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SURPRENDRE, verbe trans.

SURPRENDRE, verbe trans.
A. − Qqn1/qqc.1surprend qqn2/qqc.2
1. Qqn1surprend qqn2
a) Découvrir, trouver quelqu'un dans une situation où quelqu'un eût préféré n'être pas vu. Surprendre qqn en train de, en compagnie de.
α) [La découverte résulte d'une recherche] L'expérience, en philosophie, n'est autre chose que l'art de surprendre la nature sur le fait (Proudhon, Pornocratie, 1865, p. 28).
Parfois, on renverse les mariés du lit (...) s'il y a gloire pour les jeunes gens à découvrir leur gîte, et surtout à les surprendre le matin au lit, ceux-ci sont humiliés de n'avoir pas su dissimuler leur fuite (Menon, Lecotté, Vill. Fr., 2, 1954, p. 43).
Empl. pronom. réfl. Se surprendre + part. prés., se surprendre dans + subst.Constater soi-même que l'on est en train de faire ce qu'on ne pensait ou ne voulait pas faire. Brusquement je me suis surpris pensant à autre chose (Gide, Caves, 1914, p. 818).Vingt fois, cent fois, je répétai leur liste [des péchés capitaux]; parfois au hasard, soudain, dans l'espoir de me surprendre moi-même dans je ne sais quel flagrant délit avec le péché absent (Giraudoux, Suzanne, 1921, p. 128).
β) [La découverte est plutôt fortuite] Mon frère, revenant avant le soleil d'assister un malade dans la campagne, surprit un jour ma mère en flagrant délit de la pire perversité (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 213):
1. À douze ans (...), il s'était trouvé parmi le peuple des vagabonds. − Ç'aurait pu être le sort de mon enfant. − Bossu, il l'était devenu tout jeune pour avoir été éreinté à coups de bâton par un traiteur d'Issoire qui l'avait surpris dans sa cave. Pourrat, Gaspard, 1931, p. 218.
b) En partic.
α) [Pour dresser procès-verbal, arrêter, faire prisonnier] Surprendre en flagrant délit; surprendre sur le fait. Quand nous maraudons dans un bois, s'il entend le propriétaire, il me l'annonce par la voix; et pour ne point donner l'alarme lorsqu'il évente un fin gibier, il est prudent comme un gendarme qui veut surprendre un braconnier (Murger, Nuits hiver, 1861, p. 77).La nuit, à la lueur des torches, il battait les rues pour surprendre les déserteurs et les traîtres (Grousset, Croisades, 1939, p. 38).
β) Dans le domaine de la guerre.S'emparer de quelqu'un/quelque chose, le mettre hors de combat par une action soudaine, une attaque imprévue. Les autres conjurés, l'archevêque en tête, au nombre de trente avaient surpris l'hôtel de ville pour prendre possession du gouvernement (Taine, Philos. art, t. 1, 1865, p. 175).Le capitaine Hoenisch a constaté et rendu compte au général Wnück qu'il lui paraît facile de surprendre la batterie ennemie qui se trouve sur la hauteur du nord de Wysokow (Foch, Princ. guerre, 1911, p. 212).
γ) Dans le domaine de la chasse.Se mettre en état d'attraper ou de tirer un gibier à l'improviste. Surprendre un animal. Son petit cœur battait puissamment de joie en évoquant, pour un proche avenir, les embuscades de feuilles où surprendre les merles (Pergaud, De Goupil, 1910, p. 105).La chasse à l'approche adoptée par beaucoup de chasseurs, est peut-être encore trop méconnue. Son nom seul suffit à la définir; il s'agit par ruses et par artifices d'approcher et de surprendre les animaux (Vidron, Chasse, 1945, p. 84).
[P. méton. du suj.] [Un barde] parcourt les forêts, et son arc ennemi surprend quelquefois le chevreuil endormi (Baour-Lormian, Ossian, 1827, p. 202).
δ) Vx. Abuser, tromper par des manœuvres soudaines, insidieuses. Synon. circonvenir.Défiez-vous de cet homme, il ne cherche qu'à vous surprendre (Ac.1835, 1878).
c) Aller chez quelqu'un, lui rendre visite à l'improviste. Un dimanche, celle-ci [MlleStangerson], outrée de l'attitude de mon ami, résolut d'aller le surprendre avec moi dans sa retraite du quartier latin (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 11).Pourtant les affiches de l'Eldorado portent, ce soir, le nom d'une ex-camarade de music-hall; j'aurais voulu lui dire bonjour dans sa loge, la surprendre (Colette, Entrave, 1913, p. 9).
[P. méton. du suj., à propos de la visite elle-même, d'une lettre] Monsieur et bien cher confrère, votre aimable lettre est venue me surprendre doucement dans un moment de bonheur (Hugo, Corresp., 1822, p. 359).
2. Qqc.1/qqn1surprend qqn2(par qqc.3causé par qqc./qqn).Causer de l'étonnement à quelqu'un (par un comportement, une attitude).
a) [Le suj. est qqn1] Il était là, il ne s'en irait plus, elle l'aurait tout entier pour elle. Gênée d'abord et rougissante, elle avait fait allusion au bouquet mystérieusement apporté. En voilà une façon de surprendre son monde. Et s'il s'était cassé le cou! (Moselly, Terres lorr., 1907, p. 162).Transplanté à Limoges en 1960, il nous surprendra certainement un jour par des travaux en porcelaine (G. Fontaine, Céram. fr., 1965, p. 149).
En partic. [Le compl. d'obj. dir. désigne une partie du corps] [Heide] surprit l'œil tout à coup par le miracle de sa verticalité (Gracq, Argol, 1938, p. 88).
b) [Le suj. est qqc.1] . La réalité du passé est toujours plus riche, plus nuancée, plus complexe qu'aucune des idées que nous pouvons élaborer pour l'étreindre; elle est ce concret, ce singulier qui toujours nous déroute, nous déconcerte, nous surprend par quelque chose d'inattendu, de nouveau, de radicalement autre (Marrou, Connaiss. hist., 1954, p. 167).
c) Empl. abs. [Le suj. est qqc.3] Causer de l'étonnement. Synon. frapper, étonner.Chez le chien, on note de la tristesse, de l'inquiétude. Il obéit moins bien à la voix de son maître. Ces symptômes [de la rage] assez vagues surprennent malgré tout (Garcin, Guide vétér., 1944, p. 211).Saccheri et Lambert découvrent en fait les principes des géométries non euclidiennes, ils rejettent pourtant les conséquences de leurs découvertes (...) par des raisonnements grossièrement faux qui surprennent de leur part (Gds cour. pensée math., 1948, p. 383).
3. Qqc.1surprend qqn2
a) [Le suj. désigne une manifestation physiol. chez qqn2] Affecter soudainement. Synon. frapper.Un spasme, un vertige le surprend. Le sommeil me surprit dans cet heureux délire... (Desb.-Valm., Élégies, 1833, p. 73).En partic. [Le suj. désigne la mort] Arrivons au Métier d'historien de Marc Bloch, ouvrage posthume et incomplet (sans doute assez éloigné de celui qu'eût fait paraître son auteur, si la mort ne l'avait tragiquement surpris) (Traité sociol., 1967, p. 85).
b) [Le suj. désigne un phénomène, un événement se produisant dans l'environnement de qqn2]
α) Prendre au dépourvu; se produire à l'improviste, sans qu'on s'y attende. La fermeture automatique [du métro] me surprend et coince un pan de ma pèlerine (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 206).Léo Lagrange (...) accomplit ses études au lycée Henri-IV à Paris. Pendant son année d'hypokâgne, il est l'élève d'Alain, comme Jean Prévost son ami. La guerre de 1914 le surprend au lycée (Cacéres, Hist. éduc. pop., 1964, p. 91).P. métaph. Montée de la sève (...). Les arbres surpris tout nus par la lumière. La joie végétale (Mauriac, Écrits intimes, Journal d'un homme de trente ans, 1948, p. 132).
β) [Qqc.1désigne un phénomène naturel, un fait; le compl. désigne un organe de la perception] Affecter subitement. Synon. frapper.Étendue et détendue entre les bras du bouvier, soudain des sons de trompe, des rumeurs, des bruits de pas, surprirent ses oreilles (A. France, Ile ping., 1908, p. 103).− Émouvoir subitement en produisant une sensation nouvelle, une perception étonnante. Il en est [des serpents] dont la peau, comme dans les féeries, Surprend l'œil ébloui par de tels chatoîments Qu'on dirait (...) Des rubans d'acier bleu lamés de pierreries (Rollinat, Névroses, 1883, p. 195).Le timbre d'un objet choqué a pu surprendre, séduire, obséder l'oreille (Schaeffner, Orig. instrum. mus., 1936, p. 97).
4. ART CULIN., vx. Qqc.1surprend qqc.2Brûler un mets en surface sans le cuire en profondeur. Synon. saisir.Le feu a surpris cette viande, cette pâtisserie (Littré).
B. − Qqn1surprend qqc.2(à, sur, chez, qqn3, à l'insu de qqn3)
1. [Qqc.2désigne des actions, des gestes faisant découvrir leur aut.]
a) Être le témoin involontaire de; remarquer inopinément. Surprendre un clin d'œil, un sourire d'intelligence; surprendre une larme dans les yeux de qqn. On se pousse pour mieux voir; on essaye de distinguer les visages derrière les vitres levées des portières, de surprendre les mots, le geste, la physionomie des nouveaux venus qui entrent dans le château par la porte tendue de noir, et derrière laquelle remuent des ombres vagues (R. Bazin, Blé, 1907, p. 350).[Cécile] dit, surprenant au vol un regard de son mari:Par amitié pour moi, Richard, marquez un peu d'indulgence à ma pauvre Félicienne (Duhamel, Cécile, 1938, p. 139).
[Qqn3est exprimé par un pron. pers.] Qqn1lui/leur surprend qqc.2L'esprit de la colline remplissait cette pauvre cuisine. À cette minute, ces religieuses, autour de cette table, apparaissaient bien autres qu'on ne les vit jamais au dehors. Elles avaient des figures que, seuls, les Baillard leur surprirent jamais (Barrès, Colline insp., 1913, p. 145).
[P. méton. de qqc.2] Qqn1surprend (un avatar de qqn2) en qqn3.Dans un pays de tradition catholique aussi ancienne, le facteur religieux ne peut pas ne pas jouer un très grand rôle dans les débats politiques, et l'on surprend presque en chaque citoyen un métaphysicien, voire un théologien qui se réveille en période électorale (Philos., Relig., 1957, p. 46-13).
Empl. pronom. réfl. indir. C'est cette félicité qui fait toute ma joie, ma seule joie, et quand je me surprends l'audace d'y croire, je suis le plus heureux des êtres (Hugo, Lettres fiancée, 1822, p. 180).
b) Déceler, deviner. Surprendre un émoi, un trouble dissimulé, un sourire ironique sur le visage de qqn, la crainte sur sa physionomie. J'ai surpris un double jeu: MmePaulin m'observait à la dérobée... Elle continue d'ailleurs et, de plus, elle s'empresse à de cordiales complaisances (Frapié, Maternelle, 1904, p. 208).Costals n'avait jamais surpris de friponnerie chez son fils. Mais la disparition des quinze francs lui parut suspecte (Montherl., Démon bien, 1937, p. 1354).
[Le compl. circ. désigne une partie du corps de qqn2] Quel enseignement si (...) nous réussissions à surprendre sur les lèvres des humbles leur véritable prière! (M. Bloch, Apol. pour hist., 1944, p. 84).
Synon. de saisir, appréhender.Un salon parisien, il faut user la soie de ses fauteuils pour en surprendre l'âme, et confesser à fond son palissandre ou son bois doré (E. de Goncourt, Zemganno, 1879, p. 11).Les efforts des psychologues pour surprendre l'invention à sa source, par exemple pour surprendre la naissance de l'hypothèse, ont échoué (Ruyer, Cybern., 1954, p. 151).
2.
a) [Qqc.2désigne aussi bien un secret, une confidence qu'on ne voulait pas dévoiler, qu'une corresp. interceptée] Obtenir à l'improviste par des voies indues, par des procédés frauduleux; dérober. Surprendre le consentement (de qqn), sa signature, ses faveurs. Surprendre des confidences, c'est se rendre coupable d'espionnage (Jouy, Hermite, t. 5, 1814, p. 294):
2. Un beau soir, la belle s'étant retirée un instant dans sa cabine, pour écrire à son amoureux, un jeune comédien de talent, Edwards accourut la rejoindre, surprit la lettre révélatrice, empoigna la pauvrette qui se sauvait, sous une avalanche de torgnoles, et la jeta tout bonnement à l'eau, où elle se noya. L. Daudet, Brév. journ., 1936, p. 28.
Surprendre qqc.2à qqn3.L'assassinat du roi de Portugal, arrivé l'année suivante, servit de prétexte à la haine du ministre Carvalho, qui surprit à son prince un ordre d'expulsion des Jésuites (Balzac, Œuvres div., t. 1, 1824, p. 39).Les rires d'Hortense étaient en ce moment causés par un triomphe remporté sur l'obstination de la cousine Bette, elle venait de lui surprendre un aveu demandé depuis trois ans (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 34).
b) Au fig. [Corresp. à supra A 1; qqc.2corresp. à une méton. du compl. d'obj. qqn2] Gagner artificieusement. Surprendre le cœur, la confiance, la crédulité, l'estime, la bonne foi de qqn. C'était quelque rendez-vous sous les tilleuls (...) les furtives étreintes et les baisers surpris, enfin tous les naïfs à-compte de la passion qui ne dépasse point les bornes de sa modestie (Balzac, Enf. maudit, 1831, p. 346).C'est dans ces tueries non surveillées que sont abattus, souvent d'urgence, des animaux malades (...) et la toilette du cadavre est faite avec grand soin pour tromper l'inspection des grandes villes et surprendre la bonne foi des acheteurs (Macaigne, Précis hyg., 1911, p. 226).
Prononc. et Orth.: [syʀpʀ ɑ ̃:dʀ ̥], (il) surprend [-pʀ ɑ ̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Le compl. désigne une pers. 1. 1130-40 « troubler l'esprit, tromper insidieusement » (Wace, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 1679: deables nos a sorpris E noz cuers en tenebres mis); 1549 (Est., s.v.: chose par laquelle on surprend ou deçoit on aucun); 2. ca 1160 « prendre, saisir, s'emparer de » en parlant d'une passion, d'un mal (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 1258); 1176-81 (Chrétien de Troyes, Chevalier au lion, éd. M. Roques, 2700; Ne fu tant de panser sorpris con de celui); 1176 (Id., Cligès, éd. A. Micha, 3001: vostre malage Me dites [...] Einçois que il plus vos sorpraingne); ca 1180 part. passé adj. (Prov. au vilain, 86 b ds T.-L.: ome [...] Sourpris de povreté); 3. « arriver, survenir inopinément [auprès de quelqu'un] » a) ca 1160 par une attaque armée imprévue (Eneas, 5048); ca 1208 (Geoffroi de Villehardouin, Constantinople, éd. E. Faral,405); b) 1176-81 « se présenter auprès de quelqu'un à l'improviste, le prendre au dépourvu » (Chrétien de Troyes, Chevalier au lion, 2319); c) ca 1240 en parlant d'un phénomène naturel [la nuit] (Estoire Seint Aedward le Rei, éd. K. Y. Wallace, 3496); 4. a) « prendre sur le fait celui qui commet une action que l'on souhaite ne pas lui voir faire, que l'on réprouve » (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 4644: se fust ocise [Enide] se cil ne l'eüssent sorprise Qui li ont l'espee tolue); 1225-30 (Guillaume de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 2815: fu li cuvers [Dangiers] D'erbe et de fueilles tot covers, Por ceus espier et sorprendre Q'il voit ou roses la main tendre); 1549 surprins en adultere (Est.); 1580 surpris en larecin (Montaigne, Essais, II, 32, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 723); b) 1688 réfl. « se prendre soi-même sur le fait, prendre conscience que l'on fait ce que l'on souhaiterait ne pas faire » (La Bruyère, Caractères, De la Cour, VIII, 66 ds Œuvres, éd. J. Benda, 1951, p. 237: les petitesses où je me surprends); 5. « frapper l'esprit, étonner » [1558 surprinse d'estonnement (Marguerite de Navarre, Heptameron, 56, éd. M. François, p. 350)] 1561 trans. (Corneille, Nicomède, II, 3); 1652-53 (?) empl. abs. ([Pascal?] Passions de l'amour ds Œuvres, éd. L. Lafuma, Paris, Seuil, 1963, p. 289); a) 1660 part. prés. adj. incidents surprenants (Corneille, Rodogune, Examen); 1690 avec valeur laudative (Fur.: ce bâtiment est surprenant par sa magnificence); b) part. passé adj. 1680 (Rich.). II. Le compl. désigne une chose. A. 1. 1538 « prendre à l'improviste et indû-ment » (Est., s.v. intercipio : intercipere litteras. Prendre sur le chemin ... Surprendre); 2. 1663 « être involontairement le témoin de quelque chose; découvrir par hasard un geste qui échappe » (Corneille, Sophonisbe, II, 1: à cette infidèle imputant sa misère, J'ai cru surprendre un mot de haine ou de colère); 3. 1669 « obtenir par des moyens détournés la révélation de ce qui était tenu caché » (Racine, Britannicus, I, 1: Surprenons, s'il se peut, les secrets de son âme); 4. 1669 « obtenir artificieusement, par tromperie » (Id., op. cit., III, 4: Un autre de César a surpris la tendresse). B. 1798 cuis. « (en parlant d'un feu trop ardent) brûler une viande pendant sa cuisson » (Ac.). Dér. de prendre*; préf. sur-*; cf. le dér. a. fr., de sens voisin, sosprendre 1130-40 « troubler l'esprit de quelqu'un » Wace, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 348 [ms. A]; ca 1140 « prendre à l'improviste, au dépourvu » (Geoffroi Gaimar, Estoire des Engleis, éd. A. Bell, 5520); préf. sos-, sous*. Fréq. abs. littér.: 3 205. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3 887, b) 3 889; xxes.: a) 4 968, b) 5 241.

SURPRIS, -ISE, part. passé et adj.

SURPRIS, -ISE, part. passé et adj.
I. − Part. passé de surprendre*.
II. − Adjectif
A. − [En parlant d'une pers.] Étonné. Il a été tout surpris de voir que l'on connaissait déjà la nouvelle (Ac.1935).
[P. méton.] Avoir l'air surpris; avec des regards surpris; d'une voix surprise. Une de ces grandes blondes au teint un peu rouge, avec des yeux surpris, d'un vert limpide (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 253).
Empl. subst. La personne surprise. Faire le surpris. Feindre l'étonnement. Il semble bon enfant, humain surtout. Ces grimaces de poëte angélique lui réussissent, comme réussiront toujours celles de la femme qui fait bien l'ingénue, la surprise, la jeune, la victime, l'ange blessé (Balzac, Modeste Mignon, 1844, p. 57).
B. − [En parlant d'un inanimé] Découvert. Paupières qui battent, bouche tendue, tout n'est qu'aveu. L'âme est dessous ce masque, l'âme et l'amour sont ce masque même. Solitude transparente, secret surpris, viol, étreinte dérobée (Martin du G., Thib., Sorell., 1928, p. 1179).
Prononc. et Orth.: [syʀpʀi], fém. [-i:z]. Att. ds Ac. dep. 1718. Fréq. abs. littér.: 6 796. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 8 267, b) 9 812; xxes.: a) 11 181, b) 9 861.

SURPRISE, subst. fém.

SURPRISE, subst. fém.
I.
A. − Action de prendre quelqu'un; fait d'être pris.
1. [Corresp. à surprendre A 1 et B 1]
a) [À l'improviste, en flagrant délit de]
α) Vieilli. Action de prendre. La Révolution de 1789 fut l'œuvre d'une majorité immense et consciente. De même, et plus certainement encore, ce n'est pas par l'effort ou la surprise d'une minorité audacieuse, c'est par la volonté claire et concordante de l'immense majorité des citoyens, que s'accomplira la Révolution socialiste (Jaurès, Ét. soc., 1901, p. 51).
β) Vieilli. Fait d'être pris. Ce ne sont que potins et cancans concernant les égéries de l'Académie et les démêlés de MmeAubernon avec Dumas, à propos de la surprise par le mari du jeune Deschanel aux pieds de Colette (Goncourt, Journal, 1884, p. 309).
b) Au fig. Fait de gagner artificieusement la confiance de quelqu'un, d'abuser de sa bonne foi. Sixte, qui ne répondait jamais aux critiques, avait voulu répondre à celle-là. Tout en avouant la surprise de sa bonne foi, il avait établi sans peine que ce point de détail n'intéressait pas l'ensemble de sa thèse (Bourget, Disciple, 1889, p. 48).
c) Loc. prép. Par surprise
α) À l'improviste, avec soudaineté. Attaquer par surprise; (imposer) un baiser par surprise:
1. L'enfant se rend bientôt compte que la partie cachée de son corps est relativement imperméable à son expérience sensori-motrice; il découvre en autrui des intentions invisibles qu'il faut deviner à un assombrissement du visage (Baldwin), des propriétés qui jaillissent par surprise d'objets apparemment connus... Mounier, Traité caract., 1946, p. 75.
β) En cachette, en catimini. Il est apparu que la révolution technique apportait elle-même de nouveaux ferments de déséquilibre et de discorde entre les nations et les hommes; par exemple (...) en fournissant aux gouvernements les moyens pratiques d'édifier en quelques années, et presque par surprise, d'énormes puissances d'agression (Fourastié, Gd espoir du XXes., 1969, p. 340).
2. [Corresp. à surprendre A 1 b β; notamment dans le domaine milit.]
a) Fait de prendre, de s'emparer de l'adversaire par une attaque (armée); l'attaque elle-même. La guerre, qui s'exerce sur les champs de bataille, au milieu de l'imprévu, du danger; qui exploite la surprise et toutes les propriétés de la force, la violence, la brutalité, pour créer la terreur (Foch, Princ. guerre, 1911, p. 1).À cette heure favorable aux surprises et aux coups de mains, je pris trois ânes que je chargeai d'outres où j'avais mêlé un extrait soporifique de pavot (Arnoux, Rêv. policier amat., 1945, p. 87).
b) En partic.
α) [À propos de l'introduction dans la bataille, sans mise en garde préalable de toute une armée ou d'une troupe seulement] La surprise tactique, c'est l'atteinte portée à la sûreté tactique, la perte de la liberté d'agir (Foch, Princ. guerre, 1911, p. 131).Voilà bien une surprise stratégique au sens le plus complet du mot (...) impossibilité pour la IIearmée de se rassembler (...) ce qui devait aboutir pour elle à un désastre (Foch, Princ. guerre, 1911, p. 233).
β) P. anal. [Dans le domaine sportif, comme tactique de jeu pour désarçonner l'adversaire] Le Sigognac est enfermé dans sa garde comme dans une tour d'airain. J'ai employé contre lui toutes les ressources de l'escrime: feintes, surprises, dégagements, retraites, coups inusités, il a parade et riposte à chaque attaque (Gautier, Fracasse, 1863, p. 350).
3.
a) [Corresp. à surprendre A 2] Fait d'être surpris, pris au dépourvu; état de trouble, émotion qui en découle. Avoir la surprise de; être à la merci d'une (trop) (forte) surprise; être une cause de surprise. Vous avez vu? Le cri jaillit simultanément de vingt bouches arrondies par la surprise et attira une centaine de passagers (Peisson, Parti Liverpool, 1932, p. 148):
2. La surprise [it. ds le texte] est l'attitude émotive la plus simple et pourtant elle contient déjà toute la richesse de ce qu'on peut appeler le phénomène circulaire entre la pensée et le corps. Dans la surprise le vivant est saisi par l'événement subit et nouveau, par l'autre; ceci est plus fondamental, plus primitif que l'amour et la haine, que le désir, que la joie et la tristesse... Ricœur, Philos. volonté, 1949, p. 238.
SPORTS. [À propos d'un résultat non conforme aux prévisions] La victoire de cette équipe est la surprise de la journée. Le cheval a causé une surprise (Pearson1872).La course a été gagnée par surprise (Pearson1872).
Loc. prép. À la (grande) surprise de. Au grand étonnement de. Habituellement creusé jusqu'au plein de l'été par de profondes ornières, où dort une eau chargée de sel, le chemin n'est guère suivi que par les pêcheurs et les bouviers. À la grande surprise de l'abbé Donissan, le sol lui en parut uni et ferme (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 163).
En empl. adj. Subst. + de surprise.Cri, exclamation de surprise. Le vote à mains levées ou par assis et levés a l'avantage de la simplicité et de la rapidité. (...) il ne permet que le vote des présents, ce qui permet des succès de surprise pour une minorité disciplinée en présence d'une majorité absentéiste (Vedel, Dr. constit., 1949, p. 420).Contourner l'adversaire, passer rapidement la balle d'un côté de l'adversaire et le déborder du côté opposé (...). Le double effet de surprise basé sur la vitesse de course et d'exécution permet de reprendre la balle dans le dos de l'adversaire devancé dans son action (J. Mercier, Footb., 1966, p. 40).
b) P. méton. Toute émotion perceptible à la suite de cet état. Synon. étonnement.Ne montrer aucune surprise. La face encore puissante du vieux maître n'exprimait toujours ni surprise ni colère (Bernanos, Mauv. rêve, 1948, p. 919).La surprise de ces importants personnages devant un tel sans-gêne se peignit sur leurs visageset aussi la considération pour un homme si manifestement familier avec le ministre (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p. 206).
[Corresp. à surprendre A 3 b β] :
3. Tels cris, flèches d'argent de telle âme bandée, Soudain devenaient mots et atteignaient l'idée; D'autres, en hésitant, se nuançaient De mille teintes imprécises; D'autres ployaient, tombaient, se redressaient, Et tout à coup, Fermes et nets, ils s'imposaient debout, Chantant la franche et divine surprise Des oreilles, des mains, des narines, des yeux Verhaeren, Mult. splendeur, 1906, p. 20.
SYNT. (Éprouver) une légère, merveilleuse, profonde surprise; une surprise indicible, inépuisable, inexprimable, infinie, passagère; (répondre) avec une surprise mêlée de crainte/de joie/de peine; être en proie à une véritable, vive surprise; aller de surprise en surprise; à la surprise générale; au comble de la surprise; dominer sa surprise; revenir de sa (première) surprise; laisser qqn tout à sa surprise; la surprise passée, vaincue; réagir par la surprise; en feignant la surprise (pour cacher son trouble); simuler une extrême surprise; (rester) glacé, hébété, muet, pétrifié de surprise; plein d'interrogation et de surprise; exciter la surprise; sans témoigner la moindre surprise; ne manifester aucune surprise; ne marquer ni surprise ni hésitation; constater non sans surprise (que); méditer une surprise.
B. − [Corresp. à surprendre A 1 b δ] Action de prendre quelque chose par des procédés frauduleux, par des voies indues. La perpétuelle surveillance à laquelle je me sentais soumis, la crainte des surprises indiscrètes, me retenaient de rien consigner par écrit qui pût, par la suite, servir à l'on ne sait quelles fins perfides (Gide, Ainsi soit-il, 1951, p. 1211).
C. − Vx. [Corresp. à surprendre A 4] Action d'un feu vif qui saisit un mets et le cuit rapidement à l'extérieur.
II. − Chose qui surprend; ce qui provoque l'étonnement.
A. −
1.
a) [À propos d'un objet, d'un événement, de qqc. d'inattendu de nature à provoquer l'étonnement] Un jeune homme à lunettes (...) accourait vers lui les deux mains tendues:« Bonjour, docteur! la bonne surprise! C'est votre frère qui va être ravi! (...) » (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 683).Je demande l'ouverture d'une vaste enquête collective sur les sentiments fondamentaux des hommes et leurs modalités. Que de surprises à prévoir! (L. Febvre, La Sensibilité et l'hist., [1941] ds Combats, 1953, p. 236).
En empl. attribut. Il traînait son indolence quotidienne sur la terrasse, après le bain de cinq heures, bain fouetté de vent, et si froid sous un soleil redoutable,car tout est surprise en Méditerranéeque nous ne cherchions pas l'abri de la salle rose, mais la tiède et vivante terre battue (Colette, Naiss. jour, 1928, p. 30).L'Homme est surprises et je suis... ratures... Comprends si tu peux (Valéry,Corresp. [avec Gide],1932,p. 515).
Surprise de + subst. désignant la cause de la surprise.J'entendis des chaises remuer, des placards s'ouvrir et se refermer, puis, l'eau ruisseler dans le tub des « Ah! », des « Oh! », des « Fuuii! » des « Brr! » que la surprise de l'eau froide arrachait à Monsieur... (Mirbeau, Journal femme, 1900, p. 107).Vingt-cinq milliards de dollars (...) dépensés depuis douze ans à la suite du coup de fouet résultant de la surprise de la première bombe atomique soviétique (Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p. 174).
Surprise + adj. désignant la cause de la surprise.Je voudrais que nous analysions la « surprise écologique » des élections. Quels éléments ont transformé un mouvement marginal en mouvement socialement légitimé? Ceux qui s'occupent d'analyses électorales ne savent pas au juste qui a voté « écologie » (Le Sauvage, 1erjuill. 1977, p. 15, col. 2).
b) Loc. prép.
α) ART CULIN. En surprise. Mode de présentation inattendu. Entremets de pommes, salade en surprise. Les plats « en surprise » ont leur caractère fondamental dissimulé sous une apparence visuelle et gustative inattendue. L'omelette norvégienne en est le modèle classique, plus amusant peut-être que véritablement exquis (Ac. Gastr.1962).
β) Sans surprise(s). [En parlant de ce qui n'a rien d'extraordinaire, rien d'insolite] Un voyage sans surprise. Je m'en allais au hasard des rues, et la journée était devant moi comme un désert calciné, sans horizon et sans surprises. Ceux qui disent que la vie est courte, ils me font rire, entendez-vous, rire, rire! Ce sont les années qui sont courtes, mais les minutes sont longues et ma vie, à moi, n'est faite que de minutes (Duhamel, Confess. min., 1920, p. 86).Paysage sans attraits ni surprises, mais beau par son étendue et par la lumière profuse (Gide, Journal, 1944, p. 262).
c) Loc. verb. Faire une surprise à qqn. Étonner quelqu'un, lui procurer une joie inattendue, lui ménager une surprise agréable. À peine avions-nous tourné le coin de la rue, il me poussa chez le coiffeur en me disant: « Nous allons faire une surprise à ta mère. » J'adorais les surprises. Il y en avait tout le temps chez nous (Sartre, Mots, 1964, p. 84).
SYNT. (C'est) une charmante surprise; une surprise agréable/désagréable; une cruelle, douloureuse, fâcheuse surprise; tomber de surprise; être anxieux des surprises (de l'avenir, du destin, du sort); parer aux surprises (de l'existence, de la vie); des surprises toujours nouvelles; éviter de mauvaises surprises, des surprises malencontreuses; (une mer) plein(e) de danger et de surprises; (contrée) propice aux pièges et aux surprises; voyage fertile en surprises, riche en surprises; les surprises des sens, de la passion.
2. En partic.
a) À surprise. Pourvu d'un dispositif à ressort, qui fait apparaître une figure grotesque ou quelque transformation inattendue. Tabatière à surprise:
4. N'avez-vous pas ri d'une femme dont tous les mouvements de bras, de tête, de pied ou de corps, produisent des angles aigus? Des femmes qui vous tendent la main comme si quelque ressort faisait partir leur coude? qui s'asseyent tout d'une pièce, ou qui se lèvent comme le soldat d'un joujou à surprise? Balzac, Théor. démarche, 1833, p. 631.
Boîte à surprises. Série de boîtes emboîtées de forme croissante et qui ménagent un effet de surprise prolongé à celui qui doit les ouvrir toutes, les unes après les autres, avant de découvrir l'objet déposé dans la dernière. Un journal de Paris s'ouvre peu à peu comme une boîte à surprises; on fouille une case après l'autre; on soulève un fond après l'autre (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 157).
P. anal. [Pour désigner les boîtes de livres des bouquinistes sur les Quais de la Seine] On apercevait, comme d'habitude, Notre-Dame et ses jardins (...) au long du parapet, les boîtes à surprises étaient cadenassées (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 493).
P. métaph. L'inattendu jaillit du syllogisme. C'est beau. Il est encore ici-bas des humains qui savent joyeusement ouvrir et fermer la boîte à surprises du paradoxe (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 178).
P. anal. Robe à surprises. Robe transformable au moyen d'un accessoire susceptible d'en changer l'aspect. Josette portait une robe à surprises: elle enleva un boléro et découvrit des épaules rondes et mûres qui contrastaient avec son visage enfantin (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 275).
Au fig. Imprévisible. Tu connais Gilberte, ou plutôt tu crois la connaître; mais connaît-on jamais les femmes? Toutes leurs opinions, leurs croyances, leurs idées sont à surprises. Tout cela est plein de détours, de retours, d'imprévu (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Rel., 1882, p. 838).
b) Cornet, paquet renfermant friandises et autres menus objets inattendus que les enfants ont la surprise de découvrir; p. méton., son contenu. Mes surprises comestibles viennent de chez le confiseur (Blanche, Modèles, 1928, p. 195):
5. Un partage des « surprises ». Les enfants, en quittant la table, emportaient chacun une des grandes papillotes dorées, dont ils se hâtaient de déchirer l'enveloppe; et ils sortaient de là des joujoux, des coiffures grotesques en papier mince, des oiseaux et des papillons. Mais la grande joie, c'étaient les pétards. Chaque « surprise » contenait un pétard que les garçons tiraient bravement... Zola, Page amour, 1878, p. 898.
P. anal. Enveloppe/pochette paquet-surprise (infra B 1 a), parfois abrégé en surprise. (Ds Rob. 1985).
c) Cadeau, plaisir inattendu (qu'on fait à quelqu'un). Quelle belle, délicate surprise! rentrer chargé de surprises. Il y a vraiment chez la princesse une grande préoccupation de faire plaisir aux gens. Elle aime les petites surprises, les petits cadeaux, où elle peut vous donner un peu de son souvenir (Goncourt, Journal, 1865, p. 203).Il n'était guère de semaine où Brunet ne fît ainsi une « surprise », un petit cadeau à son père, glissant dans une de ses poches des bonbons, un paquet de cigarettes, etc. (Montherl., J. filles, 1936, p. 993).
d) TECHNOL., HORLOG. Pièce montée sur le limaçon des quarts d'une montre à répétition. La sonnerie (...) a lieu à l'aide d'un petit écart qui lui est donné par la pression de l'étoile du sauteur. Cette pression fait avancer la surprise sur le limaçon lorsqu'il ne doit entendre sonner aucun quart (Chesn.t. 21858).
B. − En appos. ou en compos. avec valeur d'adj. Qui surprend, qui n'est nullement prévu ni attendu; brusque, soudain.
1.
a) [Le subst. déterminé ou le 1erélém. désigne une enveloppe, pochette ou paquet clos contenant un objet, un cadeau dont la nature n'est pas indiquée extérieurement] Paquet-surprise, enveloppe/pochette-surprise. 2 livres gratuits accompagnés, en plus, d'un cadeau-surprise, voilà les cadeaux de bienvenue que vous réserve le Club Pour Vous-Hachette! (Le Point, 5 avr. 1976, p. 4, col. 1).
b) [Le subst. déterminé ou le 1erélém. désigne un vêtement surprenant, insolite par sa forme, sa conception] Chapeau-surprise. Le moins encombrant des couvre-chefs de plage. Pliant, il se range dans un tout petit sac aumônière assorti (Elle, 27 juill. 1981, p. 60).
2. ART CULIN. [Le subst. déterminé ou le 1erélém. désigne un plat qui réserve une surprise] Poulet en gelée-surprise. Ma rage se démenait à la surface et pendant un moment, j'eus l'impression pénible d'être un bloc de glace enveloppé de feu, une omelette-surprise (Sartre, Nausée, 1938, p. 148).
3. [Le subst. déterminé ou le 1erélém. désigne une action, une activité, une réunion, un lieu] Carrefour-surprise, virage-surprise; échappée-surprise (dans un marathon); réveillon-surprise, voyage-surprise, raid-surprise, attaque(-)surprise; dévaluation-surprise, hausse-surprise (des tarifs); grève-surprise; réforme-surprise (du recrutement des professeurs); visite-surprise (d'un ministre); victoire-surprise. C'était une continuelle surprise-party, avec des rencontres-surprises et le poulet en gelée-surprise, sans limite d'heure, dans la demi-griserie de l'alcool, de la fatigue, de la musique qui m'a toujours émue plus que l'alcool ou un homme (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 318):
6. Par orgueil, il préfère commettre une bêtise, peut-être irréparable, sans y mêler personne, à se l'épargner en prenant conseil de quelqu'un de sûr. Ce mariage n'est possible que sous une forme: le mariage-surprise. D'un coup, comme on avale une purge. Montherl., Démon bien, 1937, p. 1279.
4. [Le subst. déterminé ou le 1erélém. désigne une pers. dont la participation à une élection, un concours n'était pas prévue] Le lauréat-surprise (...) est un jeune Britannique de 39 ans, Ridley Scott, dont le film « Duellistes » a reçu le prix du Jury pour une première œuvre (Le Point, 5 sept. 1977, p. 88, col. 1).Deux candidats surpriseMarie-France Garaud et Colucheincarnent, fût-ce dans des discussions opposées, l'imprécation et la dérision (Le Point, 24 nov. 1980, p. 44.
Prononc. et Orth.: [syʀpʀi:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Ca 1175 « impôt extraordinaire » (Benoît de Ste-Maure, Chron. des ducs de Normandie, 28904 ds T.-L.). II. A. 1. « action de surprendre, de prendre au dépourvu dans le but de nuire » a) 1549 dans une action judiciaire appoinctement extorqué par surprinse (Est.); 1559 dans une action militaire (Amyot, trad. Plutarque, Hommes illustres, Camille, 47, éd. G. Walter, 1959, t. 1, p. 312: elles [les oies sacrées] sentirent incontinent la surprise des Gaulois ); b) 1642 (Corneille, Polyeucte, I, 3: ces surprises des sens que la raison surmonte); 2. 1662 « trouble, émotion provoqués par quelque chose d'inattendu » (Corneille, Sertorius, IV, 1). B. Chose qui surprend 1. a) 1549 scavoir toutes les surprinses qui se font en procez (Est.); b) 1690 (Fur.: la surprise du dénouement d'une pièce est ce qui cause du plaisir); 1782 « cadeau, plaisir inattendu que l'on fait à quelqu'un » (Genlis, Adèle, II, 178 d'apr. Brunot t. 6, p. 1099, note 8); 3. a) 1842 « cornet de friandises contenant un petit cadeau inattendu » (Mozin-Biber); b) 1847 synon. de boîte à surprise (Balzac, Cous. Pons, p. 181). I prob., et malgré l'écart chronol., dér. de prise* terme de fin. au Moy. Âge (1209 lat. médiév. prisia « maltota » ds Du Cange, s.v.; 1273 « droit de saisir » Établissements de St Louis, éd. P. Viollet, II, 31, t. 2, p. 440); préf. sur-*. II Subst. du part. passé fém. de surprendre*. Fréq. abs. littér.: 2 677. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 900, b) 3 627; xxes.: a) 4 565, b) 4 224. − Bbg. Quem. DDL t. 37.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·