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UN1, UNE, adj. numéral cardinal

UN1, UNE, adj. numéral cardinal
I. − [Numéral cardinal indiquant l'unité]
A. − Empl. adj.
1. [Signifie que l'élém. de l'ensemble que désigne le subst. est unique] Ramasser un caillou (et non pas deux ou trois); une table et deux chaises; frapper une ou deux fois. Un joueur qui se croit la possibilité de se retirer quand il voudra, met une carte encore, puis encore une, et ne se lève que ruiné (Constant, Journaux, 1804, p. 124).
[Il peut être précisé que le nombre n'est pas atteint (on n'a pas trouvé un (seul) champignon), qu'il se limite bien à une unité (il n'y avait qu'un (seul) candidat), que l'unité n'est qu'un minimum (il avait au moins un complice; il a plus d'un tour dans son sac)] Les rênes filèrent entre les doigts, puis claquèrent d'un seul coup sec (Bernanos, Nuit, 1928, p. 17).
Fam. [P. ell. de liard, de sou dans être sans un liard, sans un sou] Être sans un. N'avoir pas d'argent. Et puis il y a l'une, y a l'autre qui rappliquent, qui disent qu'elles sont sans un (Colette, La Vagabonde, 1949 [1910], p. 60 ds Rey-Chantr. Expr. 1979).
Pas un N [Suj. ou en tournure ell.; pour l'empl. pron., v. un3IV D] Pas un homme n'oserait se mêler à cette troupe (Mérimée, Carmen, 1845, p. 18).Pas un document, pas un témoignage, pas une seule petite pièce à conviction liant l'accusé-condamné à Treblinka (Le Monde, 10 juin 1992, p. 6, col. 3).
[En corrélation avec le pron. en] Combien en veux-tu?J'en veux un, une. Un empereur artiste, cela n'est pas concevable. Nous en avons eu un ou deux, bien entendu. Il y a des brebis galeuses partout (Camus, Caligula, 1944, I, 2 , p. 12).
2. [Le subst. déterminé par un désigne lui-même une quantité] Il fait vingt et un degrés; cela contient un litre; cela dure une heure.
[Le nombre peut être modulé par un adv. d'intensité] Cela a duré moins/plus d'une heure; cela a duré une heure au moins; cela prendra une heure ou plus. [Les exploitants] voient le redémarrage de l'installation [Superphénix] repoussée à plusieurs mois, sinon à un an ou plus (Le Monde, 1erjuill. 1992, p. 11, col. 5).
[Le nombre peut être fractionné ou suivi d'un nombre fractionnaire] Un demi-litre, un litre et demi. J'ai accepté mes lacunes, que pendant une heure et demie j'ai mesurées, ah! (Montherl., Olymp., 1924, p. 296).Grâce à son puissant battement de pieds, Evgueni Sadovyi semblait nager en souplesse à une demi-longueur pour mieux observer ses adversaires (Le Monde, 31 juill. 1992, p. 9, col. 3).
3. En partic. [Le numéral indique l'heure qu'il est] Il est une heure. Le premier acte se passe entre une heure et trois de l'après-midi (Martin du G., Taciturne, 1932, I, p. 1246).
[Une fraction d'heure peut être ajoutée ou soustraite] Il est une heure moins le quart, moins vingt-cinq; il est une heure et quart, une heure et demie; il est une heure une (minute). Viens donc vers cinq heures un quart un de ces jours (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1901, p. 380).
C'était/il était moins une! [Expr. fam. par laquelle on souligne qu'un événement a été évité de justesse] Rassurez-vous, nous sommes arrivés à temps (...).Mais c'était moins une, articula Simon d'une voix pâteuse (Y. Ellena, Prêcheur en eau trouble, 1988, p. 234 ds Bernet-Rézeau 1989).C'est moins une que. [Marque l'imminence] C'est moins une qu'on se la paye en beauté! (B. Blier, Les Valseuses, Paris, J'ai lu, 1989 [1972], p. 404).
B. − Empl. nom. Une unité. Parier à dix contre un; plus un; moins un; examiner les problèmes un par un. Leur troupeau [des soldats] fatigué fut partagé en petits groupesun par compagnie (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 6).Mais l'on donne maints exemples de l'impéritie et de l'absence de mordant de l'armée américaine, tournant le dos à la moindre menace et se refusant à la lutte aussi longtemps qu'ils ne se sauront pas vingt contre un (Gide, Journal, 1943, p. 163).
[En comptant, pour permettre de commencer une action de manière coordonnée] Le fils Mercier disait « un, deux » puis il embouchait son piston (Giono, Gd troupeau, 1931, p. 171).Nous attaquons, Monsieur Lebonze, nous attaquons! Vous y êtes? Une, deux, trois (Anouilh, Sauv., 1938, I, p. 138).
Ne faire ni une ni deux. V. deux I A 1.
II. − [Empl. comme numéral ordinal, pour numéroter et non pour quantifier] Acte un, chapitre un, page un; l'An un de la République.
Numéro un, loc. adj. et subst. V. numéro A 3.
P. ell. [Pour désigner un acte, une formation militaire, etc., par son numéro] J'ai assez fait des pièces à féerie. J' connais les remue-ménage: en scène pour le un! (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 13).Qu'est-ce que c'est comme division ici? (...) - La soixante et une, dit un type de mauvaise grâce (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 146).
[Dans une argumentation, annonce ou souligne le premier argument, le premier point] Je n'en peux plus... Et tenez, d'abord, une : si c'est pour pas toucher à mon haricot, inutile que je vous le monte au cinquième, avec les varices que j'ai (Bernanos, Imposture, 1927, p. 484).Maintenant, autre chose. Un garçon de ton âge doit commencer à se défier des dames de la rue. Et d'un ! Écoute la suite. Défie-toi aussi des jeunes filles, oui, des très jeunes filles (Duhamel, Jard. bêtes sauv., 1934, p. 45).
Empl. subst. masc., JEUX DE HASARD, COURSES. Le numéro un. Synon. as.Miser sur le un; c'est le un qui sort.
Empl. subst. fém., JOURN. La première page d'un journal où sont mises en valeur certaines informations. Les titres de la une. De quoi faire crever de jalousie les petites nanas sophistiquées à la une des journaux (C. Paysan, Les Feux de la Chandeleur, Paris, Denoël, 1966, p. 133).V. page2ex. 4.
III. − [N. du nombre 1]
A. − [Empl. seul] Le portier de la maison (...) l'arrêta soudain.Hé, monsieur Schaunard, s'écria-t-il en barrant le passage à l'artiste, est-ce que vous n'y pensez pas? c'est aujourd'hui le 8. Huit et huit font seize, J'pose six et retiens un, fredonna Schaunard; je ne pense qu'à çà! (Murger, Scène vie boh., 1851, p. 20).Je suppose que l'on ait défini le nombre un et l'opération x + 1 qui consiste à ajouter l'unité à un nombre donné x (...). Je définis ensuite les nombres 2, 3 et 4 par les égalités (1) 1 + 1 = 2, (2) 2 + 1 = 3; (3) 3 + 1 = 4 (H. Poincaré, La Sc. et l'hyp., Paris, Flammarion, 1968 [1902], p. 33).
Un à zéro, un partout, deux-un, etc. [Annonce d'un point réalisé par l'un des deux partenaires d'une ou des deux équipes, dans une partie, dans un match] Au fig. Un à zéro. [Formule par laquelle on souligne que l'un des protagonistes d'une discussion ou d'une compétition prend l'avantage (d'apr. Bernet-Rézeau 1989)] MlleAmélie Leda entra dans le bureau du commissaire Lorenzetti avec la chemise du courrier. D'une volte habile, elle esquiva la tentative du commissaire de lui claquer les fesses et sortit en roulant des hanches. En franchissant le seuil elle annonça: « Un à zéro! » C'est qu'on était lundi. Tous les matins la même scène se reproduisait. On comptabilisait le score en fin de semaine (J. A. Lion, Histoires de femmes, 1991, p. 11 ds P. Rézeau, Pt dict. des chiffres en toutes lettres, Paris, éd. du Seuil, 1993, p. 40).
B. − [Entrant dans la formation d'autres noms de nombre]
[par l'adjonction de et un au nom des dizaines allant de 20 à 60 (vingt et un, trente et un, quarante et un, cinquante et un, soixante et un) et pour la dizaine 80, adjonction de un à quatre-vingts avec effacement de s et trait d'union (quatre-vingt-un)] Être sur son trente(-)et(-) un*.
[par l'adjonction de un aux centaines, milliers, dizaines de milliers et centaines de milliers (cent un, deux cent un..., mille un, neuf cent mille un), avec les combinaisons internes possibles p. ex. deux cent un mille deux cent vingt et un (201 221)] Les Mille et une nuits. J'entends d'ici les mille et une questions qu'ils adressent mentalement à l'auteur (About, Nez notaire, 1862, p. 11).Les plus grands princes, auxquels on tire cent un coups de canon pour leur ouvrir les idées en venant au monde, n'ont entendu que de la pauvre musique auprès de lui (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 235).
Prononc. et Orth.: [œ ̃], [yn]. Souvent [ε ̃]. Liaison avec ce qui suit: vingt et un hommes [œ ̃nɔm]; sans liaison, de un à dix [-œ ̃a-]. Sans liaison avec ce qui précède, cent un, livre un, un un, le un [sɑ ̃ œ ̃], [livʀ ə œ ̃], [œ ̃ œ ̃], [lə œ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. numéral cardinal. 1. a) fin xes. expr. de l'unicité « qui est unique; un seul » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 273: En huna fet, huna vertet Tuit soi fidel devent ester; 303); ca 1050 (St Alexis, éd. Chr. Storey, 448: Set a mei sole vels une feiz parlasses; 531: Ad une voiz crient la gent menude); ca 1100 un sul mot (Roland, éd. J. Bédier, 22); b) id. expr. de l'unité (ibid., 972: Jusqu'a un an avrum France saisie; 2751: d'oi cest jur en un meis); c) ca 1165 expr. de l'identité (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. B. Constans, 5109: il furent andui [des personnes] d'un grant e d'une groisse e d'un semblant); ca 1170 (Rois, III, III, 18, éd. E. R. Curtius, p. 117: jo e ceste meschine avum mes en une maison); fin xiies. estre d'un eage (Floire et Blancheflor, éd. J.-L. Leclanche, 1299); 2. empl. pronom. a) α) ca 1100 par uns e uns « un par un » (Roland, 2190); 1160-74 e uns e uns (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 6404); xiiies. un a un (Benoît de Ste-Maure, Troie, 26251, var. M1); β) 1559 pas un « aucun » (Amyot, trad. Plutarque, Hommes illustres, Périclès, 12, éd. G. Walter, t. 1, 1959, p. 340); b) α) ca 1165 venir a un « se réunir, former un tout » en parlant de choses (Benoît de Ste-Maure, Troie, 16728); β) 1176 fig. se tenir a un en parlant de pers. « ne faire qu'un, être uni » (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 2793); 1180-90 estre a un de (aucune rien) « être d'accord pour » (Thomas, Tristan, fragm. Sneyd1, éd. B. Wind, 367); γ) 1532 ce m'est tout ung « cela m'est indifférent, peu m'importe » (Rabelais, Pantagruel, éd. V.-L. Saulnier, XIV, 24, p. 116); c) 1176-81 en doner une « donner un coup » (Chrétien de Troyes, Chevalier au lion, éd. M. Roques, 4210); 3. empl. nom. xves. « le chiffre qui note l'unité » ne pooir dire ung ne deux « perdre la parole par l'émotion » (Myst. St Clément, 137 b ds T.-L., s.v. deus); 1718 un un (Ac.). B. Empl. ordinal 1. 1222, janv. St-Omer (Charte, éd. M. Gysseling ds Scriptorium t. 3, 1949, p. 199: lan del incarnation [...] mil et deus cens et vinte un); 2. 1659 (Scarron, Virgile travesti, VIII, Lyon, Cl. La Rivière, 1664, p. 629: Enfin les nefs si bien voguèrent, Q'entr' une et deux, après midy); 3. a) 1811 lang. des comédiens le un « premier acte d'une œuvre » (d'apr. Esn.); b) 1890 journ. La une (ibid.); 4. 1812 « qui porte le numéro 1 » (Mozin-Biber). Du lat. unus, adj. numéral « un », d'ordinaire au sing., au plur. avec des subst. qui n'ont pas de sing. (una castra; in unis aedibus, Térence, Eun., 367) [empl. auquel corresp. l'a. fr. un2A 4]; fréq. relevé en rel. avec alter « autre, second » (una ex parte ... altera ex parte) et constr. avec un génitif partitif ou de, ex accompagnés de l'ablatif (unus e/de civibus; pastorum unus); empl. subst. masc.: « une personne » (ad unum « sans exception, jusqu'au dernier ») − ou neutre (in unum cogere « en un point, en un lieu »); signifie spéc. « un seul » masc. (unus adhuc fuit, cui ... Cicéron, Verr., 3, 81) − ou neutre (nihil dico praeter unum, Id., Sest., 8) [de là, un3]; de là, dans la lang. fam. un empl. proche d'un indéf. (Térence, Andr., 118: unam aspicio adulescentulam; Cicéron, De Or., I, 132: sicut unus paterfamilias loquor) qui devient plus fréq. à basse époque: Ecce princeps unus accessit (Matth. IX, 18); accessit ad eum una ancilla (ibid. XXVI, 69) [de là un2]. Unus exprime également, dans la lang. class., l'identité « même, le même » (uno tempore; una atque eadem causa) [de là, spéc. un1A 1 c], et p. ext., à basse époque « un, uni, en harmonie » (quoniam unus panis, unum corpus multi sumus, I Cor. X, 17), « unique (spéc. en parlant de Dieu) » (Ephes. IV, 6) [de là, spéc. un41-3], v. Vään., § 263. En a. fr., un art. indéf. réfère la notion du subst. à un obj. jusqu'alors non évoqué, sa valeur la plus cour. étant « un certain », tandis que l'absence d'art. montre le subst. dans son indétermination. Jusque vers le mil. du xiies., un manque gén. dans les cont. indéterminés, notamment dans les phrases nég., hyp., interrogatives. Bbg. Wilmet (M.). La Détermination nom. Paris, 1986, pp. 74-78.

UN2, UNE, art. indéf.

UN2, UNE, art. indéf.
[Un(e) s'emploie devant un subst., dont il prend la marque en genre; il n'a pas de plur. morphol. L'art. un présuppose un ensemble d'élém. qui ne peut être vide. Cet ensemble ne peut pas non plus se réduire à un seul élém.: d'où l'impossibilité de faire commuter un avec le dans des phrases comme celles-ci: La lune se montra; la raison le commande; le président lève la séance; le plus étonnant est que...; le plus beau des quatre est...; il a l'impression que... Le fait que un présuppose un ensemble d'élém. a pour conséquence que le contenu du syntagme nom. n'est pas suffisant pour l'identification de l'obj.; le locuteur présume que l'interlocuteur n'est pas en mesure, en s'appuyant sur ce seul contenu, de dire de quel obj. précis il s'agit]
I. − [Un N désigne un « individu » (au sens logique), un élément; il est l'objet d'une opération d'extraction: un élément x est extrait de l'ensemble X des x]
A. − [Le suj. désigne une réalité nombrable]
1. [Empl. spécifique. J'ai acheté un livre pour enfants. Ce qui est dit est vrai d'un seul livre, pris sur l'ensemble des livres pour enfants. Certes, p. oppos. à le livre, ce livre n'appartient pas encore au thème de l'énoncé; il est indéterminé, mais il s'agit d'un livre précis] En arrivant dans la vigne, j'aperçus quelqu'un, un homme je crois, qui s'éloigna rapidement (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 78).Le problème, lui a en substance rétorqué un juge [de la Cour Suprême d'Israël siégeant le 8 juin 1992], est que si cette fois vous avez un document, vous n'avez pas un seul témoignage sur ce que l'accusé pouvait bien faire dans ce camp (Le Monde, 10 juin 1992, p. 6, col. 3).
[Dans la constr. d'un univers de fiction] Au bord d'un chemin, sur un tas de hardes, un tout petit enfant, assis les jambes ouvertes, jouait avec une pomme de terre qu'il laissait parfois tomber dans sa robe, tandis que cinq femmes, courbées et la croupe en l'air, piquaient des brins de colza dans la plaine voisine (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Père Amable, 1886, p. 212):
1. Il y a des petits ponts épatants Il y a mon cœur qui bat pour toi Il y a une femme triste sur la route Il y a un beau petit cottage dans un jardin Il y a six soldats qui s'amusent comme des fous. Apoll., Œuvres poét., Poèmes à Lou, Paris, Gallimard, 1962 [1915], p. 423.
[Par procédé styl., un au lieu d'un déterm. déf. normalement attendu, provoque une distanciation et manifeste la présence du narrateur] [Jean Péloueyre] s'adressa à lui-même de pitoyables paroles: « Sors, promène-toi, pauvre Jean Péloueyre! » et il caressait de la main une mâchoire mal rasée (Mauriac, Baiser Lépreux, 1922, p. 147).
Rem. Un groupe nom. de la forme le N de un N est indéterminé. La fille d'un voisin. Au coin du sentier qui tourne en remontant à la maison que j'habite, il y a un cabaret établi dans le creux d'un arbre énorme (Nerval, Voy. Orient, Paris, Flammarion, t. 2, 1980 [1851], p. 10). À la fin d'une brûlante journée de juin 1914, j'étais assis au bord de l'Oronte dans un café de l'antique Hamah, en Syrie (Barrès, Jard. Oronte, 1922, p. 1).
2. [Empl. « potentiel »: Pierre veut épouser une Suédoise (sans en connaître une en particulier, mais parce qu'il adore les grandes blondes); l'« individu » en cause a un caractère virtuel, potentiel] Elle s'enfermait ainsi, de crainte qu'une dame de ses amies, aussi pauvre qu'elle mais aussi fière, vînt la surprendre (Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p. 5).
3. [Empl. générique: Les illustrations sont importantes dans un livre pour enfants. Le prédicat est valable pour un élém. quelconque de l'ensemble des livres pour enfants. Il s'agit d'une opération distributive, elle s'applique à tous les élém. pris un à un. Un signifie « un quel qu'il soit »] Quant aux « précautions » annoncées par le ministre, les Verts demeurent sceptiques, persuadés qu'une « autoroute écologique exemplaire, ça n'existe pas »! (Le Monde, 18 juill. 1992, p. 24, col. 6).
En partic.
a) [Type définitoire ou dénom.] Une baleine est un mammifère. Qu'est-ce qu'un pithécanthrope? Avant de regagner Frapesle, je regardai Clochegourde et vis au bas une barque, nommée en Touraine une toue, attachée à un frêne, et que l'eau balançait (Balzac, Lys, 1836, p. 54).
b) [Type une femme est une femme; le tour sélectionne parmi les prédications universelles possibles, un trait typique du comportement féminin: volonté de plaire, versatilité, capacité de dévouement, etc.] Chose étonnante, lui qui se montrait si profondément choqué par les chamailles des Wasselin, il ne pouvait admettre qu'une colère est une colère, un cri un cri (Duhamel, Notaire Havre, 1933, p. 124).
B. − [Par recatégorisation comptable d'un subst. massif]
[Le subst. désigne un obj.: du verre → un verre]
[Le subst. désigne une quantité mesurable: de la bière → une bière] Commander un café, une eau minérale; acheter un fromage. Il nous invitait à boire un verre dans quelque arrière-boutique de boulanger, et commandait d'autorité: « Trois thés ». « Non, je prendrai une limonade » disait Poupette (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 328).
C. − [Le subst. est un subst. d'action]
1.
a) [Le subst. désigne un acte, un procès envisagé spécifiquement ou génériquement] Une contraction, une infiltration, un paiement, une parade, un parcours difficile, un parjure, un passage, une passe, un parrainage, un partage, une peinture moderniste, une récompense, une remontrance, un retour à la scène, une rétribution, un séjour, une sélection, une sensibilisation de l'opinion, une séparation, un service, un versement. Cette sympathie, qui permet sinon la restitution, du moins une restitution de ce qui est disparu, est de l'ordre de l'affectif, ou de l'idéologique, ou des deux ensemble (F. Furet, L'Atelier de l'histoire, 1982, p. 24).
b) [Le subst., constr. par un verbe-support, a la valeur d'un subst. d'action] Faire une bêtise, un cauchemar, un faux pas, un marché de dupe, un pas de clerc, une promenade, une sortie, un tour en bateau, une tournée, un sermon, un voyage; accomplir un exploit; commettre un crime, une imprudence; conclure un marché; exercer une pression sur qqn, suivre une cure, un régime. Vous m'étonnez, la chance doit être contre moi. Je vais me faire une réussite... une réussite express (Achard, Voulez-vous jouer, 1924, i, 3, p. 37).Nous décidâmes qu'un petit tour en bateau, avant le déjeuner, ça nous distrairait (Céline, Voyage, 1932, p. 490).
2. [P. méton., le subst. désigne une chose concr.] Un pansement, un passage, un patronage, une peinture. Rien à faire, c'est barré. Une séparation sans beaucoup d'épaisseur peut-être, mais plus résistante qu'un mur (Ramuz, A. Pache, 1911, p. 197).
II. − [Un N désigne une classe ou une sous-classe de N]
A. − [En tournure attributive]
1.
a) [Un élém. déterminé est mis dans un rapport d'identité ou d'inclusion avec un N]
[Choses] Ce monastère va devenir une papeterie (Claudel, Pain dur, 1918, p. 412).L'auto, un fort cabriolet huit cylindres, couleur havane, laminait sous ses larges pneus les flaques de boue, en jaillissements sales (Van der Meersch, Empreinte dieu, 1936, p. 7).
[Pers.] Paul est un cavalier accompli, un enseignant, un fraudeur, un héros, un imposteur, un ivrogne, un plaisantin, un sage, un salaud, un vrai saint, un serpent; cet insatisfait n'est pas un révolté. Elle restait une Marie-Antoinette au nez autrichien, au regard délicieux, conservée, embaumée grâce à mille fards adorablement unis qui lui faisaient une figure lilas (Proust, Temps retr., 1922, p. 979).Ensuite, j'ai vu le directeur: il m'a reçu dans son bureau. C'était un petit vieux, avec la Légion d'honneur (Camus, Étranger, 1942, p. 1126).
b) [Le suj. a une valeur générique, un N désigne une classe taxinomique] La baleine est un mammifère; le rhume est une maladie. Hier, je l'entendais discourir en géographie, puis poser des questions:Qu'est-ce qu'une mer? Un chœur unanime et chantant répondait:Une mer est une grande étendue d'eau salée (Frapié, Maternelle, 1904, p. 47).
2. [Comme procédé descriptif] Vous souvenez-vous qu'un soir, en revenant de Saint-Germain, je vous ai décrit Gandumas. C'est un pays beau et triste (Maurois, Climats, 1928, p. 14).
[Avec reprise du subst.] La façade principale, sur la rue de l'hospice, était une façade à perron double, noircie, à grandes fenêtres et sans grâces (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 8).La porte du coin était une magnifique porte à deux battants (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 7).
[Avec réf. à la situation] Pour des riens, il vous étrangle... C'est pas une vie (Céline, Voyage, 1932, p. 12).Ce serait un joli matin pour partir pour la chasse, déclara Gastaldi (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 7).
Fam. Tu parles, vous parlez d'une, d'une... V. parler1II A 1 a.
3. [Avec un subst. qui désigne une réalité massive] Le cantal est un fromage. Le sang est un tissu, comme tous les autres tissus. Il se compose d'environ 30 000 milliards de globules rouges, et de 50 milliards de globules blancs (Carrel, L'Homme, 1935, p. 89).
B. − [Avec un compl. déterminatif ou un adj. épith.]
Rem. Le subst. peut désigner une réalité comptable: Peugeot fabrique un moteur à injection qui... (non pas un objet individuel, mais un modèle, un type). Mais cet effet de sens se réalise surtout avec des subst. qui désignent une réalité massive (une huile digeste « une sorte d'huile qui est digeste »), une réalité abstr. (un courage exemplaire « une sorte de courage qui est exemplaire »), ou encore qui entre dans des loc. verb. (il fait froid → il fait un froid terrible).
1. [Le subst. désigne une réalité massive (concr.)] Une huile végétale, une eau minérale fluorée.
En partic. [Le subst. désigne un élém. naturel ou un phénomène atmosphérique] Une eau glacée, boueuse; un air pollué; un soleil blafard, un soleil d'hiver; un vent violent. À droite, la nuit commence à cacher les collines, à gauche, descend un soleil jaune soufre (Morand, New-York, 1930, p. 5).La lumière vive, intense, aveuglante, pénètre à flots dans la chambre (...). Une lumière vive, aveuglante, une immense nappe scintillante déferle dans la chambre, bute sur les cloisons nues (Cl. Ollier, Le Maintien de l'ordre, Paris, Flammarion, 1988 [1961], p. 200).
2. [Le subst. désigne une réalité abstr. ou entre dans des loc. verb.]
a) [Le subst. désigne une propriété physique et les sensations qu'elle procure] Il fait froid/un froid de canard; il fait chaud/une chaleur à crever. L'air de la nuit circulait librement par les hautes et larges fenêtres et répandait une délicieuse fraîcheur en agitant une gerbe d'eau, jaillie d'un bassin de marbre au centre de la pièce (Barrès, Jard. Oronte, 1922, p. 18).
b) [Le suj. désigne un état physique, psychol. ou mor.] Avoir de l'appétit/un appétit d'ogre, avoir de la chance/une chance de tous les diables, avoir du charme/un charme fou, avoir confiance/une confiance absolue, avoir du courage/un courage à toute épreuve, avoir du goût/un goût sûr, avoir de la patience/une patience d'ange, avoir faim/une faim de loup, avoir peur/une peur bleue; éprouver de la tristesse/une tristesse profonde; prendre du repos/un repos mérité. Son regard exprimait une véritable détresse, l'anxiété d'une douleur physique, comme si le malheureux eût vainement cherché à suer sa haine (Bernanos, Imposture, 1927, p. 311):
2. Un jour de 1922 qu'il était en Chine (...), Albert Londres fut pris d'un doute existentiel. Que faisait-il là, dans ce pays en folie, ouvrant la fenêtre de sa chambre pour découvrir que «dehors tout était dégoûtant»? Le Monde, 19 juin 1992, p. 23, col. 1.
[En tournure exclam., un adj. qualificatif étant exclu] J'ai vu notre ami, hier, il était d'une gaieté, d'une jeunesse!... Un gamin! Oui, un vrai gosse (Blanche, Modèles, 1928, p. 4).
c) En partic. [Le subst. désigne une maladie; l'empl. de un n'est pas contraint par la détermination qualificative] Avoir un cancer, un rhume.
III. − Un(e) certain(e). V. certain1.
Prononc. et Orth.: [œ ̃], [yn], souvent [ε ̃]. Martinet-Walter 1973 [ε ̃] (10/17). Liaison en [œ ̃n-], un homme, un immense intérêt, un autre (Mart. Comment prononce 1913, p. 153, Fouché Prononc. 1959, p. 471). Dénasalisation: 1. [œn-] (Rouss.-Lacl. 1927, p. 179). Mart. Comment prononce 1913, p. 390, Grammont Prononc. 1938, p. 134, Fouché Prononc. 1959, p. 436, ne notent que [œ ̃n-]. 2. anciennement [yn-], un homme [ynɔm] (Fér. Crit. t. 3 1788, Littré). Mart., p. 390: ,,Si l'on ne dit pas u-nami, ce n'est pas une raison pour dire eu-nami``. Homon. (de une), hune. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Devant un nom commun 1. 881 désigne un être, une chose nettement individualisés par rapport à ceux appartenant à une même catégorie fém. régime (Ste Eulalie, 22 ds Henry Chrestomathie, p. 3: Ad une spede li roveret tolir lo chief); 937-52 masc. régime (Jonas, éd. G. de Poerck, 145: et preparavit Dominus un edre sore sen cheve; 155); 2emoit. xes. masc. suj. (St Léger, éd. J. Linskill, 227); fin xes. fém. suj. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 100); ca 1050 précède un poss. tonique (St Alexis, éd. Chr. Storey, 15: d'un son filz voil parler); ca 1100 précédé de l'art. déf. l'une meitiet (Roland, éd. J. Bédier, 1264); id. dans une phrase de tour nég., exprime une compar. péj., une estimation à une valeur dérisoire (ibid., 1666: Enprès sun colp ne quid qu'un dener l'escut vaillet; 3189; Trestuz les altres ne pris jo un guant), v. Moignet, p. 277; 2. 2emoit. xes. présente dans un récit un être particulier qui n'a pas encore paru dans un énoncé (St Léger, 55: Un compte i oth [...]; Ciel eps num auret Evrui); ca 1050 (St Alexis, 292: A la sameine qued il s'en dut aler, Vint une voiz treis feiz en la citet, Hors del sacrarie); 1130-40 (Wace, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 763: Une columbe de ciel vint Sor la verge que Josep tint); 3. ca 1100 désigne un représentant quelconque, indifférent, de l'espèce à laquelle il appartient (Roland, 1827: Si l'encaeinent [Guenelun] altresi cum un urs; 3153); 4. ca 1170 au plur., associé à des subst. impliquant un tout divisible en parties, une paire un esperons; gesir sor uns degrez (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 102; 374), encore relevé au xvies., v. Hug.; 5. 1534 devant un subst. qualifié par un adj. au superl. rel. une jument la plus enorme ... que feut oncques veue (Rabelais, Gargantua, XV, 8, éd. R. Calder et M. A. Screech, p. 103); 6. 1636 avec valeur d'adj. poss. (Corneille, Cid, I, 6: Il faut venger un père et perdre une maîtresse); 7. 1668 avec valeur emphatique devant un subst. qualifié par un adj. (Molière, Avare, III, 5: Voilà une belle merveille de faire bonne chère avec bien de l'argent!). B. Devant un nom propre 1. 1534 présente la pers. comme inconnue « un certain, un nommé » (Rabelais, op. cit., XVIII, 69, p. 122: allegant l'autorité d'ung Taponnus - je faulx: c'estoyt Pontanus [J. J. Pontan, humaniste ital. xves.]); 2. 1559 met en relief avec emphase ou mépris (Amyot, trad. Plutarque, Hommes illustres, Compar. d'Alcibiade avec Coriolan, 7, éd. G. Walter, t. 1, p. 522); 3. 1674 rattache une personne célèbre à une catégorie supposée de personnages comparables (Boileau, Art poétique, III, ds Œuvres, éd. Fr. Escal, 1966, p. 171: N'allez pas d'un Cynous nous faire un Artamène), v. aussi Don Juan, Harpagon, Jocrisse... V. un1. Bbg. Blanchon (J. A.). L'Art. indéf. sing. Centre Interdisciplinaire d'Ét. et de Rech. sur l'Expr. contemp. Trav. 22. Explorations ling. et styl. St-Étienne, 1978, pp. 49-56. − Carlier (A.). Généricité du syntagme nom. suj. et modalités. Trav. Ling. Gand. 1989, no19, pp. 33-56. − Corblin (F.). Indéfini, défini et démonstratif... 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UN3, UNE, UNS, UNES, pron.

UN3, UNE, UNS, UNES, pron.
I. − [Un(e) + déterm. partitif plur. ou groupe pronom. introd. par de (ou parfois d'entre)]
A. − [(L')un(e) + déterm. partitif plur.]
1. (L')un(e) des.[L'art. l' est présent dans une proportion d'environ un tiers des occurr.; sa présence semble manifester, dans certains cas, que l'un(e) des est considéré comme un déterm. déf.; dans d'autres, il s'agit d'une var. styl. littér.]
a) Un(e) des.Mourir est une des clauses du contrat de la vie (Jouy, Hermite, t. 5, 1814, p. 204).Elle s'était plantée devant une des glaces, l'air désemparé (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 11).
b) L'un(e) des.On courut à l'une des fenêtres de la grand'salle pour regarder (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 125).La France, toujours selon l'INSEE, est l'un des champions européens de la possession d'automobiles: en 1989, 75 % des ménages français étaient propriétaires d'un véhicule (Le Monde, 24 juill. 1992, p. 21, col. 5).
2. (L')un(e) de + déterm. poss.[La présence de l' est beaucoup plus rare: dans une proportion de un à dix environ]
a) Un(e) de + poss.« (...) que j'aurai de plaisir à la lire! » répondit Sara, en pressant une de mes mains dans les siennes (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 14).J'ai eu le malheur, pour faire passer tout le chiroubles, de boire un de leurs sacrés cafés (Chr. de Rivoyre, Les Sultans, Paris, Grasset, 1964, p. 131).
b) L'un(e) de + poss.Elle s'arrêta, posa l'une de ses mains sur son front (Balzac, Lys, 1836, p. 81).Mais oui, fit Célia, c'est seulement l'un de vos rôles, celui d'aventurier alerte (P. Moinot, Le Sable vif, Paris, Gallimard, 1963, p. 36).
3. (L')un(e) de ces.[L'art. l' n'est présent que dans une proportion de un à dix environ]
a) [Le dém. est anaphorique]
Un(e) de ces.À vingt pieds d'élévation au-dessus de la base d'une de ces tours, régnait un parapet en granit (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 52).
L'un(e) de ces.Un escalier, serpentant dans l'une de ces tours, établissait des relations entre la salle des gardes et l'étage supérieur (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 64).Et soudain, relaxe ou évasion, le miracle biblique qui fit d'eux des rescapés, de vivants fantômes. L'un de ces fantômes, bien des années plus tard, se résolut à aller voir Nuit et brouillard (Le Monde, 12 juin 1992, p. 27, col. 5).
b) [Le dém. introd. une prop. déterminée par une rel. ou par d'autres procédés, notamment des tours compar.]
Un(e) de ces.En ce moment, nous passions devant une de ces ruelles étroites comme il y en a tant à Séville (Mérimée, Carmen, 1845, p. 36).On dirait encore une de ces robes étranges de danseuses (Baudel., Poèmes prose, 1867, p. 107).
L'un(e) de ces.Elle me jeta l'un de ces regards incisifs qui ressemblent au cri d'un malade touché dans sa plaie (Balzac, Lys, 1836, p. 116).C'était l'un de ces rares endroits à Paris où il pouvait arriver, certains jours d'automne, après la pluie, que montât du sol une odeur, presque puissante, de forêt, d'humus, de feuilles pourrissantes (G. Perec, Les Choses, 1965, p. 18).
c) [Tour hyperb. fam. du type j'ai une de ces faims! Il fait un de ces temps! « La suspension des caractérisants simule une impuissance (...) du locuteur (...) [à trouver] l'épithète adéquate et traduit par contrecoup une qualité superlative » (M. Wilmet, La Détermination nom., 1986, p. 175). On tend à combler l'incomplétude de la phrase par des énoncés du genre « ... comme je n'en ai jamais vu ou connu ». Cf. aussi les tours: Il fait une chaleur! Il y a de ces hasards! La mémoire vous joue de ces tours!] La moutarde me monte au nez, et je lui allonge une raclée, mais une de ces raclées! (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 102).Il repique dans une de ces rages!... Il me balance un de ces coups de coude! (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 669).
Fam. [Type à un de ces jours; annonce un événement probable et proche, mais sans précision] Moi qui pensais toper les oiseaux là-bas un de ces jours! (Pourrat, Gaspard, 1925, p. 211).
Rem. 1. Dans ce tour, les subst. masc. variant à l'oral restent au sing.: J'ai un de ces mal de tête! J'ai un de ces travail! J'ai eu un de ces mal à terminer! 2. On a parfois le tour indéf. quelqu'un(e) de : J'ignore si quelqu'une des trois statues d'Isis du musée de Naples aura été retrouvée dans ce lieu même [Pompéi], mais je les avais admirées la veille (Nerval, Filles feu, Isis, 1854, p. 655). Il m'arrivait (...) de faire trébucher de son piédestal, d'un trait méchant, quelqu'une de ses idoles aristocratiques (Gracq, Syrtes, 1951, p. 40). Louise risquait à tout moment d'accrocher quelqu'une des toiles dont l'atelier était encombré (Camus, Exil et roy., 1957, p. 1634).
B. − (L')un(e) de + pron., l'un(e) d'entre + pron.
1. (L')un d'eux, (l')une d'elles; (l')un de ceux, (l')une de celles
a) [Avec l', cas le plus fréq.] Pour voir le jeune homme, toutes les beautés s'étaient rapprochées, comme des biches si l'on apporte à l'une d'elles un gâteau (Barrès, Jard. Oronte, 1922, p. 50).Il était pourtant l'un de ceux qui avaient lutté contre elle le plus lucidement et avec le plus d'acharnement (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 206).
b) [Sans l'] Un de ceux qui assistaient à la scène dit quelque chose comme « Espèce de salaud » (Cl. Simon, La Route des Flandres, Paris, éd. de Minuit, 1960, p. 217).Thomas Pezner cherche un beau mensonge, un de ceux qu'on croit toujours (R. Sabatier, Le Chinois d'Afrique, Paris, Albin Michel, 1966, p. 199).
2. [Gén. avec l'] L'un d'entre eux, l'une d'entre elles. Joseph ne remarqua que l'un d'entre eux qui se tenait un peu en avant, le poing sur la hanche et les jambes écartées (Green, Moïra, 1950, p. 16).
II. − En... un(e). [Le pron. en est le représentant d'un antécédent; un(e) a les mêmes valeurs que l'art. indéf. un(e)]
A. − [L'ensemble auquel se réfère en désigne deux ou plus de deux élém.; un(e) indique qu'un élém. a été sélectionné] S'il y a des sorcières, cette fille-là en était une ! (Mérimée, Carmen, 1845, p. 38).Je les connais et je ne me fais pas d'illusion, je vous jure. Mais je croyais tout de même qu'il s'en trouverait un pour me tendre la main (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 35).
[Comme pour le cardinal, le nombre un peut être relativisé] On n'en a pas retrouvé un d'intact; je n'en ai eu qu'un, qu'un seul; il en faudrait plus d'un, au moins un, etc. C'était là que logeaient les prisonniers de Nohfelden, une trentaine d'hommes employés sur la voie ferrée, qui malgré nos appels ne semblaient pas se soucier de notre existence. Il n'y en eut qu'un pour nous jeter à la hâte par la porte entr'ouverte (...) quelques rogatons de pain et de fromage (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 83).
[La sélection peut être réitérée] J'ai des plans pour la vie de quarante empereurs, j'en fais un tous les matins et un tous les soirs (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p. 164).
[Chaque élém. peut être opposé à un autre] Je te dirai que, des deux dames, il en est une qui me plaît beaucoup, et l'autre beaucoup aussi (Nerval, Pandora, 1855, p. 741).
[La sélection peut concerner un nombre non précisé, par le recours à un certain nombre, un petit/grand nombre] Après avoir compté les cigares du paquet que j'avais mis entre ses mains, il en choisit un certain nombre (Mérimée, Carmen, 1845, p. 27).
B. − [L'antécédent désigne un élém. unique]
1. [L'antécédent est un subst.]
a) [L'antécédent est déterminé par l'art. indéf. un; le groupe pronom. en reprend la valeur] Tu veux une pomme?J'en veux bien une.Tu as un stylo?Oui, j'en ai un. Les entrailles de la terre, notre seconde mère, nous enfanteront à l'éternité dont nous n'avons pas aujourd'hui la plus légère notion: nous y trouverons un soleil comme nous en trouvâmes un quand nous quittâmes le sein de notre première mère (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 623).Dans la chambre voisine il y avait une radio... mais il y en avait aussi une en bas, au café (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 113).
[Le groupe princ. oppose un élém. à celui que désigne l'antécédent] Quand un navire était las, il en montait un autre comme un cavalier impitoyable (Vigny, Serv. et grand. milit., 1835, p. 182).
b) [L'antécédent est déterminé par un art. déf.; le groupe pronom. désigne un autre élém. de même sorte] Si la nature m'avait laissé le choix du moment où je devais lui payer ma dette, aurais-je pu en saisir un meilleur? (Jouy, Hermite, t. 5, 1814, p. 205).Le couteau en argent n'appartenait donc pas au domaine du cauchemar. Il en existait bel et bien un dans la maison, le même, sans doute, qui hantait le rêve de Lili (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 120).
c) [L'antécédent est déterminé par un poss.] Mon bonheur n'en sera-t-il pas un pour vous, comme le vôtre pour moi, si je vous vois jamais jouir d'un bonheur réel et durable, et non savourer des illusions trompeuses? (Karr, Sous tilleuls, 1832, p. 143).
2. [En réfère non pas à un antécédent mais à une pers. en gén.] Le soir, quand Charles rentrait, elle sortait de dessous ses draps ses longs bras maigres (...) et, l'ayant fait asseoir au bord du lit, se mettait à lui parler de ses chagrins: il l'oubliait, il en aimait une autre! (Flaub., MmeBovary, t. 1, 1857, p. 11).
En voici, en voilà un(e) qui. En voilà encore une, continua Marguerite en ôtant sa robe et en passant un peignoir blanc, en voilà encore une qui sait bien me trouver quand elle a besoin de moi (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p. 119).
3. [Dans des loc. figées ou fam. en a un antécédent implicite] V. en2II A 2.
En partic. En prendre/en tenir une... [Le pron. en représente cuite, biture, muflée ou tout autre nom fém. désignant un état d'ébriété] ,,S'enivrer/être complètement ivre`` (Bernet-Rézeau 1989, s.v. un). Il écouta les roulades d'un merle, regarda les hautes branches et la forêt se mit à tourner comme un manège. Le vin, le soleil... Victor à moitié endormi, scanda: « Mon neveu en tient une, mon neveu... » (R. Sabatier, Les Noisettes sauvages, Paris, Albin Michel, 1974, p. 167).
III. − L'un(e)/les un(e)s.[En oppos. avec autre(s)]
A. − L'un(e)... l'autre, les un(e)s... les autres.[L' dans chacun des groupes est le représentant, un et autre ont une fonction contrastive]
1. L'un(e)... l'autre.[Avec un antécédent désignant une paire d'élém.]
a) [Dans des tournures compar.] Ils se turent, aussi gênés l'un que l'autre par cette confession (Green, Moïra, 1950, p. 209).
b) L'un(e) et l'autre
[Le groupe est coréférent au suj. ou assure directement le rôle de suj.] Ils avaient, l'un et l'autre, des choses à se faire pardonner. L'un et l'autre triturons le souvenir d'une même tranche de temps (R.-V. Pilhes, La Rhubarbe, 1965, p. 106).Dans sa grande majorité, celui-ci [le monde enseignant] reposait sur deux ambitions: le socialisme et la laïcité. L'une et l'autre sont sévèrement déçues (Le Monde, 23 juill. 1992, p. 9, col. 4).
[Le groupe réfère au compl. d'obj. dir.] Comme si cette main d'homme les avait saisis l'un et l'autre, gel et flamme, et les avait unis dans une même étreinte (J.-M.-G. Le Clézio, Le Déluge, 1966, p. 280).
[À l'intérieur du syntagme nom.] Gérante des cachets astronomiques de l'une et l'autre étoiles, Marie (...) autorisait quelques folies et libéralités (H. Bazin, Bur. des mariages, 1951, p. 156).
c) L'un ou l'autre.De temps en temps, l'une ou l'autre murmurait à l'oreille de sa mère respective: « Quand est-ce qu'on s'en va? » (B. et Fl. Groult, Il était deux fois, 1968, p. 240).
[À l'intérieur du syntagme nom.] Une fois sur deux, car le curé chargé d'une autre paroisse, chantait alternativement sa grand'messe dans l'une ou l'autre commune (H. Bazin, Bur. des mariages, 1951, p. 212).
[Le groupe est suivi d'un syntagme nom. partitif] Entretenir des relations intimes avec l'un ou l'autre des conjoints (Sagan, Bonjour tristesse, 1954, p. 152).
d) [Dans certaines oppos., la présence de l' devant un n'est pas nécessaire] Il y a en moi deux personnes, dont une, observatrice de l'autre, et sachant bien que ses mouvements convulsifs doivent passer (Constant, Journaux, 1804, p. 76).On nous lâcha d'abord dans un bain japonais, sorte de vaste évier à deux bacs, un pour le lavage et l'autre pour le rinçage (B. et Fl. Groult, Il était deux fois, 1968, p. 200).
[Tour du type d'une main... de l'autre; avec des subst. désignant une paire d'éléments ou une réalité double] D'un côté, de l'autre; aller d'un extrême à l'autre. Sur une moitié des champs le coucher s'éteignait; au-dessus de l'autre était déjà allumée la lune qui bientôt les baignait tout entiers (Proust, Temps retr., 1922, p. 691).Joseph vit un gros homme jovial et de manières simples, assis dans un fauteuil à pivot qu'il faisait tourner dans un sens et dans l'autre avec une rapidité subite (Green, Moïra, 1950, p. 14).
2. L'un... l'autre.[Avec un antécédent désignant une pluralité d'élém.] Il va de l'un à l'autre, serrant les mains.
L'un ou l'autre. [Mohamed Boudiaf] disparu, il ne reste plus, formellement, aux commandes de l'État, que trois civils dont on voit mal qu'ils puissent, l'un ou l'autre, disposer de l'autorité nécessaire pour engager l'Algérie sur la voie du « changement radical » (Le Monde, 2 juill. 1992, p. 1, col. 4).
L'un ou l'autre des, de ces... Vous pouviez vous confier à l'un ou l'autre de vos nombreux amis (R.-V. Pilhes, La Rhubarbe, 1965, p. 134).
L'un ou l'autre d'entre eux. Il arrivait parfois que l'un ou l'autre d'entre eux, à la suite d'incidents plus ou moins fortuits, de provocations larvées, de mésententes à demi-mot, semât la discorde au sein du groupe (G. Perec, Les Choses, 1965, p. 44).
[Dans les tours du type aller d'une ville à l'autre] Les bergers de Patagonie vont, sans se presser, d'un troupeau à l'autre: il allait d'une ville à l'autre, il était le berger des petites villes (Saint-Exup., Vol Nuit, 1931, p. 81).
3. Les uns... les autres (ou d'autres, d'aucuns, la plupart, etc.)
a) [L'antécédent désigne ou implique une pluralité indéf. d'élém.]
[Avec un antécédent explicite] Et les arbres, selon qu'ils étaient plus ou moins exposés aux rayons, parurent les uns noirs, les autres verts, ou roses ou dorés (Karr, Sous tilleuls, 1832, p. 51):
1. ... nous étions désormais autorisés à recevoir les journaux de zone occupée. Les uns s'intéressaient aux sports, les autres aux nouvelles de leur province, d'aucuns à la vie parisienne et au mouvement intellectuel mais tous étaient sollicités par ce qui se passait en France, et les abonnements affluèrent. Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 138.
[Sans antécédent explicite] Les uns dépensaient, les autres gagnaient, les uns et les autres également joyeux (Baudel., Poèmes prose, 1867, p. 72).Mais là où les uns voyaient l'abstraction, d'autres voyaient la vérité (Camus, Peste, 1947, p. 1292).
b) [Chacun des groupes pronom. réfère à des antécédents distincts] Nous étions en guerre; je fis trois campagnes; je passai deux hivers en bonne garnison; et, grâce aux fatigues des unes et aux plaisirs des autres, je revins au manoir paternel, si maigre et si changé, que mes parens eurent peine à me reconnaître (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 177).Sire, dit alors maître Ogier, permettez que je déduise de ceci une affabulation. Ces passereaux sont vos nobles, cette vigne est le peuple. Les uns banquètent aux dépens de l'autre (Bertrand, Gaspard, 1841, p. 144).
B. − L'un(e) l'autre, l'un(e) + prép. + l'autre; les un(e)s les autres, les un(e)s + prép. + les autres.[Outre la partition, existe un rapport de distributivité]
1. L'un(e) l'autre, l'un(e) + prép. + l'autre
a) [L'un(e) et l'autre ont chacun pour antécédent une entité]
[Type Paul et Marie courent l'un vers l'autre; le groupe pronom. réciproque réfère au suj.; en constr. trans., Paul court vers Marie et Marie court vers Paul] Ils avancent l'un vers l'autre avec une extrême circonspection (Achard, Voulez-vous jouer, 1924, i, 3, p. 64).
[Type Paul et Marie se regardent l'un l'autre; le groupe réfère au suj. d'un verbe pronom. réciproque; en constr. trans., Paul regarde Marie et Marie regarde Paul] Par un hasard heureux, le vicomte Cléna et mademoiselle Clarence se trouvèrent l'un contre l'autre, un peu serrés, peut-être (A. France, Île ping., 1908, p. 336).Valdès avait entraîné Claude vers les rochers sur lesquels ils prirent pied et se hissèrent en s'aidant l'un l'autre (P. Moinot, Le Sable vif, Paris, Gallimard, 1963, p. 112).
[Type on ne les voit jamais l'un sans l'autre; le groupe réfère au compl. d'obj. dir.; en constr. trans., on ne la voit jamais sans lui, on ne le voit jamais sans elle] Il roulait doucement l'une dans l'autre ses mains grassouillettes, comme s'il les eût savonnées (Martin du G., Thib., Pénitenc., 1922, p. 689).
[Type l'amour de l'un pour l'autre; c'est la nominalisation de ils s'aiment] Un amour qui (...), par une parfaite confiance de l'un dans l'autre, n'a fait que grandir (Maurois, Ariel, 1923, p. 293).
b) [L'antécédent désigne plus de deux élém.]
[Le groupe des pron. est lié au suj.] À l'endroit où le chat croque les petits, plusieurs mioches se sont vite serrés l'un contre l'autre (Frapié, Maternelle, 1904, p. 138).Des images toutes pareilles, une infinité d'images à la superposition exacte s'effeuillaient, glissaient indéfiniment l'une sur l'autre à toute vitesse sous mes yeux comme les pages d'un livre (Gracq, Syrtes, 1951, p. 202).
[Le groupe des pron. est lié au compl. d'obj. dir.] L'une après l'autre, j'ai jeté dans la bataille mes troupes les plus secrètes. Mes souvenirs véritables forcés dans leur réduit, vont se rendre et paraître au jour (Maurois, Climats, 1928, p. 14).
c) Loc. L'un dans l'autre. Au total, une chose compensant l'autre, ou d'autres. Quel bouge! Mais l'un dans l'autre c'était une bonne soirée, dit Henri (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 129).
2. Les un(e)s les autres, les un(e)s + prép. + les autres
[Type aimez-vous les uns les autres; le groupe réfère au suj.] Se haussant, tendant le cou, ils regardaient, les uns par dessus les autres (Pourrat, Gaspard, 1931, p. 269).Nous sommes une famille où l'on se tient les uns les autres (Mauriac, Nœud vip., 1932, p. 122).
[Type on les oppose les uns aux autres; le groupe réfère au compl. d'obj.] Il m'a fallu dix ans pour distinguer les unes des autres toutes ces figures blondes disant des choses parfaitement convenables (Stendhal, Souv. égotisme, 1832, p. 52).Et il jetait, dans sa bouche ouverte, les morceaux les uns après les autres (Zola, Assommoir, 1877, p. 735).
IV. − [Sans terme corrél.]
A. − [En liaison stricte avec un antécédent]
1. [Après dont]
a) Dont l'un(e)...Avec ses faubourgs populeux dont l'un, celui de Saint-Nicolas, étalait ses douze rues au soleil (Bertrand, Gaspard, 1841, p. 51).
[L'antécédent désigne une paire d'élém.] Il y avait deux livres, dont l'un, encore ouvert, montrait le dessin d'une branche d'armoise (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 51).J'avais accepté ce jour-là de déjeuner chez deux garçons dont j'avais connu l'un chez un ami commun (M. Leyris, Fourbis, 1955, p. 161).
b) Dont un(e)...Des patriciens, dont un très âgé, sont groupés dans une salle du palais (Camus, Caligula, 1944, i, 1, p. 7).
2. [Dans des tournures à valeur oppos.] Il connaissait une maison tranquille (...), où des dames très complaisantes parlent toutes les langues, et une en particulier le français (Gide, Caves, 1914, p. 781).Les autres, c'est pour se faire baiser par les officiers, ou pour trouver un mari, même un avec une patte en moins (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 127).
B. −
1. Un(e) qui.Bélier, viens ici. Souffle sur ce petit homme pour qu'il soit, comme toi, un qui mène, un qui va devant, non pas un qui suit (Giono, Gd troupeau, 1931, p. 266):
2. Ce n'était pas une qui éclatait de rire dans l'obscurité ni une qui montrait son genou sous la table ni une qu'on pouvait voir à la rivière; ce n'est pas elle qui au bal aurait dansé plus de trois fois, ou encore avec un autre que son frère pour cavalier! Jouve, Scène capit., 1935, p. 10.
[En fonction de compl. déterminatif] Dans l'ombre, Julia imite la longue et lente respiration d'une qui dort, paisible (Giono, Gd troupeau, 1931, p. 222).Frédéric a la gueule d'un qui veut faire le salut de son âme (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 15).
2. Un(e) qui... c'est/c'était...Une qui était enragée contre Angélique, c'était la petite MmeMigeon (Aragon,Beaux quart.,1936,p. 128).Une dont je me souvenais bien, en particulier, à qui je gardais un joli chien de ma chienne, tiens, c'était « Mamie » (Bayon,Le Lycéen,1987,p. 232).
3. Encore un(e) qui...Et la même vieille voisine derrière sa fenêtre. « Encore une qui n'est pas claquée! » (Montherl., Lépreuses, 1939, p. 1490).
C. − L'un/l'une.Le maréchal de Broglie (...) eut deux filles. On lui proposait (...) de faire entrer l'une dans un chapitre (Chamfort, Caract. et anecd., 1794, p. 121).Oh! Moi, princesse, jamais un seul amour! Toujours deux ou trois au moins. C'est le seul moyen d'être tranquille, de ne pas trembler sur la perte de l'un (Goncourt,Journal, t.2,1878,p. 146).
[Suj. d'un verbe déclaratif] Ils s'arrêtèrent.T'es fait! cria l'un. Allons, suis-nous (Van der Meersch, Empreinte dieu, 1936, p. 65).Tarrou avait assisté à l'entretien de deux receveurs de tramways:Tu as bien connu Camps, disait l'un. − Camps? Un grand avec une moustache noire? (Camus, Peste, 1947, p. 1234).
De deux choses l'une. [Loc. annonçant une alternative] Et de deux choses l'une, ou bien nous aurons fait des déclarations exactes pour l'impôt sur le revenu, ou bien nous aurons dissimulé (Mauriac, Nœud vip., 1932, p. 206).
[Sans l'] Sur leur figure, pâlie et creusée de misère (...), on lisait je ne sais quoi de mauvais, de rétracté, ce passé de la bohème qui fait amer. Un, surtout, avait une vilaine tête taillée à la serpe, grossière et rude, de carrier (Goncourt,Journal, t.2,1878,p. 141).
D. − Pas un(e)
1. Pas un(e) de..., d'entre... Aucun, personne. Pas un de nous ne se refusait à l'aventure, mais j'ai vu des enfants pâlir avant de la tenter (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 52).Pas un d'entre nous ne serait capable d'une chose pareille, fit Thomas, les dents serrées, la voix rauque (Queffélec, Recteur, 1944, p. 48).
[Sans compl. en de] Pas un n'a levé les yeux sur mes fenêtres (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p. 281).Et maintenant il était enfermé dans ce bureau. Il regarda les autres: pas un qui ait seulement envie d'ouvrir la fenêtre (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 145).
2. Comme pas un(e) (fam.). Comme personne ne le fait ou ne l'est; p. ext., plus que n'importe qui, plus que tout autre. Et avec ça soiffeur comme pas un (Aragon,Beaux quart.,1936,p. 33).Il est pourtant pétochart comme pas un ; mais il se domine (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 10).
E. − Plus d'un(e). Plusieurs. Vous me direz que c'est dommage pour plus d'un, et j'en ai eu de la peine aussi, mais la chose se comprend bien (Aymé, Jument, 1933, p. 225).C'étaient des parasites éminemment conservateurs. Plus d'un, au demeurant, avant d'être un dilettante, avait été un homme utile (Romains, Hommes bonne vol., 1939, p. 27).
F. − Un chacun, tout un chacun. V. chacun II B.
Prononc. et Orth.: [œ ̃], [yn]. L'un et l'autre [lœ ̃ne-]. Souvent [ε ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Non précédé de l'art. déf. a) fin xes. empl. seul; sing.; phrase nég. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 216: Ad un respondre non denat); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 3955: Se uns escapet, morz ies e cunfunduz); ca 1200 plur.; évoque une collectivité; oppos. à autre (Renaud de Beaujeu, Bel inconnu, éd. G. Perrie Williams, 6000: Un perdent et autre gaaignent); b) fin xes. suivi de de partitif uns dels ladruns (Passion, 287, 317); c) ca 1050 en corrél. avec en partitif (St Alexis, éd. Chr. Storey, 228; Un en i out ki sempres vint avant); ca 1100 (Roland, 3951: Ja mar en vivrat uns!); ca 1100 suivi de a qui; oppos. à li altre (ibid., 3782: Un en i ad a qui li altre entendent); d) 1230-35 rappelle un subst. précédemment énoncé (Mort le roi Artu, éd. J. Frappier, 25, 36: quex armes avoit li chevaliers qui veinqui le tornoiement? − Damoisele [...] unes toutes vermeilles); e) fin xves. empl. nom. « un homme; quelqu'un » ung qui (Commynes, Mém., I, 2, éd. J. Calmette, t. 1, p. 11); 2. précédé de l'art. déf. a) en rel. avec li altres α) ca 1050 expr. de l'oppos. (St Alexis, 307: Li uns Acharies, li altre Anories out nun); ca 1100 (Roland, 1398, 3284); β) expr. de la réciprocité ca 1100 (ibid., 3886: Li uns requiert l'altre [cf. ca 1274, Adenet le Roi, Berte, éd. A. Henry, 162: S'aidoient li un l'autre]); ca 1100 (ibid., 369: parolet li uns a l'altre); 1130-40 [suivi de de partitif] (Wace, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 1218: L'un dels a l'altre comanda); ca 1170 (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 2132: Li uns contre l'autre s'adresce); γ) ca 1100 unis par un élément de coord. (Roland, 3477: Asez i moerent e des uns e des altres); 1559 l'un et l'autre; ni l'un ni l'autre, verbe au sing. (Aymot, trad. Plutarque, Hommes illustres, Theseus, 2, éd. G. Walter, t. 1, p. 2); 1629 l'un et l'autre, verbe au plur. (Corneille, Mélite, III, 3); cf. Vaug., p. 141: L'un et l'autre. On les met et avec le singulier et avec le pluriel [...] et il est également bien dit, l'un et l'autre vous a obligé et l'un et l'autre vous ont obligé; b) ca 1100 empl. seul (Roland, 3588: Josque li uns sun tort i reconuisset). V. un1.
STAT.Fréq. abs. littér. Un: 936 912. Une: 711 338. Uns: 9 789. Unes: 3 667. Fréq. rel. littér. Un: xixes.: a) 1 202 256, b) 1 409 461; xxes.: a) 1 412 451, b) 1 354 043. Une: xixes.: a) 888 299, b) 1 027 364; xxes.: a) 1 085 591, b) 1 063 914. Uns: xixes.: a) 17 043, b) 13 805; xxes.: a) 14 065, b) 11 231. Unes: xixes.: a) 7 240, b) 4 945; xxes.: a) 4 869, b) 3 837.
BBG.Gondret (P.). Les Pron. et déterminatifs indéf. ds les phrases nég. en fr. du 12es. au 16es. Thèse, Paris, 1980, pp. 22-25, 261-266. − Milner (J.-Cl.). Synt. et sém. du constituant réciproque l'un ... l'autre. Rech. sur l'anaphore. Groupe « Gramm. sc. du fr. ». Paris, 1984, pp. 35-67. − Quem. DDL t. 38. − Tamba-Mecz (I.). Un de ces ... Inform. gramm. 1981, no11, pp. 3-6.

UN4, UNE, adj.

UN4, UNE, adj.
A. − PHILOS. Qui forme un tout, qui n'a pas de parties, qui ne peut être divisé. Si l'être est, il faut qu'il soit un ; et l'être un ne doit pas avoir de corps: car s'il avait une épaisseur, il aurait des parties et ne serait plus un (Renouvier, Manuel de philos. anc., I, p. 156 ds Lal. 1968).
En empl. subst. L'Un. ,,Principe suprême et ineffable, admis au sommet de la hiérarchie des idées par un certain nombre de platoniciens, et notamment Plotin`` (Legrand 1972).
B. −
1. Qui a une unité interne profonde. La République est une et indivisible. Mon ame avec ses diverses sensations est une, mais non simple, comme mon corps avec ses diverses parties et ses divers organes est un, quoique composé (Senancour, Rêveries, 1799, p. 174).Je suis doncil faut bien adopter le langage de l'entendement, puisque l'entendement seul a un langageunité multiple et multiplicité une (Bergson, Évol. créatr., 1907, p. 258).
[En tournure nég.] Chaque jour l'attaque change de caractère, et me surprend sans défense; ma douleur n'est pas une, elle est multiple (Balzac, Lys, 1836, p. 199).
2. Locutions
a) Faire un avec. Former un bloc. Ils se collèrent, firent un avec la terre, comprirent qu'ils étaient saufs, virent les mottes passer au-dessus de leurs têtes (Montherl., Songe, 1922, p. 151).
b) N'être, ne faire qu'un(e). Former une chose unique. Les affinités chimiques sont la raison pour laquelle la nature ne peut pas commettre de fautes dans l'arrangement de ces tons; car pour elle, forme et couleur ne sont qu'un (Baudel., Salon, 1846, p. 882).L'officier cria: « Feu! » Les douze coups n'en firent qu'un (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Deux amis, 1883, p. 193).
[En parlant de pers.] Être profondément unis. Après sa complaisance et mon bonheur, je me regardai comme ne faisant plus qu'un avec elle:« C'est à présent que tout nous est commun, » lui dis-je, « ma chère Sara, les sentiments et les biens (...) » (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 60).Et nous retombions anéantis de délices de nous sentir ainsi doubles en n'étant qu'un, et d'avoir multiplié notre être en le donnant (Lamart., Raphaël, 1849, p. 277).
c) C'est tout un. C'est la même chose, cela revient au même. Synon. c'est du pareil au même (v. même I B 2).Ne chicanons pas sur les mots. Haïr ou aimer, dans votre langue, c'est tout un (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1424).Alors? Je vais vivre sans paupières? Ne faites pas l'imbécile. Sans paupières, sans sommeil, c'est tout un. Je ne dormirai plus... (Sartre, Huis clos, 1944, 1, p. 118).
Ce m'est tout un. Ça m'est égal. Qu'il vienne s'il lui plaît de venir, à cette heure ou à une autre: ce m'est tout un (Gautier, Fracasse, 1863, p. 393).
Prononc.: [œ ̃], [yn], souvent [ε ̃]. Étymol. et Hist. 1. Ca 1160 « qui n'est pas fait de parties, qui n'admet pas de division ni de pluralité » (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 6594: Lor gent et la nostre soit une); 1561 spéc. relig. (Calvin, Instit. Relig. chrest., Genève, J. Bourgeois, IV, VIII, 16, p. 933: Iesus Christ [...] est appelé Dieu et eternel, un avec le Pere); 2. ca 1175 « même, semblable » (Benoît de Ste-Maure, Chron. des ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 35121: sospire De ce que tos tens li est une, Pesme, sanz tretorner Fortune, Tos jorz orrible); 3. xvies. « (en parlant de ce qui est constitué de parties) qui forme un tout » (Coust. gén., t. 1, p. 419 ds Littré: reputez uns et communs en biens meubles [réf. ne corresp. pas au Coutumier, éd. Bourdot de Richebourg]); 4. empl. subst. a) 1632 philos. désigne l'unité absolue, infinie (Bacon, Neuf livres de la dignité et de l'accroissement des sciences, trad. Golefer, p. 210 d'apr. FEW t. 14, p. 55); 1687, 30 avr. (Leibnitz, Lettre à Arnauld, éd. Janet, I, 580 ds Lal.13); b) 1869 l'un empl. dans l'exposition des doctrines grecques, spéc. de celle de Plotin qui l'identifie au bien et le met au dessus de l'Être (Fouillée, Philos. de Platon, II, 330, ibid.). V. un1.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·