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PRÉTEXTE1, subst. masc.

PRÉTEXTE1, subst. masc.
A. − Raison alléguée pour justifier un dessein, un acte, un comportement (synon. allégation, argument, motif), pour dissimuler la vraie cause d'une action ou pour refuser quelque chose (synon. couverture, excuse, échappatoire, faux-fuyant). Anna commençait à recevoir la visite de personnes qu'elle n'avait point vues depuis plusieurs mois; elles venaient, sous des prétextes variés, les unes craignant qu'elle ne fût malade, les autres prenant un intérêt nouveau à ses affaires, à son mari, à sa maison (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p.1389).Pour entrer dans les fermes tous les prétextes lui étaient bons: acheter des oeufs, quémander un verre d'eau (Beauvoir, Mandarins, 1954, p.220):
. ... il attendait pour cela qu'Olivier l'eût quitté. Mais l'aborder sous quel prétexte? C'est à ce moment qu'il vit le petit bout de papier froissé s'échapper de la main distraite d'Edouard. Quand il l'eut ramassé, qu'il eut vu que c'était un bulletin de consigne... Parbleu, le voilà bien le prétexte cherché! Gide, Faux-monn., 1925, p.995.
SYNT. Prétexte absurde, commode, frivole, futile, honnête, mauvais, spécieux; bon, ingénieux, mauvais prétexte; avoir, chercher, prendre, trouver un prétexte; saisir le premier prétexte venu; alléguer, invoquer un prétexte; agir, faire qqc. sous un prétexte honorable, sous des prétextes différents; invoquer divers prétextes; tirer prétexte de tout; inventer le prétexte de qqc., un prétexte pour faire qqc.
Locutions
loc. adv. Sous aucun prétexte. En aucun cas. La boîte de petits pois qu'Henriette avait dans une valise, parmi les réserves auxquelles il ne fallait toucher sous aucun prétexte (Triolet, Prem. accroc, 1945, p.254).
loc. prép. Sous prétexte de + subst.; sous prétexte de + inf. En invoquant la raison plus ou moins fallacieuse de/que. Synon. sous couleur de, sous couvert de.Il se levait tard, parce qu'il avait à se venger des dix ans de supplice où, sous prétexte d'un baccalauréat à obtenir, on l'avait obligé à s'habiller à cinq heures et demie tous les matins (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p.96).Elle avait un peu tiré le rideau sous prétexte de se protéger du soleil: en fait, pour que, dans la demi-obscurité du contre-jour, Raphaël ne vit pas sa pâleur (Daniel-Rops, Mort, 1934, p.525).
loc. conj. Sous prétexte que + verbe à l'ind. ou au cond. Même sens. J'ai fait couper tous mes foins sous prétexte qu'ils étaient mûrs. Ils m'embêtaient. Un pré ras, c'est bien plus beau que cette herbe monotone, et puis, je ne voyais pas mes vaches (Renard, Journal, 1902, p.764).
loc. verb. Prendre prétexte de + subst. Donner un motif, une raison apparente à quelque chose. Synon. prétexter que.Le mercredi soir, Karelina n'y tint plus. Elle prit prétexte d'une commande de vin à passer à la brasserie, et s'en alla jusque chez Hendrijk (Van der Meersch, Empreinte dieu, 1936, p.53).
B. − Occasion permettant de faire, de dire quelque chose. «Tu as pris froid?» demanda-t-il, la voyant frissonner. −«C'est que ta chambre n'est guère chauffée», dit-elle, saisissant le prétexte. «Je crois que je ferais mieux de monter» (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p.1351).
En appos. Le store ayant pour effet de cacher la fenêtre, peindre une fenêtre en trompe l'oeil sur un store semble une jolie définition du second degré. Ces supports-prétextes font des panneaux décoratifs superbes (Le Point, 28 avr. 1980, p.49, col. 2).
(Être, chercher,...) prétexte à + subst.Des rangées de cercles d'argent autour de ses bras, de son cou, de ses jambes, luisent et tintent à chaque pas. Tout pour lui est prétexte à la musique et à la danse (Faure, Espr. formes, 1927, p.64).J'ai rien répondu. On ne peut pas raisonner avec une femme jalouse comme elle était, ça aurait été encore des prétextes à des histoires à n'en plus finir (Céline, Voyage, 1932, p.598).
(Être) prétexte à + inf.L'air était calme et tiède, mais je pris mon châle pourtant, comme prétexte à lier connaissance avec celui qui me le porterait (Gide, Immor., 1902, p.390).
C. − BEAUX-ARTS, rare. Sujet, modèle dont s'inspire un artiste. La brodeuse a choisi ses prétextes dans quelques poèmes (Valéry, Pièces sur art, 1931, p.17).
Prononc. et Orth.: [pʀetεkst]. Martinet-Walter (8/17) [pʀ ε-]. Ac. 1694, 1718: pretexte; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist. 1530 «motif spécieux mis en avant pour cacher le motif réel d'une action» (Palsgr., p.234); 1539 sous prétexte de (Corresp. pol. de MM. de Castillon et de Marillac, éd. J. Kaulek, p.114); 1566 soubz prétext que (Granvelle, Correspondance, éd. E. Poullet, t.1, p.98); 1678 sur le prétexte que (La Fayette, Princesse de Clèves, III, 104 ds Rob.). Empr. au lat. praetextus «action de mettre devant, prétexte» (de praetexere «prétexter»), cf. déjà dans le lat. jur. du Moy. Âge sub hujus praetextu dans une charte de 1463 (FEW t.9, p.323). Fréq. abs. littér.: 3547. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5337, b) 4128; xxes.: a) 5265, b) 5151. Bbg. Henschelmann (K.). Kausalität im Satz und im Text. Heidelberg, 1977, pp.162-164.

PRÉTEXTE2, subst. fém.

PRÉTEXTE2, subst. fém.
ANTIQ. ROMAINE. Toge blanche bordée de pourpre portée à Rome par les magistrats, les sénateurs; toge semblable portée par les jeunes patriciens jusqu'à l'âge de seize ans. Quand il prit la robe prétexte, elle lui tomba des épaules: c'est signe, dit-il lui-même, que je mettrai sous les pieds la prétexte sénatoriale (Michelet, Hist. romaine, t.2, 1831, p.291).
Empl. adj. Comme un jeune Romain, ayant atteint l'âge d'homme, abandonnait la robe prétexte, la robe blanche aux bordures pourpres, qui était l'insigne de l'adolescence −ainsi, ô mon ami, je dis adieu à la seizième année, dont je sens se calmer en moi la fièvre inapaisable (Mauriac, Robe prétexte, 1914, p.308).Les enfants et les sénateurs portent la toge prétexte (praetexta), bordée d'une bande de pourpre (J. Dautry, O. Maisani, Guide romain antique, Paris, Hachette, 1952, p.29).
Prononc. et Orth.: [pʀetεkst]. Martinet-Walter (8/17) [pʀ ε-]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1355 pretexte «vêtement blanc, bordé d'une bande de poupre, que portaient les jeunes patriciens et ceux qui étaient revêtus de certaines dignités» (Bersuire, Tite-Live, B.N. 20312ter, fo3 ds Gdf. Compl.); 1762 robe prétexte (Ac.). Empr. au lat. praetexta (toga) «(toge) bordée (de pourpre)».

PRÉTEXTER, verbe trans.

PRÉTEXTER, verbe trans.
Donner un motif, une raison apparente pour justifier un acte, un comportement; alléguer quelque chose. Synon. arguer de, invoquer.Prétexter une fatigue, une migraine, une subite maladie, un rendez-vous. Ayant prétexté une acquisition à faire dans le voisinage, elle laissa Berthe garder la boutique (Champfl., Souffr. profess. Delteil, 1853, p.162).Lorsque Daniel lui avait proposé de l'accompagner au tennis, elle avait refusé avec entêtement, prétextant qu'elle avait à faire. Mais elle n'avait goût à rien, et ne parvenait pas à occuper son temps (Martin du G., Thib., Belle sais., 1923, p.952).
Empl. trans. indir. Prétexter de qqc.Synon. prendre prétexte de.Quand tout fut signé, Minoret prétexta de sa fatigue pour se retirer en même temps que le notaire et les témoins (Balzac, U. Mirouët, 1841, p.150).[Des linguistes] entendaient «séparer» leur discipline de l'étude des autres éléments de l'ethnique, prétextant de l'importance de leur spécialité et des procédés très particuliers qu'elle utilisait (Marin, Ét. ethn., 1954, p.55).
Prononc. et Orth.: [pʀetεkste], (il) prétexte [pʀetεkst]. Martinet-Walter 1973, v. prétexte1,2. Ac. 1694, 1718: pretexte; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist. [1456 (d'apr. Bl.-W.3-5)]; 1566 [et non 1556 comme l'indique Lar. Lang. fr.] «prendre pour prétexte» (Corresp. du cardinal de Granvelle, éd. E. Poullet, t.1, p.257); 1636 prétexter quelque chose de «couvrir quelque chose d'un prétexte» (Haschke, Richelieu, p.73). Dér. de prétexte*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 188.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·