α) [Pour dominer ou maîtriser, pour empêcher de nuire] Étreindre un adversaire. Le reptile qui l'étreint [un kamichi] le serre, s'enfonce en même temps les dards (Michelet, Oiseau,1856, p. 87):1. Alors le nègre jeta son poignard et tira vivement les rideaux du lit. Soudain, une main de fer l'étreignit à la gorge, tandis qu'une autre ramassait le poignard ensanglanté et lui en appuyait la pointe sur la poitrine. Le nègre, épouvanté, voulut se débattre et jeter un cri.
Ponson du Terr., Rocambole,t. 4, 1859, p. 253.
♦ P. métaph. Un sanglot qui étreint à la gorge. Ce charmant garçon que naguère la misère étreignait de ses mains de fer au milieu de Paris (Balzac, Splend. et mis.,1844, p. 6).Brusquement, la paralysie, qui depuis plusieurs mois rampait le long de ses membres, toujours près de l'étreindre, la prit à la gorge et lui lia le corps (Zola, Th. Raquin,1867, p. 173).Depuis un mois, un froid terrible étreint l'Europe (Green, Journal,1955-58, p. 171).
− Emploi pronom. réciproque indir. [Avec compl. d'obj. désignant une partie du corps] Il faut qu'il y ait toujours un dompteur et un dompté (...) ils ne sont jamais deux égaux. Ils s'étreignent les mains, leurs mains frissonnantes d'ardeur (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Bûche, 1882, p. 780).
β) [En signe d'affection] Enlacer fortement. Étreindre (qqn) sur son cœur. Te rappelles-tu les cris d'amour que tu poussais en m'étreignant sur ta poitrine? (Flaub., Tentation,1849, p. 321).D'un geste éperdu, elle étreint encore une fois sa mère (Martin du G., J. Barois,1913, p. 530):2. ... c'était lui qui jetait sur ses lèvres ces caresses victorieuses, c'était lui qu'elle étreignait, qu'elle enlaçait, qu'elle appelait de tout l'élan de son cœur, de toute l'ardeur exaspérée de son corps.
Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Réveil, 1883, p. 881.
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Emploi pronom. réciproque. Ils s'étreignirent debout, dans un long baiser (Flaub., Éduc. sent.,1869, p. 200).♦ P. métaph. Et nos deux âmes s'étreignirent de toute la force de nos bras (A. Daudet, Pt Chose,1868, p. 160).
− [Le compl. désigne une partie du corps] Étreindre la main de (qqn). Villefort, suffoquant, étreignit le bras du docteur (A. Dumas père, Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 314).Elle fut sur le point (...) d'étreindre les genoux de Jérôme (Martin du G., Thib.,Belle Sais., 1923, p. 1014).
− Absol. Ces bras savaient mieux étreindre que les bras de Lisette Friedlaüder elle-même (Giraudoux, Siegfried et Lim.,1922, p. 247).
− Loc. proverbiale. Qui trop embrasse* mal étreint.