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SYNCOPE, subst. fém.

SYNCOPE, subst. fém.
A. − MÉD., PATHOL. ,,Perte de connaissance brutale et complète, généralement brève, avec état de mort apparente, due à la cessation momentanée des fonctions cérébrales par interruption de l'arrivée du sang artériel au cerveau`` (Man.-Man. Méd. 1980). Synon. évanouissement, défaillance.Syncope cardiaque, convulsive, réflexe, respiratoire, vasomotrice; syncope d'effort. Deux ou trois, qui s'avisèrent d'avoir des syncopes ou des vapeurs, Charles d'Este les fit revenir à elles, avec de pleins seaux d'eau lancés par la figure (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 267).Elle vécut dans la paix jusqu'à la fin. Le dimanche matin, elle eut plusieurs syncopes. Elle en sortit péniblement (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 416).
Avoir une syncope, tomber en syncope, être pris de syncope. S'évanouir. Synon. littér. défaillir, se trouver mal (v. mal2I A 2 a), se pâmer, perdre le sens (v. sens1B 1 a), perdre ses esprits (v. esprit 1reSection II B 2), perdre connaissance*; (fam.) tomber dans les pommes (v. pomme A 2), tomber dans les vapes (v. vape rem. s.v. vapeur1).Le jour où Madame votre grand'mère avait eu cette syncope (Proust, Sodome, 1922, p. 778).Près de Berthe, une femme de vingt ans, un bébé sur les bras, défaillit doucement, se laissa aller, prise de syncope à sentir cette chaleur (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 114).
Au fig.
Très vive émotion. Il est difficile d'expliquer pourquoi MlleArletty provoque, dans le public, une espèce de syncope ininterrompue de rire et d'émotion. Sans doute, est-ce le même phénomène qui me remue lorsque MlleMistinguett, en guenilles, loin des perles et des plumes d'autruche, avec un gros chien près d'elle (...) chante ses complaintes d'une voix poignante (Cocteau, Foyer artistes, 1947, p. 132).
Défaillance, cessation de toute activité. Ce qui s'est passé depuis trois mois, la vitalité que la France a montrée après l'effroyable syncope morale du 18 mars, sont des faits très consolants (Renan, Réf. intellect., 1871, p. 119).Le dimanche était jour de trève dans la maison d'Honoré comme sur toute la campagne, une grande syncope des habitudes de la vie quotidienne (Aymé, Jument, 1933, p. 209).
B. − LING., PHONÉT. ,,Métaplasme par suppression (ou absorption) d'un phonème, d'une lettre ou d'une syllabe à l'intérieur d'un mot`` (Mounin 1974). Le passage des formes latines calidus, verecundiam, eremitum aux mots correspondants dans les langues romanes est dû à un phénomène de syncope: chaud (ital. caldo), vergogne, ermite (Ling.1972).
C. − MUS. ,,Effet de rupture qui se produit dans le discours musical lorsque la régularité de l'accentuation se trouve brisée par le déplacement de l'accent rythmique attendu`` (Mus. 1976). Synon. contretemps.Syncope régulière, irrégulière. Les syncopes qui entraînent lourdement la basse vers les tons graves symbolisent le supplice d'être suspendu, dans une sorte de repos, accablant et torturant (Pirro, J.-S. Bach, 1919, p. 211).D'abord, est évoqué, à la basse, pp. le motif principal, avec les syncopes haletantes à la partie supérieure; la première phrase s'assombrit, en se transposant de mi majeur en ut majeur (38-39) (Rolland, Beethoven, t. 1, 1937, p. 117).
P. anal. ,,Procédé rythmique consistant à introduire, dans un vers constitué par ailleurs de cellules métriques pleines (...), une cellule féminine, ce qui par conséquent, déplace l'accent, lequel tombe une syllabe plus tôt que d'habitude`` (Morier 1961).
Prononc. et Orth.: [sε ̃kɔp]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1314 sincope méd. (Henri de Mondeville, Chirurgie, 1433 ds T.-L.); xives. syncope (Moamin, II, 46, 18, ibid.); 2. fin du xives. « suppression d'une lettre ou d'une syllabe à l'intérieur d'un mot » (Roques t. 2, 11381); 3. 1631 mus. (P. Trichet, Lettre à Mersenne ds P. Mersenne, Corresp., éd. P. Tannery et C. De Waard, t. 3, 1946, p. 157). Empr. au b. lat. méd.syncopa, syncope, att. aux sens 1 et 2, gr. σ υ γ κ ο π η ́ « id. », dér. de σ υ γ κ ο ́ π τ ω « briser, détruire de fond en comble; raccourcir par syncope », au passif « être frappé de syncope », de σ υ ν- (v. syn-) et de κ ο ́ π τ ω « frapper à coups répétés; couper ». Fréq. abs. littér.: 142.
DÉR.
Syncopal, -ale, -aux, adj.,méd. a) Qui est relatif à la syncope. Respiration syncopale. Une utilisation judicieuse de ces armes précieuses et très efficaces permet le plus souvent d'éviter certains accidents: allergies cutanées, fatigue et crampes musculaires, tendances syncopales (R. Schwartz, Nouv. remèdes et mal. act., 1965, p. 34).b) Qui s'accompagne d'une syncope. Fièvre, grippe syncopale. Aux manifestations rhumatismales s'associe un cartonnage œdémateux de certains territoires et surtout si l'on constate des troubles vasomoteurs, syncopaux ou asphyxiques (Ravault, Vignon, Rhumatol., 1956, p. 560).− [sε ̃kɔpal], plur. masc. [-o]. − 1resattest. a) 1495 « qui cause des syncopes » (B. de Gordon, Pratique, V, 4 ds Gdf.), b) 1788 méd. « qui se rapporte à la syncope » (Fér. Crit., avec citat. d'aut.), 1916 respiration syncopale (Garn.-Del., 6eéd. ds Quem. DDL t. 21), 1933 cœur syncopal (Lar. 20e); de syncope, suff. -al*.

SYNCOPER, verbe trans.

SYNCOPER, verbe trans.
A. − LING., PHONÉT., vieilli. Abréger (un mot) en lui enlevant une lettre, un phonème, une syllabe. Nos poètes, pour obéir au méchanisme du vers, dérogent à la règle générale de la formation des temps (...) [et] écrivent en syncopant, j'avoûrai, nous joûrons (...) [etc.], au lieu de j'avouerai, nous jouerons (Gramm.t. 61789).On le syncope [ce mot français] avec la terminaison mare; par là il s'argotise (...) j'ignore le nom d'un perruquier (...) je dirai: perruquemare (Moreau-Christophe, « Argot », Dict. convers., 1833, p. 60).
B. − MUSIQUE
1. Lier une note à une autre en formant une syncope. Que veut avant tout Beethoven! Que l'on joue legato (...) c'est (...) pour cette raison qu'il a syncopé, lié les deux ut croche et double croche de la 2emesure (Mathis-Lussy, Rythme mus., 1911, p. 13).
2. P. méton. Donner un rythme syncopé. Syncoper une harmonie, un rythme. Comme il n'a qu'infiniment d'esprit et point de passion, dès que l'expression de la passion n'est pas piquante, amusante, singulière, dès que surtout elle n'est que vraie et simple, Rossini a peur d'ennuyer et se hâte de syncoper sa musique (Stendhal, Corresp., t. 2, 1825, p. 380).Il n'est pas le seul qui sache syncoper une valse (Berlioz, Souv. voy., 1869, p. 43).
Prononc. et Orth.: [sε ̃kɔpe], (il) syncope [sε ̃kɔp]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1300 sincoper « couper, extirper » (Roman du lis, éd. F. C. Ostrander, 2297); b) 1385 syncoper les paroles de qqn « couper, écourter les propos de quelqu'un afin d'en altérer le sens » (Arrêts du parlem. de Paris, VII ds Gdf. Compl.); c) déb. du xvies. « interrompre, couper, arrêter » (J. d'Auton, Chronique, 1, 44 d'apr. FEW t. 12, p. 495a): 2. a) 1362-65 intrans. « tomber en syncope » (Martin de Saint-Gilles, Amphorismes Ypocras, éd. G. Lafeuille, II, 41); b) 1872 « surprendre vivement » (Littré); 3. gramm. a) déb. du xves. sincoper (un mot) (Donait françois, 56 ds Städtler Gramm., p. 282); 1798 mot syncopé (Ac.); b) 1559 « retrancher (un phonème ou une syllabe) à l'intérieur d'un mot » (Amyot, trad. des Éthiopiques d'Héliodore, 1. II, 21 rods Hug.); c) 1904 vers syncopé (Nouv. Lar. ill.); 4. mus. a) 1690 trans. « unir (une note à la suivante) par syncope » (Fur.); 1690 note syncopée (ibid.); 1933 syncopé « fortement accentué, au rythme marqué » (Guiraud, Busser, Instrument., p. 254); b) 1737 intrans. « former une syncope » (Rameau, Mus. théor., p. 79). Dér. de syncope*; dés. -er.

SYNCOPÉ, -ÉE, part. passé et adj.

SYNCOPÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. − Part. passé de syncoper*.
II. − Adjectif
A. − LING., PHONÉT.
1. Vieilli. Qui a été réduit d'une lettre ou d'une syllabe, auquel on a retranché un ou des mots. Mot syncopé (Ac. 1835-1935). Si l'on recherchait bien l'étimologie de ces expressions, je suis persuadé qu'on trouverait que toutes sont, ou les signes naturels et involontaires, qui résultent nécessairement de notre organisation, ou des dérivés très-prochains de ces signes, ou des expressions abrégées et syncopées, c'est-à-dire de véritables phrases ellyptiques (Destutt de Tr., Idéol. 2, 1803, p. 76).
2. RHÉT. [Dans la métr. lat. et gr.] Vers syncopé. Vers dans lequel deux demi-pieds sont remplacés par une longue. (Dict. xxes.).
B. − MUSIQUE
1. [En parlant d'une note ou d'un accord] Qui forme une syncope. Nous avons déjà fait remarquer (...) que les maîtres de la Renaissance n'hésitent pas à écrire une syllabe faible sous une note syncopée formant retard (Potiron, Mus. église, 1945, p. 47).
2. P. ext. [En parlant d'un style de mus.] Au rythme fortement marqué. Il y avait un phono automatique dans un coin de la salle et Florentine demandait sans cesse à Emmanuel de faire jouer le même air de jazz trépidant et syncopé (Roy, Bonheur occas., 1945, p. 397).
3. P. anal. Dont le rythme est précipité, haletant. À mesure qu'Isabelle avançait, elle entendait grandir une immense plainte, aiguë, syncopée, qui montait vers le ciel gris, faite de centaines de cris différents, de hurlements de loups, d'imprécations, de gémissements de bêtes écrasées, de sifflets de locomotives (Druon, Gdes fam., t. 2, 1948, p. 242).
Prononc. et Orth.: [sε ̃kɔpe]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. V. syncoper. Fréq. abs. littér.: 15. Bbg. Quem. DDL t. 4.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·