REHAUSSER, verbe trans.

REHAUSSER, verbe trans.
I.
A. −
1. Remettre à sa hauteur initiale une chose qu'on a abaissée ou qui s'est affaissée. Synon. relever, remonter.À cette réponse, Louis XI laissa échapper le geste qu'il lui était familier de faire lorsqu'il rencontrait une bonne idée, et qui consistait à rehausser vivement son bonnet (Balzac, MeCornélius, 1831, p. 263).Devant ce sombre miroir nous remettons nos chapeaux, j'ébouriffe mes boucles, Anaïs rehausse son chignon affaissé, et l'on s'en va (Colette, Cl. école, 1900, p. 265).
2. AGRIC. Renforcer l'implantation (d'un arbre, d'un arbuste) en mettant de la terre au pied. [Les champs] sont toujours restés minuscules, enclos de haies que rehaussent souvent des levées de terre (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 311).Les pommiers qu'il faut « rehausser » au tracteur, ce qui signifie que l'on envoie de la terre fraîche autour du pied (Le Nouvel Observateur, 26 août 1978, p. 44, col. 3).
3. Vx. Augmenter le prix d'une marchandise, un impôt, la valeur nominale d'une monnaie. Synon. usuel relever. (Dict. xixeet xxes.).
B. − Au fig.
1.
a) Rehausser qqn.Remettre en valeur. Ah! la duchesse entendait à merveille son métier de femme, elle savait admirablement rehausser un homme à mesure qu'il se rapetissait (Balzac, Langeais, 1834, p. 255):
1. Il était bon que, devant Bichat jetant hardiment sa gourme, Ricarda se sentît plein d'humilité. − Mais vous-même, monsieur Ricarda, lui dit-elle pour le rehausser un peu, qu'attendez-vous? − Pour faire quoi, chère madame? − Pour vous marier. Ricarda se mit à rire. Tout de même. Abellio, Pacifiques, 1946, p. 131.
b) Rehausser qqc.Remettre en valeur. L'effort capital, infini, de l'industrie humaine, a combiné tous les moyens pour rehausser le coton (Michelet, Insecte, 1857, p. 170).
Faire valoir, remettre en honneur. Il s'agissait alors pour nous, jeunes gens, de rehausser la vieille versification française, affaiblie par les langueurs du XVIIIesiècle (Nerval, Chât. Bohême, 1853, p. 16).
CUIS. Relever. Rehausser une sauce d'une pointe d'ail. (Dict. xxes.).
2. Augmenter, renforcer (le prestige, l'importance de). Cette ordonnance inattentive rehaussa l'importance du Tiers (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p. 129).
3. Réconforter, remonter le moral. Ta lettre m'a rehaussé, réilluminé (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1906, p. 202).En lisant les textes que l'on m'a fait remettre de sa part [Pétain], je me sens, tout à la fois, rehaussé dans ce qui fut toujours ma certitude et étreint d'une tristesse indicible (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 320).
4. Rare, vx, en empl. intrans. Rehausser dans l'estime de. Synon. de remonter dans l'estime* de.Comme il rehausse dans mon estime, depuis que je sais que son désordre vient de ses désordres! (Flaub., Corresp., 1853, p. 313).
II. − BEAUX-ARTS
A. −
1. DÉCOR. Augmenter la beauté, la richesse ou l'éclat d'un tissu, d'un meuble, etc. par l'adjonction de matières précieuses ou brillantes. Lambris, meuble rehaussé d'or. Quelquefois les diverses parties du surtout sont rehaussées de porcelaine, ou d'émaux, ou encore d'ivoire, mais en France ces adjonctions ne se feront qu'après l'Empire qui apprécie la pureté uniforme du métal (Grandjean, Orfèvr. XIXes., 1962, p. 50).
P. iron. Une entremetteuse notoire, peinte comme un clavecin et plus rehaussée de dorures qu'une chapelle péruvienne (Giono, Chron., Noé, 1947, p. 212).
2. Au fig. Embellir. Une conversation rehaussée des calembours de Potier (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 234).Cela n'incrimine pas l'emploi exceptionnel du mot rare, pourvu qu'il arrive à sa place et rehausse l'économie du reste (Cocteau, Diff. d'être, 1947, p. 179).
B. −
1. PEINT. Exécuter des rehauts, pour éclaircir une couleur. Et, partant de Cézanne et de Gauguin, il [Sérusier] annonce le Matisse et le Derain fauves dans sa Nature morte dans l'atelier de 1891, puissante symphonie de rouges et de bleus rehaussée de verts froids (Dorival, Peintres XXes., 1957, p. 22).D'une facture assez grossière, ces pièces sont décorées en camaïeu bleu parfois rehaussé de jaune (G. Fontaine, Céram. fr., 1965, p. 40).
Ajouter de la couleur à une gravure. La peinture lui servait [à l'homme magdalénien] à rehausser ses gravures et ses sculptures et de nombreuses grottes, en France et en Espagne, ont conservé de très beaux dessins en plusieurs couleurs (S. Blanc, Init. préhist., 1932, p. 42).
P. anal. [Julie] rehaussa de rouge une bouche dont l'intérieur était du même rose que la cravate et les gants de cordonnet rose (Colette, J. de Carneilhan, 1941, p. 147).
2. Mettre en valeur par une couleur fortement contrastée. [Rosette] avait autour du cou un petit ruban de velours noir qui rehaussait le lait de ses joues de lis (Giono, Angelo, 1958, p. 130):
2. [Les lambris] sont égayés de ces couleurs, mises à la mode par Bélanger et dites pompéiennes, qui, sous le Directoire, conservent encore leurs tons atténués, vert clair, bleu ciel, rose, jaune tendre, rehaussés par des fonds sombres, des bruns ramoneurs, sur lesquels se détachent des figures légères. Hautecœur, Art sous Révol. et Emp., 1954, p. 46.
REM. 1.
Rehaussage, subst. masc.,peint. Mise en relief de certaines parties d'un tableau par des rehauts. (Dict. xxes.).
2.
Rehausse, subst. fém.a) Panneau ou plaque servant à surélever les ridelles d'une charrette, les parois d'un wagon, etc. pour en augmenter la capacité. (Dict. xixeet xxes.; v. ds FEW t. 24, p. 364a plusieurs attest. région. de ce sens). b) Vx. Augmentation (d'un prix, d'une taxe). (Dict. xixeet xxes.).
Prononc. et Orth.: [ʀ əose], (il) rehausse [-o:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin du xiies. « soulever, élever de nouveau (un bras, etc.) » (Floovant, 2109 ds T.-L.); 2. a) 1208-09 « faire monter plus haut (un mur, un plancher affaissé) » (Henri de Valenciennes, Continuation Conquête de Constantinople, éd. J. Longnon, § 550); b) 1680 « relever le prix, la valeur de » (Rich.); 3. a) fin du xiiies. [ms.] « remettre en honneur (une coutume) » (Chrétien de Troyes, Erec, éd. W. Foerster, 38, var. du ms. E); b) 1588 « redonner du prestige à; relever, exalter » (Montaigne, Essais, III, 10, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 1024); c) 1687 « faire remonter quelqu'un dans l'estime de quelqu'un » (Mmede Sévigné, Corresp., 24 nov., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 337); 4. a) 1508 « orner, embellir (une tapisserie, une étoffe) par quelque ornement » (doc. ap. A. Deville, Compte de dépenses de la construction du château de Gaillon, 487, 546 d'apr. FEW t. 24, p. 363b); b) ca 1590 « embellir par des ornements, mettre en valeur » (Montaigne, op. cit., II, 10, p. 408); c) 1611 beaux-arts « faire ressortir le relief de certains détails par des retouches d'un ton clair » (Cotgr.). Dér. de hausser*; préf. re-*. Fréq. abs. littér.: 338. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 461, b) 577; xxes.: a) 416, b) 479.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·