a) Modèle, projet exécuté de manière graphique, en vue de préparer la réalisation d'objets ou de figures ornementales par d'autres techniques que le dessin. − Représentation de l'objet, de la figure, sous l'apparence qu'ils auront une fois réalisés. Dessin de décor, de jardins, de parcs. Le dessin colorié qui doit guider le ton des ombres (...) doit rester là pour servir de modèle pendant tout le temps de l'opération (Nosban, Manuel menuisier,t. 2, 1857, p. 150).Cette carte embrouillée, ces lignes de points, ces hachures, tout cela ne représente, pour Bastienne, qu'un confus dessin de broderie (Colette, Music-hall,1913, p. 136).
−
Plan ou épure exécutés au trait d'après les procédés du dessin linéaire ou industriel, figurant la structure (coupe, élévation, profil) de l'objet à réaliser architecturalement ou industriellement. Le plan de l'abbaye de Saint-Gall (...) est un projet à l'état d'esquisse (...) car l'exécution exige des dessins autrement développés (Lenoir, Archit. monast.,1852, p. 24):7. En architecture, le dessin, c'est la pensée même de l'architecte; c'est l'image présente d'un édifice futur (...). Le dessin est donc le principe générateur de l'architecture; il en est l'essence.
Ch. Blanc, Gramm. des arts du dessin,1876, p. 21.
b) Au fig. Projet idéal conçu par l'esprit et sensible dans l'œuvre dont il constitue le point initial ou le centre. L'acte d'écrire ne peut se prolonger jusqu'à remplir l'étendue d'un livre sans exiger une rupture presque incessante du dessin initial (Valéry, Entret.[avec F. Lefèvre], 1926, p. 108).Il semble qu'il [Chateaubriand] rétablisse dans les « Mémoires d'Outre-Tombe » un dessin tracé par Dieu (Thibaudet, Réflex. crit.,1936, p. 27):8. ... il nous suffit d'apercevoir un corps ou un être quelconque pour conclure de ses formes à ses qualités physiques (...). Il y a donc dans le dessin des contours et des surfaces quelque chose qui semble couvrir une intention, un dessein de la nature, j'allais dire une pensée.
Ch. Blanc, Gramm. des arts du dessin,1876p. 80.
9. Et la forme, pour se détacher de la confusion, ne peut exister que par une définition, c'est-à-dire par une fin, par l'exclusion de tout ce qui est étranger à son dessin ou dessein, par une limitation autour de ses possibilités.
Claudel, Un poète regarde la Croix,1938, p. 220.
Rem. Au sens B 3, le mot dessin fonctionne comme un synon. de dessein. De même qu'à la fin du xviiies. la forme dessein se rencontre encore avec le sens de « représentation d'une figure par un moyen graphique », les ex. supra attestent que dessin chez les meilleurs écrivains demeure propre à traduire le sens de « projet ». La confusion originelle des deux sens est encore sentie et rappelée à l'époque mod. ,,Le dessin est un projet de l'esprit comme l'indique si bien l'orthographe de nos pères qui écrivaient dessein`` (Ch. Blanc, op. cit., p. 513).