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TEMPÉRER, verbe trans.

TEMPÉRER, verbe trans.
A. − Vieilli, rare. [Le compl. d'obj. désigne une boisson, un fluide] Tempérer qqc.Adoucir, diminuer par le mélange son intensité, sa force. On compose des encres d'un noir pur que l'on tempère légèrement avec du bistre ou de la terre de Sienne (M. Lalanne, Grav. eau-forte, 1866, p. 89).
Tempérer qqc. de.Il s'installe, se verse un grand verre de grenadine qu'il tempère d'un peu d'eau (Queneau, Zazie, 1959, p. 32).
B. − Tempérer qqc.Atténuer l'intensité d'un excès thermique ou climatique; réchauffer, rafraîchir. Une porte battante garnie d'un grand carreau de verre ovale fermait ce couloir du côté de l'escalier afin de tempérer le froid qui s'y engouffrait (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 72).Les avenues et les ruelles de Bologne sont froides quand souffle la bise des Alpes. Rien ne l'arrête ou ne la tempère quand elle traverse les plaines de l'Émilie (Giono, Voy. Ital., 1953, p. 201).
MÉD., vx. Faire baisser la température; rafraîchir. Tempérer une ardeur d'entrailles par des tisanes rafraîchissantes (Ac.). Au fig. Tempérer sa bile. ,,Réprimer sa colère`` (Ac.).
C. − Au fig., littér.
1. Tempérer qqn.Modérer, adoucir les excès de quelqu'un. Anton. exciter, renforcer.La châtelaine des Belles-Eaux constata qu'il lui était impossible de tempérer Fanny Radieuse par une personne de qualité (L. Daudet, Am. songe, 1920, p. 260).
Empl. pronom. réfl. Se calmer, s'adoucir, s'assagir. [Robespierre] eût ménagé la transition lui-même; l'hypocrite se serait tempéré; il aurait parodié jusqu'au bout Octave (Sainte-Beuve, Volupté, t. 1, 1834, p. 107).
[P. méton.] S'atténuer, se modérer. Dès qu'elle est exprimée, poétiquement exprimée, la tristesse se tempère, la lourdeur s'allège (Bachelard, Poét. espace, 1957, p. 183).
2. Tempérer qqc.Modérer le caractère excessif de quelque chose. Je comptais, pour me tirer d'affaire, sur des hasards amis, sur cet heureux désordre qui, régissant les choses humaines, y tempère les rigueurs de la justice (A. France, Vie fleur, 1922, p. 320).
Tempérer qqc. de.Un petit nombre de critiques, parmi lesquels se trouvaient deux des visiteurs habituels de l'atelier, tempéraient de quelques réserves la chaleur de leur compte rendu (Camus, Exil et Roy., 1957, p. 1638).
Empl. pronom. passif. Qqc. se tempère de qqc.Se corriger en se mêlant avec autre chose. Il craignait les pillards et sa libéralité se tempérait de prudence et d'économie. Âpre au butin et à la rentrée des tributs, il ne les dilapidait pas (Arnoux, Rêv. policier amat., 1945, p. 21).
Empl. pronom. réciproque. L'âge d'une civilisation se doit mesurer par le nombre des contradictions qu'elle accumule, par le nombre des coutumes et des croyances incompatibles qui s'y rencontrent et s'y tempèrent l'une l'autre (Valéry, Variété IV, 1938, p. 35).
Prononc. et Orth.: [tɑ ̃peʀe], (il) tempère [-pε:ʀ]. Ac. 1694, 1718: temperer; dep. 1740: tempérer . Conjug. cf. abréger. Étymol. et Hist. 1. a) 1119 part. passé tempered « modéré, retenu, sage » (Philippe de Thaon, Comput, éd. I. Short, 2379); ca 1380 temporeiz « id. » (Jean d'Outremeuse, Ly Myreur des histors, éd. A. Goosse, l. 65, p. 2), attest. isolées; repris au xvies. b) 1538 temps tempéré « où la température est moyenne » (Est.); 1636 zone tamperée (Monet, s.v. zone); c) 1742 mus. système tempéré(Hist. de l'Acad. des sc., p. 117 ds Trév. 1752); 2. a) 1540 temperer vos peines « modérer, atténuer » (Nicolas Herberay des Essars, Amadis de Gaule, éd. H. Vaganay, p. 176); b) 1545 que vostre vin soit d'eau bien temperé « modérer la force du vin en le coupant avec de l'eau » (J. Bouchet, Ep. mor., X ds Gdf. Compl.); 3. verbe pronom. a) 1662 « s'affaiblir, s'adoucir » (Molière, École des femmes, II, 4: la bile se tempère); b) 1690 « se modérer, se calmer » (Fur.). Empr. au lat.temperare « combiner dans de justes proportions », « disposer convenablement les éléments d'un tout », « organiser, régler », « modérer, tempérer, équilibrer, régulariser »; l'a. fr. utilisait surtout en ces sens temprer, v. tremper; cf. aussi le prov. temperat (1250 ds Pansier). Fréq. abs. littér.: 276. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 627, b) 317; xxes.: a) 233, b) 327.

TEMPÉRÉ, -ÉE, part. passé et adj.

TEMPÉRÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. − Part. passé de tempérer*.
II. − Adjectif
A. − Vieilli, littér.
1. [En parlant d'une pers.] Qui se tient dans une juste mesure; qui est modéré. Anton. excité, excessif, extrême.Saint-Évremond est l'homme du monde et l'homme sage, bienséant, tempéré d'humeur, sans tourment, sans lutte, calculant les inconvénients et les avantages (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 317).
Empl. subst. masc. Ce modéré et ce tempéré par excellence, prendre parti, avec une si grande et étonnante vigueur, dans les dissensions de son temps (Valéry, Variété IV, 1938, p. 27).
[P. méton.] Esprit, caractère, sentiment tempéré; élan tempéré; colère, joie tempérée. En Allemagne, les bêtes mêmes ont du caractère tempéré de leurs raisonnables maîtres (Chateaubr., Mém., t. 4, 1848, p. 462).
2. [En parlant d'une qualité, d'une pratique] Dont les excès sont modérés, contenus. La religion n'exige point de sacrifice plus qu'humain. Ses sentimens vrais, ses vertus tempérées sont bien au-dessus des sentimens exaltés et des vertus forcées d'un prétendu héroïsme (Chateaubr., Génie, t. 2, 1803, p. 243).
POL. Monarchie tempérée. Monarchie dont les pouvoirs sont limités par une constitution. Qui dit monarchie tempérée ou limitée, dit une monarchie où un seul n'a pas tous les pouvoirs, où il y en a d'autres que le sien, c'est-à-dire une monarchie qui n'est pas une monarchie. Il faut donc écarter cette dernière expression qui implique contradiction (Destutt de Tr., Comment. sur Espr. des lois, 1807, p. 64).
LITT. Genre, style tempéré. Genre intermédiaire qui se situe entre le simple et le sublime, sans emphase. Le style tempéré seul est classique. Il en est des expressions littéraires comme des couleurs: il faut souvent que le temps les ait amorties, pour qu'elles plaisent universellement (Joubert, Pensées, t. 2, 1824, p. 70).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ils apprirent le secret de tous ses genres. Comment on obtient le majestueux, le tempéré, le naïf, les tournures qui sont nobles, les mots qui sont bas (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 15).
B. − CLIMATOL. Où la température reste contenue dans des limites qui ne sont pas extrêmes; qui se caractérise par sa modération climatique et par une amplitude thermique moyenne. Climat tempéré. Une terre bénie, d'un charme exquis, où tous les climats se retrouvaient, les plaines ardentes, les flancs tempérés des montagnes, les neiges éternelles des hauts sommets (Zola, Argent, 1891, p. 78).
Pays tempéré; latitude, région, terre, zone tempérée. Qui se situe dans les deux hémisphères entre la zone glaciale et la zone torride. Les alternatives de veilles et de sommeil, qui remplissent les intervalles de sa vie, semblent réglées sur les longueurs des nuits des zones tempérées et de l'équateur (Bern. de St-P.Harm. nat., 1814, p. 374).C'était le blé, le maïs, la laine, produits de contrées tempérées; le coton, produit subtropical (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 255).
C. − MUS. Qui a subi l'opération du tempérament; dont les tons et demi-tons sont parfaitement égaux. Gamme tempérée. L'élaboration de l'art musical a consisté à établir des abscisses et des ordonnées permettant de « standardiser » (si j'ose dire) les productions (le terme dernier est la gamme tempérée) dans l'ordre numérique (du temps et du nombre de vibrations) (Bremond, Poés. pure, 1926, p. 102).
Clavecin bien tempéré. Suite de préludes et de fugues écrits par J.-S. Bach selon le procédé du tempérament. J'écris ma vie sur ma machine à écrire avec beaucoup d'application comme Jean-Sébastien Bach composait son Clavecin bien tempéré, fugues et contrepoint (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 183).
REM.
Tempérément, adv.,hapax. D'une manière tempérée. Une fontaine coule au pied des roches (...) une bouteille de reginglard trempe, se glace tempérément (Arnoux, Calendr. Fl., 1946, p. 174).
Prononc. et Orth.: [tɑ ̃peʀe]. Ac. 1694, 1718: temperé; dep. 1740: tempéré. Fréq. abs. littér.: 427. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 941, b) 460; xxes.: a) 417, b) 514. Bbg. Quem. DDL t. 31.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·