a) Fibre textile ou étoffe confectionnée généralement avec les cocons du Bombyx du mûrier et caractérisée par sa légèreté, sa douceur, son éclat. Une étoffe de soie, couleur gorge de pigeon, à reflets mauves et bleus, qui bruissait doucement et coulait dans leurs doigts, comme une eau changeante (Moselly,Terres lorr., 1907, p. 201).V.
bas2ex. 1,
froufrou ex. 1:
1. Ce fut pour lui plaire [à Diane de Poitiers] qu'Henri II porta les premiers bas de soie, et le fin juste-au-corps de soie (...). La soie de tenture, de décoration, de meubles, d'étoffes à fleurs, prit bientôt son essor à Lyon (...). La soie laissée en nature (...) est dans un rapport plus intime avec la femme et la beauté (...). Noble parure, nullement voyante, qui prête un charme de douceur à la trop vive jeunesse, et donne à la beauté pâlie son plus attendrissant reflet (...). La soie n'est pas proprement brillante, mais lumineuse (...). Tissu vivant...
Michelet,Insecte, 1857, p. 173.
SYNT. Soie brochée, brodée; soie blanche, bleue, cerise, changeante, claire, cramoisie, écarlate, jaune, mauve, pâle, ponceau, pourpre, puce, rouge, verte, violette; brodé, doublé, tapissé, vêtu de soie; écheveau, fil, pongé, tissu, velours de soie; bonnet, bourse, casquette, ceinture, châle, chaussettes, chemise, corde, cordon, cordonnet, corsage, corset, coussin, cravate, écharpe, filet, foulard, fourreau, gilet, gland, habit, jupe, marchand, mouchoir, nœud, ombrelle, pantalon, papillon, peignoir, revers, rideau, robe (de chambre), ruban, tablier, tapis, tenture, toilette, tunique, veste, vêtement de soie; bruit, froufrou de soie; peinture sur soie; doux, fin, léger comme la soie, comme de la soie.
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En partic. ♦ Soie brute/crue/écrue/grège. V. cru2I B 1 c, écru B 1, grège A.La soie grège ou crue est produite immédiatement par le dévidage simultané de plusieurs cocons, sur un même dévidoir formant un fil égal et uni. (...), cette soie n'a subi encore aucune préparation (Comm.t. 21839, p. 2062).Longtemps, les principales usines européennes de soierie avaient acheté de la soie grège aux magnaneries de la vallée du Rhône (...), cette production de soie brute a décliné (Lesourd, Gérard,Hist. écon., 1966, p. 315).V. écru B 1 ex. de Gyp et grège A ex. de Goncourt, de Tharaud.
♦ Soie cuite. V. cuit II A 2.Les soies (...) doivent subir les deux opérations du dégommage et de la cuite; on les appelle soies cuites (Wurtz,Dict. chim., t. 1, vol. 1, 1869, p. 634).
♦ Soie floche. V. floche1et ex. de Gautier.
♦ Soie folle. Soie non torse, très légère, manquant de solidité. (Dict. xixeet xxes.).
♦ Soie moulinée. V. mouliner A 1 b et ex. de Lefebvre.
♦ Soie naturelle. Soie obtenue à partir des cocons du Bombyx du mûrier. Chaque mouvement révèle, sous une blouse en soie naturelle ivoire imperceptiblement raide, un peu cassante, le jeu de deux seins menus (Vailland,Drôle de jeu, 1945, p. 143).
♦ Soie sauvage, soie tussah. Soie tirée des cocons de certains Bombyx d'Inde, d'Extrême-Orient (autres que le Bombyx du mûrier) et d'aspect moins fin que celui de la soie naturelle. Mousseline vert et violet et jupe amovible soie sauvage noire (Le Figaro, 23 oct. 1952, p. 11).V. bonnette1ex. 2 et supra I A 1 ex. de Brunhes.
♦ Soie torse ou soie retorse, tordue. Soie qui a été moulinée. Comme c'est à l'aide du moulin qu'on tord la soie, cette matière textile de grége qu'elle est se change en soie moulinée, (...) ou torse ou tordue, toutes ces qualifications étant absolument synonymes (Luppi1872, p. 433, col. 1).
♦ Soie (chirurgicale). ,,La soie chirurgicale employée comme fil à ligatures est le fil à coudre en soie dit retors: elle est plate, tressée ou ronde tordue`` (Lar. 20e).
♦ Soie en bottes. Soie non teinte, pliée en paquets. Le canut (...) rendant en étoffe la soie qu'on lui pesait en bottes (Balzac,Mais. Nucingen, 1838, p. 637).V. botte1ex. de Balzac.
♦ Bourre de soie. V. bourre B 1 b et ex. de Bourges.
♦ Mousseline de soie. Étoffe ,,formée de fils soyeux croisés en taffetas, et fabriquée avec une régularité mathématique`` (Lar. mén. 1926). On la trouvait dans une robe de chambre de crêpe de Chine, (...) aussi dans un de ces longs tuyautages de mousseline de soie, (...) ces étoffes légères et ces couleurs tendres donnaient à la femme (...) le même air frileux qu'aux roses (Proust,J. filles en fleurs, 1918, p. 595).
♦ Voile de soie. ,,Mousseline de qualité forte, ou grenadine teinte en pièce. Elle est assez souvent fabriquée avec des fils de soie schappe bien tordus`` (Lar. mén. 1926). Zohira s'avançait dans ses voiles de soie, avec une lenteur de sultane (Tharaud,Fête arabe, 1912, p. 233).
♦ Route de la soie. Voie empruntée par les caravanes pour transporter principalement la soie depuis la Chine ancienne jusqu'en Occident et qui a favorisé les échanges entre civilisations. L'existence de contacts indirects entre le taoïsme chinois et l'alchimie européenne (...) n'aurait (...) rien d'impossible: n'oublions pas que l'Empire romain était − par la fameuse route de la soie − en relations commerciales avec la Chine (Caron, Hutin,Alchimistes, 1959, p. 110).
♦ En compos. Pou-de-soie*.
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[La soie comme symbole de richesse, de luxe, de réussite soc.] Toutes ces lumières rayonnaient, (...) exprimant la sécurité au sein des richesses. Les murs tendus de soie moirée vieux rose, les meubles lourds et riches, (...) elle regardait tous ces objets avec complaisance (Larbaud,F. Marquez, 1911, p. 192).V.
couvre-chef ex. 1,
moire ex. de Taine:
2. Tous les moralistes ont condamné la soie (...). Soie est synonyme de luxe effréné. Pour la soie, le moine rompt son jeûne, le soldat vend son épée, le juge fléchit sa conscience.
Morand,Excurs. immob., 1944, p. 88.
♦ Nid de soie. Appartement garni d'étoffes en soie, douillet, cossu. L'appartement particulier de Renée était un nid de soie et de dentelle, une merveille de luxe coquet (Zola,Curée, 1872, p. 477).
♦ Pop. Péter dans la soie. V. péter I A loc. fig. et ex. de Morand.
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[Avec une nuance supplémentaire d'érotisme] Une femme (...) n'a plus aucun pouvoir sur mes sens pour peu qu'elle soit crottée. Ah! vive l'amour dans la soie, sur le cachemire, entouré des merveilles du luxe qui le parent merveilleusement bien, parce que lui-même est un luxe peut-être (Balzac,Peau chagr., 1831, p. 108).♦ Échelle de soie. Échelle faite en corde de soie et qui, dans les fictions romanesques, permet au soupirant d'escalader le balcon de sa belle. Chaque nuit, une échelle de soie conduisait l'amant dans les bras de sa maîtresse (Dumas père, Tour Nesle, 1832, iii, 6etabl., 5, p. 61).