−
Locutions ♦ Avoir mal au ventre. Avoir des douleurs stomacales ou intestinales. La petite Joséphine a eu mal au ventre pour avoir mangé trop de confitures (A. France, Dieux ont soif, 1912, p. 228).Au fig., fam. [Accompagnant une réaction de refus, de rejet de la part du locuteur] Faire mal au ventre. Dégoûter, écœurer profondément. « (...) Il est un petit peu trop tard pour se battre; s'il voulait du badaboum, il n'avait qu'à s'en prendre aux Allemands. » Le blond hausse les épaules (...) « Tiens! Tu me fais mal au ventre! » dit-il (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 212).
♦ (Avoir) le ventre creux, le ventre vide. (Avoir) l'estomac vide; (ressentir) une forte sensation de faim. Il se sentait le ventre vide, n'ayant pas dîné (Zola, Bête hum., 1890, p. 212).Je sais pas si vous avez déjà eu le ventre creux vous autres et que vous êtes passé par un restaurant d'iousque qu'y a des volailles qui rôtissent à petit feu su une broche? (Roy, Bonheur occas., 1945, p. 69).
♦ Avoir le ventre plein. Être rassasié, ne plus rien pouvoir avaler. Nos princes chassent; on danse à la cour; le peuple est heureux, la canaille a le ventre plein (Sandeau, Mllede La Seiglière, 1848, p. 243).
♦ Avoir le ventre dans les talons. Être extrêmement las, fatigué. Madame qui n'avait pu dormir de toute la nuit, fatiguée par les courses de la veille (...) le front plissé, haletante, trépidante et si lasse qu'elle avait, disait-elle, le ventre dans les talons, (...) passa la dernière revue de l'hôtel (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 197).
♦ Avoir la reconnaissance du ventre. Avoir de la reconnaissance pour les personnes qui vous ont bien nourri ou, p. ext., aidé matériellement. Ces Argentins avaient la reconnaissance du ventre, ils vouaient à nos grands chefs une de ces admirations qui n'était pas dans une musette (Céline, Voyage, 1932, p. 100).
♦ Avoir les yeux plus gros, plus grands que le ventre. Être incapable de manger autant qu'on se le promettait; au fig., voir trop grand, surestimer ses capacités. J'ai toujours, comme nous disons, les yeux plus grands que le ventre. Quand je m'attaque à un sujet, je voudrais y faire entrer le monde entier (Zola, Corresp.[avec J. van Santen Kolff], t. 2, 1891, p. 737).On alla chercher un taxi pour conduire le bouillant impatient, qui avait eu les yeux plus gros que le ventre et qui commençait à avoir mal au cœur, à son hôtel (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 311).
♦ Bouder contre son ventre. Refuser ce dont on a envie, notamment de la nourriture. Si les délicats n'avaient rien tortillé de trois jours, nous verrions un peu s'ils bouderaient contre leur ventre; ils se mettraient à quatre pattes et mangeraient aux ordures comme les camarades (Zola, Assommoir, 1877, p. 752).
♦ Se remplir le ventre. Boire et manger jusqu'à satiété. Lorsqu'il est cuit à point [un rôti], on le laisse refroidir (les Grecs ne tiennent pas à manger chaud), et l'on attend, pour se remplir le ventre, que le Christ soit ressuscité. Les sept dixièmes des sujets du roi Othon ne mangent de la viande que ce jour-là (About, Grèce, 1854, p. 149).
♦ Se brosser, se frotter le ventre (pop.). Se priver de manger par obligation; p. ext., se priver de quelque chose. Ça tournait à la dégringolade lente (...), avec des hauts et des bas cependant, des soirs où l'on se frottait le ventre devant le buffet vide, et d'autres où l'on mangeait du veau à crever (Zola, Assommoir, 1877, p. 644).
♦ Se serrer le ventre (pop.). Se priver de nourriture, réduire l'importance des repas par souci d'économie; p. ext., faire des économies. Synon. se serrer la ceinture*.La Compagnie, atteinte par la crise, était bien forcée de réduire ses frais (...) et, naturellement, ce seraient les ouvriers qui devraient se serrer le ventre, elle rognerait leurs salaires (Zola, Germinal, 1885, p. 1284).
♦ (Nourriture) qui tient au ventre. (Nourriture) qui remplit l'estomac sans qu'il soit besoin d'en consommer de grandes quantités. Cette bonne soupe de choux et de pommes de terre qui tient au ventre et fait du bon sang net (Giono, Colline, 1929, p. 75).
♦ Manger, boire à plein ventre. Manger, boire en grande quantité. Il y a deux jours qu'elle grelottait malgré la touffeur immobile de l'air. Elle a dû boire à plein ventre de l'eau de la citerne qui sert seulement pour les bêtes (Giono, Colline, 1929, p. 103).
♦ Tout fait ventre. Tout peut être source de profit. Gabrielle haussa affectueusement les épaules et recompta les points de son tricot − on acceptait des commandes de pull-overs − tout fait ventre (La Varende, Indulg. plén., 1951, p. 257).