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TRANSIR, verbe

TRANSIR, verbe
A. − Empl. trans.
1. [En parlant d'une sensation de froid] Saisir, glacer, faire frissonner. L'image s'élança en lui, retomba comme un jet d'eau, de toutes parts, avec des ondes qui le transissaient (Montherl., Songe, 1922, p. 118).
2. Au fig. ou p. métaph. [En parlant d'un sentiment violent] La gitane effarée, hagarde, sentait l'épouvante transir ses nerfs et gâter son sang (D'Esparbès, Vent du boulet, 1909, p. 111).Le jour tout envahi de pâleurs blanches comme un visage où se peint une expression d'effroi. Lividité uniforme où le regard se perd dans sa mémoire, et semble faite pour transir des sentiments avec des pensées (J. Bousquet, Trad. du sil., 1935, p. 27).
B. − Empl. intrans.
1. Être paralysé de froid. Aussi bien, je commence à transir et à ne plus sentir le bout de mon nez (Gautier, Fracasse, 1863, p. 165).
2. Éprouver une très grande crainte. Il y eut un cri à faire transir, un vrai cri d'assassiné: le hurlement désespéré de l'horreur à la face de la mort (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 244).
REM.
Transissement, subst. masc.a) Sensation de froid intense. (Dict. xixeet xxes.). b) Vive inquiétude qui paralyse (Dict. xixeet xxes.).
Prononc. et Orth.: [tʀ ɑ ̃zi:ʀ], (il) transit [-zi]. Fér. Crit. t. 3 1788, Passy 1914, Rouss.-Lacl. 1927, p. 156 [-s-]. Barbeau-Rodhe 1930 [-s-], [-z-]. Fouché Prononc. 1959, p. 363, Warn. 1987 [-z-], [-s-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1140 transir « mourir » (Geffrei Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 1124); xiiies. transi de vie « mort » (Résurrection du Sauveur, éd. J. Gray Wright, 81 et 126); 1306 transi « mort » (Guillaume Guiart, Royaux Lignages, II, 640 ds T.-L.); b) 1355 transi de froit « mort de froid » (Miracles ND par personnages, XVI, 1466, éd. G. Paris et U. Robert, t. 2, p. 396); 2emoit. du xives. transi de froid « pénétré, engourdi de froid » (Livre chevalier la Tour Landry, éd. A. de Montaiglon, p. 268); ca 1520 transy de froit « pénétré, engourdi de froid » (Philippe de Vigneulles, Gedenkbuch, éd. H. Michelant, 50, reprend comme mort de froit); 2emoit. du xives. transir (qqn) de froit (en parlant d'une eau glacée) « pénétrer, engourdir de froid » (Livre chevalier la Tour Landry, éd. citée, p. 268); 1572 transir de froidure « être saisi de froid » (Amyot, Que les stoïques disent des choses plus estranges que les poètes, 4 ds Hug.); 1628-30 trancir « id. » (A. d'Aubigné, Sa vie (I, p. 13-14), ibid.); 1680 transi « pénétré, engourdi de froid » (Rich.); c) ca 1480 avoir le cueur transsy « avoir le cœur insensible » (Myst. Pacience Job, éd. A. Meiller, 4795); 2. a) ca 1340 transi « qui a perdu conscience, qui est dans un état second » (Guillaume de Machaut, Dit dou Vergier, 149 ds Œuvres, éd. E. Hoepffner, t. 1, p. 18); b) ca 1445 amoureux transi (Confession et Testament de l'amant trespassé du dueil, éd. R. M. Bidler, 889); c) ca 1445 transi « transporté de joie » (ibid., 893); d) 1486 transi « ravi en extase mystique » (Jean Michel, Mystère Passion, éd. O. Jodogne, 10160); 3. 1340-70 transi par (qqc.) « bouleversé (par la douleur) » (Guillaume de Machaut, Poésies lyriques, éd. V. Chichmaref, 149-23); 1357 transi de (qqc.) « bouleversé (par la peur) » (Guillaume de Digulleville, Pélerinage Ame, éd. J. J. Stürzinger, 1912); ca 1480 avoir le cueur transi (Le Mistere du Viel Testament, éd. J. de Rotschild, 39233). Empr. au lat. class.transire « passer, partir, traverser, être transféré » (d'où transe* sens I 1), mais surtout dans un sens propre au lat. chrét., celui de « passer de vie à trépas », att. dès le ves. (v. G. Roques, Anc. et moy. fr. transir, transi, transe ds Trav. Ling. Litt. t. 20, 1, Strasbourg, 1982, pp. 42-44 et Mél. Planche (A.), 1984, pp. 426-428). Fréq. abs. littér.: 15.

TRANSI, -IE, part. passé et adj.

TRANSI, -IE, part. passé et adj.
I. − Part. passé de transir*.
II. − Adjectif
A. − Saisi, engourdi par le froid. Synon. gelé, glacé.Au coin d'une ruelle, elle trouva une jeune femme qui avait sans doute passé la nuit là, tant elle était transie et grelottante (Zola, Contes Ninon, 1864, p. 154).
P. anal. [En parlant d'un inanimé] La pluie ruisselait aux vitres du vieil omnibus qui ramenait à la gare les deux amis, à travers une campagne transie (Mauriac, Trois récits, 1929, p. 127).
B. − Au fig. Pénétré par un sentiment, une émotion paralysants. Transi de peur. Celui qui aime est trop craintif; il ne se peut arracher une parole du ventre, et on le juge sot parce qu'il est transi de désir et de honte (Sand, Maîtres sonneurs, 1853, p. 220).Souvent, je suis transi à la pensée du temps qui va me la dérober (...) Quand je suis auprès de Claire ce tourment me quitte (Chardonne, Claire, 1931, p. 67).
Amoureux, amant transi. Amoureux, amant que ses sentiments rendent timide, paralysent. Ils s'attendrirent l'un sur l'autre. Vint le temps où il tourna autour d'elle, amoureux transi qui ne demandait rien, et elle y trouva du plaisir, et, jour après jour, devint plus curieuse de ce jeune et étrange garçon (Guéhenno, Jean-Jacques, 1948, p. 53).
Prononc.: [tʀ ɑ ̃zi]. Étymol. et Hist. V. transir. Fréq. abs. littér.: 232. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 229, b) 206; xxes.: a) 480, b) 391.

TRANSI, subst. masc.

TRANSI, subst. masc.
SCULPT. Dans la statuaire du Moyen Âge et de la Renaissance, gisant représentant un cadavre nu. L'obsession de la mort pèse sur la fin du Moyen Âge qui multipliera « danses macabres » et scènes infernales. Le décor du tombeau est le meilleur exemple de cette vision réaliste du XVesiècle. Le gisant est devenu le « transi », cadavre en décomposition. Celui de Guillaume Le François, provenant de l'église Saint-Barthélémy de Béthune, est saisissant (A. Courtens ds G. BazinLe Monde de la sculpt. des orig. à nos jours, 1972[cop. 1968], p. 317).
Prononc.: [tʀ ɑ ̃zi]. Étymol. et Hist. 1964 (Lar. encyclop.). Part. passé subst. de transir* (étymol. et hist. sens 1 a). Bbg. Sculpt. 1978, p. 538.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·