1. [En parlant d'une pers.] Celui, celle qui s'empare par la force ou la ruse de ce qui appartient à autrui; qui prive quelqu'un d'un droit, d'un bien. Synon. voleur.Le sieur Wall, ami de l'infâme ravisseur de nos libertés publiques (Flaub., Corresp., 1845, p. 194).Ce Prométhée, le vautour au sein, ravisseur du feu céleste (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 166).♦ [En parlant d'un animal] Des abeilles, dont un ours a découvert les trésors, dans le creux d'un chêne, se jettent sur le ravisseur, et le percent de leur aiguillon (Chateaubr., Natchez, 1826, p. 283).
− Empl. adj. Le moment est bien choisi, juste comme le grand empereur d'Égypte revient disputer, à l'Anglais ravisseur, une coquille de son auguste anatomie (Colette, Belles sais., Mes cahiers, 1941, p. 195).
3. Adj., p. métaph. ou au fig. a) Qui emporte, prend; qui retient de force. Il se jette à l'eau; plus rapide que le courant, il saisit Fernande d'une main de fer, la dispute au flot ravisseur (Sandeau, Sacs, 1851, p. 7).La jeune Radégonde prit, je ne sais comment, la poche de son tablier dans le bouton de la porte. (...) j'admirai le regard de surprise et de reproche que Radégonde adressa au bouton ravisseur, comme si c'eût été un esprit qui voulût la retenir (A. France, Pt Pierre, 1918, p. 203).
b) Qui prend possession de l'esprit de quelqu'un. Messaline: (...) César (...), S'est tourné tout entier vers un nouvel amour (...). Cherea: Quelle est donc cette femme Qui mêle à nos projets son amour ravisseur? (Dumas père, Caligula, 1837, III, 6, p. 92).Je le considère [Bloy], pour le style, comme (...) égal au moins à Barbey d'Aurevilly, et, pour la pensée, comme au-dessus même du grand Hello, comme plus déployé, plus ravisseur (L. Daudet, Idées esthét., 1939, p. 145).