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SALIVE, subst. fém.

SALIVE, subst. fém.
A. −
1. Liquide physiologique incolore, alcalin, plus ou moins visqueux, qui humecte la bouche et qui sert principalement à la digestion buccale (imprégnation du bol alimentaire, déglutition), à la gustation, à la prononciation. Il (...) promenait doucement la forte liqueur sur son palais, sur ses gencives, sur toute la muqueuse de ses joues, la mêlant avec la salive claire que ce contact faisait jaillir (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 612).Le Seigneur jadis de sa salive, de sa parole mélangée à la terre, a fait un onguent pour guérir notre cécité (Claudel,Poète regarde Croix, 1938, p. 46).V. agir ex. 46.
SYNT. Salive abondante, blanche, brunâtre, écumeuse, épaisse, jaune, saumâtre, visqueuse; bulle, fil, filet, flot, flux, goutte, jet de salive; écoulement, sécrétion de (la) salive; (grande) abondance de salive; la bouche pleine de salive; humecter, mouiller son doigt, ses lèvres de salive; qqc. colore, teint la salive en jaune, rouge, brun; la salive coule, s'écoule de la bouche, au menton, entre les lèvres; qqc. (ou partie du corps) imbibé, imprégné, mouillé de salive; rattraper, retenir sa salive.
Loc. verb. fam.
Avaler, ravaler sa salive. V. ravaler II A et avaler ex. 5.
Perdre sa salive. Parler en vain, sans réussir à convaincre. − Si tu sauves Madeleine, mon bon dab, tu peux bien me... − Ne perdons pas notre salive, dit Jacques Collin d'une voix brève. Fais ton testament (Balzac,Splend. et mis., 1847, p. 575).Inutile, monsieur, dit Rouletabille, de perdre votre temps et votre salive, je vous attendais! (G. Leroux,Roul. tsar, 1912, p. 153).
Dépenser sa salive/de la salive, user sa salive (à)/de la salive. Parler d'abondance et inutilement, perdre son temps à parler. Au lieu d'user votre salive à haranguer quatre crétins de votre bande, qui ne sont bons qu'à souffler et racler sur des morceaux de bois, ne feriez-vous pas mieux de vous adresser au grand public? (Rolland,J.-Chr., Révolte, 1907, p. 415).Il usa de la salive en pure perte. Il eut beau haranguer séparément le père et la mère Kernéis et les exciter à lancer leur fille contre Thomas, qu'il prétendait amoureux fou de Scolastique, il ne réussit qu'à les buter (Queffélec,Recteur, 1944, p. 144).V. baratin ex. 2.
Économiser, épargner, garder sa salive (p. plaisant.). Éviter de parler en vain, se retenir. Je la reconnaissais [Munich] (...) au système par lequel les conducteurs de tramway épargnent leur salive pour distribuer les billets (Giraudoux,Siegfried et Lim., 1922, p. 84).M'avez-vous entendu, Pasquier? reprit Schleiter imperturbable. Nous parlions de votre frère Joseph, le jeune et brillant financier. Laurent fit front, une seconde. − Gardez votre salive, Schleiter: mon frère doit passer, dans un instant. Vous l'allez voir en personne (Duhamel,Nuit St-Jean, 1935, p. 105).
[À propos d'un animal] Synon. bave.J'ai vu de la salive d'un cheval morveux qui prenait du sel marin et donnant une réaction très alcaline, émulsionner très bien l'huile par le simple contact à la température ordinaire (Cl. Bernard, Notes, 1860, p. 42).Un chien sécrète de la salive quand un aliment est placé dans sa bouche. C'est un réflexe inné (Carrel,L'Homme, 1935, p. 111).
PHYSIOL. Produit de sécrétion de chacune des paires de glandes salivaires, de nature différente selon les glandes. Salive linguale, mixte. Ou bien cette action émulsive dépend-elle de la matière coagulable que contient la salive parotidienne du cheval? (Cl. Bernard,, Notes, 1860, p. 42).
2. Spécialement
BOT. Salive de coucou. Nostoc commun. Synon. pop. crachat de lune (v. crachat B 2). (Ds Baillon t. 3 1891).
ODONTO-STOMATOL. Pompe à salive. V. pompe2A.
B. − P. anal. ou au fig.
1. [À propos de la mer, d'une eau courante ou d'un liquide] Synon. bave, écume.Dans la forêt, La sève, en mai, gonflant les aubépines blanches, S'enfle et sort en salive à la pointe des branches (Hugo,Légende, t. 1, 1859, p. 288).Voici que l'onde calme arrive Et vient remuer le gravier Où va plier et dévier Sa perleuse et douce salive (Noailles, Ombre jours, 1902, p. 8).
2. [À propos de paroles abondantes ou haineuses] Flot de paroles, verbiage, discours. Synon. bave.Vous ne savez donc pas à qui vous parlez? Croyez-vous que la salive envenimée de cinq cents petits bonshommes de vos amis, juchés les uns sur les autres, arriverait à baver seulement jusqu'à mes augustes orteils? (Proust,Guermantes 2, 1921, p. 558).Si mon frère n'avait pas le sang agressif, il avait tout de même la salive hargneuse (H. Bazin,Mort pt cheval, 1949, p. 246).
Prononc. et Orth.: [sali:v]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. Ca 1170 (Rois, I, XXI, 13, éd. E. R. Curtius, p. 43); 1847 fig. perdre sa salive (Balzac, loc. cit.). Du lat. saliva « salive ». Fréq. abs. littér.: 416. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 194, b) 476; xxes.: a) 643, b) 961.

SALIVER, verbe

SALIVER, verbe
A. − Empl. intrans.
1.
a) [Le suj. désigne qqn, une partie du corps, un organe sécréteur] Avoir une sécrétion plus ou moins abondante de salive; produire de la salive. Saliver lentement, abondamment. La peau des pêches, à la voir, fait saliver la langue (Flaub.,Tentation, 1849, p. 228).Une faim noire. La bouche qui sèche, puis salive, puis sèche (Aragon,Beaux quart., 1936, p. 387).V. bouche ex. 22.
[En parlant d'un animal] Le conditionnement du réflexe salivaire est extrêmement précis: un chien qui est habitué à saliver pour une certaine note de la gamme ne salivera pas pour la note voisine, ni pour la même note diésée ou bémolisée. Un chien dressé à saliver à la vue d'un cercle ne salivera pas à la vue d'une ellipse (J. Rostand,La Vie et ses probl., 1939, p. 90).
Qqc. fait saliver qqn.Synon. mettre, faire venir l'eau* à la bouche.Mais la simple hypothèse de disposer un jour, pour soi tout seul, d'une boule réglementaire de quinze cents grammes et d'un paquet de margarine, nous faisait saliver comme des animaux. À la longue, le palais se dégrade (Ambrière,Gdes vac., 1946, p. 51).
b) En partic. Saliver sur, dans, par qqc.Laisser couler de la salive. Synon. baver.Du coin de l'œil je voyais Casimir, la tête enfouie dans ses mains, saliver lentement sur son livre que par instants il épongeait d'un coup de mouchoir (Gide,Isabelle, 1911, p. 647).V. crachouteur rem. s.v. crachoter ex. de Montherlant.
P. ext. Cracher. Ce soir, dans mon compartiment de chemin de fer, une fillette, qui avait en face d'elle un contrôleur de bas théâtre, causait tout haut avec lui de descentes de matrice, de ceintures, de bandages, de pessaires, tout en salivant à tout moment par la portière, comme un marin qui chique (Goncourt,Journal, 1883, p. 271).
2. Au fig., péj. Parler avec abondance, bavarder avec volubilité (jusqu'à en baver). Synon. baver, dépenser sa salive*.« On est toujours puni par où l'on a péché », salive l'aumônier de l'asile en guise de consolation (H. Bazin,Tête contre murs, 1949, p. 393).Des tas d'individus qui jacassent, qui salivent, qui n'écoutent pas (Arnoux,Roi, 1956, p. 303).
B. − Empl. trans., rare. Imprégner de salive. V. béquillard ex. 2.
REM. 1.
Salivant, -ante, part. prés. en empl. adj.a) Qui fait saliver, qui excite la salivation. De chacun [des restaurants], il présente les spécialités et les vins, commente la carte et le menu, raconte la vie et les œuvres. Une plaisante idée, salivante à souhait (Le Point, 5 juill. 1976, p. 86, col. 2).b) Imprégné de salive; accompagné de salivation. Synon. baveux, saliveux.La démarche titubante et le sourire salivant d'un pochard (Goncourt,Journal, 1894, p. 672).Ses « heu! heu! » avaient disparu (...). Des procédés différents assuraient les nécessaires paliers des phrases. Il utilisait à cet effet des aspirations salivantes entrant par la fente des deux lèvres rapprochées; elles exprimaient une détente satisfaisante, une sécurité, une sympathie qu'on convie l'interlocuteur à partager (Malègue,Augustin, t. 1, 1933, p. 144).
2.
Salivé, -ée, part. passé en empl. adj.[En parlant d'un aliment] Qui a été soumis à l'action chimique de la salive. V. bilé rem. s.v. biler (se) ex. de Cl. Bernard.
3.
Saliveur, subst. masc.Personne qui salive. Péj. [Souvent en terme d'injure] Personne qui bavarde, qui parle beaucoup, qui tient des discours, souvent creux. Synon. bavard, baveur, discoureur, parleur, verbeux.Au berceau, Max était déjà un' cré conversationiste... À huit ans, à table il me tenait tête! cré saliveur (Morand,Champions du monde, 1930, p. 34).Fichu petit bourgeois! Saliveur en dedans! L'amour, je ne le vis pas, je le déclame (H. Bazin,Mort pt cheval,1949, p. 168.
Prononc. et Orth.: [salive] (il) salive [-li:v]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1611 (Cotgr.). Dér. de salive* d'apr. le lat. salivare « produire une humeur visqueuse; faire saliver ». Fréq. abs. littér.: 27.

Salivé, -ée, part. passé en empl. adj.

Salivé, -ée, part. passé en empl. adj.[En parlant d'un aliment] Qui a été soumis à l'action chimique de la salive. V. bilé rem. s.v. biler (se) ex. de Cl. Bernard.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·