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PRIME1, adj. et subst. fém.

PRIME1, adj. et subst. fém.
I.− Adjectif
A.− Vieilli ou littér. Premier. On reconnaît la différence du français appris et du français de prime source (Amiel, Journal,1866, p. 74).Cette prime aube du mariage parut délicieuse à Germain (Theuriet, Mais, deux barbeaux,1879, p. 67).Le prime vent du soir qui s'éveille, lorsqu'il touche la lisière du bois, fait courir dans les feuilles de trembles un chuchotement qui rit et qui se moque (Genevoix, Marcheloup,1934, p. 120).
En partic., vieilli et région. (Ouest). Précoce. Fruit, légume prime. Le printemps a été particulièrement prime cette année (Réz.-Tuaillon1969).
B.− Loc. et expr.
1. Prime jeunesse, prime enfance. Début de la vie, premier âge. Je doute qu'aucun des préceptes de l'Évangile m'ait aussi profondément marqué, et depuis ma prime jeunesse, que le « mon royaume n'est pas de ce monde » (Gide, Journal,1942, p. 151).Il suffit de rappeler que, dès la prime enfance, élevé par le second mari de sa mère, l'acteur Geyer, Wagner a vécu dans le monde du théâtre (Dumesnil, Hist. théâtre lyr.,1953, p. 136).
2. De prime abord. Au premier abord, en premier lieu. [Caphisias] reprochait à la plupart des curieux qui venaient voir ses tableaux, de ressembler à ceux qui, de prime abord et sans distinction, saluent tout à la fois une assemblée nombreuse (Dusaulx, Voy. Barège,t. 2, 1796, p. 3).Onimus (1867) fait état d'une expérience, assez embarrassante de prime abord, sur la prétendue génération spontanée des globules blancs (J. Rostand, Genèse vie,1943, p. 143):
1. ... le Moniteur contenait une ordonnance royale de quatre lignes où ce licenciement est annoncé sans considérant, sans réflexions. La mesure a paru brutale, et chacun de son côté a cherché à en connaître le véritable motif, quoiqu'on ne se fit aucun scrupule d'en accuser de prime abord les ministres. Delécluze, Journal,1827, p. 447.
3. De prime face (vieilli). À première vue, au premier aspect. [Calvin] jugeait qu'en ne cédant pas de prime face, il se trouverait plus fort contre eux le jour qu'il en serait besoin (Tharaud, Chron. frères enn.,1929, p. 237).
4. De prime saut. V. prime(-)saut, primesaut.
C.− MATH. [En parlant d'un symb.] Qui est suivi d'un signe formé d'une seule apostrophe. A prime, A'. (Dict. xxes.).
II.− Subst. fém.
A.− LITURG. Première heure de l'office du jour qui doit être dite au lever du jour vers six heures du matin. Il enjoignit à tous ceux qui, parmi les auditeurs, auraient obtenu quelque guérison ou faveur céleste par l'invocation de la duchesse, de se présenter avec leurs témoins le lendemain à l'heure de prime, devant l'archevêque de Mayence et les autres prélats (Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p. 288):
2. En négligeant les matines, les laudes, les petites heures (prime, tierce, sexte et none), qui du reste ont certains points communs avec les vêpres pour l'ordonnance générale, nous trouvons dans le cadre liturgique paroissial : la messe chantée (grand'messe); les vêpres et les complies... Potiron, Mus. église,1945, p. 9.
B.− ESCR. Première position de l'escrimeur tenant son épée verticalement, la pointe en bas, la main à hauteur du visage. « Il y a neuf parades, monsieur Larcher », me disait-il [le professeur d'escrime]. Et il m'expliquait la prime, la seconde, les autres jusqu'à l'octave (Bourget, Physiol. amour mod.,1890, p. 343).
C.− TEXT. ,,Laine de première qualité, comme sont les primes de Ségovie, de Portugal`` (Chesn. t. 2 1858).
D.− JEUX. Ancien jeu de cartes où l'on ne donnait que quatre cartes et où il fallait réunir dans la même main les quatre couleurs. Avoir prime; grande, petite prime. [Nos ancêtres] jouaient à la prime (Kock, Ficheclaque,1867, p. 41).
REM.
Primement, adv.,rare et fam. Premièrement. En politique il faut primement jeter par-dessus bord les ingénus et les phraseurs, les hommes à principes et les hommes à pathos (Péladan, Vice supr.,1884, p. 180).Ç'ui qui vient m'confier n'un secret, c'est primement qu'i'n'a point su el' garder poùr lui seul (Martin du G., Gonfle,1928, II, 5, p. 1205).
Prononc. et Orth. : [pʀim]. Homon. et homogr. prime2, 3. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1119 adj., fém. de l'a fr. prin, prim « premier » (Philippe de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 2595); b) ca 1375 spéc. dans la loc. de prime face (Oresme, Livre du Ciel et du Monde, 124c 11-12 d'apr. A. D. Menut et A. J. Denomy ds Méd. St., t. 5, p. 314); 1532 prime au masc. (Bourdigné, Lég. de Pierre Faifeu, chap. XL, vers 80, éd. Fr. Valette, p. 107); av. 1622 de prime abord (St Fr. de Sales, Introduction à la vie dévote, Œuvres, Annecy 1892-1906, 305 ds P. Kaden, Die Sprache des St Fr. de Sales, Weida, 1908, p. 50); 2. a) 1121-34 subst. « première des heures canoniales » (Philippe de Thaon, Bestiaire, 260 ds T.-L.); b) xiiies. a haute prime « heure de prime étant bien avancée » (Aucassin et Nicolette, éd. M. Roques, XVIII, 5); 1387-89 vén. de haute prime « assez longtemps après six heures » (Livre de chasse de Gaston Phébus, éd. G. Tilander, 55, 13, p. 237); 3. 1358 laine prime « laine très fine » (Ordonnance du Roi Jean, sept. 1358 ds Isambert, Rec. des anc. lois fr., t. 5, p. 39); 1723 p. ell. de laine : prime subst. (Savary t. 2); 4. 1534 subst. « jeu où on l'emporte en présentant les quatre couleurs et dans lequel on ne distribue que quatre cartes » (Rabelais, Gargantua, éd. R. Calder et M. A. Screech, chap. XX, p. 135); 5. 1653 subst. escr. « première et principale des gardes » (Besnard, Le Maistre d'Armes libéral ds Petiot); 6. 1723 adj. « de la première pêche » (Savary t. 2). Forme fém. de l'a. fr. prim, prin issu de l'adj. lat. primus, -a, -um et qui a été concurrencé par les représentants de primarius (v. premier). Fréq. abs. littér. Prime1adj. : 147.

PRIME2, subst. fém.

PRIME2, subst. fém.
A.− Somme payée à échéance régulière par un assuré à son assureur dans le cadre d'un contrat, d'une police d'assurance et, p. ext., somme que l'assuré reçoit de son assureur pour le dédommagement d'un sinistre couvert par un contrat d'assurance. Synon. cotisation.Prime d'assurance vol; prime d'assurance automobile; versement de la prime. J'avais pris une assurance sur la tête de Berthe. N'est-ce pas vous, madame, qui, au quatrième versement, vous êtes servie de l'argent pour faire recouvrir le meuble du salon? Et, depuis, vous avez même négocié les primes versées (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 32).Le poste de travail prend d'abord la charge de ses propres frais : la valeur de son matériel sert à la fixation des amortissements, des intérêts du capital immobilisé, de la part de prime d'assurance-incendie (Villemer, Organ. industr.,1947, p. 230).Vous fumez! Désastreux si vous êtes américain car les actuaires vous feront payer très cher votre prime d'assurance sur la vie (R. Schwartz, Nouv. remèdes et mal. act.,1965, p. 149).
B.− Somme d'argent donnée à une personne, à une catégorie de personnes à titre de récompense, d'aide ou d'encouragement.
1. Somme d'argent payée à un salarié en plus de son salaire de base pour un motif particulier et sous certaines conditions, de manière régulière ou exceptionnelle. Synon. gratification, guelte.Si un pilote cassait un appareil, ce pilote perdait sa prime de non-casse (Saint-Exup., Vol nuit,1931, p. 92).Le salaire à primes établi d'après le rendement. C'est ce salaire qui s'applique avec intérêt aux contremaîtres et au personnel d'entretien ou des services annexes si les primes sont judicieusement calculées et suffisamment progressives (Brunerie, Industr. alim.,1949, p. 129):
1. L'attrait de la prime est un stimulant énergique qui (...) incite le travailleur à atteindre la production fixée. Mais les chances de surmenage sont éliminées, l'ouvrier ne pouvant avoir d'autre ambition que de s'en tenir à la productivité qui lui assure le paiement de la prime. Villemer, Organ. industr.,1947p. 150.
SYNT. Prime d'ancienneté, d'assiduité, d'atelier, d'exactitude, de fin d'année, d'intéressement, de panier [repas], de participation, de recherche, de rendement, de salissure, de transport, de vacances; prime aux pièces; prime horaire, trimestrielle; prime non hiérarchisée; prime de résidence.
2. Somme d'argent attribuée par l'État ou un organisme public dans le cadre d'une mesure sociale ou pour aider un secteur d'activité. Synon. subvention.La bourgeoisie financière, industrielle et censitaire (...) entreprend, à grand renfort de primes d'État, de subventions et de garanties d'intérêt, la construction des voies ferrées (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. 232).L'amorce de la consommation constitue l'affectation des ressources à un emploi déterminé. Une illustration de cette modalité peut être trouvée dans le système de prime à la construction et d'allocation-logement (Univers écon. et soc.,1960, p. 46-14):
2. L'État accordait des primes pour développer cette activité. Prime de 50 F par homme d'équipage, prime d'importation de 20 F par quintal de rogues de morue, prime d'exportation de 22 F par quintal de morue séchée exportée directement et prime de 16 F par quintal de morue exportée de France... Boyer, Pêches mar.,1967, p. 11.
SYNT. Prime d'équipement, de production; prime à l'épargne, à l'investissement, à l'abattage, à l'arrachage; prime d'allaitement, de déménagement, de départ, de naissance.
Au fig. Encouragement quelconque donné le plus souvent mal à propos à une activité, une manière de vivre ou de penser. Mouler les lois sur les mœurs générales, ne serait-ce pas donner, en Espagne, des primes d'encouragement à l'intolérance religieuse et à la fainéantise (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 156).Le privilège des bouilleurs de cru, qui est une véritable prime à l'alcoolisme familial (Macaigne, Précis hyg.,1911, p. 271).
ARM. Indemnité, somme d'argent reçue par un militaire lors de son engagement, de sa démobilisation, ou en supplément de solde. Les soldats toucheraient leur habillement, leur linge et leurs chaussures au titre de la masse individuelle dont la première mise et la prime journalière seraient augmentée (Davout, Réorg. milit.,1871, p. 39).Pour les militaires actuellement en service dont la durée légale du service était de trois ans, deux ans ou dix-huit mois, le droit à la haute paye, à la prime d'engagement ou de rengagement et, le cas échéant, à la solde mensuelle (J.O., Loi rel. recrut. arm., 1928, art. 79, p. 3822).
3. Somme d'argent attribuée à un participant dans le cadre d'une manifestation à caractère compétitif. Prime de sportivité. Ce fermier a obtenu plusieurs primes au comice agricole (Ac.1935).Les « bonnes » primes vont au meilleur coureur, les « mauvaises » primes sont une consolation au vaincu (Rey-Cellard1980).
4. En partic.
a) Somme d'argent, pourcentage accordé pour un service rendu ou pour une action exceptionnelle. Tous, les sauveurs et les sauvés, furent accueillis par des cris de joie, et Phileas Fogg distribua aux soldats la prime qu'il leur avait promise (Verne, Tour monde,1873, p. 182).Les maires des villages payaient des primes pour chaque tête de loup ou de louveteau qu'on leur apportait (A. France, J. d'Arc,t. 1, 1908, p. 11).Mais la désaffection pour le cinéma était telle qu'il fallait faire distribuer les billets gratuits à domicile, et même promettre aux distributeurs une prime par fauteuil effectivement occupé (Sadoul, Cin.,1949, p. 35).
b) Objet, cadeau, avantage pécuniaire accordé à un acheteur, le plus souvent dans un but publicitaire. Synon. ristourne, bonus.Prime de fidélité, timbre-prime. Tous les mois des patrons découpés (en papier) de grandeur naturelle déjà si appréciés que nous encartons dans le journal : prime faite pour alterner avec une surprise nouvelle réservée par la direction aux abonnées (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 809).Utilisée pour les promotions, la prime a souvent un effet déterminant pour le succès de celles-ci; mais une législation particulière est venue mettre un terme à une surenchère débridée : la valeur de l'objet offert en prime ne doit pas dépasser 5 % du prix du produit, et il doit être marqué spécialement (WellhoffComm.1977) :
3. Un trait de génie que cette prime des ballons, distribuée à chaque acheteuse, des ballons rouges, à la fine peau de caoutchouc, portant en grosses lettres le nom du magasin, et qui, tenus au bout d'un fil, voyageant en l'air, promenaient par les rues une réclame vivante! Zola, Bonh. dames,1883, p. 612.
En prime.En plus, en supplément. Voir Wellhoff, loc. cit. Au fig. En plus, par-dessus le marché. Ce soir Un Cœur simple commence son apparition dans Le Moniteur. Le Bien public compose Saint Julien qui paraîtra sans doute lundi d'un seul coup, en prime (Flaub., Corresp.,1877, p. 336).Certains en déliraient. Fallait les arracher à leurs catastrophes. On leur aurait donné la mort en prime pour vingt sous qu'ils se seraient précipités sur le truc (Céline, Voyage,1932, p. 385).Il avait fait pire. Et l'épouse : pas commode; et la marmaille : en prime (Queneau, Pierrot,1942, p. 118).
c) Vieilli. Somme d'argent qu'un directeur de théâtre versait à un auteur à succès en plus des droits d'auteur. [Zola] tombe dans un long silence, d'où il sort au bout de quelque temps par cette phrase : « S'ils me rendent un jour ma pièce, je demanderai au directeur qui la voudra dix mille francs de prime... Car ça vaudra ça alors, revenant de l'interdiction, ma pièce! » (Goncourt, Journal,1885, p. 499).
C.− BOURSE
1. ,,Dédit convenu à l'avance, que l'acheteur à terme d'une valeur de bourse paie au vendeur lorsque, au jour de la liquidation, il renonce à l'opération engagée`` (Bern.-Colli 1981). Vente à prime; opération, contrat, ordre à prime. À peine m'était-il loisible de suivre de loin les fluctuations du 5 et du 3, d'acheter ou de vendre à prime, d'arranger mes reports (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 402).Avec un compte courant, tout se liquide sans difficulté; soit qu'on achète à marché ferme, soit qu'on spécule par marchés à primes ou sur report (Boyard, Bourse et spécul.,1853, p. 156).
2.
a) Prime d'émission. Différence entre le prix d'émission d'une action et sa valeur nominale. Le montant de la prime d'émission est très variable. Modeste, elle a simplement pour objet de rembourser la collectivité émettrice de ses frais d'émission (Banque1963).
b) Prime de remboursement. Somme ajoutée à la valeur nominale d'une action lors de son remboursement. La prime de remboursement est d'autant plus forte que la date de remboursement est éloignée de la date de l'émission de l'emprunt (Gestion fin.1982).
3. Faire prime.Augmenter de valeur pour un titre de bourse; au fig. ou p. métaph., être très recherché, tenir le premier rang. Synon. primer1.Cet homme qui venait de mettre en doute sa dépendance de la race accusait fortement le caractère ethnique : (...) un sûr discernement de la valeur qui ferait prime sur le marché politique (Vogüé, Morts,1899, p. 48).À cause de leur jupon et parce que certains rêves lacustres s'associent souvent à de tels désirs, les Écossais faisaient prime (Proust, Temps retr.,1922, p. 823).Les prêts sur stocks (...) circulent facilement, le papier anglais fait prime sur toutes les places (Morand, Londres,1933, p. 42).
Prononc. et Orth. : [pʀim]. Homon. et homogr. prime1, 3. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1620 « somme payée à une compagnie d'assurance par l'assuré » (Réglement de 1620 d'apr. Aubin 1736); 1669 (Clairac, Us et Coutumes de la mer, 183, éd. 1669 ds Delb. Notes mss); 2. 1730 « somme à verser en cas de dédit dans une vente à terme de valeurs » (Arrêt du Conseil du 7 mars 1730 ds Brunot t. 6, p. 170); 3. 1751 « encouragement pécuniaire donné par l'État ou toute autre institution » (Voltaire, Siècle de Louis XIV, t. 20, pp. 238-239 ds Rey-Gagnon Anglic.); 4. 1752 « rémunération d'un service » (Trév.); 5. 1759 « somme que l'on gagne à une loterie » (Rich.); 6. 1765 « excédent de prix d'une valeur sur le chiffre de son émission » (Encyclop. t. 13); 1862 faire prime (Hugo, Corresp., p. 411); 7. 1801 « somme d'argent attribuée pour une action particulière » (ici, la destruction d'un animal nuisible) (Crèvecœur, Voyage, t. 2, p. 41); 8. 1839 « somme d'argent attribuée à l'auteur d'une pièce de théâtre avant qu'elle soit jouée et qu'il ne perçoive les droits d'auteur » (Balzac, Corresp., p. 575); 9. 1852 « don, cadeau destiné à des acheteurs ou des souscripteurs pour les attirer » (Goncourt, Journal, p. 49). Francisation de l'angl. premium [pri:miəm] « récompense, prix » (1601 ds NED) et « prime d'assurance » (1622 premio, 1661 premium, ibid.), du lat. praemium « avantage, faveur, prélèvement ».
STAT. − Prime1(subst.) et prime2. Fréq. abs. littér. : 367. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 433, b) 547; xxes. : a) 572, b) 561.
BBG. − Quem. DDL t. 16.

PRIME3, subst. fém.

PRIME3, subst. fém.
JOAILL. Cristal de roche coloré qui prend le nom de la pierre précieuse dont il se rapproche le plus par sa couleur. Prime d'émeraude, de topaze, de rubis. Ce temple, d'une grandeur immense, est intérieurement revêtu de marbre jaune antique, coupé par des colonnes de prime d'améthyste (Genlis, Chev. cygne,t.2, 1795, p.224).
Prononc. et Orth. V. prime2. Étymol. et Hist. 1remoit. xiies. prasme (Lapidaire de Marbode, 1reversion fr. 690, Lapidaires anglo-norm., éd. P. Studer et J. Evans, p.56); 1360 presme d'esmeraude (Inventaire du duc d'Anjou, no781 ds Laborde); 1400 proesme d'emerauldes (Pièces relat. au règne de Ch. VII, éd. Douët d'Arcq, t.2, p.296 ds Gdf.); 1416 prasme d'esmeraude (Inventaire du duc de Berry ds Laborde); 1634 prisme (Inventaire du Trés. de l'ab. de St Den., Arch. LL 1327 ds Gdf.); [1673 prime d'émeraude d'apr. FEW t.9, p.329b] 1752 (Trév.); 1762 (Ac.: Prime. Terme de joaillier. Nom que l'on donne à une pierre demi-transparente de la nature du caillou ou du cristal, et qui sert de base ou de matrice aux cristaux). La forme prasme est issue du lat. prasinus, -a, -um empl. subst. au même sens que le lat. prasius «prase, variété de quartz agate» empr. au gr. π ρ α ́ σ ι ο ς dér., avec l'adj. π ρ α ́ σ ι ν ο ς «d'un vert tendre comme le poireau», de π ρ α ́ σ ο ν «poireau». L'hyp. d'une contamination de formes issues de prasius (v. prase) par le lat. plasma (Barb. Misc. 3, 38) n'est pas recevable compte tenu de l'apparition tardive du fr. plasme «émeraude» (FEW t.9, p.329b). Alors que l'altération de -n- en -m- a pu être facilitée par l'infl. de esmeraude, le passage de prasme à presme, prisme peut s'expliquer par un croisement avec l'a. fr. proisme, proesme, presme, prisme «prochain» (xiies., cf. Gdf. et T.-L., s.v. proisme), issu du lat. proximus, dans l'expr. prasme d'esmeraude (FEW, loc. cit.).

PRIMER1, verbe

PRIMER1, verbe
A.− Empl. trans.
1. Littér. [Le suj. désigne un humain, un groupe humain] Primer qqn; être primé par qqn.Imposer sa supériorité à quelqu'un; être surpassé par quelqu'un. Synon. dominer.C'était avec colère que Julien se voyait primé dans ce genre par les paysans les plus grossiers. Il y avait de bonnes raisons pour qu'ils n'eussent pas l'air penseur (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 181).L'homme de lettres, s'il avait été un moment primé par l'homme de passion et de combat, se réveilla alors en lui [Béranger] avec toutes ses inquiétudes (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 1, 1861, p. 181).Dans la partie que je connais de la Syrie, me dit-il encore, les Français commerçants priment encore un peu les Allemands (Barrès, Cahiers,t. 10, 1914, p. 332).
2. [Le suj. désigne une chose abstr. ou concr.]
a) Primer qqc.; être primé par qqc.L'emporter sur quelque chose : être devancé par quelque chose. Le détail prime le panorama; l'industrie prime l'agriculture; l'intelligence prime le génie. L'effet masculinisant des autosomes primerait l'effet féminisant d'un seul chromosome X, alors qu'il serait primé par celui de deux chromosomes X (Cuénot, J. Rostand, Introd. génét.,1936, p. 40).Cela n'empêchait pas que, par ces voies nouvelles et plus adéquates, la connaissance historique ne primât toujours les autres curiosités (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 419):
1. Mais ces chances n'infirment guère la préférence à donner en général au gros vaisseau : et elles s'effacent totalement en présence de notre navire; qui prime sans effort les plus fins voiliers... Maizière, Nouv. archit. nav.,1853, p. 56.
Rare. Primer sur qqc.Avoir la primauté sur quelque chose, l'emporter sur quelque chose. Dans chaque existence (...) le renoncement prime peu à peu sur les jouissances; la mort consomme la vie (Teilhard de Ch., Milieu divin,1955, p. 176).
b) [Le suj. désigne gén. une notion abstr. faisant force de loi dans un code moral, une échelle de valeurs] Primer tout (le reste). Dominer, avoir le pas sur tout. Et ce maître, dur à lui-même, dur aux autres, pour qui le travail à faire primait tout, même la maladie et la douleur, laissa une larme lourde tomber de ses yeux (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 171).Son nom n'y entrait pas pour grand'chose, tant, même chez ceux qu'hypnotise un nom, le talent prime tout (Radiguet, Bal,1923, p. 22).Le communiste ne renonce, en une certaine mesure, à la liberté du choix, ne se soumet à une discipline que parce que celle-ci est nécessaire à l'efficacité de l'action et qu'au stade actuel de la lutte, l'efficacité doit tout primer (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 163).
c) Empl. pronom. Se devancer. J'appelle concurrence non pas seulement la rivalité de deux industries de même espèce, mais l'effort général et simultané que font toutes les industries pour se primer l'une l'autre (Proudhon, Propriété,1840, p. 274).
B.− Empl. intrans.
1. Vieilli ou littér. [Le suj. désigne un humain]
a) Tenir le premier rang, avoir l'avantage sur les autres. Les hommes de génie sont faits pour primer, et les lois de l'égalité plient nécessairement devant eux (Baudry des Loz., Voy. Louisiane,1802, p. 68).C'est un étrange phénomène, qu'après trois ans de révolution, l'Espagne n'ait encore produit aucun de ces hommes qui priment dans ces temps orageux (J. de Maistre, Corresp.,t. 4, 1811, p. 12).C'était le type des mauvais soudards, débauché, buveur, fumeur, vantard, plein d'amour-propre, voulant primer partout (Balzac, Œuvres div.,t. 2, 1832, p. 493).
b) [Avec un compl. prép.] Dominer dans une discipline, une pratique. La guerre des subtilités juridiques, que nous devions nous en vanter ou non, nous y primons, il faut le dire; le procureur est français de nation (Michelet, Introd. Hist. univ.,1831, p. 448).Les sanguins, peu aptes à l'abstraction formelle, quand ils sont plus intellectualisés, restent fermés à la métaphysique (...). Ils priment par le sens pratique (Mounier, Traité caract.,1946, p. 639).Je me disais : quiconque prime en quelque chose est toujours sûr d'être recherché. Primons donc, n'importe en quoi, je serai recherché (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 165).
2. [Le suj. désigne une chose abstr. ou concr.]
a) Avoir le plus d'importance, tenir la première place. Synon. faire prime (v. prime2), l'emporter.Malgré tant de traités pour la fondation d'un équilibre européen, la force brute, dis-je, peut s'exercer et primer comme au temps d'Attila, sans plus d'empêchements (Goncourt, Journal,1871, p. 709).Tas de farceurs, va! Que faites-vous de la liberté? Mais le bifteck prime!... Et c'est peut-être pourquoi, sentant venir tout cela, j'étais parti et vagabondais au Brésil dès 1924 (Cendrars, Lotiss. ciel,1949, p. 195).
b) [Avec un compl. prép.] Tenir le premier rang dans un domaine, une discipline. Synon. devancer.La France jouit, au tems où nous vivons, d'un honneur qu'on a pu lui contester à toute autre époque, celui de primer également dans les armes, dans les sciences, dans les arts et dans les lettres (Jouy, Hermite, t. 1, 1811, p. 280).L'irritation de Gênes sujette du Piémont, impatiente d'être Italie et de primer sur mer (Michelet, Journal,1854, p. 275):
2. ... l'industrie et le public français étaient très attachés à une production de qualité et redoutaient les effets vulgarisants de la machine. Aussi les nouveautés restaient rares et l'inspiration anglaise primait dans tous les domaines. Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1968, p. 214.
Prononc. et Orth. : [pʀime], (il) prime [pʀim]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1626 intrans. « prendre les devants » (D'Aubigné, Hist. univ., éd. A. de Ruble, t. 6, p. 188); 1633 trans. « l'emporter sur » (Corneille, La Veuve, II, 4, éd. Ch. Marty-Laveaux, I, 432); av. 1679 abs. « avoir l'avantage, se distinguer, exceller » (Cardinal de Retz, Mémoires, éd. Grands écrivains de la France, t. 4, p. 279); 1704 primer sur (Trév.); 1735-36 en parlant de choses primer sur « dominer, supplanter » (Marivaux, Le Paysan parvenu, éd. Fr. Deloffre, 1965, p. 68). Dér. de prime1*; dés. -er.

PRIMER2, verbe trans.

PRIMER2, verbe trans.
Fréq. au passif. Gratifier d'une prime, d'une récompense une personne, l'action, la production d'une personne. [Madame Lagave] admirait Bob comme du temps où elle s'assurait « qu'il aurait été primé dans n'importe quel concours de bébés » (Mauriac, Destins,1928, p. 43).Le projet ne fut pas primé au concours, mais néanmoins, (...) il fit l'objet de nombreux reportages en images (Siegel, Formes struct. archit. mod.,1965, p. 172):
Voici enfin que, par les autres expositions, le concours pénètre jusque dans les professions indépendantes. M. le marquis (...) veut être primé pour ses vaches : la duchesse, sa cousine, obtient une mention honorable pour un lot de dindons. Taine, Notes Paris,1867, p. 290.
P. métaph. Il est assisté, soutenu par son père, vieux paysan tout pareil à un rat, et par sa jeune femme, rouge de fureur, mais fraîche aussi, grande fille de ferme saine et pommadée, chair à reproduction bonne à primer dans un concours (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Autres temps, 1882, p. 61).
REM. 1.
Primable, adj.Qui peut bénéficier d'une prime. La réalisation est répartie entre plusieurs groupes de maîtres d'ouvrages publics ou semi-publics, sous l'impulsion d'une société d'économie mixte. 8 000 logements sont prévus, dont 1 500 du district résidentiel primables (Gds ensembles habit.,1963, p. 32).
2.
Primé, -ée, part. passé en empl. adj.Qui a reçu une prime, une récompense. C'est une tache dans ma vie que d'avoir contribué par mes applaudissements au succès de cette composition primée et très méritoire (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1907, p. 80).Le nom plus ou moins connu et les titres et l'illustre signature en fac-similé (...) étaient reproduits au bas du cliché comme s'il se fût agi d'un produit pharmaceutique à lancer ou d'une moutarde primée et hors concours dans toutes les expositions (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 108).En l'occurrence les animaux primés devraient remplir les conditions fixées pour l'attribution de prêts en vue de l'achat de taureaux (Qq. aspects équip. agric.,1951, p. 24).
Prononc. et Orth. : [pʀime], (il) prime [pʀim]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1869 (Littré), non att. ds Laboulaye, Dict. des Arts et Manufactures, 2eéd., 1853-54, p. 173 malgré l'indication de FEW t. 18, p. 98a. Dér. de prime2*; dés. -er.
STAT. − Primer1 et 2. Fréq. abs. littér. : 225. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 263, b) 340; xxes. : a) 317, b) 348.

Primé, -ée, part. passé en empl. adj.

Primé, -ée, part. passé en empl. adj.Qui a reçu une prime, une récompense. C'est une tache dans ma vie que d'avoir contribué par mes applaudissements au succès de cette composition primée et très méritoire (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1907, p. 80).Le nom plus ou moins connu et les titres et l'illustre signature en fac-similé (...) étaient reproduits au bas du cliché comme s'il se fût agi d'un produit pharmaceutique à lancer ou d'une moutarde primée et hors concours dans toutes les expositions (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 108).En l'occurrence les animaux primés devraient remplir les conditions fixées pour l'attribution de prêts en vue de l'achat de taureaux (Qq. aspects équip. agric.,1951, p. 24).

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·