b) Parfois péj. et le plus souvent avec une connotation relig.
α) Vie de l'esprit; qualité d'une personne attachée aux choses de l'esprit, de l'âme, aux valeurs morales et religieuses. Synon. mysticisme, mysticité, religiosité; anton. matérialité.Elle est frappée (...) par l'absence de spiritualité chez la plupart des gens, de leur profonde indifférence aux choses de l'âme; elle voudrait faire un voyage au Tibet, le « toit du monde », dont la vie spirituelle l'attire (Green, Journal,1942, p. 231).Si la danse est parfois la griserie des mouvements elle est surtout: l'effort du corps vers la beauté, l'élan de l'esprit vers l'ordre et la vérité, la montée de l'âme vers la spiritualité (Bourgat, Techn. danse,1959, p. 127).− [Avec une idée d'effort, de dépassement, d'ascension] Telle est d'abord la signification du doute cartésien: il apparaît avant tout comme un parti pris héroïque de la volonté pour l'élever du monde corporel au monde spirituel et atteindre la pleine spiritualité de l'esprit (Lacroix, Marxisme, existent., personn.,1949, p. 79).
− [P. oppos. à la chair, au corps, aux sens] Anton. sensualité.Seulement l'Anglais, sous son masque de froideur et de spiritualité, étant de sa nature très libertin (...) quand il lui passe par la cervelle quelque fantaisie lubrique, l'homme va voir les filles (E. de Goncourt, Faustin,1882, p. 245).Et la spiritualité de cet homme, cette spiritualité dont faisaient foi la coupe si noble de son front (...) était si entière, qu'à vingt-six ans il était aussi chaste qu'une vierge (Bourget, Irrépar.,1884, p. 100).
β) Rare. [À propos d'une chose, d'une production hum.] Qualité de ce qui traduit la vie de l'esprit, le mysticisme; caractère religieux de quelque chose. L'idée est essentiellement sensuelle et l'animalité du poème est fonction fatale et agissante de sa spiritualité (Faure, Espr. formes,1927, p. 130).A Toulouse, l'église mère de l'Ordre [des dominicains] cet admirable monument d'une spiritualité si haute, a perdu ses vitraux, ses fresques et même le célèbre tombeau de saint Thomas d'Aquin (Mâle, Art relig.,1932, p. 465).
γ) En partic. Qualité de ce qui éveille à l'esprit, de ce qui peut être porteur de vie spirituelle. Une spiritualité du dégagement est un complément indispensable de la spiritualité de l'engagement. Si ambiguë soit la voix multiple de Gide, on ne saurait oublier qu'elle balbutie avec ferveur cet Évangile du dégagement, si proche de l'Évangile de la Montagne (Mounier, Traité caract.,1946, p. 303).Parfois, il [le tuteur déterminatif] n'était que l'émissaire des hommes d'action ou de fonctionnaires se refusant à devenir des mécaniques. D'où la spiritualité du travail, de la route, des malades et des médecins, de l'Action catholique et même des anormaux qui devaient se sanctifier, comme les autres, par et malgré leur anormalité (Religions1984).