1. [À l'étranger, en partic. en Grande-Bretagne] Doctrine libérale, inspirée de J. Bentham et J. Mill, préconisant de profondes réformes dans les domaines économique et politique, visant au bien-être du plus grand nombre: « (...) C'est du pur radicalisme... Prétendre que le peuple peut être plus heureux qu'il n'est, c'est du radicalisme et rien d'autre ». Les libéraux, se sentant menacés, essayèrent une contre-attaque: les tories avaient trouvé comme bouc émissaire la grande industrie et comme épouvantail la loi des pauvres.
Maurois, Disraëli, 1927, p. 142.
2. [En France] a) [Dans la 2emoit. du xixes.] Doctrine de ceux qui revendiquent l'héritage de 1789, marquée en particulier par l'anticléricalisme et la défense du suffrage universel. Le dogme tout nouveau de l'égalité, que prône le radicalisme, est démenti expérimentalement par la physiologie et par l'histoire (Flaub., Corresp., 1875, p. 282).Le petit Hugo, lui, a été baptisé; mais après ce baptême, il y aurait eu chez Hugo une crise de radicalisme qui l'aurait empêché de faire baptiser Jeanne (Goncourt, Journal, 1891, p. 19).
b) [De nos jours] Doctrine réformiste fondée sur l'attachement à la démocratie, à la propriété privée, à la laïcité de l'enseignement; en partic., doctrine du parti radical. Du radicalisme au socialisme, théoriquement, le passage semble aisé. Pratiquement, il n'en est pas de même, car c'est proprement changer de clientèle (Bernanos, Imposture, 1927, p. 322).De tous les traits qui composent la personnalité de Pierre Mendès-France, ce n'est pas le radicalisme qui nous enchante le plus, mais c'est aussi le trait qui lui ressemble le moins (...) on ne saurait avoir moins la tripe radicale que cet Hercule (Mauriac, Bloc-Notes, 1958, p. 131).