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PROSPÈRE, adj.

PROSPÈRE, adj.
A.− [En parlant d'un pays, d'une collectivité ou plus rarement d'une pers.] Dont les affaires sont bonnes; dont la réussite est visible, durable, installée; qui jouit des avantages, du bonheur liés à cette réussite. Synon. florissant.Cité, campagne, peuple, région, village prospère. [À l'art de luxe] il faut une ville prospère (...) une bourgeoisie opulente ou la cour d'un prince (Hourticq, Hist. art,Fr., 1914, p. 85).Il menait une vie misérable, une vie d'homme qui lentement déchoit. Il avait été bien mis, convenable. Il représentait autrefois l'homme à l'aise, prospère et heureux (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 204):
1. ... plus ils [les peuples] sont éclairés, plus il y aura de gens convaincus de la nécessité des lois, du besoin de les défendre, et plus la société sera assise, heureuse, prospère. Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 232.
[En parlant d'une activité, d'une situation, d'une époque]
Activité, affaires, agriculture, bourse, commerce, coopérative, finances, industrie, négoce, production, vie prospère(s). Il comptait faire une carrière prospère, des spéculations heureuses, et nous marier ma sœur et moi dans le beau monde (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 176):
2. Elle laissait la maison dans une situation florissante, avec un nombre considérable d'élèves et de grandes relations dans le monde, qui eussent dû assurer à l'avenir une clientèle durable et brillante. Néanmoins, cette situation prospère s'éclipsa avec elle. Sand, Hist. vie,t. 3, 1855, p. 249.
Âge, jours, période, temps prospère(s); règne prospère. Dame! je suis bousculé avec les camarades, par cette saleté de crise... Ah! nous payons les années prospères! (Zola, Germinal,1885, p. 1201).
P. méton. Qui témoigne de l'opulence de quelqu'un ou de quelque chose. De doubles noms alliant deux familles, association de richesse ou de situation, signatures prospères disparues du Bottin, des en-dos de banque et se retrouvant immuables sur les caveaux (A. Daudet, Immortel,1888, p. 137).Ses immeubles prospères [du boulevard Haussmann], ses balcons, ses magasins (Green, Journal,1939, p. 233).
B.−
1. Vieilli ou littér. Qui apporte un soutien efficace à quelqu'un, à la conduite de sa vie, à la réalisation de ses projets. Synon. favorable, propice.Fortune prospère; dieux prospères; avoir le vent prospère. Le père, obligé de vendre sa charge en des circonstances peu prospères, laissa, vers 1824, son fils sans aucune ressource (Balzac, Splend. et mis.,1844, p. 181).Le rêve du héros C'est d'être grand partout et petit chez son père. Le père c'est le toit béni, l'abri prospère (Hugo, Légende,t. 4, 1877, p. 689):
3. O curiosité, toujours tu leur feras [aux hommes] Déserter, comme font les oiseaux, ces ingrats, Pour un lointain mirage et des cieux moins prospères, Le toit qu'ont parfumé les cercueils de leurs pères. Baudel., Fl. du Mal,1846, p. 493.
Prospère à qqn ou à qqc.La révolution de juillet ne fut nullement prospère au keepsake [livre de souvenirs] français (Mussetds R. des Deux Mondes,1832, p. 102).
P. méton. Qui est le signe ou l'objet de ce soutien. Avenir, destin prospère. Il lui présente le mariage de Cymodocée et d'Eudore sous les auspices les plus prospères (Chateaubr., Martyrs,t. 2, 1810, p. 167).Vous, que flatte un sort prospère, pour en jouir, modérez-vous (Béranger, Chans.,t. 1, 1829, p. 195).
2. P. anal. Qui se développe, qui croît dans des conditions favorables, déterminées ou non. Des quotidiens (...) des hebdomadaires dont ceux-là seuls sont prospères qui savent habilement flatter le goût de la foule (Arts et litt.,1936, p. 52-3).Nulle part l'amateurisme n'est aussi prospère qu'en matière de danse et de ballets (Lifar, Traité chorégr.,1952, p. 137).
En partic. [En parlant notamment des animaux ou des plantes] Synon. abondant.Certains [arbrisseaux] seront plus prospères encore que sous le couvert (Plantefol, Bot. et biol. végét.,t. 2, 1931, p. 495).La réserve minérale accumulée en hiver [dans les mers tempérées] où le phytoplancton est peu prospère (J.-M. Pérès, Vie océan,1966, p. 33).
P. métaph. Prospère en qqc.Une sorte de Beauce fleurissait sous nos pas, prospère en après-midis vides, en soirées sans histoire (Giraudoux, Bella,1926, p. 76).
3. En partic., qqf. p. iron. [En parlant d'une pers.] Qui est en bonne santé; qui a une apparence avantageuse, un physique replet. Le grand soulier était emmanché au bout d'une patte de coq, et le soulier de satin chaussait le pied d'une personne fort prospère (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p. 233).Un gros homme le heurta, prospère, beaux brodequins de chasse, loupe dans le sourcil (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 222).
[P. méton.] Figure, teint, ventre prospère; joues prospères. Elle avait cet éclat qui tient à la fois de la nature et de l'art, et qui atteste des soins de conservation unis à une santé prospère (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 186).La mine prospère d'un conférencier pour messes basses (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1072).
Prononc. et Orth. : [pʀ ɔspε:ʀ]. Ac. 1694, 1718 : prospere; dep. 1740 : -spé-. Étymol. et Hist. Ca 1355 « dont l'état est florissant » (Bersuire, Tit. Liv., B.N. 20312ter, fo86 vods Gdf. Compl.); ca 1460 « propice, favorable » (G. Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 1, p. 45), considéré comme ,,vieilli`` ds Ac. 1718 et seulement usité au sens de « propice », le sens de « heureux, dans un état florissant » étant réintroduit ds Ac. 1835 (v. FEW t. 9, p. 468a, note 2). Empr. au lat. prosper, -era (aussi prosperus, -a, -um) « heureux, propice, favorable », cf. aussi (anglo-)norm. prospre (1remoit. xiies. ds T.-L.). Fréq. abs. littér. : 254. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 408, b) 388; xxes. : a) 367, b) 297.

PROSPÉRER, verbe intrans.

PROSPÉRER, verbe intrans.
A.− [Le suj. désigne un pays, une collectivité ou une pers.] Réussir dans ses activités, les développer; s'enrichir; jouir du bonheur lié au succès, à la richesse, à l'abondance. Ce sont les chrétiens qui sympathisent le mieux avec les Turcs. Ils prospèrent, et accumulent les richesses que les Turcs négligent, et qui échappent aux Grecs et aux Juifs (Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835, p. 386).Rouennaise d'origine, celle-ci [la célèbre famille Mallet] s'était fixée à Genève sous la Réforme, elle y prospéra dans la banque (Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1968, p. 67):
1. ... je suis père de famille, je travaille, je prospère, je fais de bonnes affaires, j'ai des maisons à louer, j'ai de l'argent sur l'état, je suis heureux, j'ai femme et enfants, j'aime tout cela, je désire vivre, laissez-moi tranquille. Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 483.
[Le suj. désigne une activité] Synon. de se développer, progresser, fructifier.Elle (...) pensait que le commerce, quand il prospère, peut donner le bonheur parfait (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Soir, 1889, p. 1136).Il s'approche de notre table avec un sourire satisfait de patron dont les affaires prospèrent (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 110).
B.−
1. Vieilli ou littér.
a) Qqn prospère.Connaître un sort très favorable, notamment sur le plan personnel, moral, physique. Voilà un digne et honnête garçon; aussi, si celui-ci ne prospère pas, il n'y a pas de justice au ciel! (Dumas père, Monte-Cristo,Drame, 1848, i, 1, p. 5).Jamais on avait vu des mômes prospérer si bien... si vite que les nôtres, devenir si costauds, musculaires, depuis qu'on bâfrait sans limite! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 606):
2. Trop d'hommes sont morts sans la voir [la terre promise] Pour qu'un triomphe y soit de mise. Nous prospérons! Qu'importe aux anciens malheureux, Aux hommes nés trop tôt, à qui le sort fut traître, Qui n'ont fait qu'aspirer, souffrir et disparaître... Sully Prudh., Justice,1878, p. 162.
b) En partic.
Qqn prospère de qqc.Évoluer, se développer à partir de quelque chose ou à ses dépens. Tandis que se déchaîne contre eux la férocité des hommes qui prospèrent de l'injustice, on voit des asservis lutter contre leur propre délivrance (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 374).
Qqc. prospère à qqn.Lui être favorable, lui réussir. Il se dévoua pour me sauver, et la reconnaissance me guérit de la crainte. Tout depuis me prospéra (Dusaulx, Voy. Barège,t. 1, 1796, p. 252).Comme on disait dans le quartier, elle avait la veine; tout lui prospérait (Zola, Assommoir,1877, p. 502).
2. P. anal. Qqc. prospère.Croître, se développer dans des conditions favorables. Les soixante louis que je te devais ont heureusement prospéré dans mes mains (Nodier, Fée Miettes,1831, p. 147).Le syndicalisme révolutionnaire entretient l'esprit gréviste dans les masses et ne prospère que là où se sont produites des grèves notables, menées avec violence (Sorel, Réflex. violence,1908, p. 59):
3. Les idées artificielles seules s'élèvent en de réelles ténèbres et ne prospèrent qu'aux époques littéraires et dans la mauvaise foi de siècles trop conscients, lorsque la pensée de l'écrivain demeure en deçà de ce qu'il exprime. Maeterl., Trésor humbles,1896, p. 113.
Qqc. prospère sur qqc.Se développer à ses dépens. V. prostitution ex. 3.
En partic. [Le suj. désigne des animaux ou des plantes] Croître, se développer de manière harmonieuse et/ou abondante. Bientôt ils ne se lavèrent même plus et ne détruisirent plus leur vermine. Elle prospéra (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 551).[Le chêne rouvre] ne prospère bien (...) que dans les terrains meubles bien drainés et assez profonds (Cochet, Bois,1963, p. 31).
P. métaph. Le prophète [Jésus] mort, ses disciples conquirent l'Occident, y plantèrent, y firent prospérer sa parole d'amour (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. v).
Prononc. et Orth. : [pʀ ɔspeʀe], (il) prospère [-spε:ʀ]. Ac. 1694, 1718 : prosperer; dep. 1740 : -spé-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1350 trans. « rendre prospère » (Gilles Li Muisis, Poésies, ii, 101 ds T.-L.); 2. ca 1355 intrans. (Bersuire, Tit. Liv., B.N. 20312ter, fo8 ds Gdf. Compl.). Empr. au lat. prosperare « rendre prospère, être favorable à » et, en lat. tardif, plus gén. sous la forme du passif prosperari « réussir, prospérer » (v. Blaise Lat. chrét.). Fréq. abs. littér. : 335. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 386, b) 554; xxes. : a) 381, b) 314.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·