A.− DR. PÉNAL. [Pendant l'instruction d'une affaire] Confronter (des pers.), confronter qqn avec ou à qqn.Mettre en présence un prévenu avec sa victime ou avec un témoin, en vue de comparer leurs déclarations. Confronter des prévenus. Et le juge d'instruction ne vous croira pas sur parole? Si on vous confronte avec vos copains, ils vous contreront? (S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 473):1. Au criminel, la procédure se faisoit publiquement. On confrontoit l'accusateur à l'accusé, et celui-ci obtenoit tous les moyens de défense qu'il pouvoit croire favorables à son innocence, ou à l'excuse de son crime.
Chateaubriand, Essai sur les Révolutions,t. 1, 1797, p. 324.
B.− P. ext. 1. [L'idée dominante reste celle de « face à face contradictoire », mais en dehors d'un cont. jur.] Confronter (des pers.), confronter qqn avec ou à qqn :2. − Pourquoi l'appelez-vous? dit l'abbé Demange, pourquoi l'humilier? À quoi bon! (...)
− J'aime à vous confronter, fit-il. J'aime à vous voir face à face.
Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 124.
3. − Il est vrai, monsieur le Supérieur, (...) que j'ai pour lui de l'amitié, mais cette amitié n'est pas de telle nature... Je vous en prie, appelez-le, confrontez-moi avec lui!
Billy, Introïbo,1939, p. 90.
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Au passif. (Être) confronté à ou avec qqc.[Le suj. appartient à la catégorie de l'animé, ou y est assimilé; le compl. d'obj. désigne une chose à laquelle le suj. se trouve contraint de faire face] (Être) mis face à quelque chose. Douce nuit, notre témoin et notre juge, devant laquelle nous voici tout d'un coup confrontés avec notre destin (Guéhenno, Journal d'un homme de 40 ans,1934, p. 258).Mais nous sommes confrontés avec un problème beaucoup plus grave (Carrel, L'Homme, cet inconnu,1935, p. 22):4. Confronté jour et nuit à son crime innocent, il devenait trop difficile pour lui de se maintenir et de continuer. Il valait mieux en finir...
Camus, La Chute,1956, p. 1531.
Rem. 1. Cette tournure néologique très en vogue est critiquée par les puristes (cf. Colin 1971 s.v.). 2. On rencontre ds la docum. cette accept. avec le verbe à l'actif : confronter qqn à qqc. Les relations étrangères, les rapports avec la résistance métropolitaine, (...) confrontaient notre comité avec de multiples problèmes (De Gaulle, Mémoires de guerre, 1956, p. 121). 3. Colin 1971 signale : ,,On trouve même le verbe à l'actif avec un complément d'objet direct désignant la personne. Les problèmes qui nous confrontent. C'est un tour à déconseiller.``
2. [Cet emploi retient, du sens de base, les idées de « face à face » et de « comparaison »] Confronter (des choses), confronter qqc. avec ou à qqc., confronter qqc. et qqc., confronter (des choses entre elles).Examiner (des choses, des faits, des idées, etc.) dans un esprit de comparaison, pour mettre en évidence les rapports de ressemblance ou de différence sur lesquels fonder son opinion. Synon. didact. conférer.Mentalement il confronte tous ces récits, les classe, les compare (Cendrars, L'Or,1925, p. 41).Portraits de saints presque tous confrontés avec des masques mortuaires qui corroborent, ou infirment, le témoignage de la peinture (Green, Journal,1945, p. 275).Nous nous sommes bornés (...) à confronter entre elles, des vérités théoriques ou pratiques reconnues de tous (Teilhard de Chardin, Le Milieu divin,1955, p. 63):5. Il arrive constamment que l'esprit confronte avec une idée déterminée une certaine masse d'expérience qui lui est donnée, mais ne l'est pas sous forme d'idée...
Marcel, Journal métaphysique,1923, p. 290.
− Emploi abs. Comparer. J'écoute, j'interroge, je note, je confronte, je me fais l'effet du greffier de l'histoire (Hugo, Correspondance,1852, p. 75).Une intelligence primesautière, saisissant ses objets à la volée, sautant de l'un à l'autre, (...) incapable de confronter, de réfléchir, d'abstraire (Mounier, Traité du caractère,1946, p. 651).
3. Rare. [P. infl. du verbe affronter* I B 2, l'idée de « face à face contradictoire » évoluant en idée d'« opposition », de « conflit », d' « affrontement »; avec un suj. appartenant à l'animé ou à l'inanimé] Confronter (des choses), confronter qqc. à qqc.Opposer, mettre face à face, faire s'affronter (des choses) : 6. ... luttez contre la matière qui s'appelle césarisme avec cette toute-puissance impalpable, la pensée. L'absolutisme vous fait face, confrontez-lui la liberté.
Hugo, Correspondance,1868, p. 101.
7. Laval tenta, d'abord, d'exposer sa conduite (...) comme la manœuvre d'un homme d'État qui composait avec le pire et limitait les dégâts. (...) l'accusé pouvait imaginer que le débat tournerait à une discussion politique, confrontant, entre gens du métier, des théories diverses et aboutissant à une cote mal taillée qui lui vaudrait, finalement, les circonstances atténuantes.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 251.
Rem. On rencontre ds la docum. un emploi isolé de la constr. confronter qqn avec le sens « lui faire face, l'affronter » :
8. L'heure est arrivée face à face, et retirée toute échappatoire, de confronter enfin Israël, de lui livrer, de lui placer entre les mains la réalisation en pleine figure de cette attente de tout l'univers dont, par-dessus les siècles et les millénaires et les éons, il a été constitué l'expression légale.
Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 27.