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RUE1, subst. fém.

RUE1, subst. fém.
A. − Voie de circulation bordée de maisons dans une agglomération.
1. [La rue est un espace qui est décrit (dans sa structure, dans ses caractéristiques)] Les pavés des rues brillaient sous le soleil quand ils rentrèrent dans la ville (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p. 156):
1. Et la première rue à droite, − je ne sais pas comment elle s'appelle: pas plus de plaque que de numéros, − est laide. Pittoresque, je ne dis pas non: une sorte de boyau tortueux, magnifiquement sale, et grouillant d'une cohue bien bigarrée. Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 134.
Rue couverte. Rue commerçante abritée par un toit, par une verrière. Il lui montra trois femmes, sous la rue couverte, entre le pavillon de la marée et le pavillon de la volaille (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 676).
Rue piétonne (v. piéton2), piétonnière (rem. s.v. piéton2).
[Dans des expr.]
À tous les coins de rue. Souvent, fréquemment. Dans ce vieux Rouen où je me suis embêté sur tous les pavés, où j'ai bâillé de tristesse à tous les coins de rue (Flaub., Corresp., 1845, p. 167).
Vieux comme les rues. Très vieux, banal. Son désespoir après le départ de la grue, Le duel avec Gontran, c'est vieux comme la rue (Verlaine, Œuvres compl., t. 1, Jadis, 1884, p. 382).
Courir les rues. Être commun, être extrêmement répandu. Mon cher docteur, je ne vous conseille pas de soulever ici des controverses de cet ordre. L'esprit pharmaco-médical court les rues (Romains, Knock, 1923, iii, 8, p. 19).Lorsqu'une pensée s'offre à nous comme une profonde découverte, et que nous prenons la peine de la développer, nous trouvons souvent que c'est une vérité qui court les rues (Éluard, Donner, 1939, p. 174).
Le bout de la rue fait le coin (fam., vieilli). ,,La chose est évidente et banale`` (Rey-Chantr. Expr. 1979).
Les rues en sont pavées. ,,Il y en a autant qu'on en veut; la chose est courante, sans valeur`` (Rey-Chantr. Expr. 1979).
La rue est à tout le monde. Cet avantage, cette prérogative appartient à tous. « La rue est à tout le monde », reprenais-je en donnant à ces mots un sens différent (Proust, Guermantes 2, 1921, p. 145).
SYNT. Rue asphaltée, bordée de maisons, écartée, étroite, défoncée, encaissée, ensoleillée, illuminée, montante, obscure, pavée, pavoisée, silencieuse, sinistre, tortueuse, tranquille; belle, grande, immense, longue, petite, vieille rue, rue à arcades, plantée d'arbres; rue unique (d'un village); plan, réseau, enchevêtrement, dédale, labyrinthe des rues (d'une ville); balayage, nettoyage des rues; rue à sens unique; rue barrée, sans issue.
[La rue porte un nom ou un numéro] Au premier restaurant, là, au coin, rue Castiglione (Borel, Champavert, 1833, p. 213).Un Child's, par exemple celui de la Cinquième avenue, près de la Cinquante-septième rue, est aussi plein qu'à midi (Morand, New-York, 1930, p. 198):
2. Rappelle-toi Barbara Il pleuvait sans cesse sur Brest Et je t'ai croisée rue de Siam Tu souriais Et moi je souriais de même Prévert, Paroles, 1946, p. 237.
Grand(e) rue, rue principale. La maisonnette que nous habitons (...) s'ouvre, d'un côté, sur la rue principale du lieu, de l'autre, sur un jardin (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 451).M. Romarin, le coiffeur de la Grand'Rue, sortit le premier (Benjamin, Gaspard, 1915, p. 7).
Arg., pop. [Dans des expr.]
Ça fait la rue Michel. [Par jeu de mots sur le nom de la rue Michel-le-Comte à Paris] Ça suffit comme ça, c'est assez, ça fait le compte. Pourvu que nous soyons de retour après-demain matin au rapport, ça fait la rue Michel, c'est le capiston qui me l'a dit (Courteline, Train 8 h 47, 1888, p. 78).P. ell. Ça fait la rue. Tant qu'au reste [des fatras du sellier], (...) arrangez-le pour (...) qu'on puisse enfin circuler dans ce bazar − et ça fera la rue (M. Stéphane, Ceux du trimard, 1928, p. 165).
Loger rue du Croissant. Être trompé par sa femme, être cocu. (Ds Delvau, Dict. de la lang. verte, 1889, p. 228).
2. [La rue, espace de référence, entre dans la constr. de loc. de lieu]
Au, en... de la rue. En bas, en bordure, en haut, au coin, au milieu de la rue. Au bout de la rue de la Cossonnerie, les maisons du boulevard Sébastopol étaient toutes noires (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 625).
En pleine rue. Dehors, au vu et au su de tout le monde. Alors, je le souffletterai en pleine rue (Zola, Nana, 1880, p. 1454).
Le long de la rue, des rues. Tout le long de la rue on ne voyait que cela (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 114).
Sur (la) rue. Qui donne du côté de la rue. Donner sur la rue; avoir vue sur la rue. C'est bien vous qui avez pour maîtresse, boulevard Magenta, 111 bis, au quatrième sur la rue, une personne appelée Adèle? (Courteline, Boubouroche, 1893, i, 3, p. 38).
Avoir pignon sur rue. V. pignon2.
3. [La rue, espace où se déroule un procès] Verbe + (dans) la rue.Mademoiselle Lanze traversa la rue (Gobineau, Pléiades, 1874, p. 116).Il s'était dit: « Quelle idée d'aller se promener rue de Rivoli, en pleine matinée, quand on se sait recherché par la police? » (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 212).
Sortir dans la rue. Se montrer à visage découvert. Je n'ose sortir dans la rue [Amiel a eu une brûlure] (Amiel, Journal, 1866, p. 304).
SYNT. Arpenter, atteindre, descendre, gagner, habiter, longer, monter, parcourir, traverser la rue; traîner (dans) les rues (fam.); aller, attendre, courir, s'installer, se promener, croiser qqn, se battre, chanter dans la rue.
4. [La rue, espace de la vie urbaine et populaire] Rue animée, bruyante, commerçante, déserte, grouillante, mal famée, misérable, passante, populeuse, vide. La rue assourdissante autour de moi hurlait (Baudel., Fl. du Mal, 1860, p. 161).Tous les gens du quartier étaient dans la rue. Des enfants lançaient des pétards, d'autres brandissaient des lampions (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 172).
Rue chaude*.
Sirop* de (la) rue.
De la rue, des rues. [En parlant d'une pers.] Qui vit, travaille dans la rue. Léo: Non, Michel; nous, nous sommes des gens de la rue, des gens de la boue (Cocteau, Parents, 1938, iii, 10, p. 247).
Chanteur des rues. Chanteur qui interprète des chansons dans la rue pour gagner sa vie. Les trouvères allaient par deux, comme encore les chanteurs des rues (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p. 223).Chanson des rues. Chanson populaire. Un événement politique, un procès en cour d'assises, une chanson des rues, les farces d'un acteur, tout sert à entretenir ce jeu d'esprit qui consiste surtout à prendre les idées et les mots comme des volants, et à se les renvoyer sur des raquettes (Balzac, Goriot, 1835, p. 62).
Marchand(e) des rues. Celui, celle qui commerce dans la rue. À terre, les marchandes des rues se partageaient des mannes de harengs et de petites limandes, achetées en commun (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 702).
5. [La rue, espace de l'agitation pol., des guerres civiles et des luttes révolutionnaires] Défiler, se battre, manifester dans la rue; combats de rues. Un peu de cette poésie qui est dans les fêtes et dans les foules, les jours, aujourd'hui trop rares, où le peuple descend dans la rue (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p. 102).
P. méton. La rue. Le peuple, les gens de la rue, la population des villes prête à s'insurger. [Le peuple] ouvrait la porte, et la rue entrait dans l'assemblée (Hugo, Quatre-vingt-treize, 1874, p. 182).[Renaudin] voyait les parlementaires intriguer et la rue s'agiter (Barrès, Appel soldat, 1900, p. 98):
3. ... trois ouvriers qui passaient, levaient la tête de son côté, avec un rire gouailleur. Dans leurs propos il ne put distinguer que ce mot: Panama! Le mépris de la rue montait au député. De Vogüé, Morts, 1899, p. 301.
6. [La rue, espace du désœuvrement, de la misère, du vice] Pas même un toit pour dormir, pas même de nom. La rue (A. Daudet, Nabab, 1877, p. 187).Séduite, puis poussée à la rue, puis ramassée par les ivrognes, la pente descendait vite à la boue (Zola, Travail, t. 1, 1901, p. 41).
Être à la rue. Être sans toit, sans ressource, être sur le pavé. En attendant, mes enfants sont à la rue (Camus, État de siège, 1948, 2epart., p. 246).
Jeter, mettre qqn à la rue. Expulser quelqu'un, priver quelqu'un de son emploi, lui ôter secours et protection. Il la jeta littéralement à la rue, et refusa de plus jamais entendre parler d'elle (Farrère, Homme qui assass., 1907, p. 100).
Fille des rues. Prostituée. « Fille des rues » − qu'est-ce que cela signifiait donc d'employer ce terme entre ciel et mer, sur un récif, il n'existait point de rues ici, point de filles des rues, point de traînées, point de salopes (Queffélec, Recteur, 1944, p. 60).
Gamin des rues. Synon. de poulbot, gavroche, titi.Sa figure de gamin des rues, balafrée par le voyage et fripée par le chagrin (Martin du G., Thib., Cah. gris, 1922, p. 667).
B. − P. anal.
1. CARR. Rue de carrière. ,,Galerie de carrière souterraine, parallèle à la direction de la galerie principale qui, partant de la bouche de la carrière, pénètre dans la masse`` (Noël 1968).
2. MÉTÉOR. Rue de nuages. ,,Nuages disposés en files sensiblement parallèles à la direction du vent et paraissant converger, par suite de l'effet de la perspective, vers un point ou vers deux points opposés de l'horizon. Les nuages qui constituent le plus souvent les « rues de nuages » sont les cumulus`` (Villen. 1974).
3. NAV. Rue de chauffe. Au temps de la vapeur, passage devant les foyers de chaudières lorsque celles-ci étaient alimentées à bras d'hommes. Ils se munissaient de cirés, comme les matelots, afin de se protéger de la violence des embruns qui tombaient dans les rues de chauffe (Journal Le Marin, 28 nov. 1975ds Gruss 1978).
4. THÉÂTRE. Dans un plateau classique « à l'italienne » bande parallèle à l'ouverture de scène, large de 1,14 m environ et composée de panneaux mobiles. Il y a deux espèces de tiroirs, le tiroir de la rue et celui du trappillon [au plancher de la scène] (Moynet, Machinerie théâtr., 1893, p. 22).Les rues alternent avec les « fausses rues » (Giteau1970).
5. TYPOGR. Défaut dans la disposition des lignes dont les blancs produits par les espaces se trouvent alignés verticalement (d'apr. Maire, Manuel biblioth., 1896, p. 355).
REM.
Ruette, subst. fém.,vieilli. Petite rue, ruelle. Une bonne vieille chineuse, que son industrie ambulante ramenait de temps en temps dans la ruette longeant l'enclos (Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 126).
Prononc. et Orth.: [ʀy]. Homon. ru, rue2et formes du verbe ruer. Att. ds Ac. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 « voie bordée de maisons dans une agglomération » (Alexis, éd. Chr. Storey, 212); 2. 1675 « ensemble des habitants des maisons qui bordent cette voie » (Mmede Sévigné, Lettre du 30 oct. ds Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 146); 3. a) 1701 rue de carrière (Fur.); b) 1772 théâtre (Encyclop., Planches t. 10, IV, p. 1a). Du b. lat. ruga « chemin bordé de maisons » (Blaise Lat. chrét.) issu, p. métaph. du lat. class. ruga « ride ». Voir FEW t. 10, pp. 545b-546a. Fréq. abs. littér.: 24 591. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 23 117, b) 54 585; xxes.: a) 37 170, b) 33 251. Bbg. Archit. 1972, p. 133. − Baldinger (K.). Die Bezeichnungen für Weg im Galloromanischen. In: [Mél. Rohlfs (G.)]. Tübingen, 1968, pp. 100-101. − Quem. DDL t. 31 (s.v. rue chaude).

RUE2, subst. fém.

RUE2, subst. fém.
BOT. Plante herbacée de la famille des Rutacées, à petites fleurs jaunes, qui croît dans la région méditerranéenne en exhalant une forte odeur fétide et dont les feuilles, autrefois utilisées pour leurs vertus antiseptiques et stimulantes, fournissent aujourd'hui la rutine. L'ange lui nettoya le nerf optique avec (...) la rue, car il [Adam] avait beaucoup à voir, et versa dans ses yeux trois gouttes de l'eau du Puits de vie (Chateaubr., Paradis perdu, 1836, p. 405).
Prononc. et Orth. V. rue1. Homon. ru, rue1et formes du verbe ruer. Étymol. et Hist. Fin du xies. rude bot. (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, 917); ca 1200 rue (Jean Renart, Escoufle, éd. Fr. Sweetser, 6686). Du lat. ruta « id. ». Bbg. Arveiller (R.). Méd. et matière méd. (50 nouv. dat.). R. Ling. rom. 1970, t. 34, p. 183. − Joret (Ch.). Gloss. des noms de plantes. Romania. 1889, t. 18, p. 581.

RUER, verbe

RUER, verbe
A. −
1. Empl. trans. ,,Jeter avec impétuosité`` (Ac. 1798-1878). Ruer des pierres (Ac. 1798-1878).
Fam. Ruer de grands coups. ,,Frapper de grands coups`` (Ac. 1798-1878).
Absol. ,,Jeter une pierre`` (Ac. 1798-1878). Il gage qu'il ruera plus loin que vous (Ac.1798-1878).
Proverbes, au fig. ,,Ses plus grands coups sont rués, en parlant D'un homme qui, après s'être signalé en quelque chose, après s'être porté à quelque chose avec ardeur, commence à se modérer, à se relâcher`` (Ac. 1798-1878). ,,Les plus grands coups sont rués , les plus grands efforts sont faits dans l'affaire dont il s'agit`` (Ac. 1835, 1878).
2. Empl. pronom. Se ruer (sur, contre, à, vers qqc., pour faire qqc.).
a) [Le suj. désigne un animé]
Se jeter avec impétuosité, brusquerie sur, vers quelqu'un, quelque chose; se précipiter. Ces hommes ennemis, qui s'étaient rués les uns à la gorge des autres, gisaient maintenant côte à côte (ZolaDébâcle, 1892, p. 500).Djouma (...) se rua soudain vers l'orée du sentier, et s'y tint en arrêt (Maran, Batouala, 1921, p. 150).Leurs plumes se hérissent. Ils se ruent l'un contre l'autre, le bec en avant, et frappent (Jeux et sports, 1967, p. 161).
Absol. Gervaise, brusquement, hurla. Virginie venait de l'atteindre à toute volée (...). Alors, elle se rua. On crut qu'elle voulait assommer l'autre (Zola, Assommoir, 1877, p. 400).
Se précipiter en grand nombre; aller en masse. En 1856, plus de six cents navires franchissent la Baie [de San-Francisco]; ils déversent des foules sans cesse renouvelées qui se ruent aussitôt à l'assaut de l'or (Cendrars, Or, 1925, p. 120).Le public américain se ruait pour écouter les films chantants (Sadoul, Cin., 1949, p. 220).
b) P. anal. [Le suj. désigne un élément naturel] Se précipiter avec force; survenir de manière insurmontable, imparable. Admets, dit Pécuchet, qu'un tremblement de terre ait lieu sous la Manche; les eaux se ruent dans l'Atlantique (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 91):
Le vent s'est élevé du Rhône. Un orage doit boucher le défilé de Mondragon. Tout le jour, le fleuve du vent s'est rué dans les cuvettes de la Drôme. Monté jusqu'aux châtaigneraies, il a fait les cent coups du diable dans les grandes branches; il s'est enflé, peu à peu, jusqu'à déborder les montagnes et, sitôt le bord sauté, pomponné de pelotes de feuilles, il a dévalé sur nous. Giono, Colline, 1929, p. 28.
P. métaph. Durtal se rua (...) dans la pénitence (...) et il fut désormais un chrétien (Coppée, Bonne souffr., 1898, p. 165).Il n'est pas d'homme qui, sa décision prise et le remords d'avance accepté, ne se soit, au moins une minute, rué au mal avec une claire cupidité comme pour en tarir la malédiction (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p. 213).
B. − Empl. intrans.
1. Vieilli. Lancer les bras, les jambes, frapper au hasard, se débattre. Rosny (...) nous raconte son histoire en ruant de tout le corps (Goncourt, Journal, 1887, p. 687).Il restait à quelques-uns la force de rire et de claquer le derrière du camarade en plongée. Le coup portait bien sur la chair suante. L'homme touché ruait au hasard, envoyant haut son pied nu (Hamp, Champagne, 1909, p. 101).
Expr., fam. ,,Ruer à tort et à travers. Frapper de tous côtés dans une foule`` (Ac. 1835, 1878).
2. [Le suj. désigne un quadrupède] Lancer vivement et avec force, énervement, mauvaise humeur, etc., les membres postérieurs en arrière et en l'air, en prenant appui sur les antérieurs et en baissant l'encolure; lancer une ruade. Des ânes trottinant et ruant sous le bâton d'âniers à tête rase (Gautier, Rom. momie, 1858, p. 267).
Ruer à la botte. [Le suj. désigne un cheval] Être très chatouilleux et ruer à l'approche ou au contact de l'éperon. (Ds Littré, Guérin 1892, Lar. Lang. fr.). Au fig. Être très susceptible; se rebiffer. (Ds Guérin 1892, Lar. Lang. fr.).
Ruer aux/dans les brancards. Ruer au moment de l'attellement. Au fig. [Le suj. désigne une pers.] Regimber, se rebeller, opposer de la résistance. Thérèse, affirmait-il ne ruait que dans les brancards. Libre, peut-être, n'y aurait-il pas plus raisonnable (Mauriac, Th. Desqueyroux, 1927, p. 275).
Ruer en vache. Porter un coup de pied à la manière d'une vache, c'est-à-dire en ramenant le membre postérieur sous la poitrine et en portant le coup de côté à hauteur de l'antérieur. (Ds Ac.).
Prononc. et Orth.: [ʀ ɥe], (il) rue [ʀy]. Martinet-Walter 1973: [ʀ ɥe], [ʀye] (13, 4). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1120 « jeter impétueusement, projeter » (Benedeit, St Brendan, éd. I. Short et B. Merrilees, 1148); 2. ca 1170 pronom. « se précipiter, s'élancer » (Chrestien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 873); 3. 1326 « (d'un cheval) lancer vivement en arrière les pieds de derrière » (Vie de St Grégoire le Grand, 1312 ds Romania t. 8, p. 533). Du b. lat. *rutare « lancer », créé sur rutum supin de ruere « lancer, renverser, bousculer » et pronom. « se précipiter », comme intensif de ce verbe. Fréq. abs. littér.: 888. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 406, b) 1 419; xxes.: a) 2 296, b) 1 288.
DÉR. 1.
Ruement, subst. masc.,vieilli. a) Action de ruer. (Dict. xixeet xxes.). Synon. ruade.b) Action de se ruer. Synon. ruée.Il y eut un ruement général contre les murs, puis le flot de brutes reprit son cours vers le quai, où une bataille éclata entre les marins des deux nations (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Mais. Tellier, 1881, p. 1183).[ʀymɑ ̃]. 1resattest. a) 1306 « action de lancer » (Guillaume Guiart, Royaux lignages, I, 6773 ds T.-L.), b) 1877 « action de ruer » (A. Daudet, Journal des Débats, 2 août, 1repage ds Littré Suppl.); de ruer, suff. -ment1*.
2.
Rueur, -euse, adj.[En parlant d'un quadrupède] Qui rue; qui a l'habitude de ruer. Ânesse rueuse. Là! (...) Voilà comment on rend les chevaux rueurs! (Gyp, Gde vie, 1891, p. 179).En empl. subst. De ses cuisses de fer, (...) des reins, des genoux, le cavalier se maintient, colle au rueur (Morand, Air indien, 1932, p. 59).[ʀ ɥ œ:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1835. 1reattest. 1551 (Cottereau, Colum., II, 2 ds Gdf.); de ruer, suff. -eur2*; le mot est att. du xiiieau xves. au sens de « lanceur », v. Gdf.
BBG. − TLF. Notes de lexicogr. crit. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1986, t. 24, n o1, p. 236.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·