2. Loc. et expr. − [P. allus. à la Bible (Josué VI, 4-20)] Trompettes de Jéricho. Trompettes au son desquelles les murailles de Jéricho, assiégée par Josué, s'écroulèrent, livrant la ville aux Hébreux. Pourquoi ne pas faire hardiment comme si les choses étaient restées sur le même pied, comme si les pierres étaient encore debout, et que la trompette de Jéricho n'eût pas sonné? (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 345).
− [P. allus. à la tradition biblique et Apoc. VIII-XI] Trompette de l'ange, de l'archange, du Jugement* dernier. Trompette qui convoque les vivants et les morts au Jugement dernier et fixe leur sort pour l'éternité. Oui, monsieur Ubu, on parle, en effet, et la trompette de l'archange qui doit tirer les morts de la cendre et de la poussière finale ne parlerait pas autrement! (Jarry, Ubu, 1895, V, 1, p. 84).Les voix que je reconnaîtrai dans mille ans, quand la trompette de l'ange m'aura tiré de la tombe (Duhamel, Terre promise, 1934, p. 76).
− RELIG. JUDAÏQUE, vieilli. Fête des trompettes. Fête célébrée le premier jour du mois de Tishri (septembre-octobre). Le mois de Tishri était resté le début de l'année civile, et le 1erTishri était célébré par la fête des trompettes ou nouvel an (Chauve-Bertrand, Question calendrier, 1920, p. 27).
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Loc. fig., vieilli ♦ [P. allus. à la représentation allégorique de la Renommée] La trompette, les cent trompettes de la Renommée. La rumeur publique. L'homme de vraie gloire, c'est celui qu'on connaît et dont on n'a jamais rien lu. Les « trompettes de la Renommée » ne nous ont clamé que son nom (Renard, Journal, 1892, p. 140).
♦ Emboucher, entonner la trompette. Prendre un ton de proclamation lyrique, élevé, parfois emphatique. Je veux me garder d'emboucher la trompette. Ceux de nos lecteurs qui me reprochent d'être aveugle dès qu'il s'agit de de Gaulle, et idolâtre, je les renvoie aux commentaires du monde entier (Mauriac, Nouv. Bloc-Notes, 1959, p. 245).[Trompette est déterminé par un adj.] Emboucher la trompette héroïque, une trompette indignée. Nous avons vu l'orateur emboucher la trompette épique durant une moitié de son récit (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 130).
♦ Sonner de la trompette. Publier quelque chose, se vanter de quelque chose. Du Bellay même prit les devants et sonna le premier de la trompette (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t. 13, 1867, p. 281).
− Loc. adj. En trompette. En forme de pavillon de trompette. Nez en trompette. Nez retroussé. Moi baronne!... Ah! ah! avec mon nez en trompette et mes joues rouges (Pailleron, Étincelle, 1879, 8, p. 37).Queue en trompette. Queue relevée. Un étrange petit animal tout jaune (...) avec (...) une queue en trompette, un vrai panache (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Pierrot, 1882, p. 348).
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Loc. adv. Sans trompette. Déloger sans trompette. S'esquiver sans bruit, comme une armée décampant sans signal. Les petits de l'alouette se poussant, se culbutant, délogent tous sans trompette (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 58).♦ Sans tambour ni trompette. Au fig., fam. Sans bruit, secrètement. Que le bonhomme Anthelme s'en aille ainsi tout seul, sans tambour ni trompette, je trouve ça quand même un peu discret (Bernanos, M. Ouine, 1943, p. 1367).Parfois au plur. Je vous aime sans tambours ni trompettes, lui dit-il, je vous aime en traînant les pieds (L. de Vilmorin, Sainte, 1934, p. 173).Rare, loc. adj. Sans éclat. À travers le silence bruissant, ils écoutaient la paix. Une paix sans gloire et sans carillons, sans tambours ni trompettes, qui ressemblait à la mort (Sartre, Mort ds âme, 1949, p. 47).