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PRIMAT1, subst. masc.

PRIMAT1, subst. masc.
[Titre attribué à certains prélats en vertu d'un privilège ou d'une primauté de juridiction pouvant s'exercer sur d'autres évêques ou archevêques et qui est de nos jours un titre purement honorifique attaché par tradition à un siège épiscopal] Charles, cardinal de Bourbon, archevêque et comte de Lyon, primat des Gaules, était à la fois allié à Louis XI par son frère (...) et allié à Charles le Téméraire par sa mère Agnès de Bourgogne (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p.42).On apprend que la vieille basilique de San Lorenzo a été atteinte... Les primats d'Irlande et d'Argentine ont protesté et l'on pense que le Pape fera de même (Green, Journal, 1943, p.62).Le révérend père Trubel appartenait, en effet, à cette compagnie des missionnaires blancs spécialisés dans les Noirs et dont le grand homme demeure ce cardinal Lavigerie, premier primat d'Afrique, premier archevêque de Carthage (H. Bazin, Vipère, 1948, p.42).
En appos. Cardinal primat. Derrière le choeur, très élevé, on a placé le siège épiscopal en pierre sur lequel l'archevêque primat d'Angleterre, investi d'un pouvoir souverain, plus roi que le roi, attend assis (Michelet, Chemins Europe, 1874, p.17).La réunion à Rome des supérieurs généraux des quatorze congrégations bénédictines, sous la présidence de l'Abbé primat de l'Ordre (Chauve-Bertrand, Question calendrier, 1920, p.101).
Prononc. et Orth.: [pʀima]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1155 (Wace, Brut, 13838 ds T.-L.). Empr. au lat. primas, -atis «qui est au premier rang» d'où «celui qui est au premier rang, notable» et en lat. eccl. «primat, doyen des évêques d'un pays» (Blaise Lat. chrét.).
DÉR.
Primatie, subst. fém.a) Dignité de primat. Pour nous, la primatie du Souverain Pontife est précisément ce que le système de Copernic est pour les astronomes (J. de Maistre, Pape, 1819, p.56).b) Territoire sur lequel s'étend la juridiction d'un primat. Elles avaient appelé le 1erdécembre 1707, à la Primatie de Lyon, de l'Ordonnance qui leur interdisait les sacrements; mais ces appels ne prenaient pas (Sainte-Beuve, Port-Royal, t.5, 1859, p.550). [pʀimasi]. Att. ds Ac. dep. 1694. 1resattest. xiiies. primacie «dignité de primat» (Chron. de St Denis, Gdes Chron. de France, éd. J. Viard, t.4, p.224: Après, en lut une autre [epistre] de la primacie Ensegise, l'arcevesque de Sanz), 1669 primatie (Widerhold Fr.-all.), 1694 «siège de la juridiction d'un primat, territoire du ressort de cette juridiction» (Ac.) [sens att. pour la forme primace ds Est. 1549]; de primat1(suff. -ie*), selon le lat. médiév. primatia (Du Cange et Latham).

PRIMAT2, subst. masc.

PRIMAT2, subst. masc.
PHILOS., MOR. Suprématie, caractère de ce qui prime du point de vue de la valeur ou de la puissance. Synon. primauté.D'autres docteurs s'élèvent, au nom de la «tradition française», contre cette «barbare» exaltation de l'instinct, prêchent le «primat de l'intelligence» (Benda, Trahis. clercs, 1927, p.186).Il n'y a pas d'ordre véritable et complet de la vie humaine sans le primat de la grâce et de la charité (Maritain, Primauté spirit., 1927, p.109).La démocratie, c'est l'affirmation du primat de l'homme libre sur l'État ou sur tous les autres groupes sociaux (Vedel, Dr. constit., 1949, p.187).
En partic. [P. réf. à Kant] Primat de la raison pratique. Prééminence de la raison pratique sur la raison théorique. La théorie, qui n'est pas exacte, consiste à ériger le fait en droit, comme Kant a essayé de le faire en affirmant le primat de la raison pratique (Lévy-Bruhl, Mor. et sc. moeurs, 1903, p.58).
P. ext. Caractère de ce qui prend le pas, de ce qui domine. C'est là un des thèmes que M. Focillon développera avec le plus d'ingéniosité: «Les siècles qui suivent les invasions nous montrent le déclin de l'art de bâtir et le primat de la parure (...)» (Lhote, Peint. d'abord, 1942, p.52).Aux discussions entre peintres, fondées sur des expériences communes, se substituèrent les discussions entre intellectuels, fondées sur le primat de la chose représentée (Malraux, Voix sil., 1951, p.87).
Prononc.: [pʀima]. Étymol. et Hist.1. Fin du xves. «supériorité» (Ancienn. des Juifs, ms. Arsenal 5082, fo22b ds Gdf.); 2. 1893 «primauté spirituelle, intellectuelle» (Blondel, Action, p.300). 1 empr. au lat. primatus «premier rang, prééminence; supériorité»; 2 empr. à l'all. Primat, de même sens que le fr., notamment terme de philos. (Kant: Primat der praktischen Vernunft, cf. Lal.), empr. au lat. primatus.
STAT.Primat1 et 2. Fréq. abs. littér.: 96.

PRIMER1, verbe

PRIMER1, verbe
A.− Empl. trans.
1. Littér. [Le suj. désigne un humain, un groupe humain] Primer qqn; être primé par qqn.Imposer sa supériorité à quelqu'un; être surpassé par quelqu'un. Synon. dominer.C'était avec colère que Julien se voyait primé dans ce genre par les paysans les plus grossiers. Il y avait de bonnes raisons pour qu'ils n'eussent pas l'air penseur (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 181).L'homme de lettres, s'il avait été un moment primé par l'homme de passion et de combat, se réveilla alors en lui [Béranger] avec toutes ses inquiétudes (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 1, 1861, p. 181).Dans la partie que je connais de la Syrie, me dit-il encore, les Français commerçants priment encore un peu les Allemands (Barrès, Cahiers,t. 10, 1914, p. 332).
2. [Le suj. désigne une chose abstr. ou concr.]
a) Primer qqc.; être primé par qqc.L'emporter sur quelque chose : être devancé par quelque chose. Le détail prime le panorama; l'industrie prime l'agriculture; l'intelligence prime le génie. L'effet masculinisant des autosomes primerait l'effet féminisant d'un seul chromosome X, alors qu'il serait primé par celui de deux chromosomes X (Cuénot, J. Rostand, Introd. génét.,1936, p. 40).Cela n'empêchait pas que, par ces voies nouvelles et plus adéquates, la connaissance historique ne primât toujours les autres curiosités (Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 419):
1. Mais ces chances n'infirment guère la préférence à donner en général au gros vaisseau : et elles s'effacent totalement en présence de notre navire; qui prime sans effort les plus fins voiliers... Maizière, Nouv. archit. nav.,1853, p. 56.
Rare. Primer sur qqc.Avoir la primauté sur quelque chose, l'emporter sur quelque chose. Dans chaque existence (...) le renoncement prime peu à peu sur les jouissances; la mort consomme la vie (Teilhard de Ch., Milieu divin,1955, p. 176).
b) [Le suj. désigne gén. une notion abstr. faisant force de loi dans un code moral, une échelle de valeurs] Primer tout (le reste). Dominer, avoir le pas sur tout. Et ce maître, dur à lui-même, dur aux autres, pour qui le travail à faire primait tout, même la maladie et la douleur, laissa une larme lourde tomber de ses yeux (Pesquidoux, Chez nous,1923, p. 171).Son nom n'y entrait pas pour grand'chose, tant, même chez ceux qu'hypnotise un nom, le talent prime tout (Radiguet, Bal,1923, p. 22).Le communiste ne renonce, en une certaine mesure, à la liberté du choix, ne se soumet à une discipline que parce que celle-ci est nécessaire à l'efficacité de l'action et qu'au stade actuel de la lutte, l'efficacité doit tout primer (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 163).
c) Empl. pronom. Se devancer. J'appelle concurrence non pas seulement la rivalité de deux industries de même espèce, mais l'effort général et simultané que font toutes les industries pour se primer l'une l'autre (Proudhon, Propriété,1840, p. 274).
B.− Empl. intrans.
1. Vieilli ou littér. [Le suj. désigne un humain]
a) Tenir le premier rang, avoir l'avantage sur les autres. Les hommes de génie sont faits pour primer, et les lois de l'égalité plient nécessairement devant eux (Baudry des Loz., Voy. Louisiane,1802, p. 68).C'est un étrange phénomène, qu'après trois ans de révolution, l'Espagne n'ait encore produit aucun de ces hommes qui priment dans ces temps orageux (J. de Maistre, Corresp.,t. 4, 1811, p. 12).C'était le type des mauvais soudards, débauché, buveur, fumeur, vantard, plein d'amour-propre, voulant primer partout (Balzac, Œuvres div.,t. 2, 1832, p. 493).
b) [Avec un compl. prép.] Dominer dans une discipline, une pratique. La guerre des subtilités juridiques, que nous devions nous en vanter ou non, nous y primons, il faut le dire; le procureur est français de nation (Michelet, Introd. Hist. univ.,1831, p. 448).Les sanguins, peu aptes à l'abstraction formelle, quand ils sont plus intellectualisés, restent fermés à la métaphysique (...). Ils priment par le sens pratique (Mounier, Traité caract.,1946, p. 639).Je me disais : quiconque prime en quelque chose est toujours sûr d'être recherché. Primons donc, n'importe en quoi, je serai recherché (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 165).
2. [Le suj. désigne une chose abstr. ou concr.]
a) Avoir le plus d'importance, tenir la première place. Synon. faire prime (v. prime2), l'emporter.Malgré tant de traités pour la fondation d'un équilibre européen, la force brute, dis-je, peut s'exercer et primer comme au temps d'Attila, sans plus d'empêchements (Goncourt, Journal,1871, p. 709).Tas de farceurs, va! Que faites-vous de la liberté? Mais le bifteck prime!... Et c'est peut-être pourquoi, sentant venir tout cela, j'étais parti et vagabondais au Brésil dès 1924 (Cendrars, Lotiss. ciel,1949, p. 195).
b) [Avec un compl. prép.] Tenir le premier rang dans un domaine, une discipline. Synon. devancer.La France jouit, au tems où nous vivons, d'un honneur qu'on a pu lui contester à toute autre époque, celui de primer également dans les armes, dans les sciences, dans les arts et dans les lettres (Jouy, Hermite, t. 1, 1811, p. 280).L'irritation de Gênes sujette du Piémont, impatiente d'être Italie et de primer sur mer (Michelet, Journal,1854, p. 275):
2. ... l'industrie et le public français étaient très attachés à une production de qualité et redoutaient les effets vulgarisants de la machine. Aussi les nouveautés restaient rares et l'inspiration anglaise primait dans tous les domaines. Lesourd, Gérard, Hist. écon.,1968, p. 214.
Prononc. et Orth. : [pʀime], (il) prime [pʀim]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1626 intrans. « prendre les devants » (D'Aubigné, Hist. univ., éd. A. de Ruble, t. 6, p. 188); 1633 trans. « l'emporter sur » (Corneille, La Veuve, II, 4, éd. Ch. Marty-Laveaux, I, 432); av. 1679 abs. « avoir l'avantage, se distinguer, exceller » (Cardinal de Retz, Mémoires, éd. Grands écrivains de la France, t. 4, p. 279); 1704 primer sur (Trév.); 1735-36 en parlant de choses primer sur « dominer, supplanter » (Marivaux, Le Paysan parvenu, éd. Fr. Deloffre, 1965, p. 68). Dér. de prime1*; dés. -er.

PRIMER2, verbe trans.

PRIMER2, verbe trans.
Fréq. au passif. Gratifier d'une prime, d'une récompense une personne, l'action, la production d'une personne. [Madame Lagave] admirait Bob comme du temps où elle s'assurait « qu'il aurait été primé dans n'importe quel concours de bébés » (Mauriac, Destins,1928, p. 43).Le projet ne fut pas primé au concours, mais néanmoins, (...) il fit l'objet de nombreux reportages en images (Siegel, Formes struct. archit. mod.,1965, p. 172):
Voici enfin que, par les autres expositions, le concours pénètre jusque dans les professions indépendantes. M. le marquis (...) veut être primé pour ses vaches : la duchesse, sa cousine, obtient une mention honorable pour un lot de dindons. Taine, Notes Paris,1867, p. 290.
P. métaph. Il est assisté, soutenu par son père, vieux paysan tout pareil à un rat, et par sa jeune femme, rouge de fureur, mais fraîche aussi, grande fille de ferme saine et pommadée, chair à reproduction bonne à primer dans un concours (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Autres temps, 1882, p. 61).
REM. 1.
Primable, adj.Qui peut bénéficier d'une prime. La réalisation est répartie entre plusieurs groupes de maîtres d'ouvrages publics ou semi-publics, sous l'impulsion d'une société d'économie mixte. 8 000 logements sont prévus, dont 1 500 du district résidentiel primables (Gds ensembles habit.,1963, p. 32).
2.
Primé, -ée, part. passé en empl. adj.Qui a reçu une prime, une récompense. C'est une tache dans ma vie que d'avoir contribué par mes applaudissements au succès de cette composition primée et très méritoire (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1907, p. 80).Le nom plus ou moins connu et les titres et l'illustre signature en fac-similé (...) étaient reproduits au bas du cliché comme s'il se fût agi d'un produit pharmaceutique à lancer ou d'une moutarde primée et hors concours dans toutes les expositions (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 108).En l'occurrence les animaux primés devraient remplir les conditions fixées pour l'attribution de prêts en vue de l'achat de taureaux (Qq. aspects équip. agric.,1951, p. 24).
Prononc. et Orth. : [pʀime], (il) prime [pʀim]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1869 (Littré), non att. ds Laboulaye, Dict. des Arts et Manufactures, 2eéd., 1853-54, p. 173 malgré l'indication de FEW t. 18, p. 98a. Dér. de prime2*; dés. -er.
STAT. − Primer1 et 2. Fréq. abs. littér. : 225. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 263, b) 340; xxes. : a) 317, b) 348.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·