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Loc. et expr. ♦ Prendre qqn en pitié. Être pris de compassion pour quelqu'un. Nous l'avons pris en pitié, vu sa misère (Ac.1935).Puisque le roi consultait son peuple, c'était qu'il le prenait en pitié: que pouvait-il pour lui, sinon alléger ses charges, c'est-à-dire l'impôt, la dîme, les redevances? (Lefebvre, Révol. fr.,1963, p.138).
♦ Regarder qqn en pitié. Éprouver pour quelqu'un des sentiments de compassion. Son créancier l'a regardé en pitié, et lui a accordé du temps (Ac.1878).
♦ Se sentir pris de pitié pour qqn. Éprouver de la compassion pour quelqu'un. Trois mois après, un homme se sentit pris de pitié pour elle et entreprit sa guérison morale et physique (Dumas fils, Dame Camélias,1848, p.6).
♦ C'est pitié! Quelle pitié! C'est une chose très digne d'apitoiement; c'est pitoyable. Si le morcellement continue: les landes, les bruyères périront. Quelle pitié! Quel dommage! (Courier, Pamphlets pol.,Disc. souscr. acquis. de Chambord, 1821, p.87).C'était vraiment pitié de la voir, pauvre boiteuse, le bord de sa bonne robe encroûtée de boue, enfoncer dans la vase jusqu'à la cheville et traîner sa jambe faible, comme une aile blessée, par les chemins glaiseux (Guèvremont, Survenant,1945, p.258).
♦ (N'avoir) pas de pitié, ni pitié ni merci. Le vin n'est pas toujours ce terrible lutteur sûr de sa victoire, et ayant juré de n'avoir ni pitié ni merci (Baudel., Paradis artif.,1860, p.325).Ce fut une atroce tuerie sans pitié, sans merci (Lorrain, Sens. et souv.,1895, p.267).
♦ (Être) sans pitié. (Être) sans sensibilité humaine. Immoler, massacrer, poursuivre qqn sans pitié. C'est un homme dur et sans pitié. Un coeur sans pitié (Ac.1798-1878).Eh! mon ami, songez donc en quel enfer je tomberais si je donnais à cet être sans pitié, comme le sont tous les gens faibles, le droit de me mépriser? (Balzac, Lys,1836, p.147).
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[P. réf. à La Fontaine, Fables, Les Deux pigeons] Cet âge est sans pitié. L'enfance est cruelle inconsciemment. La Fontaine, qui n'aimait pas les enfants parce qu'ils accaparent en tous lieux les menus soins et chatteries qu'il avait accoutumé d'exiger pour lui-même, La Fontaine gronde: «Cet âge est sans pitié.» Il a des mots terribles, le poète (Duhamel, Plais. et jeux,Paris, Mercure de France, 1926 [1922], p.104).P. anal. C'était un pays sans pitié et sans douceur (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p.175).La lampe donnait une énorme lumière blanche sans pitié. Elle frappait sur toutes ces choses sensibles (Giono, Eau vive,1943, p.198).♦ Proverbes. Il vaut mieux faire envie que pitié (v. envie A 3). Guerre et pitié ne s'accordent pas ensemble. Ordinairement à la guerre, on n'est pas fort touché de pitié, et même il est quelquefois dangereux de l'être. (Ds Ac. 1798-1878).