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PROTESTANT, -ANTE, subst. et adj.

PROTESTANT, -ANTE, subst. et adj.
RELIGION
I.− Subst. Adepte d'une des confessions (luthéranisme, calvinisme, anglicanisme) qui se sont séparées de l'Église catholique romaine au xvies. ou de celles qui se sont constituées ensuite (baptisme, méthodisme, etc.) rejetant également l'autorité du Pape. Protestant calviniste, luthérien. Il a épousé une protestante (Ac.1835).Cent quatre-vingts protestants ont été massacrés dans le département du Gard, sans qu'un seul homme ait subi la mort en punition de ces crimes (Staël, Consid. Révol. fr.,t. 2, 1817, p. 399).Le prélat lui fait alors savoir qu'il est catholique romain. « Ah? dit le protestant que cela intéresse beaucoup (...) » (Green, Journal,1949, p. 289):
... parce qu'ils ont au cœur la haine des juifs et des protestants (...), nos catholiques patriotes veulent absolument reprendre contre les Français (...) la suite des meurtres religieux de Montluc. Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 317.
II.− Adjectif
A.−
1. Qui adhère à l'une des confessions réformées (ou à une église ou une secte qui en est issue). Chrétien, prince protestant. La variété des termes employés pour désigner Dieu par les différents missionnaires protestants devint telle qu'il fallut recourir à un concile (Renan, Avenir sc.,1890, p. 178).Sous sa direction, la fille de cousins protestants de MmeSazerat s'était convertie au catholicisme, et la famille avait été parfaite pour lui (Proust, Prisonn.,1922, p. 15).Sans manifester le même enthousiasme que Balimont, les banquiers protestants ne contredisaient pas Vincent (Abellio, Pacifiques,1946, p. 131).
2. [P. méton.] Ligue protestante; pays protestant. Les subsides envoyés à l'union protestante par Jacques I d'Angleterre, rendaient de nouveau la situation de Ferdinand très-critique (Constant, Wallstein,1809, notes hist., p. 185).Les gouvernements protestants de l'Amérique n'ont point suivi la marche du catholicisme (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 312).Obernai est la ville la plus odieuse aux Allemands. C'est une ville catholique. Les villes protestantes ont plus rapidement accepté le fait acquis (Barrès, Cahiers,t. 1, 1897, p. 178).
B.− De protestants, qui est propre aux protestants. J'ai passé mon après-midi à l'enterrement d'Amédée Achard, funérailles protestantes aussi bêtes que si elles eussent été catholiques (Flaub., Corresp.,1875, p. 235).Je lui ai vu dans les mains une traduction protestante de la Bible qu'il juge supérieure (Bloy, Journal,1903, p. 190).Les clergymen seront poursuivis si leurs vêtements sacerdotaux ou l'éclat de leurs autels offensent des yeux protestants (Maurois, Disraëli,1927, p. 272).
C.− Qui appartient à, relève ou est caractéristique de l'une des confessions réformées ou des institutions qui s'y rattachent. École, église, université protestante. La Hollande était un pays (...) nullement bonhomme, car la religion protestante y sévissait, avec ses rigides hypocrisies et ses solennelles raideurs (Huysmans, À rebours,1884, p. 182).Il prétend que l'éducation protestante a laissé beaucoup de traces chez Gide (Rivière, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p. 95).Claudel a bien fait de m'instruire, par l'étonnante lettre qu'il m'écrivit au sujet de ma Porte étroite, dénonçant l'hérésie protestante dans ce fait d'aimer le bien indépendamment de la récompense promise (Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1228).
REM.
Protestantisant, -ante, adj.,rare. Qui est favorable aux idées protestantes. Alexandre était non pas protestant, mais protestantisant (Barrès, Cahiers,t. 10, 1914, p. 50).
Prononc. et Orth. : [pʀ ɔtεstɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1542 adj. « celui, celle qui embrasse la religion dite réformée » les seigneurs protestans (Jean Fathon de Colombier à Christ. Fabri à Thonon ds A. L. Herminjard, Corresp. des réformateurs dans les pays de lang. fr., Genève, t. VIII, p. 200); 1542 subst. tous les Protestans s'assemblent (Id., ibid., p. 251); 2. 1618 adj. « relatif aux Chrétiens des Églises issues de la Réforme et à leur foi » ceste Religion protestante (Petit Anti-Huguenot, p. 18 ds Richard Kirchenterminologie, p. 59). Part. passé adj. et subst. de protester* d'apr. l'all. Protestant (lui-même empr. au lat. protestans, -antis, part. prés. de protestari, v. protester) nom qu'on donnait aux partisans de Luther, parce que en 1529, à l'issue de la Diète de Spire (19 avr.) ils protestèrent publiquement d'appeler du décret de l'Empereur, à un Concile général : « so protestieren und bezeugen wir hier mit öffentlich vor Got..., dass » (Richard, op. cit., p. 56); en fr. le mot a d'abord été appliqué aux protestants d'Allemagne et de Suisse (v. ex. supra et ds Richard, op. cit., p. 58), c'est en 1546 qu'on le relève pour la 1refois utilisé en parlant des protestants de France (Mart. du Bellay, Lett. ds Bullet. histor. et philos., 1895, p. 28 ds Gdf. Compl.), mais il reste rare jusqu'au xviies., v. Guez de Balzac, Lettre de 1651 : « Je voudrais bien que protestant fût aussi bien usité en France qu'en Allemagne, et je m'en servirois très volontiers si le peuple l'entendoit » (FEW t. 9, p. 477a, note 10). Fréq. abs. littér. : 1 454. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 157, b) 1 675; xxes. : a) 2 184, b) 2 131.
DÉR.
Protestantiser, verbe trans.Rendre quelque chose, quelqu'un protestant, considérer quelqu'un comme protestant. Dans ce temps-là, Renouvier, l'ami de Ménard, voulait protestantiser la France (Barrès, Voy. Sparte,1906, p. 18).C'est Nietzsche, c'est Browning, c'est Blake, c'est Dostoïevsky enfin qu'il « protestantise » pour mieux se le soumettre (Massis, Jugements,1924, p. 70). [pʀ ɔtεstɑ ̃tize], (il) protestantise [-ti:z]. 1reattest. 1827 (Eckstein, Le Catholique, no24, déc., p. 721 ds Quem. DDL t. 15); de protestant, suff. -iser*.
BBG. − Richard Kirchenterminologie 1959, pp. 56-59; p. 60, 247.

PROTESTER, verbe trans.

PROTESTER, verbe trans.
A.− Vieilli ou littér. Exprimer avec certitude, promettre avec force (à quelqu'un) que quelque chose est vrai, que quelque chose existe.
1. Qqn proteste (à qqn) que + prop.Je vous proteste qu'il ne m'en a rien dit (Ac.). Il nous faut un exemple. Aussi, je vous proteste Que je vais de tout cœur soigner ce monsieur-là (Laya, Ami loix,1793, III, 4, p. 58).Que sert de protester que je l'aime par-dessus tout au monde? Elle ne me croirait pas (Gide, Et nunc manet,1951, p. 1150):
1. Je vous proteste que je n'ai pas aimé l'infidèle trois jours, et que je ne l'ai pas regrettée un quart d'heure. Chateaubr., Mém.,t. 3, 1848, p. 282.
2. Qqn proteste (à qqn) + inf.Il protestait n'avoir jamais vu ledit Simon, ne pas connaître sa demeure (Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p. 297).
3. Qqn proteste (à qqn) de qqc.
a) [Le compl. exprime un sentiment, une attitude] Protester de son amour, de ses attaches, de ses bonnes intentions, d'un grand respect. Protester de son innocence, de sa fidélité (Ac.1935).Il a dit que si on l'attaquait du côté de Rome, il se bornerait à protester de sa soumission entière quant à la foi (M. de Guérin, Corresp.,1834, p. 144).Christophe crut très habile de profiter de l'interview que lui faisait subir le reporter d'un autre journal, pour protester de son amour pour le Deutsches Reich (Rolland, J.-Chr.,Amies, 1910, p. 1097).
b) Domaine jur.
Protester de violence. ,,Déclarer que c'est par la violence qu'on condescend à faire quelque chose`` (Ac.). Il leur remit les papiers qu'ils demandaient, mais en même temps il protesta de violence (Ac.).
Protester de nullité, d'incompétence. ,,Déclarer que l'on regarde une procédure comme nulle, un juge comme incompétent`` (Ac.).
B.− [Dans un cont. polémique]
1. [En position d'incise ou de comment.; indique que ce qu'exprime un énoncé doit être compris comme s'opposant ouvertement au propos de l'interlocuteur ou à ce qu'implique, soit l'énoncé du locuteur, soit la situation]
a) [S'oppose à ce qui a été dit] Elle m'a avoué qu'elle n'avait rien fait pour décourager ce jeune écervelé, au contraire... − C'est impossible! protesta Madame Grandfief, ma fille a été trop bien élevée (Theuriet, Mariage Gérard,1875, p. 205).Marquette Édouard. − Il doit être tué aussi, dit une voix. − T'es pas louf, protesta un autre... Le soir qu'on dit qu'il s'est fait descendre, il est allé à l'eau avec moi (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 23):
2. − Ce poignard (...) a été trouvé (...) par le frère du docteur Chandelier, l'oculiste, dont les soins ont guéri mon fils lorsqu'il pensa perdre la vue à l'époque de ses douze ans. − Chandelier n'est qu'un imbécile, protesta Paillon; il rend aveugles deux malades sur trois. Miomandre, Écrit sur eau,1908, p. 107.
b) [S'oppose à qqc. découlant de la situation] Le comte Otto... répondit le Normand qui s'effaça, laissant le pas à M. le Secrétaire des Commandements... − Non, non! protesta l'Italien, que Votre Excellence passe d'abord (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 186).
2. Protester que.Exprimer quelque chose en tant que cela s'oppose à ce qui a été dit auparavant ou à ce qui est impliqué par le contexte. Elle lui demanda − sautant d'un sujet à l'autre − s'il chassait. Il protesta que non (Rolland, J.-Chr.,Buisson ard., 1911, p. 1372).Retournez-y avec nous. Elle protesta qu'elle était trop lasse (Gide, Journal,1914, p. 460).Lui c'était bien à son tour à se débattre avec l'autre enflure... qu'arrêtait pas de protester qu'on violait les conditions (Céline, Mort à crédit,1936, p. 560).
C.− Manifester par des paroles, des écrits ou des actes son opposition à quelque chose. Synon. crier, désapprouver, s'indigner, se plaindre, se récrier, récriminer; râler, ronchonner, rouspéter (fam. et pop.).
1. Protester contre qqc.Oh! je n'attendais pas de lettre. Comme si on protestait contre une fausse accusation (Renard, Journal,1907, p. 1124).Qui donc, à l'époque, à protesté contre l'institution de la cour de Riom? Personne (Procès Pétain,t. 2, 1945, p. 1048).Quelques architectes ont protesté contre l'emploi exclusif des formes antiques (Hautecœur, Art sous Révol. et Emp.,1954, p. 32).
[Le suj. désigne un inanimé] Le Conseil national du parti socialiste vota un ordre du jour (...) protestant contre l'emploi des troupes dans les grèves (Sorel, Réflex. violence,1908, p. 164).La vérité plus puissante proteste en nous contre ces probabilités ambiguës (Massis, Jugements,1923, p. 3).
a) [Avec un compl. indiquant le moyen]
Protester par qqc. contre qqc.Il avait boudé dix mois (...), protestant contre les ordres par le zèle maniaque qu'il mettait à les exécuter (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 70).
P. anal. [Le suj. désigne des animaux] À l'arrivée des fugitifs, un monde ailé s'enfuit sur les hautes ramures, protestant par ses cris contre une si flagrante usurpation de domicile (Verne, Enf. cap. Grant,t. 1, 1868, p. 217).
Protester par qqc./de qqc.Ces rebelles de salons, qui protestent par des cocardes vertes et des proclamations boueuses glissées sous les portes cochères, ont compromis leur cause (Gozlan, Notaire,1836, p. 68).Buteau éclata de rire, pendant que Fanny protestait d'un branle de la tête, comme stupéfiée (Zola, Terre,1887, p. 30):
3. joë : (...) Je suis le neveu du docteur Tricot... et le nouveau... collaborateur... de monsieur votre frère... Isabelle proteste par un geste de dénégation indignée. Martin du G., Taciturne,1932, I, 12, p. 1274.
b) Empl. abs. Protester pour la forme. Quelques élèves semblaient protester avec une indignation de commande (Gyp, Souv. pte fille,1928, p. 289).Le conseil a pris acte « avec stupéfaction » et protesté « avec énergie » : le ministre n'est pas revenu sur son point de vue (Meynaud, Groupes pression Fr.,1958, p. 254):
4. − (...) Vous êtes la première pianiste et claveciniste du siècle (...). Mais vous ne croyez, comme dit Nietzsche, qu'à ce qui fait votre succès. Ne protestez pas, chère, c'est la stricte vérité. − Oh! je ne proteste pas, disait Cécile imperturbable. Duhamel, Cécile,1938, p. 129.
P. anal. [En parlant d'une chose] En poussant le vantail de la porte, qui ne cédait pas sans protester et tournait avec une évidente mauvaise humeur sur ses gonds oxydés et criards, on se trouvait sous une espèce de voûte ogivale plus ancienne que le reste du logis (Gautier, Fracasse,1863, p. 3).
2. Protester en faveur de qqc. Des professeurs, des savants ennemis des agitations publiques s'émancipent jusqu'à protester à la face de tous en faveur du droit cyniquement violé (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 143).
D.− DR. COMM., DR. FIN. Protester qqc.Faire un protêt contre quelque chose, contre une personne ou sa signature. Protester une lettre de change (Ac.). Laisse-toi protester ce billet-là, dit l'amie en souriant (Balzac, Splend. et mis.,1844, p. 335).
Au part. passé avec valeur d'adj. − Écoute, Edgard, poursuivit-elle, tu as dix mille francs de lettres de change protestées et qui vont te conduire à Clichy ce soir ou demain (Ponson du Terr., Rocambole,t. 4, 1859, p. 76).Lorsqu'une traite n'est pas payée par le tiré, elle donne lieu à la formalité du protêt. Elle devient donc un « effet protesté », et ce non-paiement est rendu public (Baudhuin, Crédit et banque,1945, p. 38):
5. La signature de Herr Schultze était, il est vrai, protestée à New York, et ses créanciers avaient toute raison de penser que l'actif représenté par l'usine pouvait suffire dans une certaine mesure à les indemniser. Verne, 500 millions,1879, p. 207.
REM.
Protestable, adj.,comm., dr., fin. Qu'on peut protester. Facture protestable. Il peut atteindre 2 000 francs aussi bien pour les valeurs payables sans frais que pour les effets protestables (Pradelle, Serv. P.T.T. Fr.,1903, p. 75).
Prononc. et Orth. : [pʀ ɔtεste], (il) proteste [-tεst]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1339 trans. indir. protester de + inf. « s'engager solennellement à » (Registre criminel de la justice de Saint-Martin-des-Champs, éd. Tanon, 152); b) ca 1500 protester de qqc. « récuser d'avance » (Philippe de Commynes, Mémoires, éd. J. Calmette, t. II, p. 31); 1650 dr. protester de nullité (Cardinal de Retz, Ordonnance, 20 mai ds Œuvres, éd. M. R. Chantelauze, t. 9, p. 40); 1671 protester de violence (Molière, Fourberies de Scapin, I, 4); c) 1645 protester de + subst. « attester quelque chose avec énergie, insistance » protester d'un nocence (Corneille, Suite du menteur, I, IV, 319 ds Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. IV, p. 306); d'où 1665 un protestant « celui qui proteste de son amour pour une femme » (La Fontaine, Le Faucon, 40 ds Œuvres, éd. H. Régnier, t. V, p. 157); 2. a) 1343 trans. protester que « déclarer d'une manière solennelle » (Trésor des Chartes du Comté de Rethel, éd. G. Saige et H. Lacaille, t. II, 46, 2 ds Runk., p. 36); 1377 protester « id. » (Gace de La Buigne, Déduis, éd. Å. Blomqvist, 11771); 1560 [éd.] « attester solennellement et publiquement quelque chose » nous protestions notre chrestienté devant les hommes (Calvin, Instit. chrét., IV, XVII, 6, éd. J. D. Benoit, t. 4, p. 381); av. 1709 je vous proteste « je vous assure » (Regnard ds Lar. 19e); b) 1611 « faire un protêt contre un effet de commerce » (Cotgr.); 1835 protester [un négociant] (Ac.); 3. a) 1650 intrans. « exprimer vivement son opposition » (Retz d'apr. Lar. Lang. fr.); 1668 absol. (La Fontaine, Fables, V, IV, 21 ds Œuvres, éd. H. Régnier, t. I, p. 377); 1693 protester contre (La Bruy., Disc. à l'Acad. franç., préface ds Rob.); b) 1863 « (d'une chose) sembler donner des marques de résistance ou de refus » (Gautier, loc. cit.). Empr. au lat. d'époque impériale protestari « déclarer hautement, protester, affirmer; attester, témoigner » comp. de pro- « devant, en avant » et de testari « témoigner, attester », dér. de testis « témoin ». Fréq. abs. littér. : 2 106. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 285, b) 1 959; xxes. : a) 3 533, b) 4 683.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·