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Subst. masc.
Œuvre qui a l'amour charnel pour thème, pour inspiration : 4. Rodin, qui est en pleine faunerie, me demande à voir mes érotiques japonais, et ce sont des admirations devant ces dévalements de têtes de femmes en bas, ces cassements de cou, ces extensions nerveuses des bras, ces contractures des pieds, toute cette voluptueuse et frénétique réalité de coït, tous ces sculpturaux enlacements de corps fondus et emboîtés dans le spasme du plaisir.
Goncourt, Journal,1887, p. 632.
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Subst. fém. sing. Système érotique, et plus généralement, conception de l'amour humain. L'érotique des troubadours. Il y a un autre côté mort dans ses livres [de Gourmont], une érotique sèche, alambiquée, réfrigérée (Thibaudet, Hist. litt. fr.,1936, p. 463).Rem. On rencontre ds la docum. a) Éroticité, subst. fém., rare. Caractère de ce qui est érotique; p. méton. chose qui a un caractère érotique. Il y a place (...) [dans le théâtre aphrodisiaque] pour une éroticité négative, pour une culture de l'aversion sexuelle (Marcel, Heure théâtr., 1959, p. VII). Monde fantastique et cruel que celui de Goerg, tout frémissant de stridentes éroticités (Cassou, Arts plast. contemp., 1960, p. 623). b) Érotico-, substitut de érotique dans la formation de qq. adj. doubles de type savant.
α) Érotico-lymphatique. Qui a un caractère érotique et lymphatique. La maladie utérine de Murger pour la femme, le besoin qu'il éprouve de se frotter à une de ces peaux, de coucher sa muse érotico-lymphatique dans le giron d'une salope (Goncourt, Journal, 1857, p. 431).
β) Érotico-médical, ale. Qui a un caractère érotique et médical. Un roman intitulé « Sarah Grand », qui a abordé la question sexuelle dans le mariage et qui est beaucoup plus érotico-médical que mes romans (Id., ibid., 1895, p. 804).
γ
) Érotico-mystique. Qui a un caractère érotique et mystique. Elles me parurent d'autant mieux divines ces apparitions qu'elles ne semblaient point du tout s'apercevoir que j'existais, moi, là, à côté sur ce banc, tout gâteux, baveux d'admiration érotico-mystique (Céline, Voyage, 1932, p. 243). c) Érotocratie, subst. fém., rare. Système qui reconnaît, accorde une force souveraine à l'amour. Hier au soir en me promenant avec Curtius au bord de l'Yonne, Curtius me citait l'excellente formule de Hermann Bahr : « L'humanité de Whitman n'est pas une démocratie; c'est une érotocratie » (Du Bos, Journal, 1922, p. 166). d) Érotographe, subst., rare. Synon. péj. de auteur érotique. L'un d'eux [un écrivain], le plus raffiné des érotographes contemporains, me fit déclarer que Claude professait sur l'amour les idées d'un bourgeois du Marais (Bourget, Physiol. am. mod., 1890, p. IV).