1. État d'une personne qui souffre. Oh! Pleurer au pied de la croix! Mêler ses larmes à celles de Jésus! Rencontrer dans sa souffrance son regard plein de douleur et d'amour et se dire: non seulement mon Sauveur souffre pour moi, mais Il souffre avec moi (Monod, Sermons, 1911, p. 281).Il n'y a guère autre chose dans ce que nous connaissons de ce génie mystérieux. La fragilité palpitante de la toute première enfance (...) ces visages de femmes inclinés sur la souffrance ou la faiblesse, ces mains qui implorent ou qui s'étonnent ou qui soutiennent et protègent (Faure, Hist. art, 1921, p. 92).− MÉD., MÉD. VÉTÉR. Souffrance fœtale. État caractérisé par l'altération progressive ou brutale des principales fonctions du fœtus et en particulier de sa circulation cérébrale. La souffrance fœtale qui peut exister au cours de la grossesse et se traduit souvent par la mort fœtale in utero, est plus fréquemment perçue au cours du travail (Méd. Flamm.1975).
− Notamment dans le domaine
affectif, moral, soc.Synon. peine.La peur est, je crois, la plus grande souffrance morale des enfants: les forcer à voir de près ou à toucher l'objet qui les effraye est un moyen de guérison que je n'approuve pas (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 164):2. « J'aime la majesté des souffrances humaines » (Vigny) Ce vers n'est pas pour la réflexion. Les souffrances humaines n'ont pas de majesté. Il faut donc que ce vers ne soit pas réfléchi. Et il est un beau vers, car « majesté » et « souffrances » forment un bel accord de deux mots importants.
Valéry, Litt., 1930, p. 61.
♦ P. méton. [À propos des marques, des rides laissées par la souffrance] [Cet] homme de cinquante ans, qui avait dans le visage beaucoup de creux, beaucoup de souffrance sculptée, et cette transparence d'âme qui embellit la ruine et l'explique (R. Bazin, Blé, 1907, p. 322).
− Souffrance de + subst. (désignant la cause de cette souffrance).La souffrance de l'amour. On l'enferma aux bains roubaisiens. Dans cette journée, malgré les souffrances d'une cellule exiguë et d'une grouillante vermine, il eut une grande joie (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 251).La fréquentation de cette chère maison m'adoucit la souffrance de l'exil, plus lancinante qu'on ne le suppose (L. Daudet, Brév. journ., 1936, p. 64).
− Empl. adj. Subst. + de souffrance.Je connais bien les deux cœurs qui saignaient, ce jour-là, auprès de mon lit de souffrance (Coppée, Bonne souffr., 1898, p. 115).Méhoul lui posa les mains sur les épaules et, les lèvres tremblantes, prononça d'une voix de souffrance: − Il faut t'en aller tout de suite, aujourd'hui... Va-t-en, il faut t'en aller (Aymé, Rue sans nom, 1930, p. 225).
− Rare, en compos. [Par jeu de mots sur le modèle de porte-parole] Porte-souffrance. Être le porte-parole et le porte-souffrance d'un million de pieds-noirs égarés à travers le monde et, soudain, de folklorique se faire populaire, c'est risquer de perdre un public qui vous a toujours suivi (Le Point, 18 déc. 1978, p. 111, col. 2).
3. P. anal. [À propos d'une plante] Une vieille identifiait sa fatigue aux souffrances de la vigne: − J'ai le mildiou aux pieds (Hamp, Champagne, 1909, p. 137).SYNT. Souffrance affreuse, atroce, continue, extrême, insupportable, légère, longue, morale, physique; d'horribles, de mortelles souffrances; des souffrances collectives, imaginaires, incalculables, individuelles; être dur à la souffrance; vivre dans la souffrance; on ne peut mourir sans souffrance; faire face à la souffrance; physionomie décomposée par la souffrance; être flétri par la souffrance; avoir le visage altéré, les traits creusés par la souffrance; souffrance par la maladie (physique); alléger, apaiser, atténuer la souffrance de qqn; compatir aux souffrances d'autrui; endurer des souffrances; être en proie aux souffrances les plus aiguës; coûter bien des souffrances; problème, sens, conception, mystère de la souffrance; souffrance du Christ; souffrance du chrétien; souffrance des Justes.