2. Au bout de peu de temps, dans un délai rapproché. Anton. tard.a) Littér. [Empl. seul et modifiant un verbe exprimant un procès non duratif] Synon. bientôt.De brusques et courtes flambées d'allumettes, tôt éteintes (Colette, Cl. école, 1900, p. 215).Tout cela n'avait guère duré: il ne s'était pas sauvé loin, s'étant tôt aperçu qu'on ne l'avait pas poursuivi (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 41).
b) [Avec gén. un verbe à un temps du passé] Tôt après. Peu de temps après. Ces boîtes débarquaient (...) Aux quais de la Tamise, Puis elles s'entassaient tôt après chez le Roi (Ponchon, Muse cabaret, 1920, p. 224).
c) [Modifié par un adv. de quantité ou d'intensité assez, bien, moins, plus, si, très, trop, et à une place mobile dans la phrase] Comprendre très tôt qqc.; voir assez tôt qqc. L'herbe croît si vite sur les tombes des célibataires, et la poussière recouvre si tôt leur épitaphe (Amiel, Journal, 1866, p. 231).− Verbe + toujours trop tôt, toujours assez tôt.[Pour exprimer, p. euphém., le souhait que le procès soit le plus tard possible] De sa pénurie il n'avait soufflé mot, pensant que le gargotier la verrait toujours assez tôt (Montherl., Célibataires, 1934, p. 884).
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[Dans une compar.] Plus tôt (que). Avant (que). Semée en novembre et récoltée en mars ou avril, elle [l'orge] mûrit plus tôt que le blé (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 134).♦ Fam. [Pour faire presser son interlocuteur] Et plus tôt que cela, plus tôt que ça! Synon. sans tarder*, et plus vite* que ça!Pour le camp, quitte vite et plus tôt que cela Nos honnêtes Ardennes (Verlaine,
Œuvres compl., t. 3, Invect., 1896, p. 329).
♦ Avant le moment où l'on parle ou dont on parle. En avoir plus tôt fini; un peu, beaucoup plus tôt. À la bonne heure! Il fallait donc le dire plus tôt: c'est si facile! (Banville, Gringoire, 1866, 8, p. 51).Faire ce que vous me reprochez de n'avoir pas fait plus tôt (Theuriet, Mariage Gérard, 1875, p. 182).
♦ Plus tôt... plus tôt. Plus vite... plus vite... Je pense aussi que j'ai très faim et que plus tôt vous consentirez, plus tôt nous souperons (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p. 169).
♦ Plus tôt... mieux. Plus vite... mieux. Comment êtes-vous soignés? − Plus tôt on descendra, mieux ça sera (Malraux, Espoir, 1937, p. 825).
− Rare. [Dans un sens spatial] Trop tôt. Avant la limite souhaitée. Pas assez de décolletage; les corsages s'arrêtent trop tôt, là où ça devient blanc, ferme et rebondi (Colette, Cl. école, 1900, p. 309).
3. Expr. et loc. − Au plus tôt. Le plus rapidement possible, sans délai. Faire qqc., rendre un travail au plus tôt; partir au plus tôt. Un tel scandale doit, au plus tôt, prendre fin (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p. 205).Elle eut envie (...) de se déshabiller, sans rien dire, devant cet homme, pour que cela fût, au plus tôt, achevé (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 215).
− Le plus tôt possible, le plus tôt que vous pourrez, le plus tôt sera le mieux. Dans les meilleurs délais, au plus vite. Nous sommes ruinés. Renvoie ton monde le plus tôt possible (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 393).
− Plus tôt que plus tard. De préférence en avance qu'en retard, au plus vite. Le soldat français (...) ne reçoit point de coups de bâton (...) pour peu que cela gagne, adieu la schlague chez nous, personne n'en voudra. Il y faut remédier plus tôt que plus tard (Courier, Pamphlets pol., Livret de Paul-Louis Vigneron, 1823, p. 175).Loc. proverbiale. Mieux vaut plus tôt que plus tard. Il faut agir sans délai. Elle se dit enfin: « Il faut y aller, pourtant. Mieux vaut plus tôt que plus tard » (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Parapluie, 1884, p. 448).
− Pas de si tôt (pas de sitôt ds l'Ac.). Pas pour le moment et peut-être jamais. V. sitôt.On n'a jamais réussi à arrêter le malheur, on n'y réussira pas de si tôt, en tout cas pas de notre vivant (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 205).
− Si tôt dit, si tôt fait. [Var. de sitôt dit, sitôt fait]Cristi, ce n'est pas le moment de s'endormir; agissons. « Si tôt dit, si tôt fait! (...) » (Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 244).
− Avoir tôt fait de + inf.Ne pas mettre longtemps à. Synon. usuel avoir vite* fait de.Je la cherchai. J'eus tôt fait de la retrouver (Bourget, Disciple, 1889, p. 176).L'opinion a tôt fait de loger dans le même sac une femme qu'on courtise et une femme qui a succombé (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p. 174).
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N'avoir... pas plus tôt... que (littér.). [Avec un temps du passé et annonçant la succession immédiate de deux faits] À peine... que. N'avoir pas plus tôt fait (telle chose) que. Une épidémie de fièvre typhoïde s'était déclarée sur une de nos fermes, et maman ne l'avait pas plus tôt appris, qu'elle était partie pour soigner les malades (Gide, Si le grain, 1924, p. 463).Rem. L'Ac. a adopté définitivement cette graph. en 1935, elle écrivait auparavant ne... pas plutôt... que.
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Fam. [Pour marquer l'impatience du locuteur ou son agacement face à une chose trop longtemps attendue] Ce n'est/c'est pas trop tôt! Ah! ce n'est pas trop tôt!... Qu'est-ce que vous faisiez donc? (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 116).Et quand il fut bien sûr d'être arrivé, il déclara, terrible: − C'est pas trop tôt: j'allais gueuler! (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 85).♦ Le plus tôt sera le mieux*.