a) Articuler (tel mot), émettre (tel son) de telle façon. [Elle] a l'amour des vocables recherchés et (...) ne peut en prononcer un sans l'écorcher. C'est elle qui dit: la cognito, pour «incognito» (Goncourt,Journal, 1893, p.374).Yvonne: Pourvu qu'il ne lui soit rien arrivé de grave. Georges: (...) C'est in-cro-yable! Il prononce ce mot en séparant les lettres, d'une manière spéciale et comme entre guillemets (Cocteau,Parents, 1938, i, 1, p.188).− Prononcer (tel mot) + nouvelle forme.Jean (un nom que les Bretons prononcent Yann) (Loti,Pêch. Isl., 1886, p.6).
− P. métaph. Formuler. L'homme est guidé du faux au vrai, du blanc au noir, Par le mot intérêt qu'il prononce devoir (Hugo,Âne, 1880, p.352).
− Au passif. [Suivi d'un adj. en empl. adv.] Prononciations françaises méridionales dans lesquelles l'R final de la prononciation des mots est prononcé sourd un peu à la manière du Ch allemand (Traité sociol., 1968, p.272).
− Empl. pronom. à sens passif. L'e muet, quoiqu'il ne se prononce plus dans la plupart des cas, a gardé une valeur de position (Gourmont,Esthét. lang. fr., 1899, p.63).Pour que Oi puisse se prononcer Wa, il faudrait qu'il existât pour lui-même. En réalité, c'est Wa qui s'écrit Oi (Sauss.1916, p.52).
− Se prononcer en + nouvelle forme.La famille de Baraglioul (le gl se prononce en l mouillé, à l'italienne) (...) est originaire de Parme (Gide,Caves, 1914, p.689).
−
Empl. abs. Marquer l'articulation. Il avait une voix timbrée, mélodieuse, enchanteresse. Il prononçait à peine, il susurrait, et soulignait excellemment la rareté d'une euphonie ou d'un rythme (Martin du G.,Devenir, 1909, p.55).SYNT. Prononcer le latin comme les Anciens; être incapable de prononcer trois mois d'anglais; bien, mal prononcer une langue étrangère; prononcer un son, une consonne, une syllabe, une voyelle; prononcer qqc. du gosier, de la gorge, des lèvres; avoir du mal à, être incapable de, apprendre à, renoncer à prononcer qqc.; qqc. est difficile, facile, impossible à prononcer.
b) P. anal. Articuler mentalement ou sans émettre de son. Depuis mon enfance, l'idéal religieux et l'idéal pratique avaient prononcé au fond de mon coeur (...) le mot sacré d'égalité (Sand,Hist. vie, t.3, 1855, p.304).♦
Empl. abs.: 2. ... quand il concevra lui-même ces idées, quand ses cellules nerveuses auront ces vibrations spéciales, il prononcera mentalement, il murmurera inconsciemment, ou à haute voix il émettra des ondes sonores identiques qui se transmettront par l'air et iront frapper des êtres humains chez qui elles éveilleront les mêmes idées...
Warcollier,Télépathie, 1921, p.282.
♦ Empl. pronom. à sens passif. −«Oui,» se disait-il, (...) «autant d'indices qui convergent. Si je pouvais savoir que le mari était imprimeur, ce serait la certitude.» Il débouchait sur le quai d'Orsay au moment où ces mots se prononçaient en lui (Bourget,Actes suivent, 1926, p.58).
− Rare, ARTS. Concevoir, ébaucher mentalement. Je ne sais pas d'art qui puisse engager plus d'intelligence que le dessin. Qu'il s'agisse d'extraire du complexe de la vue la trouvaille du trait, de résumer une structure, de ne pas céder à la main, de lire et de prononcer en soi une forme avant de l'écrire (...) tous les dons de l'esprit trouvent leur emploi dans ce travail (Valéry,Degas, 1936, p.101).