−
En partic. a) [Constr. avec différents compl. prép.] ♦ Reproche de qqn (désignant celui qui reproche).Tout reproche de ma mère, le moindre de ses froncements de sourcils, mettait en jeu ma sécurité: privée de son approbation, je ne me sentais plus le droit d'exister (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 42).Au fig. Un regret sourd qui serait assez voisin d'un reproche de conscience, j'allais dire d'un remords (Amiel, Journal, 1866, p. 413).
♦
Reproche de qqc., de + inf. (désignant ce que l'on reproche).Nul ne vouloit laisser ternir sa gloire par le reproche honteux d'avoir fui ou quitté la croix (Cottin, Mathilde, t. 1, 1805, p. 78).Pour les deux sous de satisfaction vaniteuse que lui procurera cette élection, quels reproches de manque de caractère ça lui vaudra-t-il un jour et quelle diminution de l'homme lui amènera ce petit grandissement! (Goncourt, Journal, 1896, p. 960).Rare. Reproche que + prop.Monsieur, lui dit Julien, croyez-vous qu'avec tout autre précepteur, vos enfants eussent fait les mêmes progrès qu'avec moi? (...) comment osez-vous m'adresser le reproche que je les néglige? (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 60).♦ Reproche sur qqc., (plus rarement) au sujet de, à propos de qqc. (désignant ce qui motive le reproche).Toutes ses cajoleries, dont je n'étais pas tout-à-fait dupe, ne m'empêchèrent pas de lui adresser quelques reproches sur sa conduite (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 95).Non! non! je n'accepte aucun reproche au sujet de cette situation que je viens de perdre (Duhamel, Confess. min., 1920, p. 31).
♦ Rare. Reproche contre qqn.Un reproche subsiste contre lui: c'est l'opiniâtreté avec laquelle il poursuit de ses invectives la cour romaine et les souverains pontifes (Ozanam, Philos. Dante, 1838, p. 277).
b) [Combiné avec faire] Faire reproche à qqn de qqc., de + inf., de ce que + prop.; faire un, des reproches à qqn (de qqc., sur qqc., de ce que + prop.).Il s'oublia jusqu'à lui faire des reproches de ce qu'elle laissait son père seul beaucoup trop longtemps (Ponson du Terr., Rocambole, t. 2, 1859, p. 262).Elle demanda: « Est-ce une scène? Avez-vous l'intention de me faire des reproches? (...) » (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Bord du lit, 1883, p. 895).Au fig. Ma conscience ne me fait aucun reproche, protesta le curé de Mégère, avec un pauvre sourire. Vous ne pouvez d'ailleurs comprendre ce que je sens (Bernanos, Crime, 1935, p. 792).♦ Se faire un, des reproches (de qqc., sur qqc., de ce que + prop.).Se faire de grands reproches. Où est-il l'homme qui n'ait aucun reproche à se faire? Où est-il l'homme qui puisse regarder en arrière de sa vie sans éprouver un seul remords ou sans connaître aucun regret? (Staël, Corinne, t. 2, 1807, p. 296).Il se faisait un reproche de sacrifier à de vaines considérations du monde quelques heures d'un plaisir qu'il supposait devoir être très-piquant (Soulié, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 319).
c) Loc. adv. [Empl. dans le dialogue, pour demander à l'interlocuteur de ne pas interpréter ou prendre comme un reproche ce qui est dit] Sans reproche; soit dit sans reproche. Je suis venu cinq fois à Besançon, sans reproche, pour te voir. Toujours visage de bois. J'ai aposté quelqu'un à la porte du séminaire; pourquoi diable est-ce que tu ne sors jamais? (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p. 178).Sans reproche, vous autres, vous ne m'avez jamais donné que du tourment (Bernanos, Mouchette, 1937, p. 1314).SYNT. Adresser un reproche à qqn; accabler qqn de reproches; s'exposer à un reproche; encourir un reproche; subir des reproches; être blessé par un reproche; parole, regard plein(e), chargé(e) de reproche(s); s'adresser à qqn, regarder qqn avec reproche; reproche amical, amer, dur, fondé, juste, mérité, sec, sévère, violent.
d) Loc. adj. Accent, paroles, regard, ton de reproche. [Pour exprimer une attitude, un geste, un acte qui est une manifestation de reproche] Elle ne put s'empêcher de murmurer: « Quel caractère! » sur un ton de déception et de reproche qu'elle-même en fut tout émue (Bosco, Mas Théot., 1945, p. 260).