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PRÉLUDE, subst. masc.

PRÉLUDE, subst. masc.
A. − MUSIQUE
1. Suite de notes, souvent improvisée, chantée ou jouée pour se mettre dans le ton et essayer, chauffer la voix ou l'instrument. Quelques mesures de prélude (Ac.1935).Satou attaqua les cordes de sa harpe avec une énergie joyeuse et sur un rythme vif (...); après ce prélude, elle entonna un chant célébrant les charmes du vin (Gautier, Rom. momie, 1858, p.200).Elle se revit dans sa blanche robe de bal; les lustres, de haut, faisaient ruisseler la lumière; le plancher miroitait. Langoureusement, les violons laissaient s'éteindre le prélude (Reider, MlleVallantin, 1862, p.199).
2.
a) Pièce instrumentale ou orchestrale de forme libre servant d'ouverture à une oeuvre vocale (opéra, oratorio) ou instrumentale (suite) ou d'introduction à une action liturgique ou à un acte officiel ou solennel (d'apr. Mus. 1976). Préludes et fugues de J.-S. Bach; prélude de Lohengrin, de Parsifal. Le bâton de Hans Richter s'abaissa, les musiciens jouèrent le prélude; puis, le rideau se séparant, découvrit un morne paysage (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p.331).Au début surtout pendant l'exécution du Prélude [de Tristan] −(...) les longues, insistantes flammes sinueuses du Prélude, tout anémiées, étaient décolorées (Du Bos, Journal, 1927, p.244).
b) P. ext. Pièce instrumentale ou orchestrale constituant un morceau autonome, de forme libre. Préludes (pour piano) de Chopin, de Debussy; Préludes de Liszt; Prélude à l'après-midi d'un faune (poème symphonique de Debussy). Le pianiste qui avait à jouer deux morceaux de Chopin, après avoir terminé le prélude, avait attaqué aussitôt une polonaise (Proust, Swann, 1913, p.335).Je me suis mis au piano pour changer le cours des idées, ai joué (...) par coeur, le premier morceau de la Sonate en si mineur de Chopin (...), le premier Prélude et celui en mi b. maj. Le tout horriblement mal, à la seule exception du premier prélude (Gide, Journal, 1914, p.445).
B. − Au fig. Ce qui prépare, annonce quelque chose, en constitue l'introduction. Synon. annonce, commencement, préambule, préface, préliminaire, prodrome, prologue.Prélude des hostilités; en prélude à des négociations. Ses tâtonnements même [du débutant en peinture] nous intéressent, car ce sont les préludes d'un art nouveau (Huysmans, Art mod., 1883, p.15):
. Après avoir admirablement ébauché le culte de la Femme, prélude nécessaire à la Religion de l'Humanité, le sentiment féodal détermina réellement, au siècle des croisades, l'altération qu'éprouva le monothéisme occidental, quand la Vierge y tendit à remplacer Dieu. Comte, Catéch. posit., 1852, p.365.
Prononc. et Orth.: [pʀelyd]. Ac. 1694 et 1718: pre-; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist.1. Mus. a) 1530 «suite de notes qu'on chante, qu'on joue pour essayer la voix, l'instrument» (P. Attaingnant, «Magnificat» sur les huit tons avec «Te Deum laudamus, et deux préludes...»); b) 1690 «courte pièce musicale, ayant un caractère d'improvisation» (Fur.); c) 1765 «introduction instrumentale ou orchestrale à une oeuvre musicale» (Encyclop.); 2. 1535 «ce qui annonce et précède quelque chose en lui servant comme d'entrée et de préparation» (Rabelais, Gargantua, Prologue, éd. R. Calder, M. A. Screech et V.-L. Saulnier, p.11). Empr. au b. lat. praeludium (v. NED), dér. de praeludere (préluder*). Fréq. abs. littér.: 318. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 259, b) 333; xxes.: a) 395, b) 710.

PRÉLUDER, verbe

PRÉLUDER, verbe
A. − Empl. intrans., MUS. Essayer sa voix ou son instrument par un prélude dans le ton du morceau à exécuter; exécuter l'introduction à une pièce de musique, à une pièce de danse, ou à une manifestation solennelle. Préluder agréablement, savamment, par quelques accords. Ce musicien prélude pour prendre le ton (Ac.1798-1878).Enfin il s'arrêta au piano, se prit à préluder avec frénésie et à chanter, à demi voix, L'Estudiantina (Borel, Champavert, 1833, p.176).Elle était assise au piano (...). Après avoir préludé pendant quelques instants, elle se mit à jouer une des plus charmantes compositions de Louis Lacombe, Le soir (Sandeau, Sacs, 1851, p.61):
1. Des musiciens, de ceux qui courent les rues en Italie, et qui parfois sont excellents, vinrent planter leurs contre-basses sous les fenêtres de la Fausta: après avoir préludé, ils chantèrent assez bien une cantate en son honneur. Stendhal, Chartreuse, 1839, p.212.
[P. méton. du suj.] Les vêpres étaient terminées; l'harmonium préluda encore et toutes les voix des nonnes s'élevèrent (...), chantant le vieux Noël: Il est né le divin enfant (Huysmans, En route, t.1, 1895, p.94).
P. anal. Mais bien que le foehn rageur bousculât fleurs et nuages, on apercevait le rouge-gorge préludant sous son bouquet [d'un pommier du Japon] (Jouve, Trag., 1922, p.119).
Préluder par.Exécuter (tel morceau) pour commencer; faire les premières mesures. (Dict. xxes.). V. infra B 1 a, constr. plus usuelle.
B. − Empl. trans. indir. Préluder à (littér.)
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) MUS. Préluder à... par.Exécuter des accords, des improvisations, un prélude servant d'introduction à une pièce musicale. Les bohémiennes préludaient à leurs chants par quelques accords et les choeurs prirent l'attention de tout le monde (G. Leroux, Roul. tsar, 1912, p.95).Maintenant elle tient l'orgue de la chapelle chaque dimanche et prélude au chant des cantiques par de courtes improvisations (Gide, Symph. pastor., 1919, p.920).
b) P. anal. S'exercer préalablement à faire quelque chose en s'essayant à un exercice plus facile; faire une chose qui en prépare, en annonce une autre. Synon. s'entraîner à, se préparer à, s'essayer.Nous avons préludé à nos désastres de 1870 par l'infériorité de notre effort intellectuel (Bourget, Essais psychol., 1883, p.40):
2. Nos critiques français, qui n'ont étudié que le monde grec et latin, ont peine à comprendre que le christianisme ait été d'abord un fait exclusivement juif. Le christianisme est à leurs yeux l'oeuvre de l'humanité entière, Socrate y a préludé... Renan, Avenir sc., 1890, p.281.
2. [Le suj. désigne une chose] Précéder en annonçant, en constituant les préliminaires, le début. Synon. annoncer, augurer, préparer, présager.Éclairs qui préludent à un orage; frissons qui préludent à une fièvre. Il y eut un moment de silence, la brusque accalmie, grosse d'angoisse, préludant à l'exercice périlleux d'un gymnaste (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, 1ertabl., 2, p.32).C'était comme, au travers d'une foule innombrable, ce bourdonnement qui prélude à l'étouffement total du bruit, dans la suspension de l'attente (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p.144).Une réflexion désobligeante, qui eût préludé fâcheusement au débat nécessaire qu'il méditait depuis la veille (Aymé, Jument, 1933, p.52).
Prononc. et Orth.: [pʀelyde], (il) prélude [-lyd]. Ac. 1694 et 1718: pre-; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist.1. 1657 «commencer, faire une chose comme essai pour en venir à une autre plus importante» (J. Loret, La Muse historique, 24 mars, 314 ds Quem. DDL t.7); 1725 préluder à qqc. (Fontenelle, Eloge du czar Pierre 1erds Littré); 2. 1673 «essayer sa voix, par une suite de tons différents avant de chanter» (Molière, Malade imaginaire, Premier intermède); 3. 1788 «précéder» (Fér. Crit.). Empr. au lat. praeludere «se préparer à jouer». Fréq. abs. littér.: 150.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·