1. a) [En parlant d'une pers.] Qui est obstinément attaché à ses opinions, à ses décisions; qui est insensible aux raisons, aux arguments qu'on lui oppose. Synon. buté, entêté, obstiné, tenace.C'est un des plus beaux nègres que j'aie vendus (...); mais, par exemple, il est si têtu, si têtu, qu'après l'avoir roué de coups pour l'engager à se servir de ses jambes, le roi Taroo a été réduit à le faire apporter ici comme un jeune taureau récalcitrant (Sue, Atar-Gull, 1831, p. 7).Je sentais en lui un pétrisseur inconscient de l'âme de la terre, un de ces hommes frustes, naïfs, têtus, unilatéraux dont dépendent les modulations de l'humanité (Arnoux, Juif Errant, 1931, p. 236).− Empl. subst. Le vrai Jean Lévesque était tout autre. C'était un silencieux, un têtu, un travailleur surtout (Roy, Bonheur occas., 1945, p. 30).Un enfant montre-t-il quelque disposition à la gourmandise, à l'entêtement, à la vanité, répétez-lui avec insistance qu'il est un gourmand, un têtu ou une coquette, il y a de fortes chances que la seule magie de cette suggestion fixe en lui précisément le défaut que vous voulez (...) éliminer (Mounier, Traité caract., 1946, p. 715).
− Fam. [Suivi d'une compar.] Être têtu comme une mule, un mulet, un âne, une bourrique. Être particulièrement obstiné. L'Auvergnat, qui n'avait rien pris depuis vingt-quatre heures, paraissait buté à son idée. Il se tenait immobile et têtu devant la mort comme un âne devant un pont. Aux arguments les plus serrés, il répondait avec une douceur impassible: − Ch'est pas la peine, mouchu L'Ambert; y a trop de migère en che monde (About, Nez notaire, 1862, p. 162).Je ne fais que ce que je veux faire et ne crois que ce que je veux croire. Je suis têtu comme une mule, avec mes airs de gros mouton (Courteline, Boubouroche, 1893, i, 2, p. 28).
b) P. méton. − [En parlant d'un trait physique, d'un trait de caractère] Qui est le signe d'une obstination excessive; qui est la marque d'un entêtement excessif. Bouche, expression têtue; air têtu; yeux têtus. Devant ce front étroit, têtu, cette grosse figure boucanée, Claude éprouva un découragement profond. Favereau souriait (..), confit dans sa science infuse, ayant réduit l'homme et l'univers à sa mesure (Mauriac, Chair et sang, 1920, p. 242).[Mon père] avait, comme toute son engeance, des opinions mesquines et têtues (Arnoux, Calendr. Fl., 1946, p. 330).
− [En parlant d'un comportement, d'une activité] Où il entre de l'acharnement, de l'obstination. Je ne sais qui disait que la belle poésie doit faire ouvrir de grands yeux. La mort de mon père tient mes yeux grandement ouverts et vagues. Je sais bien que le travail, un travail régulier et têtu, me tirerait de là, mais je n'y tiens pas (Renard, Corresp., 1897, p. 180).
c) [En parlant d'un parfum, d'une odeur] Qui est tenace, qui dure. Elle cachait de son mieux cette main gauche (...), mais ce qu'elle ne parvenait pas à dissimuler, c'était le parfum têtu d'épices qui s'en exhalait (Huysmans, Ste Lydwine, 1901, p. 152).Sur ces eaux pourries dans ces fanges vénéneuses S'épanouissent des fleurs d'un parfum étourdissant et d'une senteur capiteuse et têtue (Cendrars, Du monde entier, Documentaires, 1924, p. 144).
2. [En parlant d'un animal] Qui refuse d'obéir. Le Panard, malgré son grand âge, était un mulet à ce point têtu que le bon curé ne laissait à aucun autre le soin de la conduire [la berline] (Arène, Veine argile, 1896, p. 59).− [Suivi d'une compar.] L'un des chevaux avait vingt ans (...). Il ne voulait pas se laisser commander. Il était têtu comme une bourrique, alors je le battais (Debatisse, Révol. silenc., 1963, p. 116).