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RAYON1, subst. masc.

RAYON1, subst. masc.
A. −
1. Ligne ou bande lumineuse issue d'une source de lumière. Rayon d'un phare, d'une lampe de poche; rayons obliques du couchant. Partout où les habitants ne dormaient pas, un étroit rayon de lumière s'échappait par les serrures ou par les chattières, et jaillissait comme un trait rouge à travers la blancheur froide de la nuit (Fromentin, Dominique, 1863, p. 10).Le lanternier se retourna, braqua l'éblouissant rayon. Ils virent leurs poursuivants baisser la tête, crocheter pour retrouver la nuit. Le rayon crocheta avec eux, les maintint dans son orbe arrondi (Genevoix, Raboliot, 1925, p. 269).
Lumière, clarté donnée par un astre. Rayons des étoiles. Le rayon du jour chassait les poussières de la nuit (Jouve, Scène capit., 1935, p. 101):
1. ... il créa, dans ces manoirs invraisemblables, des horizons factices, obtenus au moyen d'artifices de théâtre (...). Il eut des Alpes et des glaciers, des steppes, des déserts de sable brûlés par le soleil; et, la nuit, sous les rayons de la vraie lune, des lacs qu'éclairaient par-dessous de fantastiques lueurs électriques. Maupass., Contes et nouv., t. 2, Cas de div., 1886, p. 1067.
En partic. Rayon de soleil. Brève apparition du soleil. Dans ce pays, comme en Touraine, les vicissitudes de l'atmosphère dominent la vie commerciale. Vignerons, propriétaires, marchands de bois, tonneliers, aubergistes, mariniers, sont tous à l'affût d'un rayon de soleil (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 8).Je crois que pas un instant nous ne songeâmes, tant ce fut beau, à souhaiter la fin de ce gigantesque cauchemar. Enfin, un rayon de soleil brilla (Benoit, Atlant., 1919, p. 82).
P. anal. Personne ou chose qui procure de la joie. On lui remit (...) une lettre timbrée de Saint-Pierre-du-Buquet (...). Ce lui fut un rayon de soleil (Montherl., Célibataires, 1934, p. 897):
2. L'espace renfermé entre les quatre murs de votre jardin est le seul lieu au monde où je vive; vous êtes le seul être humain qui me fasse aimer Dieu. J'avais renoncé à tout avant même de vous connaître. Pourquoi m'ôter le seul rayon de soleil que la providence m'ait laissé? Musset, Confess. enf. s., 1836, p. 194.
2. Spécialement
a) ARTS DÉCOR., HÉRALD., au plur. Traits divergents, triangles allongés figurant la lumière. Tête nimbée de rayons. D'une main il tient une épée flamboyante, et de l'autre deux clefs d'airain entourées de fleurs et de rayons (Staël, Allemagne, t. 3, 1810, p. 148).Jésus, à une certaine époque, a été identifié avec le soleil. Il s'inscrit au milieu de la roue à rayons. Son monogramme, dans le disque dérivé de la roue solaire, conserve un sens lumineux (Montherl., Bestiaires, 1926, p. 516).
b) BEAUX-ARTS, GÉOM. Rayon visuel. En perspective, ligne théorique partant de l'œil et rencontrant l'objet vu par l'observateur (d'apr. Bég. Dessin 1978). Dans le plan, le rayon visuel de l'observateur fait avec le sol un angle de 90 degrés; dans l'élévation, le rayon visuel est parallèle au sol: l'angle est nul (P. Lavedan, Urban., 1926, p. 107):
3. ... Cyrus Smith enfonça la perche de deux pieds dans le sable (...). Cela fait, il se recula de la distance nécessaire pour que, étant couché sur le sable, le rayon visuel, parti de son œil, effleurât à la fois et l'extrémité de la perche et la crête de la muraille. Puis il marqua soigneusement ce point avec un piquet. Verne, Île myst., 1874, p. 125.
P. méton. Synon. champ visuel (v. champ1II B 2).Le Général, après un temps de réflexion, pendant lequel il a les yeux fixés sur les deux hommes, qui sont pour lui dans le même rayon visuel, brusquement prend un parti et s'avance à froid vers eux (Feydeau, Dame Maxim's, 1914, i, 15, p. 20).
c) MÉTÉOR. Rayon vert. Bref éclat de couleur verte observable dans certaines conditions au lever et au coucher du soleil, dû à l'absorption des rayons solaires par l'atmosphère. Il faut (...) que le Soleil soit visible à l'horizon même, et c'est pourquoi le rayon vert se voit assez souvent en mer (Muller1980).
3. Au fig. [Avec un déterm.] Ce qui éclaire le cœur, ou l'esprit, ce qui exerce sur ceux-ci une influence heureuse. Rayon d'amour, d'espérance, de joie. De jour en jour, son cœur inclinait davantage vers cette religion, pleine d'une douleur qui console (...). Un rayon d'espoir commença de s'insinuer dans son âme (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p. 259):
4. Ce que je voyais naître sur ce visage lourd et fermé (...) c'était (...) une singulière expression de tristesse avertie et sagace, comme on en voit aux vieillards à l'approche de leur dernière maladie, comme éclairée d'un rayon de mystérieuse connaissance. Gracq, Syrtes, 1951, p. 35.
B. − Spécialement
1. OPT., PHYS. Trajectoire rectiligne suivant laquelle se propage une radiation et, en partic., l'énergie lumineuse (dans un milieu homogène). Rayon convergent, divergent; rayon incident, réfléchi, réfracté; indice de réfraction du rayon. La rétine embrasse le corps vitré qui la soutient; elle ne reçoit l'impression des rayons lumineux, qu'à travers cette gelée transparente (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 191).
P. anal. Phénomène physique réel ou imaginaire dont la manifestation dans l'espace est analogue aux rayons lumineux.
a) Rayons actiniques ou chimiques (vx). V. actinique.Rayons calorifiques (vx). Synon. anc. de rayons infrarouges.V. infrarouge.
b) Rayon laser. Rayon produit par un laser. Yvan Dryer, Californien de trente-huit ans et président de la Laser Image Inc., propose ainsi (...) un « concert cosmique au rayon laser » (Le Nouvel Observateur, 12 déc. 1977, p. 85, col. 1).
[Dans les romans d'anticipation ou p. réf. à ceux-ci] Rayon de la mort, rayon qui tue. Rayon laser utilisé comme arme. Et le laser? (...) Son emploi comme arme proprement dite, comme « rayon de la mort » si on veut employer ce terme, n'est pas rigoureusement impensable (Encyclop. Sc. Techn.t. 11969, p. 728):
5. Des astronefs grands comme des planètes, beaucoup d'extra-terrestres aussi laids que belliqueux, des rayons de la mort (...) et, au milieu de tout cela, un héros ou une équipe de justiciers font la patrouille des espaces intersidéraux... S. Barets, Catal. des âmes et cycles de S.-F., Paris, Denoël, 1979, p. 247.
2. PHYS., au plur. Ensemble de radiations, rayonnement (v. ce mot I B). Rayons électromagnétiques, corpusculaires; rayons infrarouges, ultraviolets. Il est possible de prévenir les lucites en appliquant sur la peau, avant l'exposition au soleil, des enduits protecteurs (...) qui arrêtent les rayons nocifs (Quillet Méd.1965, p. 299):
6. Les radiations (immatérielles) électro-magnétiques sont loin d'être totalement explorées (...) mais qui peut dire que les rayons à fréquences encore beaucoup plus élevées − rayons X, rayons T, rayons cosmiques dont l'étude est à peine amorcée − ne permettront pas des réalisations aujourd'hui inimaginables? Matras, Radiodiff. et télév., 1958, p. 125.
En partic. Rayons alpha. V. alpha I B 1 d.Rayons bêta. V. bêta B 4.Rayons cathodiques. V. cathodique, dér. s.v. cathode.Rayons cosmiques (astron.). Synon. radiation cosmique.V. radiation2C 1.Rayons delta. V. delta B 1 b.Rayons gamma. V. gamma2B 2.
Rayons durs. Rayons X ou gamma de grande énergie, d'une longueur d'onde relativement courte. Les rayons X (...) ont été appliqués pour la première fois à la peinture en 1896, à Munich, par Roentgen lui-même (...) pour les utiliser avec le plus d'efficacité, il faut employer non pas les rayons durs, utilisés par les médecins, mais les rayons mous (L. Benoist, Musées, 1960, p. 80).Rayons mous. Rayons X ou gamma de faible énergie, d'une longueur d'onde relativement élevée. V. supra ex. de L. Benoist.
Rayons X. Rayonnement électromagnétique de faible longueur d'onde qui a la propriété de traverser les corps matériels et trouve à ce titre de nombreuses applications en médecine et dans l'industrie. Soigner un ulcère par un traitement aux rayons X. À chaque voyage qui suivit, m'eût-il fait passer aux rayons X, jamais Torgau n'eût rien découvert sur moi en dehors des quatre ou cinq cents zlotys à quoi se montait la dépense autorisée (Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 325).Au fig. Il les sonnait, les dégonflait en moins de deux... On leur voyait immédiatement le squelette, la trame... C'était un esprit rayons X (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 405).
MÉD. Radiation (rayons X, ultraviolets et infrarouges, rayonnement radio-actif) pouvant avoir un effet sur l'organisme et utilisé à ce titre. Les techniques radiothérapiques qui utilisent des rayons très pénétrants, exposent à un certain nombre d'accidents et d'intolérances: céphalées, nausées, vertiges, brûlures du cuir chevelu (Quillet Méd.1965, p. 345).
Mal des rayons. Troubles d'intensité variable, principalement digestifs et nerveux, survenant chez les sujets traités par les rayons X ou les rayonnements radio-actifs. L'utilisation des hautes énergies, en radiothérapie, en diminuant la dose intégrale, a permis de diminuer considérablement la fréquence et la gravité du mal des rayons (Méd. Flamm.1975).
C. −
1. Chacune des pièces de bois ou de métal qui relient le moyeu à la jante d'une roue. Les rayons d'une roue de charrette, de bicyclette, de locomotive. Ainsi s'acheva le rêve (...) une jeune fille qui se débattait pendue aux branches d'un chêne, − et moi que le bourreau liait échevelé sur les rayons de la roue (Bertrand, Gaspard, 1841, p. 129).La roue pleine fut délaissée pour la roue à rayons; on en protégea la jante en l'entourant d'une bande de fer, ou bien en la garnissant de clous à tête plate (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p. 89).
2. P. anal. Élément divergent à partir d'un centre. Disposition en rayons.
a) BOT. ,,Pédicule des fleurs des ombellifères`` (Agric. 1977).
,,Fleurs, en languette, rayonnant à l'extérieur du disque d'une fleur de composée`` (Agric. 1977).
Rayon médullaire/ligneux. Dans les végétaux dicotylédones, lame de tissu cellulaire reliant la moelle et l'écorce. (Dict. xixeet xxes.).
b) HIPPOL. Os formant la partie supérieure des membres antérieurs et postérieurs du cheval, dont la longueur et l'orientation déterminent la qualité des allures (Dict. xixeet xxes.).
c) ZOOL. Pièce dure dont l'ensemble constitue la charpente de la nageoire des poissons (Dict. xixeet xxes.).
3. GÉOM. Segment de valeur constante joignant le centre d'un cercle ou d'une sphère à un point quelconque de ceux-ci; longueur de ce segment. Le rayon est égal à la moitié du diamètre. Le solitaire Herschell trace par un cercle de six cent cinquante-cinq millions six cent deux mille six cents lieues de rayon, les pôles de cette sphère immense, au-delà desquels cependant circulent encore des comètes (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p. 348).Mais de quel droit considérons-nous comme égales ces deux figures que les géomètres euclidiens appellent deux cercles de même rayon? (H. Poincaré, Valeur sc., 1905, p. 62).
P. anal., AUTOMOB. Rayon de braquage. Rayon du cercle que décrit la roue avant extérieure d'une voiture qui braque au maximum. Un faible rayon de braquage est une des qualités appréciées de la direction, parce qu'il permet au véhicule de tourner dans un espace réduit (Guerber1967).
P. ext. ,,Segment joignant un point fixe à un point arbitraire d'une courbe ou à une position quelconque d'un point mobile`` (Uv.-Chapman 1956).
Spéc. ASTRON. Rayon vecteur. ,,Dans une orbite ou une trajectoire, vecteur joignant le centre de forces au centre de masse du corps qui gravite dans le champ de forces correspondant`` (Muller 1980). MATH. Rayon vecteur (d'un point). Segment orienté déterminant la position d'un point quelconque de l'espace par rapport à une origine donnée; longueur de ce segment. La position d'un point quelconque de l'espace, P, par rapport à une origine donnée, O, est complètement définie par la donnée de la direction et de la longueur du vecteur OP; cette longueur est désignée sous le nom de rayon vecteur du point P (Uv.-Chapman1956).
D. −
1. Espace circulaire déterminé, mesuré à partir d'un point d'origine, dans toutes les directions. Dans un rayon donné, restreint (autour de qqc.). Chaque brebis du troupeau, attachée à un pieu central, ne peut brouter une herbe rare que dans l'étroit rayon de la corde qui la retient (Renan, Avenir sc., 1890, p. 452):
7. J'appartiens, achevez de l'apprendre, à la célèbre famille Rezeau. Célèbre, évidemment, dans un rayon qui n'est pas celui de la planète, mais qui a dépassé celui du département. H. Bazin, Vipère, 1948, p. 17.
Expr. Dans un rayon de (+ compl. indiquant une distance). Dans un espace circulaire dont le rayon est approximativement de. Je crains un long voyage dans cette saison, et je me contente de faire encore des recherches dans un rayon de quarante kilomètres autour de Paris (Nerval, Filles feu, Angélique, 1854, p. 532).L'opérateur a cru pouvoir localiser l'avion dans un rayon de 80 kilomètres autour de « l'île du Sable » (Breton, Nadja, 1928, p. 156).
2. Spécialement
a) ARM. Rayon d'action. Distance maximale que peut parcourir à une vitesse donnée un navire, un avion, un char, sans être ravitaillé en combustible. La vitesse, la puissance, le rayon d'action des engins de combat modernes tendent à faire de notre globe un seul et même champ de bataille (De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p. 676).
P. ext. La durée des campagnes (...) s'est accrue car il a fallu que les unités opèrent à des milliers de kilomètres de leurs ports d'attache. Pour ce faire, le rayon d'action et le tonnage des navires ont été largement augmentés (Boyer, Pêches mar., 1967, p. 15).
Au fig. Espace, domaine où s'exerce l'activité de quelqu'un ou de quelque chose. Étendre son rayon d'action. L'urbanisation a constitué de tout temps un des premiers signes d'une économie plus articulée et dont le rayon d'action s'étend au delà des petits marchés locaux (Univ. écon. et soc., 1960, p. 6-15):
8. ... il se lança dans un discours sur la nécessité de rassembler toutes les énergies de l'arrière. Il avait écrit à ce sujet à Poincaré (...). Il aurait souhaité que le gouvernement l'employât à relever le moral des civils. (...) Son rayon d'action à Bourg-du-Mont était ridiculement petit. Billy, Introïbo, 1939, p. 182.
b) DR. FISCAL. Rayon douanier/des douanes. Zone avoisinant une frontière terrestre ou une côte, dans laquelle les services douaniers exercent un contrôle accru sur la circulation des marchandises (d'apr. Barr. 1974).
Prononc. et Orth.: [ʀ εjɔ ̃]. Homon. et homogr. rayon2 et 3. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1474 reons du soleil (Mystère de l'Incarnation, éd. P. Le Verdier, II, 204 et 440); b) 1547 « manifestation de quelque chose (sentiment, faveur, qualité, bienfait, etc.) comparé à une source de lumière » (Marguerite de Navarre, Comédie des Innocents, v. 63 ds Comédies, éd. F. E. Schneegans, p. 98); c) 1549 en parlant des yeux et du regard (Ronsard, Fantaisie à sa dame, 9 ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 1, p. 36); 1677 rayons visuels (Miege, s.v. voir); d) 1753 « direction dans laquelle est transportée une énergie lumineuse, calorique, etc. » (Encyclop. t. 3, p. 24, col. b); 1896 rayons X, rayons Röntgen (C.r. de l'Ac. des sc., t. 122, p. 159 [p. 150: all. X Strahlen]); 2. a) 1538 rayons d'une roue (Est., s.v. Radius); b) 1639 « demi diamètre d'un cercle » (Mersenne, Les Nouvelles pensées de Galilée, éd. Costabel et Lernes, p. 70); c) 1823 « espace correspondant à un tracé circulaire déterminé par une longueur définie du rayon du cercle » (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, p. 1096); 1890 rayon d'action (Ser, Phys. industr., p. 812); 3. 1562 « os de l'avant-bras (radius) » (A. Paré, éd. J.-F. Malgaigne, t. 1, p. 280). Dér. de rai*; suff. -on1*. Bbg. Gall. 1955, p. 145. − Quem. DDL t. 21 (s.v. rayon d'action), t. 30.

RAYON2, subst. masc.

RAYON2, subst. masc.
A. − Gâteau de cire, constitué d'alvéoles remplis de miel ou de couvain, que fabriquent certains insectes (abeilles, guêpes). Chacun de ces alvéoles est un tuyau hexagone posé sur une base pyramidale, et chaque rayon est formé de deux couches de ces tuyaux opposés par la base (Maeterl., Vie abeilles, 1901, p. 135).On procède à l'extraction proprement dite [du miel] en soumettant les rayons (...) à l'action de la force centrifuge dans un appareil spécial (extracteur) (Brunerie, Industr. alim., 1949, p. 29).
B. − P. anal.
1. Planche, tablette de rangement qui garnit un meuble ou est disposée sur une surface verticale. Rayon(s) d'un comptoir, d'un vaisselier, d'une bibliothèque, d'une étagère; rayons fixes, mobiles. Suivant la nature du commerce, les échantillons consistent en deux ou trois baquets pleins de sel et de morue (...) ou quelques pièces de drap sur des rayons (Balzac, E. Grandet, 1834, p. 7):
1. − V'là ce qu'il nous faut, dit-il en ouvrant l'armoire. Et, jetant, en vrac, du linge et des robes sur le tapis, fouillant les tiroirs, vidant les rayons il fit son choix. − J'vas m'habiller en poule et toi en homme, tu piges, face d'âne. Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 13.
2. Au plur. Surface de rangement constituée par des casiers, des planches. Cette cave (...) était haute, partagée en deux par un lattis solide, et fermée d'une porte également en lattis. Tout le long s'étendaient des rayons, et sur ces rayons étaient couchées des bouteilles dans un ordre admirable (Erckm.-Chatr., Ami Fritz, 1864, p. 17).Maintenant, − m'annonça-t-il, − il n'y a plus que des livres. Je vais te les faire passer. Mets-les en tas, dans un coin, en attendant qu'on me fabrique des rayons (Benoit, Atlant., 1919, p. 35).
BIBLIOTHÉCON., au sing. Rayon (de bibliothèque). Dans une bibliothèque ouverte au public, endroit où sont disposés des volumes appartenant à une même catégorie et, p. méton., ensemble de ces livres. Rayons à libre accès (Rolland-Coul.1969).
Expr. fam. Auteur du second rayon, de deuxième rayon. Auteur considéré comme mineur. Ouvrage de second rayon peut-être, mais dont justement les insuffisances devraient engager les chercheurs qui souhaitent appliquer les méthodes de l'analyse quantitative à poursuivre leurs efforts (P. Vandebeugneds Cah. Lexicol., févr. 1986, n o47, p. 140).
C. − P. méton. Dans un magasin, ensemble des comptoirs affectés à la vente d'une catégorie de produits ou d'articles. Rayon de la crèmerie, de l'épicerie; rayon de la chemiserie, de la mercerie, de la parfumerie. Il y a une vingtaine d'années, ayant dû renoncer à l'étude des langues romanes, j'étais vendeur aux « Dames de France » de Marseille, rayon des cravates (Romains, Knock, 1923, i, p. 5):
2. Bourras, depuis le coup terrible que le Bonheur des dames lui avait porté en créant un rayon de parapluies et d'ombrelles, n'employait plus d'ouvrières. Il faisait tout lui-même, pour diminuer ses frais: les nettoyages, les reprises, la couture. Zola, Bonh. dames, 1883, p. 567.
Chef de rayon. Personne chargée de la direction d'un rayon. La sollicitude universelle qu'ont les chefs de rayon pour les clientes des grands magasins (Sartre, Mots, 1964, p. 35).
P. méton. Ensemble de personnes qui travaillent dans un même rayon. Depuis longtemps, elle projetait d'emmener ces demoiselles passer un dimanche, près de Rambouillet (...). Quinze jours à l'avance, le rayon ne causa que de la partie: on regardait le ciel attiédi par le soleil de mai, on occupait déjà chaque heure de la journée (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 520).
Expr. fig., fam. Ce n'est pas (dans/de) mon/ton, etc. rayon. Cela ne me/te, etc. regarde pas. On m'aurait dit de vous distribuer des parapluies, je vous donnerais des parapluies... Le reste, c'est pas mon rayon... Allez expliquer ça au major... (Dorgelès, Croix de bois, 1919, p. 179).Il eut vers elle un mouvement de sympathie: oui, ils pourraient s'entendre... « J'aime ce monde sinistre où nous vivons: on colle bien ensemble. Moi, les innocents, ce n'est pas mon rayon » (Montherl., Démon bien, 1937, p. 1363).
C'est mon/ton, etc. rayon, c'est le rayon de qqn. C'est mon/ton, etc. domaine, ma/ta, etc. spécialité. C'est la faute de tante Léo. La baignoire est bouchée et la baignoire c'est son rayon. Tante Léo, c'est l'ordre (Cocteau, Parents, 1938, ii, 1, p. 228).Il était entendu que les finances c'était le rayon de Luc et Henri lui laissait volontiers carte blanche (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 231).
En connaître un rayon. Bien connaître (une question) être très compétent (dans un domaine particulier). Le p'tit César a l'air d'en connaître un rayon. T'as vu comme il a fait vinaigre pour cisailler les fils [téléphoniques]? (Le Breton, Rififi, 1953, p. 59).
Prononc. et Orth.: [ʀ εjɔ ̃]. Homon. et homogr. rayon1et 3. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. a) 1429 royon « casier servant à ranger des marchandises dans des armoires, etc. » (doc. Tournai ds Gdf. Compl.); 1563 rayon (B. Palissy, Recepte veritable ds Œuvres, éd. A. France, p. 96); b) 1747 « planche, tablette de rangement, dans une bibliothèque » (Diderot, Mém. promen. sceptique ds Littré); c) 1841 « partie d'un magasin réservée au commerce d'une marchandise » (P. Bernard, Le Marchand de nouveautés, in Le Prisme, p. 215 [Curmer] ds Quem. DDL t. 16); 1919 c'est pas mon rayon (Musette, Cagayous poilu, ch. VII, f. 13); 1947 en connaître un rayon (d'apr. Esn.); 2. 1538 « gâteau de cire formé par certains insectes et dont les alvéoles sont remplis de miel ou de couvain » (Est. d'apr. FEW t. 16, p. 237b). Dér. de l'a. fr. ree « rayon de miel » (ca 1130, Paraphrase du Cantique des cantiques, 26 ds T.-L.), issu de l'a. b. frq. *hrâta « id. », cf. le néerl. rate « id. » et, ds les Gloses de Reichenau, éd. H. W. Klein et A. Labhardt, t. 1, p. 133, 2597: favum: frata mellis. Malgré la chronol. inverse, le sens 1 est issu p. compar. du sens 2. Bbg. Quem. DDL t. 16, 22.

RAYON3, subst. masc.

RAYON3, subst. masc.
AGRIC. Sillon de faible profondeur tracé au cordeau sur une planche labourée ou au bord d'une allée, dans lequel on dépose des semences (d'apr. Bén.-Vaesk. Jard. 1981). Semer, planter en rayons; des rayons de haricots.
Expr. fig., pop. En filer, en mettre un rayon. Se dépenser, travailler avec ardeur. Un bled (...) où l'bourguignon en filait un drôle de rayon [= où le soleil tapait ferme] (Stollé, Douze récits hist., 1947, p. 3).
Prononc. et Orth.: [ʀ εjɔ ̃]. Homon. et homogr. rayon1, et 2. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1remoit. xiies. agn. reun (Psautier Cambridge, 64, 11 ds T.-L.); ca 1180 roïon [var. reoun] (Proverbe au vilain, éd. A. Tobler, 266c); ca 1200 roion (Jean Bodel, Saxons, éd. E. Stengel, CCXLIV, 6611, p. 296); 1493 [date de l'éd.] (Chron. de St-Denis, t. 1, f o215 ds Littré); 1947 en filer un rayon (Stollé, Douze récits hist., p. 3 et Contes, Belle au bois dormant, p. 1). Dér. de raie1*; suff. -on*. L'orig. de l'expr. en filer un rayon n'est pas clairement établie. Elle se rattache à rayon3dans la mesure où le labour d'un sillon représente une quantité de travail, le premier sillon tracé au cordeau déterminant le travail (cf. notes de Carabelli, [Lang. pop.]: filer un rayon « faire un bon début de travail »); elle pourrait aussi être rattachée à rayon2d'apr. l'idée de « quantité de marchandises (d'un rayon de magasin) »; Stollé, Douze récits hist., p. 3 joue aussi avec le sens de rayon1en parlant du soleil.
STAT.Rayon1, 2 et 3. Fréq. abs. littér.: 6 636. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 12 074, b) 12 336; xxes.: a) 9 032, b) 5 875.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·