1. Qui caractérise, qui est le fait d'une personne encline au mal, qui fait, qui aime à faire le mal. Je parle des femmes vraiment femmes, douées de cet esprit (...) de canaillerie charmante, de tromperie exquise, de délicieuse perfidie, de toutes ces perverses qualités qui poussent au suicide les amants imbécilement crédules (Maupass., Contes et nouv.,t.1, Avent. paris., 1881, p.761).Un besoin pervers et enfantin de mystifier le lecteur (Sarraute, Ère soupçon,1956, p.73).SYNT. Âme, esprit, intelligence, nature pervers(e); conseil, curiosité, désir, goût, impulsion, instinct, joie, plaisir, sensualité, volupté pervers(e).
♦ P. anal. Effet pervers. Conséquence néfaste, pernicieuse, qui n'était pas prévue ou prévisible, et qui n'en est que plus redoutable. C'est (...) à l'actionnaire (l'État) ou à l'épargnant (en souscrivant à des emprunts) de financer l'investissement (...). D'abord, on risque de déclencher des «effets pervers», ces conséquences imprévues qui vont à l'encontre du but recherché (Le Point, 1ermai 1978, p.86, col. 2).La guerre des ondes a eu un autre effet pervers. En cryptant leurs programmes pour riposter au piratage, les responsables des chaînes câblées ont du même coup cassé le marché des installations satellites aux États-Unis (L'Express 2, 21 nov.-18 déc. 1986, p.34).
2. PSYCHOPATHOL. Qui caractérise un pervers constitutionnel (v. infra). Disposition perverse. Du point de vue médico-légal, (...) il convient d'apprécier dans quelle mesure un acte pervers est le résultat dans l'intention de mal faire, d'une libération volontaire des tendances mauvaises de la nature, ou l'effet malfaisant d'une détérioration pathologique de la personnalité morale (Porot1960).−
En partic. Qui caractérise un sujet dont le comportement sexuel s'écarte de la normalité. La disposition perverse polymorphe définit toute sexualité infantile, (...) la plupart des perversions se rencontrent dans le développement psychosexuel de tout individu (Lapl.-Pont.1967,s.v. perversion).Ce n'est qu'au cours de la deuxième poussée sexuelle (puberté) que la fraction des activités «perverses» (érotiques extra-génitales) qui n'a pas été refoulée (...) sera réintégrée à la sexualité, sous forme des plaisirs préliminaires (Chazaud1973, s.v. perversion).V.
Bastin 1970
supra:1. ... ce qui (...) leur avait été présenté comme vice, (...) −l'homosexualité, les drogues, les formes compliquées ou perverses de l'érotisme −la jeunesse en faisait étalage devant eux comme d'amusements presque normaux...
Druon, Gdes fam.,t.1, 1948, p.26.
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P. méton. [En parlant d'une chose] Qui corrompt, qui incite à faire le mal dans le domaine sexuel. Beauté perverse. L'odeur perverse des parfums (Huysmans, À rebours,1884, p.72).Sa rousse et perverse chevelure (...) était parcourue (...) d'ondes étonnantes qui m'arrivaient droit par vibrations jusqu'au périnée (Céline, Voyage,1932, p.123):2. Les sons pervers de l'accordéon perçaient encore ses oreilles, l'horreur des yeux humains excités par la concupiscence restait sur elle.
Jouve, Paulina,1925, p.205.