a) HIST. Passeport (à, pour l'intérieur). Document autrefois exigé pour quitter le canton de son domicile (décret du 18 décembre 1807) et dont la suppression résulte d'un projet de loi du 5 septembre 1931. [Nous avons] répondu très honnêtement qu'on ne prenait pas d'ordinaire de passeport pour visiter la grande banlieue de Paris. Le brigadier avait salué sans faire d'observation (Nerval, Filles feu, Angélique, 1854, p.533).Alors que c'est le maire qui délivre les passeports pour l'intérieur, c'est le préfet ou le sous-préfet qui les délivrent pour l'étranger (Dt13 avril 1861) (Baradat, Organ. préfect., 1907, p.277):1. ... il n'était pas facile de s'en retourner à Paris. La voiture des messageries Leloir venait de partir, les berlines Lecomte ne partiraient pas (...), l'idée lui vint de prendre la poste. Le maître de poste refusa de fournir des chevaux, Frédéric n'ayant point de passe-port.
Flaub., Éduc. sent., t.2, 1869, p.166.
b) Pièce d'identité délivrée par un État à ses ressortissants et exigible au passage des frontières. On fit (...) deux lieues avec une extrême rapidité, puis on fut arrêté plus d'une heure pour la vérification des passeports (Stendhal, Chartreuse, 1839, p.368).Nous avions remis nos passeports au portier de l'hôtel, parce qu'il les exigeait. Il nous les a rendus hier en nous disant (...): «En Italie, le concierge est aussi agent de police.» (Green, Journal, 1939, p.201).V.
contrôler I B 1 ex. de Lefebvre,
forme I C 3 b α ex. de Sénac de Meilhan:
2. [Après celle des visas d'entrée ou de transit] la suppression progressive des passeports a constitué l'étape suivante. Depuis 1955 se sont multipliés les accords bilatéraux avec nos voisins prévoyant la libre circulation sous le couvert d'une carte d'identité nationale ou d'un document délivré sans formalité, tout au moins pour les excursions et les courts séjours.
Jocard, Tour. et action État, 1966, p.212.
SYNT. Passeport canadien, français; bureau, service des passeports; délivrance, contrôle des passeports; validité d'un passeport; demander, obtenir un passeport; exhiber, montrer, faire viser, renouveler son passeport; égarer, perdre son passeport; avoir un passeport en règle, périmé; voyage sans passeport, avec un faux passeport; examiner un passeport.
− En partic.
α) Passeport diplomatique. Passeport délivré aux agents diplomatiques et consulaires par le ministère des Affaires étrangères et conférant, au passage d'une frontière, une dignité et une considération particulières à leurs détenteurs qui ne sont plus soumis aux contrôles douaniers (d'apr. Sand.-Béa Pol. 1976). J'aurais pu me faire présenter au palais, grâce à mon passe-port diplomatique et à mon titre officiel (About, Roi mont., 1857, p.19).
β) Passeport de service. Passeport délivré à certains fonctionnaires civils ou militaires ou chargés de mission qui voyagent à l'étranger et ne peuvent bénéficier d'un passeport diplomatique (d'apr. Sand.-Béa Pol. 1976).
γ) Passeport Nansen. [Du nom du haut-commissaire aux réfugiés russes] Passeport créé sous les auspices de la Société des Nations en 1922 et qui permettait d'attribuer une identité aux réfugiés qui ne pouvaient pas recourir aux services de l'État dont ils étaient originaires (d'apr. Lar. encyclop., s.v. Nansen). Deux ans avant la guerre, il avait renoncé à son passeport Nansen et obtenu la naturalisation française (Simenon, Le Petit homme d'Arkhangelsk, Paris, 1956, p.97).
δ) Passeport jaune. V. jaune I C.
ε) Loc. [Le suj. désignant un ambassadeur] Demander, recevoir ses passeports. Solliciter, se voir imposer son départ du poste où l'on est accrédité, en raison de difficultés diplomatiques. (Dict.xixeet xxes.). Le 24 janvier 1793, Chauvelin [ambassadeur à Londres] reçut ses passeports; Lebrun, prévoyant l'événement, le rappela, le 25. À son arrivée, le 1erfévrier, la Convention vota la déclaration de guerre (Lefebvre, Révol. fr., 1963, p.301).