petits plis fripaient çà et là les joues (Rolland, J.-Chr.,Antoinette, 1908, p. 904).
Emploi pronom. passif. A-t-elle, comme tant d'autres, regardé chaque matin pendant des heures et des heures la peau si fine jadis, si transparente et si claire, qui maintenant se plisse un peu sous les yeux, se fripe de mille traits (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, MmeHermet, 1887, p. 1127).La muqueuse de l'œil jaunit et suinte, la langue se dépouille, les paupières se fripent, les naseaux se dilatent : l'animal devient remuant, irritable (Martin du G., Gonfle,1928, I, 3, p. 1180).
C.− Au fig. Amoindrir, annuler l'effet ou l'ampleur de quelque chose. Il voulait être seul, pour que son enthousiasme pût se dilater à l'aise, sans se friper sur de la chair humaine (Romains, Copains,1913, p. 88).
REM. 1.
Fripement, subst. masc.Froissement. Un bruit de lèvres, un fripement de jupes (Goncourt, Journal,1855, p. 187).
2.
Fripette, subst. fém.a) P. Plaisant. Partie du corps. Je baise une femme chaque jour à cinq heures. C'est comme ça que je lutte contre le mal (...) Tant que j'aurai là une petite fripette de peau (il désignait son ventre) je m'en servirai (Jouve, Scène capit.,1935, p. 218).b) Synon. de friponne.Voyez cette fripette, dit la maréchale en menaçant du doigt la jeune fille (D'Esparbès, Chevauchée Gd S.,1937, p. 82).
Prononc. et Orth. : [fʀipe]. Ds Ac. dep. 1694, jusqu'à 1740 sous la forme fripper. Étymol. et Hist. 1534 (Rabelais, Gargantua, II, 33 ds Quem. DDL t. 13); 1611 vestments fripez (Cotgr.); 1840 pronom. « se chiffonner » (Balzac, Pierrette, p. 57). Dér. au moyen de la dés. -er de l'a. fr. frepe (fripe2); l'orig. du i est obscure; l'a. fr. de friper « s'agiter » paraît être un autre verbe. Fréq. abs. littér. : 190. Bbg. Arveiller (R.). Fr. mod. 1974, t. 42, p. 281. − Bugge(s.). Étymol. fr. et rom. Romania. 1874, t. 3, pp. 148-149.

FRIPÉ, ÉE, part. passé et adj.

FRIPÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.− Part. passé de friper*.
II.− Adjectif
A.− Usuel. [En parlant d'un tissu, d'un vêtement] Froissé et défraîchi. Habit fripé; cravate fripée. (Quasi-) synon. chiffonné.Le bouquet de son corsage s'effeuillait aussi sur les dentelles fripées, savant ouvrage de sa main (Nerval, Filles feu,Sylvie, 1854, p. 610).Il a sur le dos un veston tout fripé qui sort de l'armoire. Ces plis m'étonnent : ce doit être très chic (Renard, Journal,1899, p. 525).
P. ext.
[En parlant d'un végétal] Fané, flétri. (Quasi-) synon. ratatiné.L'ombre endeuillait le lit à baldaquin, les solives du plafond où l'on avait suspendu des branches de chasselas de la dernière récolte, des grappes fripées et poussiéreuses (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 29).
Rare. [En parlant d'une feuille de papier] Synon. de froissé.Les couvertures, depuis toujours à l'air, à la poussière, étaient jaunes, tachées, les minces feuillets fripés comme s'il avait plu dessus (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 86).
B.− P. anal. [En parlant d'un être humain]
1. [En parlant d'une partie du corps, en partic. du visage ou des mains] Plissé, ridé. C'était une petite personne au visage fripé, aux bras dodus (Green, Journal,1934, p. 285).Elle discutait avec un étrange petit bonhomme tout bossu, la face fripée, l'air incroyablement effronté et madré (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 84):
Pour tout dire, je me reconnus, je reconnus ma vie et mon âme en ces paupières fripées, en ce visage glabre, en ces lèvres rasées qui accusent le même rictus servile, le même pli de mensonge, le même goût de l'ordure passionnelle, chez le comédien, le juge et le valet... Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 153.
2. [En parlant de la pers. elle-même, de son corps, de son aspect gén.] Dont la peau est plissée, ridée. Il contemplait le nourrisson, petite larve chaude, aveugle et fripée, dont la figure, à peine grosse comme un demi-poing d'adulte, sortait des linges (Druon, Gdes fam.,t. 1, 1948, p. 14).

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·