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PÂTIR, verbe intrans.

PÂTIR, verbe intrans.
A. − Vx. Éprouver une souffrance morale, de la peine. Synon. souffrir.J'entrai dans la vie sans la haïr, quoiqu'elle m'ait fait beaucoup pâtir (Fromentin, Dominique, 1863, p.86).L'homme incrédule quant à ses sentiments, et sans illusion sur son moi (...) devra donc subir sa vie comme une étrange nécessité −aimer, souffrir, pâtir, vouloir, −comme on accueille les jours et les fluctuations du temps (Valéry, Suite, 1934, p.74):
1. Qu'est-ce que la mort, dont les lâches sont si effrayés? Pour le chasseur, c'est le jour du repos, la fin de tous ses besoins; pour le guerrier, celui de la paix éternelle; pour les malheureux, le dernier temps de leur misère, la confiance et la consolation de tous ceux qui souffrent et pâtissent, l'asyle d'où l'on peut braver l'oppression et la tyrannie. Crèvecoeur, Voyage, t. 1, 1801, p.122.
B. −
1. Vieilli. [Le suj. est une pers.] Supporter avec patience des privations physiques ou morales; vivre dans la misère. Moi, je n'ai rien, puisqu'au lieu d'être son ami, je ne suis que son esclave. Souvent il n'en a pas assez pour lui-même; alors je pâtis, je jeûne (Crèvecoeur, Voyage, t. 2, 1801, p.6):
2. Le pauvre peuple de France n'a jamais tant pâti que dans cet hiver de 1788 à 1789, pas même au temps du maximum, et plus tard en 1817, à la chère année. Il arrivait partout des inspecteurs dans les granges, qui vous forçaient de battre le grain et de le charger tout de suite pour les marchés de la ville. Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p.112.
Pâtir de.Éprouver une souffrance, de la peine, un dommage à cause de quelqu'un ou de quelque chose; supporter les conséquences fâcheuses d'une action, d'un événement. Pâtir du froid; pâtir de la guerre, des restrictions, de son éducation, de ses origines. Jugez tous les tourments journaliers d'un homme comme Dennery, condamné à tout dévorer et pâtir de cette femme (Goncourt, Journal, 1862, p.1088).L'artiste pâtit d'un déficit en ne laissant point paraître dans ses livres une intelligence ou un jugement critique (Benda, Fr. byz., 1945, p.65).
Vx. Souffrir par manque de. Synon. manquer.Le métayer s'engage à travailler le bien «en bon père de famille», et le maître, à côté, à ne point le laisser «pâtir de pain», soit pour cause de fléau, soit pour cause indépendante de sa volonté (Pesquidoux, Livre raison, 1925, p.ix).
Pâtir pour (qqn). (vx).Souffrir d'une faute commise par quelqu'un d'autre. Il n'importe. Quand les traîtres authentiques se promènent impunis par nos rues, n'est-il pas légitime que les innocents pâtissent pour eux sous les verrous? (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p.105).
2. [Le suj. est une chose] Subir les conséquences d'une erreur, d'une faute ou d'un manque. Les affaires pâtissent. Supprimez la taxe à l'entrée, l'industrie nationale pâtit, ainsi qu'on l'a vu précédemment à propos du sésame (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p.189).Le marché de la peinture en pâtit soudain (Arts et litt., 1936, p.72-8):
3. Andersen m'enseigna la mélancolie; dans ses Contes, les objets pâtissent, se brisent, se consument sans mériter leur malheur; la petite sirène, avant de s'anéantir, souffrait à chacun de ses pas comme si elle eût marché sur des charbons ardents et cependant elle n'avait commis aucune faute: ses tortures me barbouillèrent le coeur. Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p.53.
C. − Dans le domaine relig.Subir, supporter des épreuves de manière passive. Cet attrait des solutions matérialistes, même mal fondées, était à base de renoncement, d'impassibilité, de froide résignation stoïque, comme après un impossible amour. Qu'ici «impassibilité» voulût dire: «qui a beaucoup pâti», qui pâtit encore et qui cache son jeu, peu importait (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p.31):
4. Ainsi ceux qui disent que l'homme cherche le plaisir et fuit la peine décrivent mal. L'homme s'ennuie du plaisir reçu et préfère de bien loin le plaisir conquis; mais par-dessus tout il aime agir et conquérir; il n'aime point pâtir ni subir... Alain, Propos, 1922, p.448.
Empl. subst. masc. sing. Le fait de subir. Qu'y a-t-il de mieux pour un chrétien: l'agir ou le pâtir? la vie ou la mort? la croissance ou la diminution? le développement ou le retranchement? la possession ou le renoncement? (Teilhard de Ch., Milieu divin, 1955, p.106).
REM. 1.
Pâtissant, -ante, part. prés. adj.Qui pâtit, qui souffre. Pourquoi Dieu avait-il créé un être uniquement pour souffrir? Quel rapport mystérieux y a-t-il donc entre une nature pâtissante et un principe éternel? (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p.36).Société naissante, et un peu pâtissante, soit de plus en plus établie (Bremond, Hist. sent. relig., t. 3 1921, p.169).
2.
Pâtiment, subst. masc.,vx. État où l'on pâtit. «(...) recommencez!» crie aux musiciens l'artiste en pâtiments (Berlioz, Grotesques mus., 1859, p.43).P. méton. La souffrance elle-même. Leur coutume invariable [des illuminés] est de donner des noms extraordinaires aux choses les plus connues sous les noms consacrés (...) les actes de la puissance divine ou de ses agents dans l'univers s'appellent des bénédictions, et les peines infligées aux coupables, des pâtiments (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t. 2, 1821, p.333).
Prononc. et Orth.: [pɑti:ʀ], (il) pâtit [pɑti]. Homon. un pâtis. (v. Littré). Ac. 1694-1740: patir; dep. 1762: pâtir. Étymol. et Hist. 1. 1546 «endurer, supporter quelque chose» (Rabelais, Tiers Livre, I, éd. M. A. Screech, p.27); 2. 1564 (Thierry: Souffrir douleur, le monde en patist); spéc. 1668 pâtir de «éprouver une gêne du fait de» (La Fontaine, Fables, Des deux taureaux et une grenouille, 20, éd. H. Régnier, I, 140); 3. 1578 «souffrir par manque de» (patir de vivres (Négoc. de la France dans le Levant, III, 764 ds Gdf. Compl.); 4. 1697 terme de Mystiques «être dans une contemplation paisible et passive» (Bossuet, États d'orais., VII, 2 ds Littré); id. empl. subst. le pâtir (Id., ibid.). Francisation du lat. pati «supporter, endurer». Fréq. abs. littér.: 207. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 167, b) 285; xxes.: a) 395, b) 344. Bbg. Quem. DDL t. 7 (s.v. pâtiment).

PÂTIS, subst. masc.

PÂTIS, subst. masc.
A. − Vx, ANC. COUTUME. Terrain de médiocre qualité, généralement en pâture perpétuelle ou, plus rarement, en culture pour une longue durée. Les communautés lorraines possédaient patrimonialement, sous le nom de pâtis, des surfaces importantes, qu'elles laissaient à la jouissance de tous ou qui étaient périodiquement partagées entre les habitants pour les mettre en culture. Ces pâtis ou communaux ont aussi bien diminué (Guyot, Agric. Lorr., 1889, p.21).
B. − Région. (Ouest, Centre). Lande ou friche où l'on met paître les bestiaux. Et des montées, des sentes vertes, des bouquets de bois à l'écart, des larges gradins de chaumes et des pâtis tranquilles où l'on va mener les vaches (Pourrat, Gaspard, 1931, p.296):
. Mais au nord, vers Marquise, l'intensité du bombement a été poussée à tel point que ce sont les roches primaires elles-mêmes qui apparaissent (...). On a dans une échappée subite, sur la croupe nue et battue des vents qui domine les carrières de Marquise, la brusque et courte vision des landes, pâtis et ajoncs. Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p.89.
REM.
Pâtural, subst. masc.,région. ,,Pâturage médiocre et sec, où l'on conduit les bestiaux quand on doit les retirer des bons prés, en avril, pour laisser croître l'herbe`` (Fén. 1970). On trouve encore, dans cette région [du bas Berry], le pâtural, vaste espace d'herbes folles, de buissons épineux et d'antiques souches d'arbres trapus (Sand, Mél., 1843, p.350).
Prononc. et Orth.: [pɑti]. Ac. 1694 et 1718: pastis; dep. 1740: pâtis. Homon. (il) pâtit. Étymol. et Hist. 1119 «terre inculte sur laquelle on fait paître le bétail» (Philippe de Thaon, Comput, 70 ds T.-L.: Cum guarderat [pasturel] berbiz ki nen at nul pastiz). Du lat. pop. *pastīcium, dér. de pastus «pâture, nourriture (des animaux)», de pastum, part. passé de pascere, v. paître. Fréq. abs. littér.: 21.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·