1. P. méton. a) Pli formé par le bras et l'avant-bras où se pratique souvent la saignée; ouverture par laquelle se faisait cette dernière. Pratiquer une saignée, (recevoir) un coup sur la saignée. L'homme se détacha de sa compagnie (...) et s'arrêta devant l'Empereur, l'arme à la saignée (d'Esparbès,Grogne,1905, p. 6).Parade: prendre appui à la saignée des bras de l'adversaire et le repousser en arrière (R. Vuillemin, Éduc. phys.,1941p. 174).
b) Quantité de sang ainsi retirée. Une grande saignée; saignée abondante, copieuse, légère; juger la saignée suffisante. La sœur Julie: Me saigner encore? Merci! La sœur Flavie: Quoi! Une petite saignée vous fait peur,quand Jésus-Christ a donné tant de son sang pour vous? (Montherl.,Port-Royal,1954, p. 994).
2. P. métaph. ou au fig. a) Pertes, sacrifices financiers consentis ou imposés. Nombreuses saignées dans le porte-monnaie; une rude saignée à la bourse (de qqn), à son coffre fort. Un malheureux million! Joseph était assez fort pour supporter cette petite saignée sans dommage (Duhamel,Passion J. Pasquier,1945, p. 193).En Espagne au moment de la conquête de l'Amérique, quand les doublons de Ferdinand le Catholique et d'Isabelle sont exportés à l'étranger en dépit de toutes les mesures par lesquelles on cherche à tarir cette saignée (L'Hist. et ses méth.,1961, p. 348).− Saignée économique, fiscale. Une nouvelle envolée [de l'essor de l'automobile] suivra la victoire [après la 2eGuerre mondiale], mais en traduisant, d'une façon générale, les pénuries dues à la terrible saignée économique que représentent cinq ans de conflit (Tinard,Automob.,1951, p. 336).Faire une saignée fiscale sur le bénéfice d'une entreprise (Quillet1965).
b) Grande perte d'hommes du fait d'une guerre, de l'émigration. L'effroyable saignée de la Première guerre mondiale; (provinces) soumise(s) à une épuisante saignée. Si les catholiques étaient des hommes, des fils pieux et charitables, ils recommenceraient, d'une façon beaucoup plus sérieuse, la saignée qui fut si bénigne en 1572 (Bloy,Journal,1902, p. 113).
c) [Dans un domaine affectif, psychol.] Étranges cures modernes de la neurasthénie, qui substituent à une maladie du moi une autre maladie, l'hypertrophie du moi! Que ne pratiquez-vous une saignée à leur égoïsme, ou, par quelque réactif moral, que ne ramenez-vous leur sang, s'ils n'en ont pas de trop, de leur tête à leur cœur! (Rolland,J.-Chr., Amies, 1910, p. 1210).