1. [Correspond à expier A] Réparation d'une faute par une peine jugée compensatoire. On pensa que de tels châtiments seraient trop doux pour l'expiation de ses crimes et qu'il fallait lui infliger l'humiliation et la honte (Sand, Lélia,1839, p. 534).J'ai lu souvent que la flagellation était l'expiation symbolique de nos péchés d'impureté (Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 48):3. Ma grand'mère que j'avais, avec tant d'indifférence, vue agoniser et mourir près de moi! ô puissé-je, en expiation, quand mon œuvre serait terminée, blessé sans remède, souffrir de longues heures, abandonné de tous, avant de mourir!
Proust, Le Temps retrouvé,1922, p. 902.
♦ Titre d'un poème des Châtiments (v. 13) de V. Hugo. Notre amie m'écrit qu'elle vous a transmis « l'Expiation » (Hugo, Corresp.t. 2, 1854, p. 180).
− [Suivi d'un compl. introduit par à, désignant ce qui est expié] Déjà il montre, comme expiation à ses fautes, toutes les provinces que son bras va remettre sous l'empire du Christ (Cottin, Mathilde,t. 5, 1805, p. 315).
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P. méton. Peine subie (en signe de réparation pour une faute commise). Les bouleversements de l'Europe, (...) ne lui paraissaient que la vengeance divine et l'expiation méritée de l'abandon des doctrines antiques par l'esprit nouveau (Lamart., Nouv. Confid.,1851, p. 295).L'expiation terrestre, le bûcher, il l'appelait de toutes ses forces (Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 144).Je n'admets pas plus la mort comme châtiment ou comme expiation au lâche que comme récompense aux vivants (Giraudoux, Guerre Troie,1935, II, 5, p. 129).♦ L'expiation suprême. La peine capitale. L'accusé commence à entendre tomber le mot d'« expiation suprême » (Goncourt, Journal,1869, p. 510).
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En partic. Compensation pour un dommage volontairement causé : 4. La cathédrale (...) fut, dit-on, bâtie par Robert, premier duc capétien de Bourgogne, en expiation des violences que l'église lui reprochait. Il essaya ainsi de dédommager la vieille ville ...
Michelet, Journal,1839, p. 798.
2. [Correspond à expier B] P. ext. Contrepartie fâcheuse d'une action, d'une attitude, d'un comportement. Quitter Madame de Nevers me semblait une expiation du bonheur que je trouvais près d'elle malgré moi (Duras, Édouard,1825, p. 133).La douleur et la mort sont l'expiation de la naissance (Ménard, Rêv. païen,1876, p. 122):5. S'il avait beaucoup souffert à cause d'elle, cette souffrance n'était-elle point l'expiation des joies immenses qu'elle lui avait données? N'était-ce point la vengeance ordinaire de la destinée humaine, qui interdit le bonheur absolu comme une impiété?
Murger, Scènes de la vie de bohème,1851, p. 276.