Dans cette page, retrouvez les définitions de:

BATEAU1, subst. masc.

BATEAU1, subst. masc.
I.− Ouvrage flottant, de toute dimension, utilisé pour la navigation. MAR. Engin de moyen ou faible tonnage. Bateau à vapeur, à voiles; bateau de guerre, de pêche (ou -pêcheur); le pont d'un bateau :
1. Là, j'ai cru que la Vierge entrait dans mon bateau, Et que mon humble barque allait brûler dans l'eau! M. Desbordes-Valmore, Mélanges,Le Marinier, 1859, p. 199.
2. Le petit navire fila sur la pleine mer aussi calme que le port. La fumée du bateau, jouant entre la lumière blonde et l'eau bleue, variait les dessins de son ombre sur la mer ensoleillée... Hamp, Vin de Champagne,1909, p. 204.
A.− Usuel
1. Synon. de transatlantique.Prendre le bateau pour...
2. Bateau de plaisance. Acheter un bateau.
SYNT. a) (Classification des bateaux du point de vue de leur mode de propulsion, de leur utilisation) bateau à roues; bateau de plaisance, de sauvetage; bateau câblier (J. Marie, Ch. Dilly, Le Transp. mar., 1932, p. 687), bateau caboteur, bateau-canon (A. Ledieu, E. Cadiat, Le Nouv. matériel naval, t. 2, 1899, p. 547), bateau(-)dragueur, bateau-école, bateau frigorifique (J.-A. Lesourd, C. Gérard, Hist. écon., XIXeet XXes., t. 1, 1968, p. 279), bateau-omnibus, bateau plongeur ou bateau sous-marin, bateau-poste (ou bateau de poste), bateau(-)remorqueur (ou bateau de remorque), bateau-torpilleur (A. Ledieu, E. Cadiat, op. cit., t. 1, 1890, p. 555), bateau-transport (Dopter [F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouv. traité de méd., fasc. 3, 1920-24, p. 317]), bateau-vedette (A. Ledieu, E. Cadiat, op. cit., t. 2, 1899, p. 573). b) Bateau de fleurs ,,Jonque naviguant sur les fleuves de Chine et qui est, pour les Célestes, un lieu de plaisir [ce sont des lieux de prostitution]`` (Nouv. Lar. ill.; cf. E. et J. de Goncourt, Journal, 1895, p. 713). c) Pont de bateaux. ,,Pont fait de plusieurs bateaux attachés les uns aux autres, et recouverts de grosses planches`` (Ac. 1835, 1878). Bois de bateau. ,,Bois qui provient de la démolition des bateaux et qui sert pour cloison de remplissage, cloisons de cave, etc.`` (Chabat 1881; cf. E. Robinot, Vérification, métré et pratique des trav. du bât., t. 2, 1928, p. 73). Bois, charbon de bateau. ,,Bois, charbon apporté sur les rivières par les bateaux : Les bois de bateau sont plus estimés que les bois flottés`` (Lar. 19e). d) Mémoire de bateau. ,,Bail par lequel le propriétaire de bateaux loue son bateau à un tiers`` (Littré; cf. Guérin 1892).
B.− Bateau volant. ,,Espèce de nacelle qu'on attache au-dessous d'un aérostat`` (Ac. 1835); cf. Guilb. Aviat. 1965 :
3. − C'est tout ce qui reste de notre bateau aérien, de notre ballon qui s'est échoué là-haut, au sommet de cet arbre! VerneL'Île mystérieuse,1874, p. 255.
C.− P. méton. Charge d'un bateau. Bateau de sel, de foin, de bois, etc. (Ac. 1798-1932); expédier, acheter un bateau de charbon (Quillet 1965). Synon. batelée :
4. − Sur les marécages, le blé poussera. L'Angleterre n'en produit guère. J'y suis été. Elle nous en prendra quinze bateaux par an. Audiberti, Le Mal court,1947, III, p. 196.
II.− [P. anal. de forme (en longueur ou en creux)]
A.− [Dans la constr. en appos. ou précédé de la prép. en] Forme bateau; fontaine, taillé(e), tarte en bateau. (Ce) qui rappelle la forme, la situation, le mouvement d'un bateau.
Lit en bateau; plus rarement lit à bateau, lit(-) bateau. ,,Lit dont le devant et les montants de la tête et des pieds dessinent une courbe analogue à celle d'un bateau`` (Littré). Synon. lit en gondole.D'où, p. méton., bateau synon. de châlit.Bateau de noyer :
5. Je ne reconnaissais pas la chambre et rien pourtant n'y était changé, à cela près que des bouteilles, des fioles, des verres encombraient la table de nuit et le marbre de la cheminée. À gauche, le lit dont le haut bateau me cachait la mourante. A. France, La Vie en fleur,1922, p. 332.
Mettre un lit en bateau. ,,Disposer un lit de façon qu'il bascule quand on y entre`` (Quillet 1965).
B.− [Objets divers]
1. Petit plat en porcelaine, en verre moulé ou en métal, employé pour servir les hors-d'œuvre :
6. Le souper avait été corsé de quelques plats de supplément, en l'honneur des nouvelles venues. Les radis et le beurre dans des bateaux de porcelaine blanche, la rouelle de veau garnie de champignons, le gigot rôti, la salade de barbe de capucin et le gâteau de riz parurent aux deux frères le summum des somptuosités gastronomiques... Theuriet, La Maison des deux barbeaux,1879, p. 28.
2. Au plur., pop. et arg. Chaussures de grande taille ou qui prennent l'eau. Synon. péniches :
7. − « Je lui dis : Antoine, t'as pris mes bateaux : je me jette sur lui et je trouve mes souliers. » (La Correctionnelle, 1841). Larch.1872, p. 43.
C.− Emplois techn.
1. CHORÉGR. Jeté bateau :
8. Le jeté bateau se fait en oscillant d'un côté à l'autre ou en se balançant d'avant ou d'arrière, comme un bateau balancé par les vagues. A. Meunier, La Danse class.,1931, p. 203.
2. GÉOL. ,,Courbure concave et de petites dimensions que présente parfois l'allure d'un terrain, d'une couche ou d'un filon. `` (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.). Fond de bateau, la partie inférieure de cette courbure`` (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.).
3. MAR. ,,Morceau de bois plat et triangulaire qui forme le loch, et qui flotte dans une situation verticale, pendant qu'on mesure le sillage du bâtiment`` (Ac. 1835, 1878) :
9. ... pour éviter l'influence des remous d'eau de l'arrière du navire, on ne gradue pas les nœuds à partir du bateau de loch... A. Ledieu, E. Cadiat, Le Nouv. matériel naval,t. 2, 1899, p. 220.
4. MÉD. Ventre en bateau. ,,Forme particulière du ventre, qui est comme creusé dans le sens de sa longueur, dans la méningite des enfants, la colique de plomb, etc.`` (Guérin 1892) :
10. L'état de l'abdomen est variable, mais dans les coliques violentes, la paroi abdominale est rétractée, creusée en bateau... M. Pinard ds F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouv. traité de méd.,fasc. 6, 1920-24, p. 72.
5. MODES. Encolure bateau, ,, encolure décolletée en pointe sur chaque épaule`` (Pt Rob.). Ligne bateau (L'Œuvre, 20 sept. 1941) :
11. ... blouse ajustée, sans manches, à large collerette bateau garnie de trois rangées de valenciennes blanche... Elle,20 août 1951, p. 12.
6. TECHNOLOGIE
a) ,,En termes de sellier, on appelle bateau l'assemblage des bois de menuiserie qui fait le corps d'un carrosse, sur lequel on cloue les garnitures de cuir et d'étoffe`` (Gattel 1841); (cf. Chesn. 1857 bateau de menuisier).
b) ,,Bateau (Faire le). Une planche de bois qui a des tendances à concavité fait le bateau (...). À rapprocher de gondoler, se gondoler, se tordre`` (Chautard 1937).
7. TRAV. PUBL. Bateau de porte ou simplement bateau. ,,Dépression, ménagée sur la longueur d'un trottoir en face d'un chantier, d'une cour ou d'une habitation, pour donner accès aux voitures, et dont les extrémités se relèvent comme celles d'un bateau`` (Jossier 1881). Il est interdit de stationner devant un bateau (Rob. Suppl.1970).
III.− P. métaph. et/ou au fig.
A.− Emplois métaph. :
12. L'Angleterre est un bateau immense où tout le monde frotte les cuivres. Morand, Londres,1933, p. 167.
SYNT. Échouer son bateau (De Gaulle, Mémoires de guerre, 1959, p. 124); être embarqué avec ses contemporains dans un même bateau (L. Daudet, Au temps de Judas, 1920, p. 167); le bateau politique (Alain, Propos, 1931, p. 1024). ,,Le « bateau boulangiste! » Dans l'argot le plus récent, cela s'entend de deux façons. Un « bateau » c'est une équipe; les équipes, les générations se succèdent comme les bateaux de la Compagnie sur la Seine`` (Barrès, L'Appel au soldat, 1897, p. 449).
Loc. fam.
1. Être encore tout étourdi du bateau. ,,N'être pas remis des fatigues d'un long voyage, ou du trouble causé par un événement fâcheux`` (Guérin 1892).
2. Il n'en vient que deux en trois bateaux. ,,Se dit ironiquement des personnes que l'on vante ou qui se vantent d'une manière outrée, à qui l'on donne ou qui se donnent une importance exagérée`` (Nouv. Lar. ill.). ,,De telles personnes sont si considérables qu'il faut trois bateaux pour en porter deux`` (Littré). Arriver, débarquer, venir en trois, en quatre bateaux. [En parlant d'un animé ou d'un inanimé] Arriver avec un apparat extraordinaire, arriver en se donnant une importance ridicule :
13. [M. Vernier :] − (...) croyez-vous que nous n'avons pas le droit de nous moquer d'un monsieur qui débarque en quatre bateaux à Vouvray pour nous demander nos capitaux, sous prétexte que nous sommes des grands hommes, des peintres, des poëtriaux... Balzac, L'Illustre Gaudissart,1834, p. 46.
3. Iron. Être arrivé par le dernier bateau. ,,Ne pas être au courant des habitudes, comme quelqu'un qui vient de débarquer`` (Lar. Lang. fr.). Être du dernier (« du plus récent ») bateau. ,,Être au courant de ce qui est à la mode`` (Dub.). Son effort d'être du bateau en avant, d'être avec les jeunes (E. et J. de Goncourt, Journal,1893, p. 477).Être du même bateau. ,,Être de la même coterie, du même caractère, etc.`` (Lar. 20e). Être de l'/d'un autre bateau. ,,Être d'une autre génération, d'un autre caractère`` (Nouv. Lar. ill.). [Notamment en matière d'art, de litt., de philos.] Être arriéré (cf. A. Bruant, Dict. fr.-arg., 1905, p. 168).
Argot
Faire le bateau. ,,Se dit de deux joueurs qui s'entendent ensemble pour faire perdre ceux qui parient contre un de leurs affidés (On dit aussi faire une galiote ou une gaye)`` (Lar. 19e, Lar. 20e).
Faire (un) bateau. ,,Abuser d'une femme à plusieurs : tout le monde embarque, et celui qui emmène la victime en un lieu écarté est le « batelier », le « remorqueur »`` (Esn. 1966, s.v. barlu, d'apr. Nouguier, Notes manuscrites interfoliées au Dict. de Delesalle, 1900, p. 30).
B.− Fam. Idée qui a trop souvent servi, et de ce fait dévalorisée. C'est un vieux bateau. Synon. lieu commun.
Emploi adj. [En parlant d'une formule, etc.] Rebattu, banal. Cette idée-là, c'est un peu bateau (Rob. Suppl. 1970). Phrases bateau, sujets bateaux (Gilb. 1971).
Prononc. : [bato]. Enq. : /bato/.
Étymol. ET HIST. − 1. 1138 batel « embarcation dont on se sert principalement sur les rivières » (Gaimar, L'Estorie des Engles, 442, éd. Hardy-Martin, I, 1888 : De nostre nef meison feimes : Par un batel ben guarisimes, Dunt nostre pere ala pescher) forme attestée jusqu'au xves. (M. Mantellier, Gloss. des documents de l'hist. [...] des marchands [...] de Loire, 1869, p. 12); ca 1220 bateau (G. de Coincy, St Boniface, éd. Boman, 651); 2. 1841 p. métaph. plais. arg. « gros et large soulier » (La correctionnelle ds Larch. Suppl. 1880). Dér. en -ĕllus (-eau*) de l'agn. bat « bateau » 1121-22 (S. Brendan, éd. Suchier, 600 dans T.-L.), terme rare, encore attesté au début du xives. dans le domaine norm. sous la forme du lat. médiév. battus, Du Cange t. 1, p. 606c; ce même Du Cange cite la forme dial. bat en usage à Saint-Malo au sens de « bateau »; le suff. a ici moins de valeur diminutive qu'il n'a pour fonction de donner plus de corps au monosyllabe. L'agn. (de même que l'a.nord., NED; Brüch dans R. Ling. rom., 1926, pp. 85-86) est empr. à l'ags. bat, 891 (O. E. Chron. − Parker Ms. − dans NED, s.v. boat. Le fr. a été empr. par les autres lang. rom. (REW3, no985).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 3 162. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 805, b) 5 080; xxes. : a) 4 735, b) 5 483.

BATEAU2, subst. masc.

BATEAU2, subst. masc.
Fam. ou pop. Mensonge, mystification, plaisanterie. Un amusant bateau, des bateaux invraisemblables, homériques; monteur de bateaux :
1. Mes grandes joies, ce sont des chahuts à Loule, à Océana, des bateaux aux bizuths! ... Alain-Fournier, Correspondance[avec Rivière], 1905, p. 207.
Monter un bateau à qqn
A.− Duper quelqu'un, lui en faire accroire. Synon. conduire, mener (qqn) en bateau, monter le bateau (à qqn) :
2. Quant à Séménoff (...) il servait de tête de Turc à Paul Arène, qui lui montait de formidables bateaux. L. Daudet, Fantômes et vivants,1914, p. 67.
3. − (...) Non, il s'agit d'un don, tout simplement un don. − On ne donne pas comme ça des sommes pareilles. Un don de qui? − J'ai promis le secret, dit Luc. − À qui? dit Henri avec un sourire. Allons, tu me mènes en bateau; le généreux donateur, ça ne prend pas. S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 233.
Rem. ,,La var. [de monter un bateau] mener en bateau est plus particulièrement usitée chez les voleurs dans un sens... donner le change, chercher à égarer la justice en lui faisant prendre une fausse piste`` (L. Rigaud, Dict. de l'arg. mod., 1881, p. 31). Cf. aussi L. Rigaud, Dict. de l'arg. mod., 1881, p. 248, pour l'expr. meneur en bateau, de sens correspondant. ,,Certains criminels ont réussi à mener en bateau la justice pendant des mois entiers`` (G. Grison, Paris horrible et Paris original, 1882, p. 198).
SYNT. (var.) Conter un bateau (Bruant 1901, p. 315). Pousser un bateau. ,,Mentir, inventer une histoire, dans le même argot [des faubouriens]`` (A. Delvau, Dict. de la lang. verte, 1866, p. 405). Faire aller en bateau. ,,Trimballer quelqu'un et le remettre toujours au lendemain`` (Ch. Virmaître, Dict. d'arg. fin-de-siècle, 1894, p. 110). Faire monter en bateau. ,,Duper`` (Ch.-L. Carabelli, [Lang. pop.]). Monter en bateau. ,,Croire à une plaisanterie, être dupé`` (Id., [Lang. fam., Lang. pop.]).
B.− Fatiguer quelqu'un par une plaisanterie (une affirmation, une question) trop prolongée ou trop répétée (cf. Nouv. Lar. ill. et Lar. 20e).
Être bateau. Être ennuyeux. C'que t'es bateau quand t'es soûl! (Esn.1966).
Prononc. : [bato]. Enq. : /bato/.
Étymol. ET HIST. − 1866 arg. « mystification » notamment dans des expr. : poussées de bateaux (Delvau, Dict. de la lang. verte, s.v. poussée : [...] se dit [...] d'une chose vantée d'avance et trouvée inférieure à sa réputation, ainsi que de toute besogne ridicule et sans profit. On dit mieux : Une belle poussée de bateaux); 1867 monter un bateau (Id., ibid., p. 396); 1872 mener un bateau (Larch.). Prob. même mot que l'a. fr. bäastel, bastel « instrument d'escamoteur », p. ext. « escamotage », ca 1220 (G. de Coincy, Mir. Vierge, éd. Poquet, 491, 102 dans T.-L. : Aus bâastiaus ou un gien seroient bien demi jor droit) dont le dér. bateleur* a pu influencer le sens de bateau « mystification », d'orig. obsc.; peut-être à rapprocher de l'a. fr. baiasse « servante » (baastel aurait signifié à l'orig. « marionnette »), d'orig. pré-i.-e., v. bagasse et bachelette (cf. FEW t. 23, p. 139). Le syntagme mod. monter un bateau, empr. aux saltimbanques (avec monter au sens de « organiser, mettre sur pied », cf. monter un coup) répond à jouer des bateaux (xive-xves. dans Gdf.), v. Sain. Sources, p. 464-65. La loc. mener en bateaumener se rattache au sémantisme « promener qqn » au sens de « lui donner le change », est issue du croisement de promener avec monter un bateau (Guiraud, Cah. Lexicol. t. 16, p. 74), avec contamination probable de bateau1.
BBG. − Duch. 1967, § 11, 48, 55, 64. − Gottsch. Redens. 1930, p. 261, 264, 265, 323. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 127. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 212. − Guiraud (P.). Mél. d'étymol. arg. Cah. Lexicol. 1970, t. 16, no1, p. 74. − Kemna 1901, p. 47, 81, 99. − Sain. Lang. par. 1920, p. 173, 179, 400.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·