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REMARQUE, subst. fém.

REMARQUE, subst. fém.
I. − Vieilli. Fait de remarquer, d'observer quelque chose. Toutes ces perceptions intérieures étaient si bien en lui sentiment et pressentiment, qu'elles précédaient les impressions et les remarques de la vue, et qu'elles le frappaient avant l'éveil de son observation (Goncourt, Ch. Demailly, 1860, p. 72).
(Chose) digne de remarque. Remarquable:
1. ... Barrès écrivait: « C'est le rôle des maîtres de justifier les habitudes et préjugés qui sont ceux de la France, de manière à préparer pour le mieux nos enfants à prendre leur rang dans la procession nationale » (...). Nous retrouvons là cette soif de discipline (...) qui me paraît si digne de remarque chez des descendants de Montaigne et de Renan. Benda, Trahis. clercs, 1927, p. 289.
II.
A. − P. méton. Fait d'exprimer une opinion sur un fait, un point particulier afin d'attirer l'attention, de le faire prendre en considération. Synon. observation, réflexion.Remarque générale, préliminaire; remarque désobligeante, fondée, importante, intéressante, judicieuse, juste, pertinente, utile; remarque banale, insignifiante, oiseuse, dénuée d'intérêt, inutile.
1. Observation orale. Une remarque s'impose. J'étais tout étonné de voir le reporter ne prendre aucune de ces dispositions auxquelles je m'attendais. Je lui en fis la remarque (G. Leroux, Myst. ch. jaune, 1907, p. 104).Le peintre avait entendu dire que Vinteuil était menacé d'aliénation mentale. Et il assurait qu'on pouvait s'en apercevoir à certains passages de sa sonate. Swann ne trouva pas cette remarque absurde, mais elle le troubla (Proust, Swann, 1913, p. 214).
En partic. Réflexion critique, désobligeante. Faire des remarques à un élève; entendre toujours les mêmes remarques. Sa conversation portait uniquement sur des remarques de tenue, sur mes manières bonnes ou mauvaises (Bourget, Disciple, 1889, p. 80).
2. Note, commentaire écrit(e) sur un ouvrage, un sujet. Synon. annotation.Consigner, transcrire une remarque. Bouilhet est là qui pioche ton œuvre, nous allons t'écrire nos remarques et corrections (Flaub., Corresp., 1852, p. 382):
2. − Je vais vous prêter plusieurs livres (...). − Que d'annotations dans les marges! − Ce sont les notes des diverses jeunes filles à qui j'ai prêté ces volumes (...). Il feuilleta l'un d'eux, lut deux ou trois remarques manuscrites. − Tiens, voilà des notes manuscrites intelligentes. Montherl., Démon bien, 1937, p. 1249.
B. − Repère permettant d'identifier, de reconnaître (quelque chose).
Spécialement
GRAV. ,,Petit croquis tracé par le graveur dans les marges d'une planche en cours d'exécution, lequel, après impression des premières épreuves, sera supprimé pour le tirage définitif`` (Dacier 1944). Épreuve avec remarque. Épreuve de remarque. Épreuve comportant cette particularité. On recherche également les épreuves de remarque, celles des divers états d'une planche, pour se rendre compte des modifications qu'elle a subies (M. Lalanne, Grav. eau forte, 1866, p. 91).
MAR. Point de remarque. Point de repère situé sur une côte ou près d'un port. Synon. amers.Le poste des Natchez n'est donc pour eux qu'une pierre d'attente ou un point de remarque qui puisse les guider dans leurs projets ambitieux (Baudry des Loz., Voy. Louisiane, 1802, p. 203).
Prononc. et Orth.: [ʀ əmaʀk]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1579 « action de remarquer » (Ordonnance de Henry III, Blois, CXCVI ds Gdf. Compl.); b) 1609 digne de remarque « remarquable » (M. Régnier, Satire, XII, éd. G. Raibaud, p. 159); 2. 1647 « notes écrites exprimant réflexions et commentaires » (Vaug.); 3. 1657-62 faire une remarque « exprimer une opinion sur un point particulier » (Pascal, Pensées, sect. XII, éd. Brunschvicg, t. 14, p. 236); 4. 1864 épreuve avec la remarque « celle qui a été tirée avant que l'artiste eût fait disparaître quelque accident, tel qu'une fausse taille » (Littré, s.v. épreuve); 1944 « petite gravure faite dans la marge d'une planche gravée » (Dacier). Déverbal de remarquer*, forme pic. qui a remplacé l'a. fr. remerche (ca 1505 « action de remarquer » Voyage de Gonneville, Ann. des Voyages, t. 3, 1869, p. 53 ds Gdf. Compl.), remerque (1577 « critique, blâme » Jamin, Stances, A la louange d'amour ds Œuvres, éd. S. M. Carrington, t. 2, p. 61), rapidement supplanté par remarque sous l'infl. de marque*. Fréq. abs. littér.: 1 579. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 217, b) 1 563; xxes.: a) 1 696, b) 2 961.

REMARQUER, verbe trans.

REMARQUER, verbe trans.
I. − Vieilli. Marquer de nouveau. On avait déjà marqué ces pièces de vin, on les a remarquées (Ac.).
II.
A. − Remarquer qqc.; remarquer que, comme, combien + ind.; ne pas remarquer que + ind. ou plus gén. subj.Avoir le regard attiré par quelque chose, se rendre compte de quelque chose, y prêter attention. Synon. constater, découvrir, observer, relever.J'ai remarqué, madame, dit Derville à la vicomtesse de Grandlieu en prenant le ton d'une confidence, qu'il existe certains phénomènes moraux auxquels nous ne faisons pas assez attention dans le monde (Balzac, Gobseck, 1830, p. 42).Renée eut un mouvement de recul. Son tablier se dénoua. Alors, pour la première fois, Louise remarqua la taille informe de sa bonne (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p. 67).
Empl. pronom. à valeur passive. Des détails revivent devant mes yeux, de ces menus détails qui se remarquent à peine (Bourget, Disciple, 1889, p. 125).Il avait fait sauter un copeau très mince, et si habilement que la blessure du bois ne se remarquait ensuite que par un faible éclaircissement de la couleur (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 289).
1. En partic. [Pour attirer l'attention, souligner un fait, le faire prendre en considération]
a) Constr. factitive. Faire remarquer qqc. (à qqn); faire remarquer que, comme, combien...; permettez-moi de vous faire remarquer que. M. Crocker vint, il y a deux ans, me visiter à l'infirmerie de Marie-Thérèse. Il m'a fait remarquer la similitude de nos opinions et de nos destinées (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 115).Je pris l'habitude de bien lui faire remarquer que mes chaussettes étaient intactes et mes caleçons sans déchirures (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 183).
b) [Dans un énoncé à la forme impér., dans une discussion, une argumentation, avec une valeur d'oppos., de concession] Remarquons bien ceci: la matière, les moyens, les agents de la production et du renouvellement des êtres (...) nous échappent également (Renouvier, Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p. 137).Vous étiez dans l'anarchie, voilà tout! Remarquez que nous n'avons rien contre les abattoirs, au contraire! (Camus, État de siège, 1948, 2epart., p. 233).
c) [Dans des tournures impers.] Il convient, il importe, il suffit de remarquer; il est curieux, intéressant de remarquer. Il faut bien remarquer combien est peu vraisemblable la coexistence de deux mécanismes aussi complètement hétérogènes (Piéron, Sensation, 1945, p. 188).Il est à remarquer que la mère Bellamy ne s'absente jamais en même temps que son fils (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 32).
2. P. méton. Émettre, exprimer une constatation, une réflexion (orale ou écrite). Synon. noter, observer, signaler.L'empereur (...) est venu à remarquer qu'il était honteux qu'il ne sût pas encore lire l'anglais (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 308):
1. Thucydide remarquait que de son temps la moitié de la Grèce, dans les montagnes et dans l'ouest, n'était pas sortie de cet état social rudimentaire: on ne serait pas en peine encore de nos jours de citer des exemples pareils... Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 17.
En incise. Le fait est, remarqua poliment Grignolles, que l'esprit continue à travailler la nuit (Bernanos, Crime, 1935, p. 833).Grandjean est encore en retard, remarqua Alain en s'asseyant (Triolet, Prem. accroc, 1945, p. 104).
B. − Remarquer qqn, qqc.Distinguer une personne, une chose au milieu d'autres personnes, d'autres choses. Synon. repérer (fam.).Remarquer une jolie femme, un livre dans une bibliothèque. Je vois − il faudrait être aveugle pour ne pas le voir − que vous avez « remarqué » quelqu'un... et j'en suis horriblement malheureux (Gyp, Raté, 1891, p. 68).
1. À la voix passive. De tous les sentiers, débouchèrent pour l'approcher, et peut-être pour être remarqués de lui, comme les courtisans parmi les charmilles de Versailles, des séminaristes confits en admiration et en déférence (Billy, Introïbo, 1939, p. 48).Ces travaux ne furent guère remarqués à l'époque; bien que leurs résultats, retrouvés par divers auteurs, aient fait l'objet de nombreuses publications depuis 1935 (Bourbaki, Hist. math., 1960, p. 45).
2. Empl. pronom. à valeur passive. Le nerveux se remarque aussi par sa richesse d'imagination et d'intuition (Mounier, Traité caract., 1946, p. 604).
Se faire remarquer.Se distinguer, attirer l'attention sur soi, en bien ou en mal. Se faire remarquer par son courage, son dévouement, ses excentricités; le désir de se faire remarquer. Ces deux voitures à roues avant motrices, se sont fait remarquer notamment par leur carrosserie (Tinard, Automob., 1951, p. 369):
2. À l'école préparatoire, je m'étais fait remarquer surtout par une expression perpétuelle de surprise, qui ne passe pas, à tort ou à raison, pour une marque de grande intelligence et me faisait juger un peu simple... A. France, Pt Pierre, 1918, p. 267.
REM.
Remarquant, -ante, part. prés. en empl. subst.,hapax. Personne qui remarque quelqu'un, quelque chose. Se faire remarquer est toujours dangereux (en Italie), que les remarquants tiennent à la police ou soient tout simplement des hommes de la société (Stendhal, Rome, Naples et Flor., t. 1, 1817, p. 262).
Prononc. et Orth.: [ʀ əmaʀke], (il) remarque [-maʀk]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1549 « arrêter son regard, son attention sur quelque chose » (Est.); 2. 1585 « distinguer quelqu'un parmi d'autres » (Noël du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, p. 269); 1653 se faire remarquer « se distinguer » (Vaugelas, Quinte-Curce, VI, I ds Littré); 1899 id. péj. (DG); 3. 1657-62 « faire une remarque » (Pascal, Pensées, sect. IX, éd. Brunschvicg, t. 14, p. 50); 1767 faire remarquer que (Voltaire, L'Ingénu, I ds Littré). B. 1611 « marquer de nouveau » (Cotgr.). Dér. de marquer*, préf. re-*; remarquer est la forme normanno-pic. qui a remplacé l'a. fr. remerchier (1376 « observer où une perdrix se cache après le départ » Modus et Ratio, éd. G. Tilander, 116, 24), remerquer (ca 1393 « même sens » Ménagier, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p. 159, l. 35). Les formes a. fr. ont été rapidement supplantées par remarquer sous l'infl. de marquer*, lui-même forme dial. normanno-pic. corresp. à l'a. fr. merchier « faire (sur un objet) une marque pour le distinguer d'un autre », dér. de l'a. fr. merc (v. marque). Fréq. abs. littér.: 10 565. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 17 630, b) 12 811; xxes.: a) 12 142, b) 15 722.

REMARQUÉ, -ÉE, part. passé et adj.

REMARQUÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. − Part. passé de remarquer*.
II. − Adj. Qui suscite la curiosité, l'attention, l'admiration. Article, discours, intervention remarqué(e); absence remarquée; faire des débuts remarqués, une entrée, une sortie remarquée. Plaignez-vous! Vous serez l'officier le plus remarqué (Vercel, Cap. Conan, 1934, p. 43).La substitution du roman de psychanalyse au roman d'analyse a eu des suites importantes chez Julien Green qui, après des œuvres remarquées, singulières et discutées, en a livré la clef avec le roman puissant et profond du Visionnaire (Arts et litt., 1936, p. 38-11).
Prononc. et Orth.: [ʀ əmaʀke]. Att. ds Ac. 1718-1878.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·