2. a) [Corresp. à tendre2B 2 a] Avec affection, amitié, altruisme. Synon. affectueusement, amicalement, bonnement, charitablement, chèrement, cordialement, fraternellement, généreusement, gentiment; anton. cruellement, haineusement, hostilement, inamicalement (rem. s.v. inamical), sèchement.Un homme devenu maniaque (...) repoussoit avec rudesse (...) un enfant qu'il chérissoit tendrement en tout autre temps (Pinel, Alién. ment., 1801, p. 19).Il avait pour moi (...) toute l'amitié dont il était susceptible; quant à moi, je lui étais tendrement attaché (...). J'étais (...) presque toujours seul à le défendre (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 601).V. aimablement ex. 10.
b) [Corresp. à tendre2B 2 b] Avec un amour empreint d'une grande délicatesse de sentiments. Synon. sentimentalement.Couple tendrement uni. Je l'aimais tendrement; dès que je repensais à elle, c'était avec une commotion intérieure, à la fois douce et douloureuse; (...) l'amour (...), avec son suprême charme triste, laissé ensuite comme un parfum à tout ce qu'il a touché (Loti, Rom. enf., 1890, p. 298).M. de Coantré se mit à l'aimer tendrement. Après dix ans de sensualité pure, il découvrait (...) l'ordre de la sensualité mêlée de tendresse. (...) cet autre ordre lui est ce que le paradis est aux limbes (Montherl., Célibataires, 1934, p. 832).
c) P. méton. [Relatif à supra 2 a et 2 b; corresp. à tendre2B 2 c] D'une manière qui exprime l'affection, l'amitié, la générosité, l'amour sentimental. − [À propos d'un aspect du comportement] Baiser, caresser, considérer, presser tendrement; s'appuyer tendrement contre/sur (qqn); serrer tendrement la main de qqn; serrer tendrement qqn dans ses bras. L'un des enfants (...) vint se réfugier (...) dans la robe de sa mère... Celle-ci le prit dans ses bras, le berça avec des paroles gentilles, le câlina, l'embrassa tendrement (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 322).Elle le regardait tendrement de ses yeux violet sombre, pleins de promesses et d'éclat. Il s'éveilla sous la violente douceur de ces regards (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p. 436).V. aimable ex. 31, amour ex. 169.
−
[À propos d'un moyen d'expr. verbale] J'ai besoin de consolation. Vous me parlez si doucement, si tendrement, si pieusement, qu'il y a charme et bien à vous entendre, et suspension de peines (E. de Guérin, Lettres, 1839, p. 277).Desmahis la supplia tendrement, et fut si pressant avec tant de douceur, qu'elle n'eut pas le courage de le laisser à la porte (A. France, Dieux ont soif, 1912, p. 315).♦ [Dans une formule épistolaire] Mille baisers à Marie, mille amitiés à François. Je vous embrasse bien tendrement (M. de Guérin, Corresp., 1834, p. 185).À vous, mon bon, et à toute la smalah. Tendrement vôtre (Flaub., Corresp., 1874, p. 215).
− [À propos d'une œuvre artist. ou de son aut.] La plupart des héros de M. Coppée (...) n'ont pas même de beaux haillons (...): mais il nous dévoile, doucement et comme tendrement, la tristesse ou la beauté cachées sous la médiocrité (...). Rien de plus humain que cette poésie (Lemaitre, Contemp., 1885, p. 103).Rarement l'émotion et l'expression de Beethoven ont été d'une grâce aussi fluide, souple, discrète, tendrement féminine. L'esprit semble jouer avec ses réminiscences, il les savoure amoureusement (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 118).
d) P. anal. [Corresp. à tendre2B 2 d] D'une manière qui évoque les sentiments, comportements amicaux ou amoureux entre humains. − [À propos de rapports entre une pers. et un animal ou d'animaux entre eux] La petite chèvre (...) s'était tendrement frottée à ses genoux, couvrant le poète de caresses (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 524).Quand le chat passe, (...) il lui dit, doucement: « Ga gou, ga gou, » doucement, tendrement, avec (...) tendresse (Giono, Colline, 1929, p. 131).
− [À propos de rapports entre une pers. et une chose] Didace (...) qui avait le respect du pain, (...) prit doucement près de lui la miche rebondie (...), tendrement il se découpa un quignon (Guèvremont, Survenant, 1945, p. 11).J'enfermai dans une armoire (...) un costume d'avant-guerre, (...) bien conservé. Je me réjouis de prolonger sa fraîcheur. Tendrement, j'épargnais à mon vêtement l'usure des jours, sans considérer que ma personne y restait exposée (Chardonne, Femmes, 1961, p. 47).[Avec une nuance iron.] Chaises tendrement rabotées par des derrières peu soucieux de voyages (Queneau, Pierrot, 1942, p. 199).
− [À propos de rapports entre choses] Les étamines d'or se pressaient tendrement autour du pistil vert (Theuriet, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 132).Plus tendrement qu'en mai (...), le ciel sourit à la terre avec un ineffable amour (Claudel, Connaiss. Est, 1907, p. 53).