1. [En parlant de qqn] Qui éprouve (et qui manifeste) de la reconnaissance (v. ce mot B). Anton. ingrat, oublieux.Être, se montrer bien, fort, très, peu reconnaissant. Les bronzes offerts au docteur Nozière par ses malades guéris et reconnaissants (A. France, Vie fleur, 1922, p. 309).[P. méton.] La mémoire est reconnaissante, Les yeux sont ingrats et jaloux (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 239).− Reconnaissant envers qqn.Reconnaissant envers son bienfaiteur. Les Maheu se montraient reconnaissants envers leur logeur, son linge était lavé, raccommodé, ses boutons recousus, ses affaires mises en ordre (Zola, Germinal, 1885, p. 1274).
− Reconnaissant de qqc. (subst., compl. désignant l'objet de la reconnaissance, le motif du sentiment).Reconnaissant d'un bienfait, d'un cadeau, d'une offre, de services rendus. Nous serons décorés (...). C'est la Princesse qui l'a demandé directement à l'Empereur, sans nous en rien dire. Nous sommes fort touchés et véritablement reconnaissants de cette pensée de cœur, qui ne nous a pas parlé! (Goncourt, Journal, 1865, p. 194).
− Reconnaissant à qqn de qqc.La santé de ma mère ne lui permet pas de me conduire dans le monde, c'est toi qui me chaperonnes et tu peux croire que je t'en suis très reconnaissante (Hermant, M. de Courpière, 1907, III, 10, p. 26).Mathilde me fut reconnaissante de la docilité avec laquelle je pris immédiatement toutes dispositions pour rejoindre sans plus tarder son père, et elle me remercia avec une grande effusion (G. Leroux, Parfum, 1908, p. 31).Plus rare. Reconnaissant à qqn pour qqc.Admiration reconnaissante pour cette excellente affaire (...) qui entraînait Ricordi à vouloir (...) participer d'une façon active à la multiplicité des affaires qu'improvisait mon père, combinaisons, spéculations, inventions (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 111).
− Reconnaissant à qqn de + inf.L'enfance est conformiste: nous lui étions reconnaissants de pousser la perfection jusqu'à l'impersonnalité. S'il causait avec nous, l'insignifiance de ses propos nous ravissait d'aise (Sartre, Mots, 1964, p. 188).V. grammaire ex. 3. Plus rare.Reconnaissant à qqn de ce que + ind.Je suis aussi reconnaissante que confuse de ce que, pour me procurer ce plaisir, vous êtes monté jusqu'ici (Toepffer, Nouv. genev., 1839, p. 215).
− Rare. Reconnaissant que + ind.La pauvre femme est si malheureuse: elle a perdu sa fille unique il y a trois ans, et elle est si reconnaissante qu'on aille la voir! (R. Bazin, Blé, 1907, p. 164).
− Expr. [Dans une inscription officielle] Aux grands hommes la patrie reconnaissante (v. patrie I B). Une croix de guerre grossière, découpée en bois (...) portait: « À Cajard, mobilisé depuis août 1914, la France reconnaissante » (Barbusse, Feu, 1916, p. 144).