1. [Le suj. désigne une chose] a) Se présenter de nouveau à la vue après avoir été caché, effacé, après avoir disparu. Un manuscrit palimpseste dont on fait reparaître les lignes par des procédés chimiques (Nerval, Filles feu, Angélique, 1854, p. 537).Enfin, la chambre s'éclaira, de cette lumière confuse où les meubles semblaient flotter. Le poêle reparut, l'armoire, le buffet (Zola, Bête hum., 1890, p. 180).♦ Reparaître + attribut précisant l'aspect de ce qui reparaît.Par intervalles, de grandes lames de brume (...) cachaient le soleil. Ensuite, il reparaissait plus pâle et comme malade (Hugo, Travaill. mer, 1866, p. 202).Il arrive qu'en aval l'eau souterraine afflue. Sous les sables (...) elle s'infiltre pour reparaître en sources (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 55).
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En partic. ♦ [Le suj. désigne un astre] Repasser au même point et donc être de nouveau visible (en ce point). La comète reparut; elle traversa le chemin annoncé parmi les constellations! (Flammarion, Astron. pop., 1880, p. 619).L'étoile qui a reparu cet été après vingt ans (Giraudoux, Simon, 1926, p. 244).
♦ Être de nouveau montré, rendu public. Ce rapport ne reparut jamais; on le retira de nos cartons, et l'on y mit même assez d'importance pour le redemander à ceux de nous qui l'avaient emporté chez eux (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 815).
b) Exister de nouveau, se manifester de nouveau à la vue. Un ancien disait: Mes amis, il n'y a plus d'amis. Se trompait-il? ou si la race en a reparu depuis? (Courier, Lettres Fr. et Ital., 1811, p. 848).♦
[Le suj. désigne une manifestation de la pers., un phénomène physique] Le sourire reparaît; les larmes reparaissent; la sueur reparaît (sur le visage); l'air de méchanceté, la mine bourrue, la jeunesse reparaît (sur le visage). Je revins bientôt armé de ma potion, et déjà je trouvai du mieux; la couleur reparaissait aux joues, l'œil était détendu (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p. 251).La frayeur, qui s'était dissipée du visage de Rhadidja, y reparut (Montherl., Lépreuses, 1939, p. 1442).[Le suj. désigne un état physique, sa cause ou son résultat] Être éprouvé, ressenti de nouveau; revenir. La douleur, la fièvre, la soif reparaît; les vomissements reparaissent; les forces reparaissent. La maison, longtemps inhabitée, est humide et glacée la nuit, et l'air me cassant les bronches, la bronchite, la toux et le reste reparaissent (Villiers de L'I.-A., Corresp., 1889, p. 285).Insomnies ces dernières nuits; assez pénibles à cause des troubles nerveux qui reparaissent (...) aussitôt que je recommence à travailler sérieusement (Gide, Journal, 1916, p. 550).Reparaître + attribut.Le mal ancien que l'on croyait écarté, fond sur lui... inflammation pulmonaire, très probablement reparaissant sous une forme d'influenza (Rolland, Beethoven, t. 2, 1937, p. 415).♦ [Le suj. désigne un phénomène lié aux cycles de la nature] Le printemps, l'été reparaît. L'idée que le moment où je verrais le jour reparaître était l'instant du départ me faisait frémir (Chênedollé, Journal, 1804, p. 4).Quand le beau temps reparut, une voile se montra à l'horizon (Ponson du Terr.,Rocambole, t. 3, 1859, p. 32).
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[Le suj. désigne une chose douée de vie, un organe] Ces fleurs ne peuvent reparaître l'année suivante au même endroit [des arbres] (Bern. de St-P., Harm. nature, 1814, p. 261).Étudier, en faisant jeûner les animaux à sang froid, les tissus qui disparaissent pour reparaître ensuite quand la fonction se réveille (Cl. Bernard, Notes, 1860, p. 51).[P. méton. du suj.] En reparaissant plus belle et plus jeune, la nature me fit sentir sa puissance (Sand, Lélia, 1833, p. 183).−
En partic. ♦ Être de nouveau présent après une interruption dans l'espace. Bientôt la vallée se resserre et se creuse, les cours d'eau commencent à ruisseler, la végétation renaît, l'ombre et la fraîcheur reparaissent (Gautier, Tra los montes, 1843, p. 200).Avec les collines du Montferrat reparaissent les villages (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p. 176).
♦ Être créé de nouveau, remis en usage. Cette parure [le vertugadin], abandonnée pendant plus d'un siècle, reparut avec éclat sous le nom de panier (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 269).En 1934 les films de guerre ont disparu. 1935 les verra reparaître (Arts et litt., 1936, p. 34-5).
c)
α) [Le suj. désigne un ouvrage] Être publié, édité de nouveau. Je me persuade, en laissant reparaître aujourd'hui le Second Manifeste du Surréalisme, que le temps s'est chargé pour moi d'émousser ses angles polémiques (Breton, Manif. Surréal., 2eManif., 1930, p. 79).
β) [Le suj. désigne un périodique] Paraître de nouveau après une interruption. N'écris rien pour Tânit, qui cesse de paraître pendant les mois de chaleur, pour reparaître en octobre (Alain-Fournier, Corresp., [avec Rivière], 1907, p. 192).
d) P. anal. [Le suj. désigne un son, une odeur] Être de nouveau perçu ou perceptible. Sous toutes ces senteurs diverses flottait un arome léger de poudre de riz qui parfois disparaissait, reparaissait, qu'on retrouvait toujours (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Femme de Paul, 1881, p. 1218).L'orchestre se désagrège, les instruments partant chacun de leur côté. Les bruits de la salle reparaissent (Claudel, Soulier, 1944, 1repart., 1rejournée, p. 939).
e) [Le suj. désigne une image mentale, un souvenir] Revenir à l'esprit. Ce son magique fit reparaître à mes yeux le domaine paternel (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 103).Le visage de la bohémienne, inoubliable, reparaissait alors dans sa mémoire (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 71).
2. [Le suj. désigne une pers., parfois un animal] a) Se montrer de nouveau à quelqu'un, revenir dans un lieu. Coupeau ne reparaissait plus. On l'entendait, dans la cuisine, se battre avec le fourneau et la cafetière (Zola, Assommoir, 1877, p. 470).Annouchka n'avait reparu ni chez elle, ni à l'hôtel, ni même à l'établissement Krestowsky qui avait été obligé de supprimer son numéro de chant (G. Leroux, Roul. tsar, 1912, p. 115).− Reparaître + compl. prép. ou propos. indiquant la durée de l'absence.Voilà trois semaines que Jérôme n'a pas reparu, pas une seule fois! (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 607).Tonton Amédée ne reparut de huit jours, puis revint un soir (Pourrat, Gaspard, 1930, p. 117).
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Locutions ♦ Reparaître devant qqn, aux yeux de qqn. [Dans des cont. marquant qu'une pers. a qqc. à se reprocher ou qu'elle suscite l'indignation] Va-t'en! va-t'en! criai-je en me dégageant; je te défends de jamais reparaître devant moi! (Du Camp, Mém. suic., 1853, p. 190).Est-ce que tu oserais reparaître aux yeux de la comtesse si tu avais tué son mari? (Ponson du Terr., Rocambole, t. 4, 1859, p. 362).
♦ Reparaître dans la vie de qqn. Revenir près de quelqu'un et exercer de nouveau une influence sur lui. À cette époque, Marcelline était déjà reparue dans ma vie, mais je n'y avais pas pris garde (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 316).
♦ Reparaître dans le monde. Participer de nouveau à la vie sociale, mondaine. C'est bien simple. M. Ulric ne peut plus reparaître dans le monde, parce qu'il est ruiné (Murger, Scènes vie jeun., 1851, p. 13).
♦ Reparaître en scène/sur la scène. [Le suj. désigne un acteur] Jouer de nouveau. Il fit à Montfleury, messieurs, qu'il prit en haine, Défense, pour un mois, de reparaître en scène (Rostand, Cyrano, 1898, i, 2, p. 23).P. anal. Jouer de nouveau un rôle social, politique. [Napoléon] immolait à sa passion de reparaître sur la scène le repos d'un peuple qui lui avait prodigué son sang et ses trésors (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 555).
− Reparaître + attribut indiquant l'apparence, l'état.Reparaître en arlequin, sous un déguisement, en vaincu, dans l'éclat d'une haute fortune. Il se voyait ancré tout à coup dans le faubourg Saint-Germain, où (...) il reparaissait en comte d'Aubrion, comme les Dreux reparurent un jour en Brézé (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 236).La faiblesse humaine me faisait aussi un plaisir de reparaître connu et puissant là où j'avais été ignoré et faible (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 89).
b) DR. Reparaître en justice. Comparaître de nouveau. [Un condamné] rentrera dans la plénitude de ses droits civils, pour l'avenir, et à compter du jour où il aura reparu en justice (Code civil, 1804, art. 31, p. 8).