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PÊCHE1, subst. fém.

PÊCHE1, subst. fém.
A. −
1. Fruit du pêcher, de forme ronde, à noyau très dur, à chair juteuse et très savoureuse. La pêche au frais duvet, à la robe vermeille (Michaud, Printemps proscrit, 1803, p.82).V. aussi compote B ex. de Martin du Gard:
. ... les beaux fruits, délicatement parés dans des paniers, avaient des rondeurs de joues qui se cachent, des faces de belles enfants entrevues à demi sous un rideau de feuilles; les pêches surtout, les Montreuil rougissantes, de peau fine et claire comme des filles du Nord, et les pêches du Midi, jaunes et brûlées, ayant le hâle des filles de Provence. Zola, Ventre Paris, 1873, p.822.
Pêche Madeleine1*.
Pêche de vigne. Pêche produite par des pêchers cultivés en plein vent et qui vient à maturité à l'époque des vendanges. Goûte le matin de Septembre, rouge et doré comme une pêche de vigne, va sans crainte jusqu'au fond du bois (Colette, La Paix chez les bêtes, Paris, G. Crès, 1916, p.9).
SYNT. Pêche abricotée; pêche fondante, savoureuse; pêche vineuse; pêche à chair blanche, jaune; pêche à peau lisse (v. brugnon), à noyau adhérent (v. alberge, pavie); pêche de Montreuil; noyau de pêche; parfum, saveur, velouté de la pêche; peler une pêche; pêches confites, glacées; pêches au four; pêches au sirop, au sucre, au vin; confiture, conserve, marmelade de pêches; beignets de pêches; liqueur de noyaux de pêches (v. persicot).
Rem. En compos. pêche-abricot, abricot-pêche (v. abricot).
ART CULIN. Pêche Melba*.
PEINT. Noir de pêche. Noir obtenu par calcination de noyaux de pêches (généralement mélangés de noyaux d'autres fruits) que l'on utilise en peinture. Le noir de pêche est obtenu exactement comme le noir de vigne, en employant des noyaux de pêches (Coffignier, Coul. et peint., 1924, p.498).
2. P. compar.
a) [En parlant d'une chose concr.] Couleur de pêche ou p.ell. couleur pêche ou pêche, en appos. avec valeur d'adj. D'un rose pâle légèrement doré. Crépuscule, temps, couleur (de) pêche; nuance, soie pêche. Une lumière rose ou couleur de pêche (Baudel., Salon, 1846, p.146).Dentelle rebrodée pour lingerie coloris pêche ou blanc (Catal. Gde Maison de Blanc, 1952, p.12).
[Avec compl. permettant une qualification nuancée] Le ciel couleur de pêche rose au couchant (Colette, Vagab., 1910, p.159).
b) En partic. [En parlant de la carnation] De pêche, loc. adj. Rose doré, velouté, doux et fin. [Mademoiselle Fleur] (...) Et sur son teint de pêche Ses longs cils font de l'ombre (Saint-Saëns, Portr. et souv., 1909, p.182).Un galopin de douze ans, peau de pêche, tignasse noire et rebelle, grands yeux de velours, un vrai Murillo (T'Serstevens, Itinér. esp., 1963, p.273).
[Avec un compl. permettant une qualification nuancée] Elle était adorable avec son teint de pêche mûre, ses cheveux couleur de soleil, envolés sur sa nuque (Zola, Coquill. M. Chabre, 1884, p.248).
3. Loc. adj. fig., fam. Rembourré de/avec des noyaux* de pêches.
B. − P. anal.
1. Arg. et pop., loc. verb. (Dé)poser sa/une pêche. Déféquer. Poser une pêche dix fois par jour (Musette, Cagayous partout, 1905, p.1).
2. Arg., pop. et fam.
a) Tête, visage. Synon. pop.gueule, poire.Je suis trituré, je n'existe plus... C'est elle, toute la masse qui me fond sur la pêche... Ça glue... J'ai la bouille coincée (Céline, Mort à crédit, 1936, p.326).Alors Rubiadzan reçoit (...) en pleine pêche (...) un formidable (...) marron (Queneau, Loin Rueil, 1944, p.201).
Loc. verb. Se fendre la pêche. Bien s'amuser, rire aux éclats. Synon. pop. se fendre* la gueule, la pipe, la poire.Je me suis mis à me fendre la pêche. −Te marre pas, Max, il protestait (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p.203).
b) Coup de poing, gifle. Synon. beigne, châtaigne, gnon, marron.Donner une pêche à qqn; recevoir une pêche. Des vrais potes qui étaient comme les deux doigts de la main, et qui en venaient à se foutre des pêches pour les yeux d'une fille (Fallet, Banl. Sud-est, 1947, p.37).J'avais déjà dégusté une pêche en pleine poire et un coup de pompe dans le buffet (Simonin, op.cit., p.40).
c) Avoir, tenir la pêche, loc. verb. Être plein de dynamisme, être en pleine forme. Synon. avoir la frite*.Il avait une pêche terrible, ce môme! (Le Nouvel Observateur, 13 janv. 1975, p.43, col. 2).
Prononc. et Orth.: [pε ʃ]. Indication de longueur de la voyelle ds Fér. 1768, Fér. Crit. t.3 1788, DG, Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930. Martinet-Walter 1973 [pε ʃ], [pε:ʃ] (10/7). Homon. pêche2, il pèche, il pêche. Ac. 1694, 1718: pesche; dep. 1740: pêche. Étymol. et Hist.1. [Fin xies. persches [?] «fruit du pêcher» (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t.1, no798)] ca 1180 pesches (Vie de St Gilles, éd. G. Paris et A. Bos, 1925); 1903 pêches Melba (v. Melba); 2. a) 1803 «d'un rose pâle» (Théophile, Monsieur Botte, comédie, p.41 ds Roll. Flore t.5, p.287: un habit rose pêche); 1846 (Baudel., loc. cit.: une lumière rose ou couleur de pêche); 1909 (La Mode illustrée, 30 mai, 257a ds Quem. DDL t.16: nuance pêche); b) 1849 p.anal. d'aspect (Gabriel, La Belle Cauchoise, comédie ds Roll. Flore t.5, p.288: ses joues ont le duvet de la pêche); 1877 (Zola, Assommoir, p.709: une peau veloutée de pêche); 1884 (Id., Coquill. M. Chabre, p.248: teint de pêche); 3. arg. a) 1866 déposer une pêche «déféquer» (Delvau); b) 1878 «tête» (Rigaud, Dict. jargon paris.: Épiler la pêche (se faire). Se faire raser); 1938 se fendre la pêche «rire, s'amuser» (Céline, Bagatelles pour un massacre, p.102 ds Cellard-Rey 1980); c) 1900 «coup, gifle» (Nouguier, Notes manuscr. Dict. Delesalle, p.207: détacher une pêche: envoyer un coup de poing); d) 1960 avoir la pêche «avoir le moral» (ds Esn., prob. d'apr. le suivant); 1961 (P. Roche, L'Arg. de l'École de l'air ds Vie Lang., p.176: avoir la pêche [...] «posséder un moral de fer»). Du b. lat. persica «pêche» (vies., Dioscoride en lat. ds André Bot.; cf. aussi la forme pessica, ive-ves. (?) Appendix Probi ds Walde-Hofm. et André Bot.), neutre plur. pris comme fém. sing. de persicum (iers., Pline), issu p.ell. de malum persicum proprement «fruit de Perse» (iers., Celse ds OLD), ainsi nommé en raison de sa provenance. Les noms du pêcher en lat. étaient persica arbor proprement «arbre de Perse» (Pline), persicus (iers., Columelle), persica malus (ves., Macrobe). Au sens 1, les pêches Melba ont été ainsi nommées en 1893 par le cuisinier fr. G. A. Escoffier, en l'honneur de la cantatrice australienne Nellie Melba (Ac. Gastr. 1962; Encyclop. brit., s.v. Escoffier).

PÊCHE2, subst. fém.

PÊCHE2, subst. fém.
[Corresp. à pêcher2]
A. −
1. Action ou manière de pêcher. La pêche de l'anguille, de la lamproie et de l'écrevisse peut être autorisée après le coucher et avant le lever du soleil dans des cours d'eau désignés et aux heures fixées par des arrêtés préfectoraux (Code pêche fluv., 1875, p.55).Étant donné le caractère artisanal de la pêche, surtout dans beaucoup de pays en voie de développement, il est très difficile de connaître exactement ce que l'homme retire des océans pour sa nourriture (J.-M. Pérès, Vie océan, 1966, p.165).V. aussi aplet ex. de Boyer:
1. ... le droit de pêche est donné par l'État à l'adjudication présidée par le Préfet ou le Sous-Préfet. La location à l'amiable peut être accordée en faveur des sociétés de pêche à la ligne... Baradat, Organ. préfect., 1907, p.318.
Grande pêche. Pêche qui se pratique au delà des limites de la pêche au large et d'une durée supérieure à vingt jours (d'apr. Le Clère 1960). Les navires de moins de 1000 tonneaux qui arment à la grande pêche, comprennent des chalutiers de grande pêche salée; des thoniers-congélateurs qui fréquentent les mers tropicales (Gruss1978).
Petite pêche. Pêche ne dépassant pas vingt-quatre heures (d'apr. Gruss 1978). [En Afrique] La petite pêche constitue une activité d'appoint (souvent féminine) chez beaucoup de cultivateurs (Bal.-Maq.1968).
Canne* à pêche; garde-pêche (v. garde-).
Pêche miraculeuse. [P. réf. à l'Évangile, Luc 5/2-7] Pêche très abondante. Il ne fallut pas cinq minutes pour faire une pêche miraculeuse, car les écrevisses pullulaient (Verne, Île myst., 1874, p.242).Les jours de pêche fructueuse et «miraculeuse» surviennent parfois, qui permettent de se reposer dans la tranquillité durant plusieurs jours (Brunhes, Géogr. hum., 1942, p.274).
P. métaph. Je vois devant moi l'église catholique qui est de tout l'univers! ô capture! ô pêche miraculeuse! ô million d'étoiles prises aux mailles de notre filet, comme un grand butin de poissons à demi sorti de la mer dont les écailles vivent à la lueur de la torche! (Claudel, Cinq gdes odes, 1910, p.289).
SYNT. a) Aller à la pêche; ouverture, fermeture, réglementation de la pêche; pêche interdite; carte, permis de pêche; concours, lot, partie de pêche; société de pêche; articles, attirail, bottes, vêtement de pêche; bateau, canot, navire de pêche; port de pêche; histoire, récit de pêche. b) Pêche α) + déterm. indiquant le lieu de pêche: pêche en eau douce, en étang, en mer, en rivière; pêche côtière, hauturière, littorale, maritime; pêche au large, sous-marine. β) + déterm. indiquant le caractère professionnel ou ludique de la pêche: pêche artisanale, industrielle, de plaisance. γ) + déterm. indiquant l'appât: pêche à l'asticot, à la mouche, au blé, au chènevis, au pain, au ver de terre, au vif. δ) + déterm. indiquant l'instrument utilisé: pêche à la balance, au chalut, au filet, au harpon, à la ligne. ε) + déterm. indiquant une technique particulière: pêche au coup, à la cuiller, au lamparo, au lancer, à la main, à la traîne. ζ) + déterm. indiquant l'animal que l'on cherche à capturer, à sortir de l'eau: pêche à la baleine, à la crevette, à la langouste, à la morue, au saumon, au thon, à la truite; pêche aux écrevisses, aux grenouilles, aux moules.
2. En partic. Pêche (d'un étang). Capture du poisson faite après assèchement d'un étang. Les journaliers (...) embauchés par Tancogne pour la pêche des étangs (Genevoix, Raboliot, 1925, p.105).V. pêcher2ex. 1.
3. P. anal. Action d'aller chercher dans l'eau une production non comestible. Pêche des éponges, du goémon. Il se fait une pêche de perles à l'embouchure de plusieurs rivières de la Tartarie orientale (Voy. La Pérouse, t.3, 1797, p.23).La pêche au corail sur le récif (Loti, Mariage, 1882, p.118).
4. P. méton.
a) Produit de la pêche. Avoir une belle, bonne pêche; décharger, distribuer, rapporter, vendre sa pêche; vivre de sa pêche. Paris ne recevait que de la pêche vieille souvent d'une semaine, car les chalutiers restaient huit jours en mer, empilaient leurs prises dans la glace et ne rentraient au port que cales pleines (Hamp, Marée, 1908, p.71):
2. ... tandis que le liquide [l'huile] crevait en bulles sonores, on versa la pêche dedans. Et les poissons de sauter, de roussir au dehors, de blanchir au dedans, et nous de courir à table, afin de les recevoir brûlants, en pyramides, garnis de persil frit aussi et saupoudrés de sel. Pesquidoux, Chez nous, 1923, p.243.
b) Endroit où l'on pêche. Les vapeurs naviguent souvent trente heures pour atteindre les pêches de fond, vers l'Irlande ou l'Espagne, et reviennent en draguant au chalut (Hamp, cit., p.14).
c) DR. Droit de pêcher. Avoir la pêche d'une rivière; affermer la pêche d'un cours d'eau (Ac.).
B. − P. ext.
1. Action d'aller chercher dans l'eau quelque chose qui n'appartient pas au milieu aquatique. Synon. repêchage.Pêche de bois mort, de débris. Je revenais à la surface, j'échangeais une question avec quelque autre nageur aussi inquiet que moi; puis je retournais à cette pêche humaine. J'étais plein d'horreur et d'espérance; l'idée que j'allais peut-être me sentir saisi par deux bras convulsifs me causait une joie et une terreur indicibles (Musset, Confess. enf. s., 1836, p.317).
2. JEUX (de dominos). Aller à la pêche, loc. verb. Synon. de piocher.[Aux dominos:] je n'ai plus de quatre; laissez-moi aller à la pêche (D'Esparbès, Dern. lys, 1898, p.57).
C. − Au fig.
1. Pêche en eau trouble. Action de pêcher en eau trouble; résultat de cette action (v. pêcher C 2 b). Je saute donc à pieds joints sur ces dix-huit ou vingt jours [après Waterloo] d'indignes tripoteries et de pêche en eau trouble (...) et je m'attache avec lui [M. Thiers] à l'homme qui vient de tomber de la scène de l'histoire (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t.3, 1862, p.177).Puis, il y avait dans la mise en actions du projet tout un espoir de pêche en eau trouble des plus productives (Zola, E. Rougon, 1876, p.161).
2. Fam. Action de chercher et éventuellement de recueillir quelque chose ou quelqu'un. Aujourd'hui, levé à dix heures. −Habillé et sorti presque immédiatement pour les journaux que je dois lire «tous» et «tous» les matins. −C'est la pêche aux idées politiques (Barb. d'Aurev., Memor. 1, 1837, p.179).
En partic.
P. plaisant. Pêche au mari. Recherche d'un homme par une femme en vue du mariage. Synon. chasse* au mari.La pêche au mari! Voilà dix ans, hélas! qu'on la promène et qu'on l'exhibe sur toute la côte normande (Lorrain, Âmes automne, 1898, p.116).
[P. réf. à l'Évangile, Luc 5/10] Pêche des hommes, des âmes. Efforts en vue de leur conversion, action de les convertir. Le père Frégier, se livrant à la pêche des coeurs mondains et des libres-pensées superficielles (Estaunié, Empreinte, 1896, p.15).
3. Loc. verb. pop., vieilli. Aller à la pêche. Avoir perdu son emploi et en chercher un autre. (Dict.xxes.). Être congédié (Delesalle, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., 1896, p.207).
Prononc. et Orth. V. pêche1. Homon. pêche1, il pèche. Étymol. et Hist.A. 1. 1261 pesche «droit de pêcher» (Lett. de Guill. d'Ardenne, Arch. de Thouars ds Gdf. Compl.); 2. 1317 peeche «pêcherie, lieu destiné à la pêche» (Arch. JJ 53, fo153 vods Gdf.); 3. a) 1347-48 pesche «action de pêcher» (A. Longnon, Doc. rel. au comté de Champagne et de Brie, t.III, p.379 ds C. A. Bevans, The Old French vocabulary of Champagne, p.62); b) 1539 pesche a la ligne (Est.); c) 1769 pêche maritime (Duhamel du Monceau, Traité gén. des pêches maritimes, des rivières et des étangs); d) 1825 pêche miraculeuse (Delécluze, Journal, p.232); 1862 p.métaph. (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t.3, p.456); e) 1827 pêche fluviale (Baudr. Pêches, p.389); f) 1953 pêche sous-marine (Lar. 20eSuppl.); 4. 1475 pesche «produit de la pêche» (J. de Roye, Chron. scandaleuse, t.1, p.325). B. 1. 1679 p.anal. «action de pêcher (des perles, du corail, etc.)» (Savary, Parfait négociant ds FEW t.8, p.578b); 2. 1694 la pesche des débris d'un vaisseau (Ac.). C. 1. 1837 p.ext. «action de chercher» (Barb. d'Aurev., loc. cit.); 2. 1895 arg. aller à la pêche «avoir perdu son emploi et en chercher un autre» (s. réf. ds Esn., prob. d'apr. le suivant); 1896 (Delesalle, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., p.207: Aller à la pêche, être congédié). Déverbal de pêcher2*. Cf. le lat. médiév. pisca «pêche, droit de pêche» (fin xies.-déb. xiies. ds Du Cange).
STAT.Pêche1 et 2. Fréq. abs. littér.: 863. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1230, b) 857; xxes.: a) 1547, b) 1229.
BBG.Chautard Vie étrange Argot 1931, p.137.

PÉCHÉ, subst. masc.

PÉCHÉ, subst. masc.
A. − RELIG. [Dans les relig. monothéistes, en partic., dans la tradition judéo-chrétienne] Acte libre par lequel l'homme, en faisant le mal, refuse d'accomplir la volonté de Dieu, se séparant ainsi de Lui. Synon. faute, coulpe (vx), crime, mal, manquement, offense (à Dieu), transgression.
1. [Éventuellement déterminé par un adj. ou un compl. précisant la nature ou l'objet du péché] Il résolut de commencer à rebours sa confession, d'énumérer d'abord les petits péchés, de garder les gros pour la fin, de terminer par l'aveu des méfaits charnels (Huysmans, En route, t.2, 1895, p.88).V. aussi pécheur ex. 1:
1. Un criminel qui a le sens de son péché (...), et s'en repent (...) est plus près de Dieu que le Pharisien qui met ses deux sous à la quête et croit, à ce prix modique, acheter son salut. Daniel-Rops, Mort, 1934, p.170.
SYNT. Péché grave, habituel, irrémissible; affreux, grand, joli, lourd, noir, vilain péché; nombreux, vieux péchés; péché contre Dieu, contre le prochain; péché d'adultère, d'habitude, d'intention, de luxure, d'orgueil, d'envie, de gourmandise; châtiment, expiation, confession, rachat, rémission, réparation des péchés; contrition, aveu, absolution de ses péchés; chargé, plein de péchés; pur de péché(s); coupable d'un péché; lavé d'un péché, de ses péchés; confesser ses péchés; effacer les péchés; commettre, faire un/des péché(s); pardonner, remettre les péchés de qqn/à qqn ses péchés; sous peine de péché.
THÉOLOGIE
Péché originel, péché d'Adam (littér.), premier péché. Selon la Bible (notamment Gen. 3), acte de rébellion d'Adam et Ève, du premier homme transmis à tout être humain et effacé par le baptême. Synon. chute* (originelle), déchéance originelle (v. déchéance B 2 c), faute* originelle, tache* originelle; anton. grâce (originelle), innocence* originelle.L'enfance (...) enlaidie, même chez les baptisés, par les cicatrices ineffaçables du péché originel (Bremond, Hist. sent. relig., t.3, 1921, p.518):
2. ... la doctrine du péché originel, qui explique tout l'homme. (...) Comment, sans la tache primitive, rendre compte du penchant vicieux de notre nature (...)? Chateaubr., Génie, t.1, 1803, p.26.
Absol. Le péché. V. infra 2.
Péché actuel*; péché de/par commission*; péché par/d'omission*; péché mortel*; péché véniel*; les (sept) péchés capitaux. (v. capital); le péché de (la) chair*; péché d'Onan. Synon. de onanisme. (Ds Littré). Péché contre nature*; péché contre le Saint-Esprit, péché contre l'Esprit*.
Péché philosophique. ,,Action contraire aux indications de la droite raison mais qui, chez l'athée, ne constituerait pas un péché proprement dit`` (Foulq.-St-Jean 1962). Qu'est-ce que le Péché philosophique (...) qu'il impute aux Jésuites comme une noirceur et un crime? (...) Un Jésuite de Dijon avait soutenu, dans une thèse, qu'un homme qui commettrait un grave péché, mais sans connaître l'existence de Dieu, du vrai Dieu, ne serait point coupable d'un péché mortel (Sainte-Beuve, Port-Royal, t.5, 1859, p.301).
[Dans une compar.] Fam. Être laid comme les sept péchés capitaux/mortels, comme le péché. Être très laid. Synon. être laid à faire peur*, comme un pou*.M. le procureur de la République, dont la vieille bonne des Jeannin disait qu'il était laid comme les sept péchés capitaux (Rolland, J.-Chr., Antoinette, 1908, p.845).
Loc. fig.
Fam., vx. Ils/elles se sont dit les sept péchés mortels. ,,Ils/elles se sont dit l'un à l'autre de grandes injures`` (Ac. 1798-1878). Il a dit de cette femme les sept péchés mortels. ,,Il en a dit tout le mal possible`` (Ac. 1835, 1878).
Rechercher les vieux péchés de qqn. Rechercher la vie passée de quelqu'un, à dessein de lui nuire. (Dict.xixeet xxes.).
Mettre qqn/qqc. au rang des péchés oubliés. Ne plus s'en soucier, n'y vouloir plus penser (Dict.xixeet xxes.). Synon. fam. jeter/mettre aux oubliettes*.
Proverbes
À tout péché miséricorde. V. miséricorde A 3.
Péché avoué est à moitié pardonné. L'aveu d'une faute pousse à l'indulgence. Synon. faute avouée est à moitié, à demi pardonnée* (Dict.xixeet xxes.).
Péché caché est à demi/à moitié pardonné. Le mal est moindre lorsqu'on tâche d'éviter le scandale. Si encore vous aviez fait ça en secret, péché caché est à moitié pardonné; pas du tout, vous l'avez mis dans le journal, vous le disiez à tout le monde comme en confidence (Champfl., Souffr. profess. Delteil, 1853, p.217).
2. Absol. [Parfois avec majuscule] Le péché. État de l'homme pécheur; état de l'humanité subissant les conséquences du péché originel; ensemble des forces du mal qui agissent dans le monde. Anton. grâce, rédemption, salut.Cette fausse liberté que donne le péché, une délivrance de toute contrainte (Green, Journal, 1948, p.147):
3. ... vous êtes, vous toutes, les damneuses des âmes. (...) ton âme est douloureuse à la mort, de savoir qu'elle est (...) complice et auteur du Mal universel (...) du Péché (...) de cette universelle perdition... Péguy, Myst. charité, 1910, p.58.
[En parlant de la Vierge Marie] (Conçue, née) sans péché. Préservée, par une grâce venue du Christ, du péché originel. Reine des vierges, Reine de tous les saints, Reine conçue sans péché! (Zola, Faute Abbé Mouret, 1875, p.1294).La Sainte Vierge (...) était née sans péché, quelle solitude étonnante! (Bernanos, Journal curé camp., 1936, p.1193).
SYNT. État de péché; accoutumance, propension, résistance au péché; blessure, esclavage, servitude du péché; sens, conscience, sentiment, horreur du péché; suite(s) du péché; induire qqn au/en péché; résister, renoncer au péché; lutter contre le péché; (re)tomber, vivre, mourir dans le péché.
B. − P. ext. Faute quelconque (très souvent dans le domaine moral). Sa raison profonde (...) était simple, péché irrémissible en France (Stendhal, Amour, 1822, p.264).J'estimais que le plus grand péché d'une femme est de n'être pas belle (A. France, Vie fleur, 1922, p.480).
Péché mignon* (fam.).
Péché de jeunesse. Faute excusable en raison de l'inexpérience de la jeunesse. Qu'était-ce que ce fils tant regretté? car on m'avait dit à moi que vous étiez resté célibataire (...). Un péché de jeunesse que vous vouliez cacher à tous les yeux (Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.806).
Loc. fam.
Pour mes péchés. Pour mon malheur, comme pour me punir. Je l'eus pendant quelque temps derrière moi, pour mes péchés; Dieu sait combien il me fit de niches (Michelet, Mémor., 1820-22, p.204).Conan (...) a, pour mes péchés, imaginé de venir s'ennuyer dans mon bureau (Vercel, Cap.Conan, 1934, p.173).
Ce n'est pas un grand péché. Ce n'est pas bien grave. Deux lettres écrites ne sont pas grand péché (Musset, Lettres Dupuis Cotonet, 1837, p.749).
C'est (un) péché (que) de + inf. Quel dommage de. L'idée de débarrer la porte faisait transir Anne-Marie. Les pauvres bêtes cependant meuglaient. C'est péché de laisser pâtir le bétail (Pourrat, Gaspard, 1922, p.40).
Prononc. et Orth.: [peʃe]. Homon. pêcher1 et 2. Ac. 1694, 1718: peché; dep. 1740: pé-. Étymol. et Hist.1. a) Fin xes. pechez c. suj. sing. «faute contre la loi divine» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 240); b) ca 1135 péché mortel (Couronnement Louis, éd. Y. G. Lepagne, réd. AB, 127: mortex pechié); c) 1220-40 (Lancelot, éd. A. Micha, t.7, p.153: les .VII. pechiés creminaus); 1671 pechez capitaux (Pomey, p.138); d) ca 1245 péché véniel (Antéchrist, éd. E. Walberg, p.20, 575: peciez [...] venïaus); e) [ca 1260 (Robert de Blois ds Romania, t.16, p.41b: ou saint Esperit pechier)] 1541 (Calvin, Instit. de la Relig. chrét., éd. J. D. Benoit, 1. III, chap.III, § 21: le péché contre le sainct Esprit); f) 1288 le péché contre nature (Jacquemard Gielée, Renart le Nouvel, éd. H. Roussel, 5238: pechiés contre nature); g) fin xives. péché originel (v. originel); h) 1545 péché actuel (Calvin, op.cit., § 13: des péchez actuels); i) [1572 péché d'omission (Amyot, selon FEW t.8, p.99a prob. d'apr. Littré, s.v. omission, mais le passage cité ne convient pas ici)] 1656 (Pascal, Provinciales, IV ds OEuvres complètes, éd. L. Lafuma, p.383b: des péchés d'omission, et de ceux de commission); j) [1587 pécher en commission (Cholières, Après-dinées, II, éd. E. Tricotel, p.66: J'aime mieux pecher en omission qu'en commission)] 1656 péché de commission (Pascal, loc. cit.); k) 1609 péché de la chair (Régnier, Satyres, XI, 298, éd. G. Raibaud, p.144); l) 1689 péché philosophique (A. Arnauld, Nouvelle hérésie dans la morale, p.41); m) 1765 péché de l'esprit (Encyclop.); 2. a) ca 1050 p.ext. «toute faute» (Alexis, éd. Chr. Storey, 320: mult i as grant pechét); b) 1649 péché de jeunesse (Corneille, Lettre à M. de Zuylichem ds OEuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t.10, p.449: deux recueils de mes ouvrages [...] ce sont les péchés de ma jeunesse); 1846 (Dumas père, loc. cit.: un péché de jeunesse); 1718 péché mignon (Ac.); 3. 1306 «état de celui qui pèche» (Joinville, St Louis, éd. N. L. Corbett, § 27, p.88: estre en péchié mortel). Du lat. chrét. peccatum «faute contre la loi divine, péché», en lat. class. «faute, action coupable, erreur», part. passé neutre subst. de peccare (v. pécher). Au sens 1 g, cf. lat. chrét. peccatum originale (St Augustin ds Blaise Lat. chrét.); la plupart des autres dénominations répertoriées sous 1 trouvent leur équivalent en lat. scolast. (cf. Thomas-Lexikon: peccatum actuale, capitale, carnale, commissionis, contra naturam, in Spiritum sanctum, mortale, omissionis, spirituale, veniale). Fréq. abs. littér.: 3598. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3393, b) 2778; xxes.: a) 6467, b) 7028. Bbg. Jean-Nesmy (Cl.). La Faute et le péché. Foi Lang. 1978, no2, pp.106-110.

PÉCHER, verbe intrans.

PÉCHER, verbe intrans.
A. − RELIG. [Dans les relig. monothéistes, en partic., dans la tradition judéo-chrétienne] Commettre un péché, des péchés. Pécher contre Dieu, son prochain, les commandements de Dieu, de l'Église; pécher en pensée, en parole, par omission; pécher gravement. Boire le vin et contempler le visage des femmes, pour le musulman c'est pécher deux fois (Lamart.,Voy. Orient, t.2, 1835, p.70).Comme tous ont péché dans le premier Adam, tous ressusciteront dans le nouvel Adam, dans le Christ glorieux (J. Vuillemin,Essai signif. mort, 1949, p.260):
1. ... le monde moderne a péché surtout contre l'amour, offensé en soi-même l'image de la Trinité en essayant d'imposer aux choses une forme stérile (...). Dans sa période de libéralisme c'est surtout en essayant de répandre sur les choses un amour qui ne procède pas de la vérité, qu'il a offensé en soi l'image de Dieu, péchant alors contre le Verbe, c'est-à-dire contre le principe de l'amour. Maritain,Primauté spirit., 1927, p.151.
Absol. [Le prêtre] dit: −(...) Répétez avec moi: «Mon père, bénissez-moi parce que j'ai péché» (Duhamel,Journal Salav., 1927, p.155).
Pécher contre l'Esprit*, contre le Saint-Esprit*.
Pécher avec qqn.Commettre le péché de la chair. Il a péché avec cette jeune fille. Il doit l'épouser (Aymé,Cléramb., 1950, iv, 9, p.237).
B. − P. ext. [Le plus souvent avec un compl.]
1. [Le suj. désigne une ou des pers.]
a) Pécher contre qqc.Se mettre en contradiction avec une règle morale ou sociale; commettre une faute, une erreur. Synon. contrevenir (à), manquer (à), enfreindre, offenser, transgresser, violer.Pécher contre la bienséance, les bonnes moeurs, les convenances, les règles de la politesse; pécher contre la grammaire. Je pourrais continuer ainsi sans pécher le moins du monde contre les règles de la clarté et de la lucidité (M. de Guérin,Corresp., 1835, p.189).La plupart des auteurs pèchent tantôt contre le bon sens et tantôt contre le goût (Duhamel,Désert Bièvres, 1937, p.147).
b) Pécher par qqc.Commettre une faute, une erreur qui consiste en. Pécher par excès de, par défaut de qqc.:
2. ... c'est par excès d'activité et de confiance en elles-mêmes que pèchent ces nouvelles administrations; elles sont toutes remplies d'un zèle inquiet et perturbateur qui les porte à vouloir changer tout à coup les anciennes méthodes et corriger à la hâte les plus vieux abus. Tocqueville,Anc. Rég. et Révol., 1856, p.304.
Ce n'est pas par là qu'il pèche. Ce n'est pas son défaut majeur. (Dict.xixeet xxes.).
Loc. verb. Punir qqn par où il a péché. Faire que quelqu'un trouve sa punition dans la faute même qu'il a commise. On est puni par où l'on a péché. Il donna de rudes leçons aux ennemis de l'ordre en les punissant par où ils avaient péché (About,Roi mont., 1857, p.28).
2. [Le suj. désigne une chose] Présenter un défaut, des insuffisances. Raisonnement qui pèche par la base, sur un point, contre les règles de la logique. Ces basiliques aux clochetons multiples, lesquelles pèchent contre les règles de l'art, mais n'en représentent pas moins la majesté de la religion et la puissance des siècles (Chateaubr.,Mém., t.2, 1848, p.381):
3. ... quand elle mentait, son récit péchait soit par insuffisance, omission, invraisemblance, soit par excès, au contraire, de petits faits destinés à le rendre vraisemblable. Proust,Prisonn., 1922, p.179.
Prononc. et Orth.: [peʃe], (il) pèche [pε ʃ]. Homon. (un) pêcher. Ac. 1694, 1718: pecher; dep. 1740: pé-. Étymol. et Hist.1. Ca 1050 «commettre un péché» (Alexis, éd. Chr. Storey, 546: Ki ad pechét); 2. a) ca 1215 «faillir, faire défaut» (Raoul de Houdenc, Eles, 609 ds A. Scheler, Trouvères belges, t.2, p.269: amurs, ki de riens n'i pece); 1370-72 (Oresme, Éthiques, éd. A. D. Menut, I, 11, p.125: de tous ces opinions il n'est pas vraysemblable [...] que il pechent en toutes choses); 1663 (Molière, Critique de l'École des Femmes, scène VI ds OEuvres complètes, éd. R. Bray, t.2, p.331: cette Comedie peche contre toutes les regles de l'art); 1682 pécher par excès (La Fontaine, Matrone d'Ephèse, 41 ds OEuvres, éd. H. Régnier, t.6, p.72: de tels regrets Pourroient pécher par leur excès); b) 1314 anc. méd. (Chirurgie Henri de Mondeville, éd. A. Bos, § 1507: Se humeurs en qualité ou en quantité [...] pechent en tout le cors); c) 1694 du vin peche en couleur (Ac.). Du lat. chrét. peccare «commettre une faute contre la loi divine, pécher», lat. class. «commettre une faute, faillir, faire mal; être fautif, défectueux». Fréq abs. littér.: 377. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 447, b) 483; xxes.: a) 593, b) 603.

PÊCHER2, verbe trans.

PÊCHER2, verbe trans.
A. −
1. Capturer ou essayer de capturer, de sortir de l'eau par divers moyens, professionnellement ou occasionnellement des poissons, et p.ext. des crustacés, des mollusques ou des animaux vivant en eau douce ou en mer et pouvant servir à l'alimentation humaine. Pêcher la baleine, le maquereau, la morue; pêcher la truite; pêcher des crabes, des crevettes; pêcher des coquillages; pêcher des anguilles, des grenouilles. Poil de Carotte l'a entendu dire: rien ne vaut la viande de chat pour pêcher les écrevisses, ni les tripes d'un poulet, ni les déchets d'une boucherie (Renard,Poil Carotte, 1894, p.177).En Méditerranée et en Atlantique, jusqu'à la hauteur de Saint-Jean-de-Luz, on peut la pêcher [la sardine] toute l'année (Boyer,Pêches mar., 1967, p.69).V. alevin ex. 1.
[P. méton. du suj.] Le Japon, les USA et l'Espagne pêchent d'autres espèces de thon (Boyer,Pêches mar., 1967, p.72).
[P. méton. de l'obj.] Vider (un étang, une pièce d'eau) pour prendre les poissons. Rien ne restait dans les campagnes, déjà ruinées par l'impôt (...); les viviers étaient pêchés; on abattait les maisons pour se chauffer (Barante,Hist. ducs Bourg., t.1, 1821-24, p.347):
1. Une seule chose est restée immuable, (...) la manière de pêcher l'étang. On le vide entièrement, aujourd'hui comme autrefois. Cette façon d'opérer explique pourquoi l'on ne peut pêcher par grandes pluies. Cette pêche à date fixe donna vite l'idée de s'approvisionner de poisson pour le carême. Pesquidoux,Chez nous, 1923, p.14.
Empl. abs. Aimer pêcher; apprendre à pêcher; interdire de pêcher. L'horloger de Hunebourg et ses deux fils viennent pêcher toute la sainte journée, et (...) ils emportent tous les soirs des truites plein leurs sacs (Erckm.-Chatr.,Ami Fritz, 1864, p.49).Les peuples qui ont adopté depuis longtemps l'agriculture et l'élevage continuent à chasser et à pêcher (Lowie,Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.32).
SYNT. Pêcher à l'asticot, au blé, à la mouche, au pain, au ver (de terre); pêcher à la cuillère; pêcher au filet, au harpon, au lamparo, à la lanterne, à la ligne, au moulinet; pêcher au coup, au lancer, à la main, au vif; pêcher en eau douce, en étang, en mer, en rivière; pêcher au large.
[P. anal.; le suj. désigne un animal] Capturer pour sa nourriture (du poisson ou d'autres animaux aquatiques). Voilà leur ruse à ces bêtes [les loutres], elles remontent plus haut que leur trou pour pêcher, et une fois chargées de poisson, elles savent qu'elles iront mieux à la dérive (Balzac,Paysans, Paris, 1949 [1844], p.38).
2. P. ext.
a) [L'obj. désigné est une production marine]
α) [non comestible] Aller chercher au fond de l'eau, retirer de l'eau, ramasser. Pêcher des éponges, du goémon, des perles. Je viens de pêcher (...) du corail rose. −Veux-tu m'en acheter? (Loti,Mariage, 1882, p.76).
β) Pêcher le sel. Ramasser le sel à la surface de l'eau. Il est (...) nécessaire de pêcher le sel tous les jours car la moindre pluie le dissoudrait au fur et à mesure de sa formation. Le paludier commence par ramasser au moyen d'une pelle très plate à long manche la pellicule très mince de cristaux de sel qui est restée en suspension à la surface de l'eau par l'action des forces capillaires (Stocker,Sel, 1949, p.34).
b) [L'obj. n'appartient pas au milieu aquatique] Retirer de l'eau une chose qui s'y trouve par accident. Synon. repêcher.Pêcher une ancre, du bois, des débris, un noyé. Des marins (...) voient une bouteille qui flotte dans le sillage, et ils décident aussitôt d'aller la pêcher (Bernanos,M. Ouine, 1943, p.1549).
B. − P. ext., fam. Prendre, saisir (généralement au milieu de divers objets).
1. [La chose désignée est un inanimé concr.] Les deux mains derrière la tête, Désirée pêchait délicatement avec ses doigts des épingles à cheveux dans le paquet tremblant de sa tignasse (Huysmans,Soeurs Vatard, 1879, p.147).Le cabaretier n'eut que le temps de pêcher dans sa poche un beau florin d'argent (Tharaud,Ombre de la Croix, 1917, p.90).Il restait là, piochant dans le tas, pêchant de-ci de-là un fascicule qu'il envoyait sur la cheminée (Martin du G.,Thib., Épil., 1940, p.787).
En partic. [L'obj. désigne de la nourriture dans un récipient] Quel trou dans la blanquette! (...) Le saladier se creusait, une cuiller plantée dans la sauce épaisse, une bonne sauce jaune qui tremblait comme une gelée. Là-dedans, on pêchait les morceaux de veau (Zola,Assommoir, 1877, p.574).Je me retrouve (...) à pêcher des cornichons dans les énormes bocaux de Charlie Brown (Morand,Londres, 1933, p.107).
Loc. pop., vieilli. Pêcher au plat, ,,prendre dans le plat ce qu'on veut`` (Ac. 1798-1878).
2. [L'obj. désigne une pers.] À ma vue, elle faisait l'effrayée et courait se cacher derrière la malle (...) je la pêchais par sa gandourah, et quelquefois par la peau, comme on fait d'un petit chien (Tharaud,Fête arabe, 1912, p.341).
3. JEUX (de cartes, de dominos). Synon. de piocher. (Ds DG, Nouv. Lar. ill., Lar. 20e, Quillet 1965).
C. − Au fig.
1. Fam. Chercher, découvrir quelqu'un ou quelque chose d'inattendu, de surprenant. Synon. cueillir (fam.), dégoter (pop.), dénicher (fam.), prendre, trouver.Pêcher une information, un renseignement. Où diable voulez-vous qu'on pêche une voiture, à cette heure, et par un temps pareil? (Zola,L'OEuvre, 1886, p.9).Ardèle (où Jean Anouilh a-t-il été pêcher ce prénom?) (G. Marcel, Heure théâtr., 1959, p.120):
2. «(...) −Eh bien ! Il me semble qu'un homme comme cela [un catholique pratiquant] doit être un peu borné, ou avoir des manies». Où diable a-t-elle pêché cette idée-là? Est-ce dans son couvent? Impossible. Est-ce dans un journal? Elle n'en lit pas. Est-ce dans un livre? On les lui choisit, et on coupe avec des ciseaux les passages suspects. Taine,Notes Paris, 1867, p.55.
En partic., p.plaisant. Pêcher un mari. Trouver un mari généralement par des moyens habiles. V. aimable ex. 103.
2. Locutions
a) Pêcher les âmes, les hommes. [P. réf. à l'Évangile, Luc 5-10] S'efforcer de les convertir. [Thomas] C'est un homme dans le genre de saint Pierre, qui a cessé de pêcher des poissons pour pêcher des hommes (Queffélec,Recteur, 1944, p.162).
b) Pêcher en eau trouble. Profiter d'une situation confuse (provoquée ou non), pour en tirer avantage de manière plus ou moins malhonnête; faire des profits par des moyens secrets ou peu honorables ou en suscitant des embarras. Il ne demandait (...) que désastres, pour pêcher en eau trouble (Zola,Argent, 1891, p.365).[Le baron de Batz] parvint à se lier avec nombre de gens corrompus par les plaisirs ou par le jeu, trop souvent enclins à pêcher en eau trouble, −députés, orateurs de clubs, réfugiés étrangers (Lefebvre,Révol. fr., 1963, p.362):
3. ... [Talleyrand] aima mieux (...) rester à Paris ministre d'une politique qui était sans doute beaucoup trop révolutionnaire et propagandiste pour qu'il l'acceptât sincèrement, mais à laquelle aussi, à travers les remaniements des petits États, il y avait beaucoup pour lui à gagner, à pêcher, comme on dit, en eau trouble. Sainte-Beuve,Nouv. lundis, t.12, 1869, p.43.
3. Proverbe, vx. Toujours pêche qui en prend un, ,,ce n'est pas perdre tout à fait son temps que de faire un petit gain`` (Ac. 1798-1878).
Prononc. et Orth.: [pε ʃe], [pe-], (il) pêche [pε ʃ]. Homon. pécher, il pèche, (un) péché, (un) pêcher. Ac. 1694, 1718: pescher; dep.1740: pêcher. Étymol. et Hist. A. 1. a) Ca 1140 intrans. peschier «s'adonner à la pêche» (Geoffroi Gaimar, Hist.des Anglais, éd. A. Bell, 441); b) ca 1175 pêcher en eau trouble (Chron. Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 34195: En l'eue troble voct pescher); 2. 1230 trans. «prendre (du poisson)» (Gaidon, éd. F. Guessard et S. Luce, 134); 3. fin xiiies. «(en parlant d'un oiseau de proie) capturer (du poisson)» (Frederic II de Hohenstaufen, De arte venandi, trad. en fr., éd. G. Holmér, 2, 30); 4. 1326 pêcher un étang (Lorr., Cabin. de M. de Labri ds Gdf. Compl.: il pouxiet ledit estan). B. 1. Ca 1165 p.ext. «prendre, capturer» (Chrétien de Troyes, G. d'Angleterre, éd. W. Foerster, 1288); 2. 1579 «trouver» (Larivey, Laquais II, 3: où avez-vous pesché tout ce que vous dictes?). C. 1. Fin xiies. p.métaph. pêcher les hommes (cf. pêcheur d'hommes) (Li Sermon Saint Bernard, éd. W. Foerster, p.161, 5: pesxier les hommes); 2. 1429 «retirer de l'eau» (J. d'un Bourgeois de Paris, éd. Tuetey, p.237: [un noyé] fut pesché); 3. 1552 «prendre dans la mer (des perles, du corail)» (Ronsard, Amours ds OEuvres complètes, éd. P. Laumonier, t.4, p.71: pescher [...] une perle). D'un lat. pop.*piscare, du lat. class. piscari «pêcher», dér. de piscis «poisson». Fréq. abs. littér.: 696. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 835, b) 816; xxes.: a) 1411, b) 960.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·