1. Dépouillé des biens matériels, des choses nécessaires ou considérées comme nécessaires à la vie; privé de..., misérable. a) [En parlant d'une pers.] Tu as le plus extraordinaire pouvoir de trouver riche l'être dénué (Giraudoux, Sodome,1943, II, 8, p. 153).1. Ne sois donc pas si fier. Tout vient de roture et y retombe. Et la fidélité aux hommes, ce ne peut être, en définitive, et même pour le plus riche, ou le plus noble, ou le plus sage, que la fidélité aux plus pauvres, aux plus dénués, aux plus faibles, à toute cette obscure masse qui lance quelquefois des surgeons merveilleux. La fidélité humaine, ce ne peut être que la fidélité à la roture et la volonté de l'ennoblir.
Guéhenno, Journal d'une« Révolution », 1937, p. 64.
♦ Emploi subst. La lutte avec le morceau de bois, (...) que vous façonnerez, bravo! mais pas la lutte avec votre misère... Vous, les dénués, soyez soumis, mais soyez héroïques (Frapié, Maternelle,1904, p. 196).
b) P. ext. [En parlant d'une chose concr.] Le chariot de Thespis, si dénué naguère, était maintenant grassement ravitaillé (Gautier, Fracasse,1863, p. 182).
2. P. métaph. a) [En parlant de l'aspect extérieur d'une pers. ou d'un animal] Dépouillé d'un élément physique nécessaire. Ses petits yeux verts dénués de cils et de sourcils (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 29).Ses jambes aussi dénuées de mollets que les pattes échassières d'un héron (Gautier, Fracasse,1863p. 114).Rem. Cuvier emploie dénué dans un sens proche de dénudé « dépouillé d'un élément superficiel » (cf. infra B). Dans l'animal vivant (...) les filets nerveux qui entrent dans la composition des papilles, dénués de leur membrane préservatrice, et exposés trop immédiatement à l'action des corps extérieurs (Anat. comp., t. 3, 1805, p. 354).
b) [En parlant d'une pers., d'une partie d'une pers. ou d'une caractéristique humaine, d'une chose abstr.] Dépouillé d'un bien moral, d'une valeur abstraite. Dénué de fondement, d'intelligence, d'intérêt, de sens (moral). Les yeux du prévenu, dénués de chaleur et de vie (Balzac, Splend. et mis.,1847, p. 510).Si le sel de la terre se perd, avec quoi salera-t-on? Grande foule, toute dénuée, ne sachant même pas ce qu'elle doit désirer, blasée sur tout, sur l'idée de patrie même (Michelet, Journal,1851, p. 147).Ce seigneur, si riche de bien, me semble terriblement dénué du côté de l'esprit, de la politesse et du bon goût (Gautier, Fracasse,1863p. 101).