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PLANQUE, subst. fém.

PLANQUE, subst. fém.
A. − Arg. ou pop.
1. Endroit où l'on cache de l'argent, des objets précieux, un bien acquis frauduleusement. Va porter la camelotte à la planque (Vidocq,Vrais myst. Paris, t.1, 1844, p.18).Folcoche doit chercher ma planque. Mes planques, plutôt.I, cloison. II, carreau descellé (H. Bazin,Vipère, 1948, p.257).Investi pour cette opération quasi militaire [une rafle anti-drogue], l'îlot Chalon a été ratissé. Des chiens spécialement dressés ont reniflé les innombrables planques possibles (Le Point, 20 févr. 1984, p.68, col. 1).
P. méton. Objet ainsi caché (généralement une somme d'argent, des économies). Synon. magot.Un de ces superbes papillons rarissimes qu'il chasse pour le compte d'un collectionneur, ce qui augmentera sa planque en vue de «la belle» qu'il tentera un jour ou l'autre (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.206).C'est chez les gonzesses qu'ont du carat qu'on trouve les plus belles planques. Seulement faut se les farcir (Pt Simonin ill., 1957, p.72).
Rem. À noter l'empl. masc. de planque pour désigner le mont-de-piété. Quand j'mets quéqu'chose au Planque, j'fourgue tout d'suite la r'connaissance pour avoir pus à m'en occuper (Bruant 1901, p.322).
2.
a) Lieu où l'on est en sûreté quand on est recherché par la police ou par des ennemis. C'est le docteur qui reçoit et transmet les messages des agents de liaison, qui a organisé le poste de secours dans la maison du boulanger, qui trouve les planques pour les jeunes, pour les juifs, pour les traqués (Triolet,Prem. accroc, 1945, p.387).T'as fourgué quelque chose d'important? (...) j'commençais à m'inquiéter de toi. Peut-être qu'tu t'étais fait mettre en tôle (...) je m'suis souvenu de cette cabane (...) on ne pouvait pas faire mieux comme planque (Vialar,Clara, 1958, p.151).
b) Pendant la guerre des tranchées, trou, abri protégeant du tir de l'ennemi. Zyeutons un peu l'terrain [de l'attaque imminente]: (...) Comm' planqu', à part les trous d'marmites, autant dir' qu'y a presque rien (Esn.1956).
P. anal. En temps de guerre, emploi, position qui permet de ne pas participer au combat. Tu te figures que tous les soldats sont des héros. Mais non, ma pauvre amie: Mathieu est scribouillard dans un vague état-major; il est aussi tranquille qu'à l'arrière (...). Ils appellent ça une «planque» dans leur argot (Sartre,Mort ds âme, 1949, p.158).
P. ext., fam. Emploi, situation à l'abri de tout risque, de tout tracas. Avoir la planque, une bonne planque. En 1962, avec l'indépendance de l'Algérie, des centaines de harkis ont débarqué à Marseille, qui avaient été les ennemis les plus féroces du F.L.N. et risquaient d'être égorgés s'ils étaient restés en Algérie. Ces harkis, qui n'avaient aucune envie de travailler, cherchaient des «planques» (Le Nouvel Observateur, 9 nov. 1966, p.32, col. 4):
1. Le vice, c'est la santé. C'est l'eau des plantes, le vin de pas mal, les femmes de beaucoup, l'éther de quelques-uns, la politique d'autres encore. Moi, c'est la pêche. Je suis gâté. De la Samar je vois la Seine, et je vends des hameçons toute la semaine. Je suis un voyeur qui serait machiniste au Mayol. La planque. R. Fallet,Paris au mois d'août, 1982 [1964], p.13.
B. − P. méton., arg. de la police. Surveillance discrète d'un objectif déterminé, des agissements d'une personne suspecte; p.ext., surveillance discrète des faits et gestes d'une personne ou de ce qui se passe dans un lieu donné. Pendant un mois, les policiers allaient effectuer de discrètes surveillances dans le secteur, et c'est ainsi que jeudi soir, alors qu'une fois de plus, la «planque» avait été vaine, ils croisèrent la R14 (L'Est Républicain, 16 oct. 1983, p.11, col. 8):
2. [Les] photographes sauvages, vautours de la profession qui, au prix de très longues ,,planques``, de poursuites infernales et de moyens pas forcément scrupuleux, recherchent en priorité le cliché scandaleux et scabreux, (...) cette photo qui fera le tour du monde et rapportera très gros à son auteur. Les Dossiers du Canard, juill. 1986, no20, p.28, col. 1.
Loc. usuelles
(Être) en planque. Pendant que j'étais là en planque, je voyais arriver de très loin le cortège des concurrents [créanciers]... Ils s'élançaient vers la boutique... Ils gigotaient devant la vitrine... Ils secouaient la lourde avec rage!... J'avais emporté le bec de cane... Ils auraient tout déglingué (Céline,Mort à crédit, 1936, p.474).Au diable (...) l'autre lardu pourri, en planque, ce crétin, dans une entrée d'immeuble! (Boudard,La Métamorphose des cloportes, 1962, p.119).
Faire la/une planque. Le souteneur qui fait la planque pour voir si sa femme travaille bien et sourit avec assez de grâce aux clients (Goron,L'Amour à Paris, Paris, J. Rouff et Cie, fasc. 5, 1900, p.67).Nous avons alors amené devant son immeuble (...) l'un des principaux témoins de l'affaire, la concierge de l'immeuble du 173, rue Saint-Honoré, MmeMicheline Bertin. Et nous avons attendu que l'inspecteur en sorte pour qu'elle puisse le voir. C'est ce que les reporters appellent «faire une planque». Cette «planque» a duré plusieurs jours (Le Point, 7 janv. 1974, p.21, col. 1).
Établir, monter une planque. Mettre en place un dispositif de surveillance discrète (par exemple à partir de voitures banalisées, de fourgonnettes commerciales). Les services de Renseignements généraux et de la Police judiciaire de Lille établissaient des «planques» près du domicile de quelques militants lillois d'extrême-gauche soupçonnés de liens avec «Action Directe» (Libération, 19 nov. 1984, p.17, col. 2).
Tenir la planque. Par la portière du taxi, Nina vit que les poulets tenaient déjà la planque devant sa crèche (Pt Simonin ill., 1957, p.225).
Prononc.: [plɑ ̃:k]. Étymol. et Hist. 1. [1829 en planque «caché pour observer» (arg. police d'apr. Esn.)] 1835 «cachette» ([Raspail], Réf. pénit., 20 sept., p.2); 2. 1918 (Dauzat, Arg. guerre, p.276: planque, f., bon emploi, «embusquage»). Déverbal de planquer*.

PLANQUER, verbe

PLANQUER, verbe
I. − Empl. trans., arg. ou pop.
A. − Empl. trans. dir.
1. Planquer qqc.
a) Mettre un bien précieux (ou acquis frauduleusement) en sûreté ou en réserve. Ça vous ennuierait de me garder ce billet de la loterie nationale? Mon père ne veut pas que j'en achète, et je ne sais pas où le planquer (Montherl.,Fils personne, 1943, ii, 1, p.291).Les spéculateurs, qui ne pensent qu'à placer, planquer leur argent et faire une bonne affaire (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.342).L'argent qu'il ne pouvait verser au défenseur d'office, faute de pouvoir (...) mettre la main sur le magot qu'il avait planqué (Vialar,Débucher, 1953, p.99).
b) Cacher, dissimuler, camoufler. Des murs renforcés de feuillage la planquaient [la villa] aux regards (Le Breton,Razzia, 1954, p.51).Son litron de rouge planqué dans un coin (Queneau,Zazie, 1959, p.97).Les bars clandestins de Soweto sont planqués dans le salon d'un appartement, dans un garage ou dans la cour d'une de ces petites bicoques en briques (L'Echo des Savanes, juin 1984, no20, p.104, col. 4).
c) Empl. abs. [Le suj. désigne une prostituée] Dissimuler une partie des gains journaliers au détriment de son souteneur. Sans bien savoir pourquoi, et pas avec l'intention de mal faire, depuis six mois Nana planquait. Bébert, distrait, se rendait pas compte (Pt Simonin ill., 1957, p.225).
2. Planquer qqn.Cacher dans un endroit sûr une personne qui est recherchée par la police ou par ses ennemis. Elle a dénoncé deux gosses juifs qu'on avait planqués dans une ferme (Beauvoir,Mandarins, 1954, p.199):
. −La souris? Elle va rester là? −Apparemment. −C'est bien ça! Je te planque ici et tu vas te faire piquer à cause d'une garce! Et le plus triste, c'est que nous serons tous en cabane avec toi! R. Fallet,Pigalle, 1981 [1979], p.118.
B. − Empl. pronom.
1. [Corresp. à supra I A 2] Se cacher pour échapper aux recherches de la police ou de ses ennemis. C'était au début novembre. Le petit n'a certainement pas parlé, mais avec cette arrestation, et les Italiens qui ont déferlé sur la côte, les amis étaient devenus nerveux. On exigea de moi (...) que j'aille me planquer (Triolet,Prem. accroc, 1945, p.310).
2. Se cacher, se dissimuler. I' m'mêlerait à la corvée de charbon dans Lens; on irait jusqu'à chez nous. J'pourrais voir, à condition de m'planquer et de n'pas m'faire voir (Barbusse,Feu, 1916, p.172).J'attends (...) la Mireille qu'elle rentre, je me planque dans l'impasse Viviane, elle devait passer là fatalement (Céline,Mort à crédit, 1936, p.34).V. écorner ex. 3.
3. S'abriter, se mettre à couvert pendant le tir de l'ennemi ou, p.ext., pendant une fusillade. Nous nous planquons dans une porte chaque fois que la fusillade recommence (T'Serstevens,Itinér. esp., 1933, p.293).On entendit un ronflement d'avion, une voix lasse murmura: −Planquez-vous, les gars. Ils remettent ça (Sartre,Mort ds âme, 1949, p.87).
P. anal. En temps de guerre s'arranger pour se soustraire aux obligations militaires ou pour trouver une position, un poste où l'on ne participe pas au combat. Les plus ignobles sont ceux de l'active. Voilà des gaillards qui ont choisi librement ce métier-là, dès le temps de paix, et quand vient le moment où les pékins comme nous sont invités à se faire casser la gueule, eux se planquent (Romains,Hommes bonne vol., 1938, p.217).
II. − Empl. intrans., arg. de la police. Surveiller discrètement un objectif déterminé, une personne suspecte; p.ext., surveiller discrètement ce qui se passe dans un lieu déterminé, ou les faits et gestes d'une personne. Les gendarmes de la brigade de recherche qui ont «planqué» pendant des jours devant la maison du médecin sont convaincus qu'il a fait disparaître lui-même l'arme, le lendemain du crime (Le Nouvel Observateur, 26 juill. 1976, p.31, col. 3).Sur la Côte d'Azur, à Saint-Laurent-du-Var, un café sert de quartier général aux gangs d'enfants gitans. Nous [des journalistes] avons planqué devant toute une journée, observant les allées et venues au téléobjectif (Actuel, oct. 1984, p.82, col. 1).
REM.
Planquage, subst. masc.[Corresp. à supra I A 2] Pop. Fait de cacher quelqu'un. Les maquis de planquage de jeunes qui refusaient de partir au service du travail obligatoire en Allemagne (Cacérès,Hist. éduc. pop., 1964, p.130).
Prononc.: [plɑ ̃ke], (il) planque [plɑ ̃:k]. Étymol. et Hist. 1790 «cacher» (Le Rat du Châtelet, pp.16-17); 1821 (Ansiaume, Arg. bagne Brest, fo13 ro, § 350: Planquer/cacher/ [fo13 vo, § 375: se planquer]); 1922 subst. planqué «celui qui est affecté à un poste à l'abri des risques des combats» (Montherl., Songe, p.81). Altération de planter* au sens arg. anc. «mettre, cacher» (1455, Villon, Ballades en jargon, éd. A. Lanly, I, 21, VII, 28; cf. aussi l'angl. to plant «cacher [de la marchandise volée]» dans l'arg. des voleurs [NED] et le m. fr. plant «faux lingot», planteur «celui qui écoule de faux lingots», 1455 Jargon des Coquillars, éd. M. Schwob ds Mém. de la Soc. ling. de Paris, t.7, p.179 et 180), peut-être par un croisement avec plaquer* «appliquer, mettre». Fréq. abs. littér.: 83. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, p.240. _ Sain. Argot 1972 [1907], p.111.

PLANQUÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst.

PLANQUÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst.
I. − Part. passé de planquer*.
II. − Adj., arg. ou pop.
A. − Caché dans un lieu sûr.
1. [En parlant d'une chose] Le principal c'était l'écrin!... Le «Câkya Mouni» tout en or... Celui-là je le laissais pas courir, il allait pas souvent dans le monde! Je le gardais très pieusement planqué dans le fond de ma fouille, et fermé encore au surplus avec les trois épingles «nourrice» (Céline, Mort à crédit, 1936, p.219).
2. [En parlant d'une pers.] Pour être au calme et tranquille, vous ne trouverez pas mieux à dix lieues d'entours! Vous pourrez rester planquée là-dedans des jours et des semaines sans entendre seulement braire un âne (Martin du G., Vieille Fr., 1933, p.1035).D'un côté il y avait les nanas, les petites connes, le boulot. Mais de l'autre, bien planquée, bien discrète, dans la chambre noire, il y avait Solange (R. Fallet, La Grande ceinture, 1982 [1956], p.156).
B. − [En parlant d'une foule; corresp. à infra III] P. anal. Nous eût-il été donné de voir une belle corrida et d'applaudir un Martial Lalanda, nous aurions dû tout de même subir ce qui, tout à coup, me paraissait horrible à crier: l'attachement de cette foule assise, inactive, abritée, embusquée, «planquée», à un spectacle dangereux pour l'homme, mortel pour la bête (Mauriac, Journal 3, 1940, p.221).
III. − Subst., arg. ou pop. Personne qui, en temps de guerre, s'arrange pour occuper une position, un poste à l'abri des combats. Synon. embusqué.Nous revoilà donc; nous, les anciens combattants (...) rejetés dans la vie civile (...) où les planqués (...) avaient pris toutes les places (Vialar, Bon Dieu, 1953, p.153):
. ... à dix-huit cents kilomètres de Stalingrad où se livrait l'un des plus grands combats de l'histoire du monde, nous menions une vie quiète et monotone dans une zone parfaitement à l'abri, nous échappions à tous les périls et à toutes les grandeurs. Nous étions vraiment «les planqués de l'Europe»: les seuls européens en effet à ne pas risquer notre peau... Ambrière, Gdes vac., 1946, p.311.
P. anal., fam. On était tous là, (...) les zonards, les banlieusards, les loubards, les blousons noirs, les planqués du système, les iconoclastes en tout genre (L'Est Républicain, Magazine dimanche, 22 janv. 1984, p.17, col. 1).
Prononc.: [plɑ ̃ke]. Fréq. abs. littér.: 37.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·