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RUTILANT, -ANTE, part. prés. et adj.

RUTILANT, -ANTE, part. prés. et adj.
I. − Part. prés. de rutiler*.
II. − Adjectif
A. − [En parlant d'une chose ou d'une partie du corps]
1. Qui est naturellement d'un rouge éclatant, d'un roux flamboyant ou qui est teinté de reflets pourpres. Synon. écarlate, empourpré, pourpré, rubicond; anton. blafard, blême, livide.Incarnate et dodue et narguant les chloroses, Avec ta bouche rutilante (Moréas, Cantil., 1886, p. 139).C'est alors qu'apparut, tout hérissé de flèches, Rouge du flux vermeil de ses blessures fraîches, Sous la pourpre flottante et l'airain rutilant (...) Sur le ciel enflammé, l'Imperator sanglant (Heredia, Trophées, 1893, p. 78).
BIOL. [En parlant du sang artériel] Rouge vif. La couleur rutilante du sang (...) est spéciale au sang artériel et en rapport avec la présence de l'oxygène en forte proportion (Cl. Bernard, Introd. ét. méd. exp., 1865, p. 255).
CHIM. Vapeurs rutilantes. Vapeurs rouges du peroxyde d'azote. Si on fait fondre dans un creuset du nitre auquel on ajoute par petites portions du chromate de plomb sec et en poudre, il se dégage des vapeurs rutilantes (Manuel du fabricant de couleurs, t. 2, 1884, p. 21).
2. Qui présente des coloris très vifs, des tonalités lumineuses; en partic., qui est d'un or resplendissant. Synon. chatoyant, diapré; anton. décoloré, déteint, fané, flétri, incolore, pâle, passé.Trois compartiments scindaient le coffre. Dans le premier brillaient de rutilants écus d'or aux fauves reflets (Dumas père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 295).Il faisait beau. Un ciel rutilant de bleu où floconnaient quelques nuages (Arnoux, Algorithme, 1948, p. 140).
Péj. Qui a des tons criards, un éclat trop brutal. Synon. tape-à-l'œil, voyant.Contraste de ces masures (...) à côté des grands hôtels somptueux de cinq étages dont les enseignes rutilantes détonnaient (A. Daudet, Tartarin Alpes, 1885, p. 233).Le vieux café de la Closerie des Lilas, pas clinquant et laid comme maintenant, et la statue du maréchal Ney (...), devant Bullier moins rutilant aussi (Léautaud, Amours, 1906, p. 250).
3. Qui brille d'une lumière éclatante, qui jette des feux vifs. Synon. étincelant, flambant, illuminé, miroitant, rayonnant; anton. mat, obscur, terne.Elle n'avait pu supporter le luxe éblouissant qu'on lui imposait, la rutilante chape dont on l'avait vêtue, les pierreries dont on lui avait pavé le dos (Huysmans, À rebours, 1884, p. 69).Une clarté, non plus la clarté pâle de la lune, mais une clarté vive, rutilante, inonda la salle (Fabre, Xavière, 1890, p. 14).V. évanescent ex. de Pergaud, flamboyer ex. de Proust.
B. − P. anal. ou au fig.
1. [En parlant d'une pers., de son aspect] Qui arbore une mine épanouie, un air réjoui, satisfait, important, des apparences cossues. Synon. bienheureux, florissant, opulent, prospère, radieux, triomphant; anton. affligé, minable, misérable, piteux, triste.La physionomie d'Alfred (...) était rayonnante, jubilante, rutilante (Sue, Myst. Paris, t. 9, 1843, p. 265).À Baudelaire, agonisant dans l'indigence et quasi fou, on oppose (...) un Jean Richepin rutilant de gloire et gorgé d'or (Bloy, Désesp., 1886, p. 319).V. marmoréen ex. de Flaubert.
Empl. subst. Des applaudissements éclatèrent parmi les docteurs (...). Un des rutilants, le beau Tismet de l'Ancre, prit la parole (L. Daudet, Morticoles, 1894, p. 132).
2. [En parlant d'un son, d'une musique, plus rarement d'une odeur] Qui frappe par sa vigueur, sa richesse d'expression. Au moment où (...) Raphaël se montra (...), une acclamation soudaine éclata, rapide, rutilante comme les rayons de cette fête improvisée (Balzac, Peau chagr., 1831, p. 293).Il va (...) dans l'échaudoir où pourrissent les charognes. Quelle odeur éclatante, rutilante, bondissante! (Genevoix, Boîte à pêche, 1926, p. 133).
3. [En parlant d'une œuvre littér. ou de son auteur] Qui se distingue par des qualités extrêmement brillantes, par un esthétisme somptueux. Flaubert lit (...) Hérodias. (...) certainement, il y a des tableaux colorés, des épithètes délicates (...); mais (...) que de petits sentiments modernes plaqués dans cette rutilante mosaïque de notes archaïques! (Goncourt, Journal, 1877, p. 1171).L'admirable, sombre et rutilant poète biblique (Jammes, Corresp.[avec Gide], 1902, p. 191).
Rutilant de + subst.Caractérisé par de remarquables audaces de style et de pensée. En le lisant [Auguste Barbier], en s'étonnant bien un peu de cette veine énergique, à outrance, de ces rimes débraillées, toutes rutilantes d'un beau cynisme (Sainte-Beuve, Portr. contemp., t. 2, 1833, p. 242).
Prononc. et Orth.: [ʀytilɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1495 « qui brille d'un vif éclat » (J. de Vignay, Miroir historial, éd. 1531, XXV, 42 ds Delb. Notes mss: la comete plus rutillante que la coustume), att. aux xveet xvies.; à nouv. en 1819 (Boiste); 2. a) 1546 « d'un rouge éclatant » (J. de Gaigny, Sermons de Guerricus, 88 r ods Delb. Notes mss: rutillante et resplendissante rougeur), att. au xvies.; à nouv. en 1838 (Michelet, Journal, p. 264: cheveux [...] d'un brun rutilant); b) 1789 chim. (Brisson, Traité élém. des principes de phys., t. 2, p. 39 ds Littré: [le gaz nitreux] devient rutilant); 1789 vapeurs rutilantes (Lavoisier, Chim., t. 1, p. 249: le gaz nitreux s'échappe sous la forme de vapeurs rutilantes). Empr. au lat.rutilans « brillant, éclatant (or, armes); roux (cheveux) », part. prés. adj. de rutilare (rutiler*). Fréq. abs. littér.: 75. Bbg. Darm. 1877, p. 183. − Quem. DDL t. 4.

RUTILER, verbe intrans.

RUTILER, verbe intrans.
A. −
1. [Corresp. à rutilant II A 1; le suj. désigne une chose, une partie du corps] Devenir (encore plus) rouge, présenter une éclatante couleur rouge. Synon. s'empourprer; anton. blanchir, blêmir.Le comte avait rougi jusqu'à la peau de son crâne, qui rutilait entre ses rares cheveux blancs (Richepin, Glu, 1881, p. 151).Certains buissons pourprés rutilaient à travers l'averse; l'herbe, auprès d'eux, prenait une verdeur aiguë (Gide, Isabelle, 1911, p. 637).
Rutiler de (+ subst.).Ces masques (...) rutilaient de leurs tons de terre rouge séchée (Morand, Paris-Tombouctou, 1929, p. 153).
2. [Corresp. à rutilant II A 2; le suj. désigne une chose] Présenter des coloris très vifs, exalter ses tonalités lumineuses; en partic., faire resplendir ses ors. Synon. chatoyer, se diaprer; anton. se décolorer, déteindre, se faner, se flétrir, pâlir, passer.D'autres [maîtres d'autrefois] (...) laissaient rutiler (...) Les arabesques d'or au ventre des aiguières (Heredia, Trophées, 1893, p. 105).Les bouquets des orchidées qui rutilent dans la pénombre comme des verrières (Cendrars, Homme foudr., 1945, p. 332).
Rutiler de (+ subst.).Les nattes de phormium pendues aux portes des cases rutilaient de peintures ardentes (Faure, Hist. art, 1912, p. 236).
Péj. Étaler des tons criards. [Les affiches des compagnies d'aviation] rutilent de couleur, crient en toutes les langues les prestiges de l'Orient (...). Elles sont (...) bruyantes et importunes (Morand, Route Indes, 1936, p. 334).
3. [Corresp. à rutilant II A 3; le suj. désigne une chose] Briller d'une lumière éclatante, jeter des feux vifs. Synon. éblouir, éclater, étinceler, flamber, flamboyer, fulgurer, s'illuminer, miroiter, rayonner, scintiller; anton. s'assombrir, s'obscurcir, se ternir.Le zigzag de l'éclair, avec ses lueurs blafardes et livides, vient tout à coup (...) rutiler dans les ténèbres comme une lame torse et flamboyante de glaive d'archange (Pommier, Athéisme, 1857, p. 133).Sa robe verte, où rutilaient des perles d'acier vert, d'un éclat phosphorique (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p. 200).
Rutiler de (+ subst.).La salle rutile de tous ses feux (Vialar, Zingari, 1959, p. 273).
B. − P. anal. ou au fig.
1. [Corresp. à rutilant II B 1; le suj. désigne une pers.] Arborer un air réjoui, satisfait, des apparences cossues. Synon. jubiler, se réjouir, se rengorger, triompher, pavoiser (fam.); anton. s'affliger, s'attrister.C'est marrant la jeunesse, pensa Mathieu, au-dehors ça rutile et au-dedans on ne sent rien (Sartre, Âge de raison, 1945, p. 57).Je fus (...) éberluée (...) sous les combles du théâtre Sarah-Bernhardt. Soie, fourrures, diamants, parfums: au-dessous de moi, un public jacassant rutilait (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 241).
Rutiler de (+ subst.).Il rutilait de contentement (Du Bos, Journal, 1923, p. 346).
2. [Corresp. à rutilant II B 3; le suj. désigne une chose abstr.] Rare. Se distinguer par ses qualités, être mis en valeur. V. renarder B au fig. ex. de Bloy.
Prononc.: [ʀytile], (il) rutile [-til]. Étymol. et Hist. 1. Ca 1470 « résonner avec éclat » (G. Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 4, p. 118: quand j'oy rutiller les voix des hommes autour de mes oreilles), attest. isolée dans ce sens; 2. a) ca 1485 « briller d'un vif éclat » (Mistere du viel Testament, éd. J. de Rothschild, 14109: sa grande dignité [...] Rutille en ces cartiers [ici au sens fig.]); b) déb. xvies. « briller d'un vif éclat » (Chant royal, ms. B. N. 1537, f o26 r ods Gdf. Compl.: le clerc soleil [...] y rutille) − 1611, Cotgr.; à nouv. au xixes. 1857 (Pommier, loc. cit.); c) 1832 p. anal. (Hugo, N.-D. Paris, p. 483: la fureur faisait rutiler ces figures farouches). Empr. au lat.rutilare trans. « teindre en rouge (les cheveux) », intrans. « briller (comme l'or), être éclatant », lat. chrét. « être éclatant (fig., en parlant de la gloire, d'un grand nom) », dér. de rutilus « d'un rouge ardent (cheveux); éclatant (comme l'or, le feu), ardent, brillant ». Fréq. abs. littér.: 29.
DÉR. 1.
Rutilation, subst. fém.Qualité de ce qui est rutilant, de ce qui présente des coloris éclatants, jette des feux vifs. Synon. rutilance, rutilement (infra dér. 2).Un magnifique phare à feu tournant, bleu, écarlate et blanc, rayait de sa rutilation éblouissante les sombres coteaux (...), c'était Aldébaran (...), l'énorme étoile de pourpre, d'argent et de turquoise (Hugo, Rhin, 1842, p. 38). [ʀytilasjɔ ̃]. 1resattest. [1785 (s. réf. ds FEW t. 10, p. 602)] a) 1801 « éclat rouge vif » (Fourcroy, Système des connaissances chim., t. 2, p. 86 ds Littré), b) 1842 « vif éclat » (Hugo, loc. cit.); de rutiler, suff. -(a)tion*.
2.
Rutilement, subst. masc.Action de rutiler; résultat de cette action. a) α) Synon. de rutilance (v. ce mot A 1).Physionomie fiévreuse, éclairée par le rutilement d'une chevelure et d'une barbe rousses (Goncourt, Journal, 1875, p. 1066).Rutilement des mosaïques, étincellement des ors (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 133). β) Synon. de rutilance (v. ce mot A 2).Je me suis baigné dans le Poème De la Mer (...) Où (...), délires Et rhythmes lents sous les rutilements du jour, Fermentent les rousseurs amères de l'amour! (Rimbaud, Poés., 1871, p. 129).Le rutilement d'un brasier gigantesque (Genevoix, Seuil guitounes, 1918, p. 236).b) α) Synon. de rutilance (v. ce mot B 1).Louis Veuillot (...) est arrivé au bon moment (...). Quel profit le catholicisme en a-t-il retiré? Nul autre que le rutilement de cet animal de gloire qui voulut toujours être unique et ne souffrit jamais d'égal (Bloy, Désesp., 1886, p. 234). β) Synon. de rutilance (v. ce mot B 2).En lisant le début du livre d'Esther, j'ai été frappé de ce rutilement de pierreries qui éblouit les yeux dans le premier chapitre; chaque verset a des reflets d'émeraude et de saphir (Green, Journal, 1941, p. 53).[ʀytilmɑ ̃]. 1reattest. 1871 (Rimbaud, loc. cit.); de rutiler, suff. -ment1*.
BBG.Dub. Dér. 1962, p. 31 (s.v. rutilement). − Quem. DDL t. 7.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·